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Immola voin pcre à fis noires furturs.
Là , plus cruelle encor, pleine des Euménides ,
Son éponfe fur lui porta fes mains perfides :
C"e/{ ici <jui fin s Jorce & baigné dans fon fang ,
I l fu t long-ums traîné le couttJU dans U flanc.
J1 en eft de meme d’un perfonnage qui» plein de
l’objet qui rintéreHe dircdcnient, le le rappelle ou
le rappelle A d’autres ; il l’effleure Si n’en prend que
les traits relatifs à fa fjtuation. Ainfi, dans l’apo-
tliéofc de Vefpalion , Bérénice n’a vu , ne fait voir à
Phcilice que le triomphe de Titus:
De cette nuit, Phénice^ as-tu vu la fplcndeur I
Tes yeux ne font-ils pas tous pleins de fa grandeur?
Ces flambeaux, ce bâcher , cette nuit enflammée ^
Ces aigles , ces faijceaux , ce peuple , cette armée ,
Cette foule, de rois , ces conjuls , ce fénat,
Çlul tous de mon amant empruncoient leur éclat,
Leiti pourpre , cet or qui rehaufjoient fa gloite
E l ces lauriers , encor témoins de fa victoire ,
Tous CCS yeux quon voyait venir de toutes parts ,
Confondre fur lui feuL leurs avides regards ,
Ce port majefiucux , cette douce préfence , Scc.
Tel cil aufll dans Andromaque, le fouvenir de la
prife de Troye.
Songe ,fonge , Céphife , k cette nuit cruelle ,
Çfui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ;
Figure-toi Pyrrhus , les yeux étincdlans,
Entrant k La lueur de nos palais biiilans »
Sur tous mes freres morts f i faifant un paffage ,
E l de fang tout couvert échaufiant Le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs , fonge aux cris des
mourans ,
Dans la flamme étouffés ,fous le fer txpirans ;
Piïns-tOL dans ces horreurs Andromaque éperdue.
Dans ce tableau les yeux d’Andromaque ne fe
détachent point de Pyrrhus, elle ne dillingue que
lui ; tout le refie ell confus & vague : c’ell ainfi que
tout doit être relatif fubordonné à l'intérêt qui
domine dans le moment de la narration.
Comme elle n’tll jamais plus tranquille , plus clé-
fintéreflée que dans la bouche du pocte , elle n’efl
jamais plus libre de fe parer des fleurs do la pociie :
aufll dans ce calme des efj)rits a-t-elle befoin de plus
d’ornemens que lorlqu’elle cil paflionnée. Or fes
ornemens les plus flimiliers font les deferiptions &c
les comparaifons. l'oye^ ces mots k leur article.
( M. M a r m o n t e l . )
N JR ICIUM, ( Géogr, anc. ) ou Narhium & Nary
f c vîüe de Groce, dans le pays des Locriens,
ftirnommés Epicnemidii, fur les bords du golfe Ma-
liaque ; c'étüit la patrie d’Ajax , fils d’Oilée, que
Paltas frappa de la foudre; après fa mort une partie
de fes Locriens vinrent s’établir en Italie auprès du
cap Zephyrium., ÔC y fonda une ville de Locri : c’eft
pour rappeller leur origine que Virgile leur donne
le nom de Narycii.
Il parle ailleurs de la poix que fourniflbit cette
CQV\{xceQ , Narycicqui picis lucos; c’efl celle que l’on
tiroit de la foret de pins, de fapins, & autres arbres
reflneux qui couvrent l’Apennin dans cette extrémité
d Italie. Pline donne le premier rang à cette poix,
qu’il appelle l-rutia, comme la forêt qui la produi-
folt. Les Phéniciens, que le befoin d’une matière fl
utile attira fur cette cote , l’appellerent pays du goudron.,
tu dans leur langue itaria., d’où on peut croire,
apres le favant Bochart, qu’eft venu le nom cVItalie.
Æn. l. I I I , V. xc)Q. Geogr. l. II. Gécgr, de Firm pa^e
iS G ,4 3 ^ .(C .)
^ NASKOW, ( Géogr.') ville de Danemarck , dans
Tile de Laland, dont elle ell la capitale , & dont elle
foutient le commerce avec fuccès, tUa faveur du
bon port dont elle ell pourvue. C ’étoit autrefois une
N A T forterefle importante , que les Lubeckois furprîrertî
& pillèrent l’an 1 570 , & où les Suédois entrèrent
l’an 1659, apres un liege meurtrier de treize l'emai-
nes : elle n'a plus aujourd’hui qu’un Ample rempart.
Son négoce principal ell en grains & autres provi-
fions de bouche que l’île fournit en très-grande abondance
, & que cette ville exporte avec un très-grand
profit. Elle ell d’ailleurs fort intolérante en fait de
religion ; les Juifs y font foufferts k coté des luthériens
qui y dominent ; elle a une école latine & un
hôpital fort riche. (Z>. G .)
NyiSfUM y (^Géogr. anc. Antiquités.) Ptolomée
marque Nafium ( Nas ou Nais, en Barrois ) comme
la plus confldérable ville du pays des Lcuquois,
après Tullutn yTovk ; elle ell fltuée fur l’ü rn e, clans
un vallon très agréable , k une lieue de Ligny : elle
n’a préfentement rien cio remarquable , 6c n’ell plus
qu’un bourg ou village ; mais le grand nombre de
colonnes do pierres travaillées, 6c de médailles d’or
6c d’argent qu’on a tirées de fes mines, prouvent fon
antiquité & fa grandeur. Voici deu.xinfcriptions qu’on
y a trouvées :
I. F abricius Nasiensis
CURATORIBUS ET MINISTRIS
JUVENTIDIO FIRMO
Et T eulla solli
F . HUJUS FACIENDI
Fec erunt .
Z. LOLLIO N aSIENSI PALUSII curatoris
Fjlio de functo
Cari^IOS acceptiu s
Et to t ia Lalla
Patres e t sibi v ivi fecerunt.
L’itinéraire d’Antonln fait mention de Nafium,
où pafl'oit une voie Romaine, de Langrcs à Reims.
Cette ville fubflfloit encore au vu« flccle , puifque
Fredegaire nous apprend que Thierri, roi de Bourgogne,
failant la guerre àTheodebert, fon frere ,
roi d’Aiiflralle, afliégea & prit le château de Nas ,
cafirum Nafium. Saint Gauzcün, évêque de T o u l,
lui donne dans fa chartre de 936, en faveur des
dames de Bouxieres , le titre de cité Farinariinn juxta.
civitatein Nafum, 6c le peuple continue meme encore
à lui donner ce nom. Il n’y a plus qu’un prieuré-
cure , dépendant de l’abbaye de faint Léon de T ou l,
ordre de faim Auguftin. ( 6’. )
NATHAN , qui doniUy {Hifi.facr?) fils de David ,
qui fut pere de Mathata. z°. Le prophète qui
parut dans liVaël du tems de David , qui déclara
à ce prince qu’il ne bâiiroit point de temple
au Seigneur , 6c que cet honneur ctoit réfervé
à fon fils Salomon. Ce même prophète reçut ordre
de Dieu d’aller trouver David après le meurtre
d’Urie , pour lui reprocher fon crime, & l’adiiitere
qui y avoit donné lieu. Nathan lui rappcîla fon
crime fous une image empruntée, en racontant à
ce prince Thilloire feinte d’un homme riche,
qui ayant plufleurs brebis avoit enlevé de force
celle d’un homme pauvre qui n’en avoit qu’une.
David ayant entendu le récit de Nathan y\\\\ répondit
; l'homme qui a fait cette aélion cfl digne
de mort, il rendra la brebis au quadruple. Cefl
vous-même y qui êtes cct homme , répliqua Nathan;
vous ravi la femme d'I/ric Héthceiiy vous lavcq^
prife pour vous, & vous ra.vei Ini-méine fait périr
par l'épée des enfans d'Amnon. Le prophète ajouta
enfliitc les maux que üieu alloit taire fondre fur
la maifon de David en punition de Ion crinie; il
lui dit qu’il prendroit fes femmes k fes yeux, qu’il
les donnerolt à un autre qui dormiroit avec cUcj
aux yeux du foleil & de tout Ifraël : c ’eft ce
qu’exécuta Abfalon, fils de David, rinftrument dont
Dieu fe fervitpour punir les péchés du pere.
N A T contribua beaucoup k rendre inutile la brigue d’Ado-
nias cjui vouloit le faire déclarer 101, 6c ù faire
facrer Salomon. L’Ecriture ne nous apprend ni le
tems, ni la maniéré dont il mourut. On croit qu’il
a eu part â l'hilloire des deux premiers livres des
rois avec Cad 6c Samuel. On prétend même qu’il
avoit écrit rtiiltoire particulière de David 6c de
Salomon. Il y a eu quelques autres perfonnes de
ce nom moins confldérables.
Ce prophète olFre aux niiniftres du Seigneur
un modèle admirable de la maniéré dont ils doivent
dire la vérité aux grands. C’cll de la leur prélënter
avec une iâinte liberté , laquelle n’exclut point
les fages ménagemens qui, lans l'afFoiblir, lui ôtent
ce (ju’eUc aurolt de dur pour des oreilles peu
accoutumées à l’entendre. Nathan, pour ménager
la déiicatellë du ro i, évite de lui reprélënter directement
l'a faute : il emprunte une image qui force
David de prononcer lui-même fon arrêt; mais
à peine David s’eft-il condamné, que le prophète
reprenant le ton & le langage d'un miniÜre du
Seigneur, lui découvre l’énormité de les crimes,
& lui annonce les châtiniens cjuc la juftice divine
lui prépare. (-|-)
NATURE, (^Beaux-Arts.) terme dont il ell difficile
de réunir les ditferentes fignlfications fous une feule
6c même notion. On donne ordinairement le nom
de nature k l’ceuvre entière de la création , au
fyilême univerfel des choies exillantes, entant que
l'on confidere ces choies comme des effets de la
force qui s’y eft déployée des leur origine , qui
continue d’agir relativement à des fins particulières ,
que la réflexion ne peut découvrir que dans certains
cas; mais cette dénomination devient équivoque,
parce que tantôt on entend par nantie la force
primitive, 6c tantôt fes effets. On oppole à l’idée
de nature y celle de toutes les choies qui arrivent
dans le monde par des forces qui n’y exilloient pas
originairement ; tout ce dont l’exillence 6c les
propriétés découlent, nondu fyftême general, mais
de quelque arrangement particulier , ou même de
quelque cas qui s’écarte de l’ordre général 6c qui
ell en contradiéfion avec le cours régulier des
choies. De telles choies font ou des niiraclcs,ou
des oeuvres de l’art humain; leurs effets tiennent
à des caufes auxquelles on les a liés d’une façon
extraordinaire, 6c qui répugne à l'ordre naturel.
Conliderée comme caulë active , la nature eft le
guide 6c le maître des ariiftes ; prife pour effet,
c’elt le magaün toujours ouvert , d’où l’ariille
tire les objets qu’il veut rapporter à les vue.s.
Plus l’ariille dans fes procédés ou dans le choix
de la matière, fe tient l'cnipuleufemcnt à la nature.
6c plus fon ouvrage acquiert de pcrteêlion. Nous
allons entrer clans des plus grands détails fur ces
deux points de vue , lotis Iclquels la nature fe
prélcnte.
Au premier egard, la nature n’eft autre chofe que
lafouvcraine fagelfe , c’ell-â-dire, de l’auteur même
•de la nature, dontles defieiiis 6c les opérations tendent
tou]üurs â la pUis grande perfedion ; dont les
procédés lans exception, font delà pliisexade jullefl'e,
ne Uillënt rien à delirer. De-là vient que dans feS
oeuvres tout répond au but, tout eft bon, fimple ,
fans gêne : il ne s’y trouve ni fuperffuité , ni défaut.
VoiU pourquoi on donne aux ouvrages de l’art l’épi-
thete de «a/ürtA, (j.iand tout y eft aulfl exad , aulîi
parfait, aufli exempt de gêne 6c de contrainte, que
s'ils lortolent des mains de la nature même.
Ainü les procédés de la nature font l’unique
école de l’artille ; 6c c’cll-là où il doit apprendre
les regies de fon art. U trouve dans chaque ouvrage
particulier de cette grande maîtrelTe , robfervaiion
la plus exade de tout ce cj^ui peut contribuer à
Tome IF,
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la perfedion Scàla beauté ; 6c plus l’anifte poflede
une connoilfance étendue de la nature y plus il eft
au fait des cas différens oii il peut flulir les principes
univerfels du parfait 6c du beau , dans tous les
difterens genres. C ’eft pour cela que la théorie de
l’art ne fauroit être autre choie que le fyltéme des
regies que d’exades obfervations décluifent des
oeuvres de la nature. Toute regie de l’art qui ne
dérive pas d’une l'emblable obfervation de la nature,
eft quelque chofe de puremetît imaginaire, delliiué
de tout vrai fondement, d'où il ne fauroit rcfulter
rien de bon.
La nature n’agit jamais fans quelque vue blent
déterminée, foit dans la produdion d’un ouvrage
entier, loit dans l’arrangement de chacune de les
parties. Tant mieux pourl’artifte s’il fe conforme
à ce modela, & que chaque trait de fon art exprime
quelque trait de la nature. Dans l’arrangemcnc
des parties , la nature ne manque jamais de préférci:
l’effentiel à ce qui l’eft moins , d’y donner plus
d’attention 6c de lui accorder plus de force : ce
qui n’empêche pas que le moins efiënticl ou l’accef-
lolre ne foit fl bien lié au principal , qu’on croiroit
que jufqu'à la moindre bagatelle tout eft efTL'ntiel.
De cette maniéré, tour ouvrage parfait cil ce qu’iî
devoir être. Far rapport k la forme extérieure, elle
eft (lirpoiéc de façon que chaque objet s’offre aux
yeux comme faifant un tout qui exille à part; la
proportion la plus exaéle régné entre les parties,
6c celles qui font feinblables occupent ties places
fymmetriques. Avec eda la nature oblcrve en tout
l’accord le plus parfait de l’extérieur, avec le ca-
raclere intérieur des chol'es: la figure, les couleurs,
la furface rude ou polie, dure ou molle, ont le
rapport le plus exact avec les qualités intérieures
des chofes. Le corps humain, comme le plus parfait
modèle de la beauté vifible, a toujours été
propolé à chaque artifte par les plus habiles maîtres,
comme l’objet capital de fon attention 6c de fou
imitation. Ce n’eft pas qu’on ne pîit 'prendre tout autre
objet'de la nature pour regie ; mais il eft naturel
de donner la préférence à celui qui tombe le plus
fréquemment 6c le plus diftinélement ibus nos yeiix-
Cc n’eft pas ici le lieu de pouffer plus loin le
dcvelopjjement des procédés de la naiinc : m.iis ce
que nous en a\’ons dit , lulHt pour convaincre un
artifte, accoutumé à réfléchir, qu’il ne doit jamais
fuivre d’autres leçons que celles de la nature.
C ’eft d’elle auffi qu’il peut apprendre fa deftina-
tion 6c le but général auquel il doit rapporter fon
travail. La nature a des vues fort varices, 6c qui nous
font louvent inconnues; ces vues le rapportent au
tout, 6c enfuitc à chaque partie autant que l’intérêt
du tout le permet. L’homme eft infiniment trop
foible pour agir lur le tout. La petite melure de
forces qu’il polTede le reftrcini dans la Ipbere,
oit il ne trouve qu’un .leiil moyen de concourir
aux vues fublimes de la nature. La vocation particulière
de l’anifle cil d’agir lur les efpriis ; la
nature elle même .l’invite à remplir cette noble
dellinatlon. Elle a beaucoup fait pour avancer la
perfedion de l’homme moral, 6c les deux grands
refforts du plaillr & du dép'.a'ifir, lont dellincs à
le porter vers le bien, 6c à l’éloigner du mal, Mais,
comme ce n’etoit pas là la feule chofe que la nature
eut à faire, 6c l’homme ayant en propre des forces
qui peuvent le faire entrer dans la route de la
perfedion que la nature lui a indiquée, elle s eft
contentée de lui fournir des occaftons 6c des
motifs, des attraits même propre à le porter au
bien. Pour rendre la chofe plus fenlible par un
exemple particulier, elle s’ell bornée à lui fournir
toutes les facilités qui pouvolent contribuer k
l’invention 6c à la perfedion du langage; mais çîa
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