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tom l’Intérêt é'nne a£t‘on fviWie, depend de I’lin-
preffion continue & redoublée que la .e.prelenta
tion fait fur nous ; que tous les objets qm lul-
nendent ou partagent l’attention, iont autant de
contre-charmes qui détrmfent celui de linteiet,
qu’en coupant le fpcaacle par d’autres Ipeaacles qm
lui font étrangers, on divife le liqei principal en
parties indépendantes, qui n’ont rien de commun
entr’ elles que le rapport generaldela matiei e qui les
corapofe, & qu’entin plus les fpeflacles inleics le-
roi-ut agréables , plus la mutilation du tout (croit
diirormé. De forte qu’en fiippolant un opera coupe
par quelques divertill'cniens qu’on put imaginer,
s’ils laifl’oient oublier le iiijet principal, le (peBa-
teiir, à la fin de chaque fête, fc trouveroit aullt
peu ému qu’au commencement delà piece ; & pour
l’émouvoir denouïeau & ranimer l’interet, ce (eroit
toujours à recommencer.'Voilà pourquoi les Italiens
ont enfin banni des entr’aaes de leurs apaas, ces
intermèdes comiques qu’ils y avoient miéres ; genre
de fpeaacle agréable , piquant & bien pris dans la
nature, mais ft déplacé dans le milieu d’une atlion
ti-a^’ ioue, que lc.s deux pieces le nulioient mpiucl-
lemcnt, & que l’une des deux ne pouvoit jamais
inlcrelfer qu’aux depens de 1 autre.
Relie donc à voir fi , la danfc ne pouvant entrer
dans la compofition du genre lyrique comme
ornement étranger, on ne l’y poiirrou pas fa.re
entrer comme partie conftitmive , 6c faire concourir
à l’aélion un art qui ne doit pas la lutpendre.
Mais comment admettre à la fois deux langages
qui s’excUieni mmueUement , & joindre 1 art pantomime
à la parole qui le rend fuperflu ? Le langage
du «elle étant la reffourcc des muets ou des gens
qui°ne peuvent s’entendre, devient iidicule entre
ceux qui parlent. On ne répond point à des mots
par des gambades , ni au gclte par des difcours ; autrement,
je ne vois point pourquoi celui qm entend
le lanmige de l’autre ne lui répond pas fur le meme
ton. Supprimez donc la parole fi vous voulez employer
la danfe : ll-tôt que vous introduilcz la
pantomime dans l’o/éra , vous en devez bannir la
poélie; parce que de tomes les nniies la plus ne-
ceffaire cft celle du langage , qu’il cft même ab-
furde & ridicule de dire à la fois la même chofe à
la même perfonne , & de bouche & par écrit. ^
Les deux raitons que je viens d’alléguer le reu-
niffent dans tome leur force pour bannir du drame
lyrique leS fêtes & les diverilffemens , qui non feulement
en fufpendent l’aalon , mais, ou ne dilent
rien, oiifnbttitiicnr bnift|uement au langage adopté
un autre langage oppoié , dont le contrafie détruit
la vraifemblance, alfoiblil l’intérêt, & foit dans la
même aOion pourfmvie , foit dans une épilqde inférée,
bleffe également la raifon. Ce feroit bien pis,
fi ces’ fètes n’oftioient au fpcdfateur que des lauis
fans iiaifous, & des danfes fans objet, tiJTu gothique
6c barbare dans un genre d’ouvrage où tout doit
être ))elnture Sc ini’Katlon.
Il faut avouer, cependant, que la danfe eft ii
avantageufement placée au théâtre, que ce ieroit le
priver d'un de fes plus grands agrémens que de
l ’en retrancher tout-à-fait. Aiiir^g, quoiqu on ne
doive point a-, ilirune aélion tragique par des fauts
& des entrechats, c’eft terminer très agréablement
le fpeftacle , que de donner un ballet après Vopém,
comme une petite piece après la tragédie. Dans ce
nouveau fpeâacle, qui ne tient point au précédent,
on peut aufiî faire choix d’un autre langue; c’eft
une autre nation qui paroît fur la feene. L art pantomime
ou la danfe devenant alors la langue de
convention, la parole en doit être bannie à fontour,
&: la mufique , reüant le moyen de liallon , s’applique
à la danfe dans la petite piece , com.mc elle
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s'appliquolt à la grande dans la poéfie._ Mais avant
d’employer cette langue nouvelle , il faut la cicer.
Commencer par donner des ballets en athon , lans
avoir préalablement établi la cortvention des gclies,
c’ell parler une langue ;'i gens qui neii ont^pzis le
dicHonnairc, & qni, par conféquent, ne 1 entendront
point. (sS)
il me femble bien fingulier que le François qm
définit Vopéra, la réunion de tous les charmes des
beaux arts , facrifie fi peu d !_a mufique dans les
opéras^ que prefque aucun de fes airs ne feroit fup-
portable, exécuté funplement par des inflrumens^;
tandis que ritalien, qui appelle Vopera un drame où
les paffions font exprimées muficalement ( du
moins la coupe ik le choix de fes pieces femble \c
démontrer ) , tandis que 1 Italien, dis-je , lacri'ie li
fort à la mufique , que dans les momens des pal-
fions les plus vives , on ell obligé d’elluyer des
roulades qui ne finiflent point. La perfection de
conlifleroir, à nion avis, d combiner celui
des detix nations.
Quant à bannir les ballets de Yopera, & en faire
un Ipeftacle ifolé <k une efpece d’épilogue , je crois
que ce feroit le mieux dans la plupart des ^pieces ;
mais U y en a quelques-unes ou il me fembie qu un
ballet convenable augmenteroit 1 interet ; dans
VOljmpiade,par exemple, un ballet reprcfer.tant les
jeux olympiques entre le premier & le fécond acte,
feroit un elFet admirable, parcequ’icl Iclangage hypothétique
ne change point ; on combattoit fur les
bords de l’Alphée fans parler ni chanter. De même
dans Yopéra de Mérope > on peut placer trcs-con-
venablement un ballet repréfentant des jeux funèbres
à l’honneur de Cresfonte. (^F. D. C.^
§ O péra , ( Mufique. ) mot aufii confacré pour
dillingiier les dÜl'érens ouvrages d’un même auteur,
felon'^fordre dans lequel ils ont été imprimes^ ou
gravés, 6c qu’il marque ordinairement lui-meme
fur les titres par des chiffres, f^^oye^ CEuvre ( ISiu-
Jiqne. ) Dut. raif. des Si ie/ues, &iC.
Ces deux mots font principalement en ufagepour
les compofitions de fymphonic. (>i.)
OPÉRATION CÉSARIENNE, ( Med. Lég.')
Voperation cé/aricnne. Tune des plus cruelles _de_U
chirurgie, efl celle dans laquelle , après avoir incilé
les tégumens, les mufcles du bas-ventre, & le corps
de la matrice, on fait par cette ouverture l’_extra£lio:i
du foetus &C de l’arriere-faîx , lorfqu’il efHmpoflible
de la faire par les voies naturelles, fans attenter à la
vie de la mere ou du foetus.
Onia pratique dans trois casdifférens; i° . dans
une femme morte d’accident ou fubitement a la fui
de fa grofïefle, dans la vue de conferver ou de bap-
tifer l’ enfant ; dans une femme en vie , lorfque
l’enfant qui eft mort dans fon fein, n’en peut être
tiré par aucun autre moyen ; 3“ . dans une femme
mal conformée, qui parvenue au terme, ne peur
accoucher par les voies ordinaires fans expofer la vje
de fon enfant. _ ^ - , 01
La cruauté , ou pour mieux dire, l’appareil & le
danger de cette opération, avoient long-tems réduit
les médecins & les chirurgiens à ne la pratiquer que
dans la vue de conferver ou de baptiler un enfant
après la mort de fa mere ; des connoilfances plus
étendues & mieux dirigées ont fait concevoir qu’il
étoit poffible de la pratiquer fur des mères vivantes,
fans exclure l’efpoir de leur conferver la vie de même
qu’à leur enfant: l’événement a plus d’une fois
répondu à cette attente. ^ ^ _
Le détail & les inconvcnicns de celte operation
n’entrent point dans le pl.nn de cet ouvrage ; l.i
criiaiilê d’un moyen qu’on (ait cire falutaire, ne
diminue point (bn prix aux yeux de l’humanité, &
tout le monde convient que la vie eft ici le premier
Ijv, il’.i
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des biens. Il n’y a donc point de queflion à agiter
fur la tolérance de cette opération ; il luffit, pour en
établir la néceffité , qu’il foit impofîîbie de lui fup-
pléer par aucun autre moyen, & cette décifion ne
concerne que les médecins & les accoucheurs.
Dans le premier cas on fait qu’il elf effentiel de
précipiter cette o/’aVar/'o« , fi l’on veut fauver l’enfant,
dont la mort fuit bientôt celle de la mere ;
niais l’incertitude des fignes de la mort de la mere
paroît s’oppofer à cette célérité.
Cette objeftion examinée de près n’eft qu’un fo-
phifme ntalheureufement trop répandu. Si la mere
meurt d’accident & fubirement, comme d’un violent
poifon, d’im coup de poignard; l’cfpece & la
ouaniiic de poilbn, le fiege & la profondeur de la
blefîure, & fur-rout les fyinptômes qui fuivent,
décident bientôt fi cette caul'e eff mortelle pour la
mere ; mais fi les fympiômes ne paroiflént que lentement,
que l’agonie foit plus longue, comme il
arrive à la fuite des maladies aiguës, 6c qu’on ne
puilfe pas décider avec certitude que la mort eft infaillible
pour la mere, en confidcrant la caufe de la
maladie ; on ne doit alors avoir égard qu’aux feuis
fignes de la mort, tirés de l’examen extérieur. Ces
figncs font moins équivoques que ne l’ont prétendu
ceriains auteurs, comme je le dirai dans la fuite.
D ’ailleurs, en fuppofant qu’il peut fe rencontrer
quelques cas, bien rares fans doute , oii i’on opère-
roit f ur une femme encore en vie ( comme on prétend
qu’il arriva à Véfale ) , cette poffibilité peut-
elle, en confidérant l’état défefpéré de la mere,
balancer un moment la vraifemblance de fauver un
foetus ? on opéré fur des meres vivantes pour tirer
des foetus morts ou vivans , & l’on héfiteroit à faire
les memes opérations fur des femmes que tout annonce
être privées de vie ?
Ce doute ne peut qu’exciter à ufer declrconfpec-
îlon ; aufti le lénat de Venife avoit-il enjoint, par un
décret, de ne pratiquer jamais Yopération cifarienne
fur des femmes mortes , que par une fimple incifton
& non par une incifion cruciale , dans la vue de faciliter
ia guérifon de la mere , ft par b;izard elle
n’étoit pas réellement morte. M. Aftriic confeille de
faire auparavant deux inciftons fur lesfclTcs pour
s’afTurer de la mort de la mere ; du refte , quoiqu’il
foit difficile de s’aft'urer file foetus eft encore vivant
après la mort de fa mere, je crois, avec M. Heifter,
qu’il vaut mieux faire cette opération cent fois inutilement
, que de perdre une feule fois un foetus pour
avoir néglige de la faire. Le droit naturel & le droit
divin réclament contre un fatal préjugé, qui fait
concevoir de l’horreur pour l’ouverture d’un cadavre
; une pitié mal entendue a fouvent fait retarder
ces ouvertures, fous prétexte que la mere n'etoit
pas bien morte ; 6c comme une longue agonie laifte
une probabilité fondée de la mort d’un foetus qui
])ouvoit être bien conftituc , on fe refufe quelquefois
au cri de l’humanité qui plaide foiblement pour
un enfant qu’on n’a pas vu. Les loix les plus rel'pec-
lables font pofttives à cet égard (Dige/îor. lih. X I ^
A'V. vôy. ) ; mais que CCS loix font foibles contre un
préjugé qui tient au fentiment ! c’eft ici fans doute
qu’il f'audroit toute la vigilance du magiftrat pour
éclairer les citoyens fur le vrai bien 6c les forcer à
l’adopter.
Le fécond cas dans lequel on opéré fur une femme
vivante pour extraire un foetus mort, ne peut
avoir lieu que lorfqu’il eft impoftible de le tirer par
les voies ordinaires. Cette impoffibilitc n’eft pourtant
pas ft commune que pkifteurs auteurs l’ont prétendu
; les obftacles qu’on rencontre du côté de
1 orifice de l’utérus , peuvent quelquefois être enlèves
; les inftriimens peuvent aulft faciliter l’extraéfion
d un foetus , piece à piece, lorfque la dilajation du
Tome ly .
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cou de la matrice n’eft pas fuffifantc ; enfin dans des
conceptions ventrales , ou dans les ovaires , ou dans
les trompes de faliopc, ia nature fait elie-meme aft'cz
fouvent tous les frais du travail, en excitant un abcès
, par lequel le foetus fort par fucceflîon de tems.
Je me difpenfe de compiler à ce fujet les opinions
des auteurs qui n’ont rien de relatif à mon objet
principal.
On connoît ft le foetus eft mort dans le fein de fa
mere , lorfqu’aprcs quelque tems de travail de l'ac-
couchemenr, elle n’apperçoit aucun mouvement de
l’enfant, mais un poids qui luccede & qui fc meut
du côté iur lequel elle s’incline : lorfqu’elle éprouve
des friftbns, des défaillances , le tcncfme ou le flux
d’urine; lorlqu’il s’écoule par le vagin une matière
noire, putride, de mauvaife odeur; lorfque le ventre
cft froid, 6c principalement lorfqu’ayanc jjortc la
main dans le vagin ou rutérus , on trouve le placenta
ôc le cordon ombilical froids , qu’on n’apperçoit
aucun battement dans le trajet du cordon , principalement
à Ion infertion vers l’ombilic. Le défaut de
mouvement, de chaleur ou de battemens d'arteres
dans les membres du foetus, eft encore un indice
plus concluant, fur-tout ft l’épiderme s’en fépare
aifement, ft l’odeur en eft mauvaife, & la couleur
altérée. L’examen de la fontanelle cft encore utile
6c concourt h prouver la mort du foetus lorfqu’clle
n’offre aucun battement, qu’elle eft flafque, déprimée,
que les os qui l’avoilinent fe meuvent avec
facilité : il eft pourtant utile de remarquer que ces
fignes doivent être pris coUcûlvement, 6c qu’ils ne
fuivent pas toujours la mort du foetus, même plu-
fteurs jours après. II n’eft pas rare de voir des femmes
porter dans leur fein des foetus morts depuis
quelques mois, oc s’en délivrer enfuite heureufe-
ment par un accouchement naturel.
Le troifteme cas de Yopération céfarienne paroît
le plus hardi 6c lalffe un problème à réfoudre ; lorf-
qu’une femme mal conformée eft parvenue au terme
de la groffeffe, 6c ne peut accoucher par les voies
ordinaires, fans danger pour fon enfant, doit-on
faire Yopération céfarienne, ou bien fe réfoudre à
extraire le foetus avec des inftrnmens, qui en le détachant
par parties, moins voliimineufes que le
foetus entier, puiffent en favorifer la fortie par les
voies ordinaires ?
Si le vice de conformation de la mere eft tel
qu’il foit impoftible d’opérer cette divifton par les
inftrumens, il eft clair que Yopératioji céfarienne eft
alors nécelfttée , parce que la mere court un danger
égal par la mort du foetus qui ne peut pas fortir, 6c
par le travail infruélueux de l’accouchcment ; mais
s'il eft poffible de porter la main ou quelt^ue inftru-
ment dans l’utérus , 6c que par le volume du foetus
ou par le peu d’étendue du paffage , il foit moralement
impoftible que la femme accouche par la voie
naturelle , il me paroît que la queftion eft décidée,
parce que j’ai dit au mot Av o r t em e n t ,dans un cas
ù-peu-pres femblable. Je ne parie point des reftrîc-
îions qu’y ont mifes certains auteurs qui ne le décident
en faveur de la mere que dans le cas feulement
oil fon enfant ne doit pas jouer un rôle important
dans lafociété ; cette diftinélion ne doit point tenir
une place dans un ouvrage où l’on dilcuïe les droits
de l’humanité. Nous favons bien qu’on dérogera à
ces droits, indépendamment des loix qui les confirment
ou qui doivent les confirmer, toutes les fois
que la grande raifon d’intérêt ou des convenances
s’élèvera contr’eux : il eft de fait que la puifîànce
qui protege les loix peut aufti les abroger.
Cette opération donne encore ilv’ u à quelques
qiieftions médico-légales : un foetus de fept mois,
tiré vivant du fein de la mere par Yopération cé/d-^
tienne, doit-il être cenfé viable ou avoir acquis le
X ij
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