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du grand tapis où l’on voyoit les n e u f p reux ; que
dans les cérémonies on les repréfentoit comme on
y reprél'ente aujourd’hui les anciens pairs ; que l’on
avoir aii(Tiimaginé/2eM/jpr««ês owpreufes, pour réunir
toujoursdans la chevalerie, l’honneur des deuxfexes;
que le roi d’Angleterre Henri V I , à fon entrée dans
Paris, croît précédé de les neuf preux & defes neuf
preufes ; que le roi Jean , dans les Ratuts de l’ordre
de l’étoile, veut que le jour de la fête de l’ordre
il y ait une table d’honneur où feront alhs les neuf
plus braves chevaliers, & qu’on les défigne chaque
année. Le même prince avoir neuf chevaliers qui
combattoient près de lui.
Charles VIll nomma le même nombre deguerrlers
à Fornoue , les habilla , les arma comme lui, ôc par
cette précaution , déconcerta un complot formé
dans l’armée ennemie pour le tuer. La bravoure de
Henri IV faifant craindre pour fes jours, les chefs
defonarmée nommereniautri plufieurs officiers dil-
lingués pour combattre près de ia perfonne.
On fait encore que les preu x avoient un habillement
particulier dans les cérémonies ; que le duc de
Lorraine allant jetter de Peau bénite fur le corps du
duc Charles de Bourgogne , s’habilla en preux & s’a-
jufta une barbe d’or qui luidetcendoitjul'qu’à la ceinture.
Enfin il eft parlé par-tout d’une h ifo ir e des n e u f
preuxQ^i n’exifte plus, ou qui a échappé aux recherches
des favans dans les maniifcrits de l’Europe. Ces
chevaliers formoient-ils un ordre établi par quelque
prince? Etoit ee des braves alTociés entr’eux, ou dif-
tingiiés par quelques exploits célébrés dont on avoit
voulu perpétuer la mémoire ? Etoit-cedes guerriers
choifis pour environner les rois dans les batailles ?
Toutes ces conjectures font également incertaines.
Ce qui prouve leur ancienneté, c’eft le filence de
tous noshiRoriens fur leur origine; leurs noms même
étoient inconnus ,& ne fe trouvent écrits dans aucun
des monumens où il eR le plus parlé de chevalerie*
Après beaucoup de recherches infruélueufes, M.
le comte de Rouffillon les a découverts dans un livre
oublié du P. Anfelme, intitulé U p a la n d'honneur.
Il les a donnés depuis peu dans une diïïertation
fur la chevalerie , lue à l’académie de Befançon,
ouvrage qui fait également l’é'^ge de fon érudition
& de Ion coeur.
Les n e u f p r e u x , félon le P. Anfelme, s’appelloient
Jofué , Gédéon , Samfon, David , Judas Machabée ,
Alexandre , Jules-Céfar, Charlemagne & Godefroi
de Bouillon. Le P. Anfelme ne dit point d’où il a tiré
ces noms ; on peut s’en rapporter à fon exaflitude
& à fes vaRes connoiRances. En travaillant fur la
maifon de France , il a dépouillé tant de manuferits,
qu’il a pu aifément découvrir des chofes ignorées
& négligées avant lui ; mais ces noms des n e u f preux
laiffent de grandes difficultés.
Si ces chevaliers ont accompagné Charlemagne ,
pourquoi ce prince & Godefroi de Bouillon font-ils
comptés parmi eux } S’ils n’ont été connus qu’après
les premières croifades , comment leur hiRoire eR-
cUe reRée dans une obfcuriié fi profonde ? Si leur
date eR plus ancienne , il faudra fuppofer qu’on ait
changé deux noms pour y fubRituer ceux de Charlemagne
& de Godefroi de Bouillon.
Quel que foit le motif ou l’événement quia pu
occaRonner leur origine , ü ne faut point s’étonner
qu’on ait donné aux fept premiers des noms étrangers:
c’étoit affez l’ulage autrefois d’en emprunter
chez les anciens. Charlemagne avoit formé une fo-
ciété de favans qui nous en fournit des exemples.
Il s’appelloit Alcuinfe n om m o ït Flaceus.
Je ne dois pas oublier de dire un mot de l’étymologie
du nom de pr eu x. L’opinion qui le tire de
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Procuseù^ trop ridicule pour mériter d’être combattu
e , quoique Ducange ÖC Menage la rapporteur,
Procus 5: procacitas ne fignifîent point le genre de
galanterie dont fe piquoient les chevaliers. J’aime-
rois autant l’idée de Jean Molinet, Franc-Comtois
qui compofa un ouvrage intitulé , les n e u f p reux de
gourriiandife , & qui imprima cette plaifanterie en
1537, avec quelques autres pieces.
Les preu x de lijjertinage ( c ’eR l’idée que préfente
Procus) ne feroient pas une chofe plus grave, &
Dugudclin n’auroit pas eu lieu d’etre fort flatté du
titre de dixième p r eu x .
Les deux favans que je viens de citer adoptent
l’opinion qui t i r e d e probus : ors la fuit communément
; & M. le comte de Roufllllon l’appuie
d’une preuve qui fait penfer que du tems de Charles
VI on étoit de cet avis. Il rapporte que l’évêque
d’Auxerre faifant l’oraifon funèbre de Duguelclin,
le qualifia de p r eu x ; qualité, ajouta l’orateur
, qu’on ne peut mériter que par la valeur & la
probité.
Il n’eR pas douteux que le titre de p r eu x fuppo-
foit ces deux chofes ; on le voit par les noms des
neuf héros que le pere Anfelme nous a donnés , &
qui dcfigiioient des perfoniiages dillingués par la
bravoure Ôc la nobieffe des fentimens. Cela eR encore
prouvé par la legiflation de la chevalerie ; mais
je ne vois pas comment probus figniiie brave. Ducange
qui a lenti la difficulté, s’efforce de prouver
par du mauvais latin que probitas a fignjfié quelquefois
la valeur. M. l’abbé Bullet m’a paru ne point
goûter cette étymologie, & ce célébré académicien
remarquant que p r eu x 6c viennent du vieux
verbe prou e r, veut que ce mot toit celtique. Si l’on
s’obRine à vouloir que p r eu x foi: tiré du latin, pourquoi
ne pas le faire dériver d ep ro b .u u s ? Ce mot leve
toute difficulté, il renferme les idées de bravoure,
de probité , de droiture, dans la latinité de tous les
âges. ( M. l’abbé T a l b e r t , chanoine de Befançon,
dans Ion Précis de La chevalerie , qui eR à la tête de
fon Eloge hißorique du chevalier Ba y a rd .^
PRiAPE À TIGE DÉLIÉE, {^Hifi. nat. ) MM.Ruffel,
Solander, Collinfon & Ellis, de la fociété royale-
de Londres , qui ont vu & examiné ce nouveau
zoophyte (^Poye^ f ig .S ^ p L I I d 'H iß . /zar. dans ce
Suppl. ) , lui ont fait donner le nom de priapus p c -
duncuLoßUformi , corpore ovato. Sa forme eR ovale,
& fa groffeur entre celle d’un oeuf de pigeon & celle
d’un oeuf de poule. Il eR poli, membraneux, & d’une
couleur de cendre argentée. Au fommet eR une ouverture
quadrivalvuTaire, en forme de croix qui
femble être fa bouche. L’anus eR un peu au-deffus
de la bafe où le corps eR attaché à la tige. Autour de
la bouche & de l’anus , la fubRance eft un peu plus
calleufe que le refte. Le corps eft porté fur une tige
(ou pédicule) de dix pouces de longueur, qui eft
attachée par fon extrémité â un morceau de rocher.
Cette tige eft d’une couleur brune-claire , du calibr#
d’une grofle plume, arrondie, tubulaire, rude au
toucher, Sc d’une fubftance membraneufe aflez fem-
blable au cuir. Ce que l’intérieur a offert de plus remarquable
aux favans qui ont ouvert cet animal,
ctoit un corps folide qui defcendolt du haut jufqu’à
la bafe , reflémblant, à la taille près, à l’un des in-
teftins grêles, & attaché à la furface intérieure du
p ria p u s , comme leslnteRins grêles tiennent au nié-
fentere. Voilà un zoophyte flngulier qui marque
d’une maniéré bien fenflble le paffage de la plante à
l’animal. Eoye^^ les articles A c t i n i a S o c i a t a ^
6c A n i m a l i t é , ( nac.') dans ce Suppl.
PRIAPOLITES , priapoUtes , ( H iß . nac. ) On
donne ce nom à des pierres qui ont une forte de ref-
femblance avec le membre viril. Leur forme eft
un cylindre de douze à quinze lignes de diamètre.
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plus ou moins, de cinq à Rx pouces de longueur,
& arrondi par les extrémités, compofé de pIuReurs
couches parallèles & tenaces. L’axe de ce cylindre
eft toujours rempli d’une cryftallifation fpatheufe
qui imite affez celle des cryftaux qu’on voit dans la
plupart des cailloux creux. Les priapoUtes ne font
communément que des efpeces de ftalaéfites, ou des
pyrites. (+ )
PRICHSENSTADT, ( Géogr.') petite ville d’Allemagne,
dans le cercle de Franconie & dans les
états d’Anfpach, prefecture d’Uffenhein ; elle pre-
fide à un bailliage, Ôi jouit depuis long-tems, de la
part des empereurs, du droit de fervir de refuge aux
meurtriers involontaires. ( (r. )
PRIEBUS, ( G éogr.) ville de laSiléRe Pruffienne,
dans la principauté de Sagan, fur la riviere de Neyffe ;
elle renferme une églife catholique & une chapelle
proteftante, & elle préfide à un cercle où l’on trouve
le bourc» à marché de Freywalde, avec nombre de
villages. Les feClaires de Herrenhuth peuplent quelques
uns de ces villages , fous la leigneiirie des
comtes de Promnitz ; & dans d’autres , voifins des
forêts qui bordent la Luface, on voit les ruines de
quelques maifons de chaffe , jadis affeCtées aux plai-
Rrs des princes Saxons. { D . G . )
P R IM A I N T E N Z I O N E , ( M u f ïq .)m o i technique
italien qui n’a point de correfpondant en François
, 6c qui n’en a pas befoin , puifque l’idée que ce
mot exprime n’eft pas connue dans la muflque fran-
çoife. Un a ir , un morceau d i prima in ten ijo n e , eft
celui qui s’eft formé tout d’un coup tout entier &
avec toutes fes parties dans l’efprit d’un compoR-
teur, comme Pallas fortir toute armée du cerveau
de Jupiter. Les morceaux di prima inten fione font de
ces rares coups de génie, dont toutes les idées font
fl étroitement liées , qu’elles n’en font, pour ainfl
dire , qu’une feule, 6c n’ont pu fe préfemer à refprit
Tune fans l’autre. Ils font femblables à ces périodes
de Cicéron, longues, mais éloquentes, dont le fens,
fiifpendu pendant toute leur durée, n’eR déterminé
qu’au dernier mot, ÔC qui par conféquent n’ont
formé qu’une feule penfée dans l’efprit de l’auteur.
Il y a dans les arts des inventions produites par de
pareils efforts de génie, & dont tous les raifonne-
mens intimement unis l’un à l’autre, n’ont pu fe faire
fucceflîvement, mais fe font néceflairement offerts
à l’efprit tout-à-la-fois, puifque le premier fans le
dernier n’auroit eu aucun léns. Telle eR, par
exemple , l’invention de cette prodigieiife machine
du métier à bas, qu’on peut regarder , dit le philo-
fophe qui l’a décrite dans le D i ü . raif. des S ciences ,
&c. comme un feul & unique raifonnement dont la
fabrication de l’ouvrage eR la conclufion. Ces fortes
d’opérations de l’entendement, qu’on explique à
peine, meme par l’analyfe, font des prodiges pour
la raifon, & ne fe conçoivent que par les génies capables
de les produire : l’effet en eR toujours proportionné
à l’effort de tête qu’ils ont coûté, & dans
la muflque les morceaux d i prima in ten fion c font les
feuls qui puitfentcauferces extafes, ces raviffeinens,
ces clans de l’ame qui tranfportent les auditeurs hors
d’eux-mêmes. On les fent, on les devine à l’inRant,
les connoiffeurs ne s’y trompent jamais. A la fuite
d’ im de ces morceaux fublimes , faites pafler un de
ces airs découfus , dont toutes les phrafes ont été
conipofées l’une après l’autre, ou ne font qu’une
meme phrafe promenée en différens tons, & dont
l’accompagnement n’eft qu’un rempIiRage fait après
coup; avec quelque goût que ce dernier morceau
loir compofé, fl le fouvenlr de l’autre vous laiffe
quelque attention à lui donner, ce ne fera que pour
en erre glacés, tranfis, impatientes. Après un air
d i prima in cen z ion e , toute autre muflque eft fans
effet. { S )
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PRISE, i^Mujiq. des à n c .) le p f îs , imé des parties
de l’ancienne mélopée. P 'oy ei M é l o p é e ,
( S iu f îq .) D ic îio n n a ire ra if. des Sciences. ( 5 ')
PRlTZWALK. , (^ G io g r .) ville d’Allemagne j'
dans la Haute-Saxe, 6c dans le marquifat de Brandebourg,
province de Prignltz : elle eft au rang des
immédiates, 6c donne fon nom à un cercle de 5S
villages , & de trois autres petites villes, favoir
FreienRein, Meienbourg 6c Puttlitz , polTédées par
des feigneurs particuliers. ( D .G . )
PROAULION , ( Mujtq. des anc. ) c’étolt le prélude
des flûtes, ce qui prcccdoit le nome ou l’air
qu’on alloit exécuter, comme le prologue des
pieces de théâtre ; il paroît par un paffage d’AriRo-
clc ( Rhetor, lib . I I I . cap. ly . ) , que les anciens
joueurs de flûte lioient leur proauLion avec le nome
même , ou paffoient de l’un à l’autre fans interruption.
( ^ F .D .C .)
PROBLÈME DES TROIS c o r p s , {G iom ^ On a
donne ce nom au problème, qui confiRe à déterminer
le mouvement de trois corps projeités dans
l’efpace, & qui s’attirent réciproquement en raifon
directe de leurs mafl'es, 6c inverfe du quarré de
leurs diRances,
O n n’a pas enc or e de mé thod e rig ou re uf e de r é foudre
ce problème , 6c peut-être même que les
équ a tio ns dont dépend la Ib lu t io n, ne font pas fuf -
ce ptib l e s d ’un e fo rme f inie. Voyeri In t e g r a l ,
dans ce Supplément.
Les feiils cas qu’on ait réfolus font ceux, où rapportant
le mouvement de deux corps à un troilie-
me regardé comme un centre fixe; la force qui les
empêche de décrire une ellipfe autour de lui ; eft
incomparablement plus petite que celle qui tend
à la lui faire décrire. Cette derniere force s’appelle
fo rce principale , 6c l’autre fo r c e pcrturb.t-
trice.
Comme les méthodes analytiques, employées
dans ce cas, donnent le mouvement d’un nombre
quelconque de corps qui s’attirent mutuellement,
pourvu que pour chacun de ces corps la force
perturbatrice foit incomparablement moindre que
la force principale ; on a continué d’appeUcr problème
des trois corps ceux oil l’on s’eft propofé de
déterminer les mouvemens d’un nombre plus grand
de corps tels que ceux des fatellites de jupiter, quoique
à caufe de faturne, il fallût y faire entrer
l’aéHon réciproque de fept planètes.
I. Hijloire du problème des trois corps. Newton
s’eR propofé le premier d’examiner quels dévoient
être les mouvemens de la lune , en vertu
de l’aêtion qu’exercent fur elle le foleil & la terre.
Sa folution toute fynthétique ne peut être comparée
à celles qui ont été propofees depuis ; mais
elle rendoit raifon d’une partie des inégalités que
l’obfervation avoit fait reconnoitre dans l’orbite
lunaire ; & quoique Halley eût ajouté quelque
chofe aux travaux de Newton, cette folution du
problème des perturbations fut la feule depuis 1686 ,
que parut le livre des principes ,jufqu’en 1745.
Leibnitz 6c Jean Bernoulli avoient été avant cette
époque les feuls analyftes capables de fubRituer
à la fynthefe de Newton une analyfe plus exaéle
6c plus fûre ; mais ils ne voulurent pas employer
leurs talens à calculer d’après les principes d’un
r iv a l, dont tous deux avoient à fe plaindre ; ils ne
furent ni aflez grands pour facrifîer à l’avancement
des fciences cette petite perfonalité, 6c ils entendirent
affez mal les intérêts de leur gloire pour perdre
leurs tems en de vaines objeéllons contre la
théorie Newtonienne.
Vers 1745 , M. d’Alembert , M. Euler 6 c
M. Clairault, diacun à-peii-près en meme tems,