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premiers nalflent une à une, & que celles des pins
l'ont au moins à deux réunies par leur bafe.
Efpeces,
1. Sapin à feuilles glauques par-deflbus, à cônes
droirs 6c aflis ; fapin proprement dit à feuilles d’if.
Abies foLiis Jubtüs glaucis , (Irobilis ereHis fefjîlibus.
Hort. Colomb. Abies taxi-foUoyfruHu furfumfpecîante.
The Jllver or yew leav’d fir.
2. Sapin à feuilles en forme d’alcne pointue,
entourant les branches à cônes pendans. Sapin de
Norwege i fapin pefle; épicéa ; épinette.
Abies jotiis fubulatis y mucronaiis utrinque difpofi-
iis , firobills pendentibus. Mill.
The fpruce or norway fir or pitch tree^
3. Sapin à feuilles formées en alêne glauque
par-deffous, entourant les branches à cônes. Sapin
noir d’Amérique.
Abiesfoliisfubiilatisy fubtiis glands.^ utrinque dif-
pojhis y jîrobilis uncialibus Iaxis y utrinque difpofitis.
Mill.
The fmall coned American fpruce-fir.
4. Sapin à feuilles courtes glauques par-deflbus,
entourant les branches à cône. Sapinhhr.c delà nouvelle
Angleterre.
Abies fotiis brevibus yfubctis glands, utrinque difpo-
fitis y firobilis uncialibus Iaxis. Mill.
The white fpruce fir o f north America y called new
foundland fpruce.
5. Sapin à feuilles difpofées aux deux côtés des
branches, k cônes arrondis, à rameaux grêles. Hemlock.
Petit fapin à feuilles d’if.
Abies foliis bifariam difpofitis y firobills fubrotundis ,
ramis tenuioribus. Hon. Colomb.
The American hemlock fir.
6. à feuilles d’it à odeur de baume de cilead.
_ ^
Abies taxi folio , odore balfarni gileadenfis.
Il fe trouve dans la premiere & grande édition
de Miller un fapin, relTemblant à ce dernier qu’il
regardolt comme une autre efpece , 6c qui efl tran-
ferite dans un catalogue hollandois,lous cette phrafe :
abies f^irginiana folio tenuiore odoralo. Je ne fais pourquoi
Miller l’a retranché dans fa derniere édition ;
il n’y fait pas mention non plus de notre n°. 6 ; c’eft
une efpece très-différente des autres, & que nous
avons fous les yeux. A l’égard des fapinsée la Chine
& d’Orient qu’on trouve tranferirs dans certains
auteurs, perfonne ne les pofl'ede en Europe; ne
feroient-cepas des êtres deraifon? Cependant Tour-
nefort dit avoir rencontré fur le Mont-Olympe un
fapin k feuilles d’i f , & rangées comme les dents
d’un peigne, dont les cônes font pendans, ce qui
caraâériferoit une efpece véritable. A l’égard du
fapin reflemblant au pin qui fe trouve tranferit partout
, je l’ai cherché en vain par toute la terre. Après
bien des conjeftures & des comparaiibns, j’ai imaginé
que ce devoit être le pin d’Amérique à cinq
feuilles; pin du lord Weymouth, dont les cônes
font longs & à écailles lâches 6c coriacées comme
celles des fapïns.
Les fapins croiflent fur les montagnes expofées
au nord , on en trouve cependant plus par-delà la
Norvège. Les n'^. > 61 2 parviennent à une hauteur
prodigieufe fur des troncs parfaitement droits, qui
portent une tête conique terminée par une fléché ;
ces arbres croKfent très-près les uns des autres, &
bravent par leur réunion les coups de la tempête.
J’ai vu un bois de fapins, en Suifl'e, dont les bran-
ches naturellement entrelacées formoient un toit
que couvrolt une épaiffeur confidérable de neige ;
il n’en étoit point tombé au-deffous ; on y refpiroit
une douce chaleur , c’ étoit au mois de janvier : on
y voyoii la terre garnie, bien verte & parce de
SAP
quelques fleurs. C’efl dans ces bois fombres, au loin
folitaires, où l’on rcfpire l’encens des réfmes, qu’un
faint frcmilTement avertit de la préfence de la divi
nité, 6c que la penfée affranchie des liens des fens
s’élève jufqu’à elle.
Le fapin n'^. 1 efl le plus commun dans les montagnes
de la V o ge, & le plus rare en SiiiQê 6c au
Nord : il efl plus beau que le /z®. 2 , & fon bois eft
préférable ; il aime les terres fortes que liir les pentes rapides. & ne croît guère
Le n°. 2 croît dans des terres allez légères, aime
l’humidité 6i fe trouve quelquefois dans les marais •
tous deux veulent un fol profond ; on fait combien
ces arbres font utiles pour l’architefture navale , la
charpenterie &.la menuiferle. C’eft du n^. 1 qu’on
tire la térébenthine de Strasbourg ; le n6. 2 fournit
la poix grall'e. f^oye{ dans le Traité des arbres & ar-
bufiesd^ M. Duhamel, les procédés par lefquels on
tire 6c l’on prépare ces fubflances réfinenfes.
Les fapins d’Amérique donnant du fruit de très-
bonne heure, ne paroiflent pas devoir atteindre à
la hauteur des nôtres. Les n'^. ^ 6c 4 forment de
très-jolis arbres, dont le verd bleuâtre diverfitîe
agréablement les fpeftacles de l’hiver. Leurs jeunes
cônes d’un pourpre violet qui paroiifent au mois
d’avril & qui entourent les branches , font un afl'ez
bel effet ; c’efl des bourgeons de ces fapins que les
fauvages de l’Amérique compofent une forte de
biere.
Le zj®. 4 fe diftingue de tous les autres au premier
coup-d’oe i l , par fes rameaux fouplcs 6c inclinés
; il paroît être de petite llarure ; il craint les
terres fumées, ainfi que le /z®. S ; il faut l’élever 6c
le planter dans des terres franches 6c pures.
Le n®. i forme un arbre charmant ; l'es feuilles
font marquées par-delfous de Arles d’un verd d’oeillet
plus brillantes que dans les autres efpeces ; elles
font formées comme celles de l ’if, mais elles ne
font pas obtufes comme celles du n^. 1 ,6c leur bout
efl incliné; elles font très-rapprochées & difpofées
par quatre ou cinq rangs de chaque côté des rameaux
; les boutons font gros, obtus , jaunâtres 6c
couverts d’un vernis de réflne dont l’odeur relfem-
ble à celle du baume de giléàd que donne un arbre
qui habite la Judée. Les boutons qui terminent là
fléché forment une étoile. Ce fapin craint auffi les
terres fumées & les terreaux ; il efl très-lent dans fa
croilfance les premieres années, mais enfuite il pouffe
très-vite, fur-tout dans les terres qui ont beaucoup
de fonds.
Tout ce que nous avons dit de la multiplication,
des femis 6c du régime des melefes , foit en p etit,
foit en grand, convient aux fapins (Voyez Melese,
Suppl.').] ai fait reprendre des fapins de marcottes;
on eft parvenu en Angleterre à les élever de boutures
, mais je ne l’ai pas effayé.
Jettons encore un moment les yeux fur le fapin
2 ; on en peut faire divers ufages pour la décoration
des jardins & bofquets d’hiver ; ainfl que
l’i f , il prendra fous lecifeau toutes les formes imaginables;
mais le bon goût bannit toutes celles qui
font trop contournées , ou qui préfentent des figures
d’hommes ou d’animaux. L’obélifque 6c la pyramide
me paroiifent toutefois produire un bon effet, fi on
les place avec entente ; mais rien n’eft plus lomp-
tueux qu’une haute palifîade d’épicea ; il s’en trouve
une double de près d’une lieue de long fur la chauffée
qui va de Berne à Fribourg, qui fait l’admiration
de tousles étrangers ; autour des bofquets d’hiver,
ces murs verds feront d’un très-bel effet, 6c dimi-
nuerontle froid en brifant les vents ; placés au nord
& au nord-eft , non loin des jardins 6c des vignes,
ils les pareroient de l’effet de la gelée 6c y adouci-
roient la température ; ce qui mettroit à portée
d’élevei
S A R
d’élever dans ces bofquets des arbres verds délicats,
dont on feroit contraint de les priver, faute d’un pareil
abri.
Ces palifladesfe plantcntau moisd’avril avec des
fapins hauts de deux ou trois pieds enlevés en motte.
On en formera deux rangs en les mettant en échiquier
à huit pouces en tout fens les uns des autres ;
la fécondé année, au mois d’oétobre , on les taillera
au cifeau, ce que l’on continuera d’année en année.
Lorique la paliffade aura acquis la hauteur qu’on
veut lui donner , on l’arrêtera en la coupant egalement
par le haut. J’en ai une plantée depuis trois
ans qui a déjà huit pieds d'élévation. ( M. U Baronde
T s c h o u d i. )
SAQUENET ou Sacqueney , { Géogr. Antiq.)
village à l’extrémité de la Champagne 6c de la
Bourgogne , diocefe de Langres , près de Beze 6c de
Fontaine-Françoife ; le chemin romain de Langres à
Befançon par Pontailler y palfoit.
On y déterra en 1702 une colonne milliaire,
qui a été tranfportée au cimetiere.
M. Moreau de Mautour , de Beaune , de l’acad.
des infcripiions 6c belles-lettres, en donna l’explication
en 1703 dans \t Journal de Trévoux, feptembre
pag. 'b'47, & l’infeription en même tems : elle a
été aulfi donnée par Gratter 6c Muratori, qui ont
fort varié en la copiant. MM. les Abbés Nicaife 6c
le Beiif ont corrigé ces deux auteurs , Muratori fur-
tout qui a fait autant de fautes que de dates : la voici
fur l’original ; la date répond à la quarante-deuxieme
année de l’ere chrétienne.
T r . C laud. D rusi. F. C æsar. Au g.
Germanic. Po nt. Max. T rib. p o t e s t .
II. Imp. III. PP. Coss. II. d ésignât. III.
A n. m . P. XXII.
Ce que M. de Mautour rend par ces mots ;
Tiberius Claudius Drujî filiu s , Ccefar Augufius ,
Germanicus y pomifex maximus tribunitia poteflate fe-
ctindam , conful fecundùm , defignatus tertiüm. Pat.
pairicSy Andomatunum. Millia pajfuurn viginti duo.
Cet endroit eft en effet à près de fix lieues de
Langres. Cette colonne avec fa bafe eft d’une feule
piece de huit pieds quatre pouces de hauteur.
Le fuft efl de figure ronde : elle fut pofée vral-
femblablement quand l’empereur Claude paffa dans
les Gaules pour fe rendre dans la Grande-Bretagne,
la troifieme année de fon empire.
Onvoyoit encore en 1622, fur le grand chemin
de Nîmes à A rles, une infeription du tems de Claude
qui avoir fait rétablir ce chemin : Bergier en parle ;
&une autre trouvée au Perche fur une colonne milliaire
au nom du meme empereur. Voy. les Antiq.
de Dijon y par M. le G ou z, oîi cette colonne efl
gravée , p. iC S , i/z-4®. L’imprimeur a mis ad . pour
AND. 6c p. 6y y Pontarlier pour PontcUier. (C. )
Sa r a , princefjé y ou SARAI, maprinctffe y (^Hifi.
facrée.) femme d’Abraham , naquit l’an du monde
ioiB , d’Aram, frere d’Abraham, & étoit par con-
fequent petite-fille de Tharé, mais elle n’étolt pas
petite-fille de la mere d’Abraham , parce qu’Aram
Ion pere étoit d’une autre mere ; elle étoit la meme
que Jefeha. Gen. xx. 10. 5 <zrtzfuivit Abraham quand
d quitta fon pays pour venir dans la terre de Cha-
naan ; 6c la fanilne les ayant obligés de fe retirer en
Egypte, ils convinrent que Sara , qui étoit extrêmement
belle , palTeroit pour la foeur de fon mari,
afin que les Egyptiens ne fufl'ent pas tentes de le
îuer, s’ils favoient qu’elle fût fa femme, pour pouvoir
en jouir librement. Abraham ne fit point de
menfonge, en difant qu’elle étoit fa feeur, puifqu’elle
etoit fa niece, & que les Hébreux appclloient/>e«s
6c foe u r s les proches parens. Il ne fit donc que fup-
primer une vérité dans une occafion où il lui étoit Tome IVt
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dangereux de la dire. Il avoir deux chofes à confer-
yje 6c l’honneur de fa femme : en avouant
qu il étoit fon mari, il ne pouvoir éviter de perdre
lune & l’autre, & pouvoir au moins conferver fa
Vie, en fe contentant de lui donner le nom de foeur.
n prend donc ce dernier parti, & abandonnant
1 honneim de fon cpoul'e au foin de la P rovidence, il
le lert d un moyen qu’elle lui préfentoit pour mettre
a vie enfurete, fans attendre un miracle. Lorfqu’ils
furent entres en Egypte, Pharaon , roi du pays, que
1 on inftruifit de la beauté de , U fit enlever &
conduire dans Ion palais ; mais Dieu appéfantit’ fa
niam fiir ce pnnee criminel, & Im fit entendre qu’il
le pumlToit pour avoir enlevé la femme d’Abraham.
Pharaon fe fenrant frappé de D ieu, & craignant
encore de plus rudes chatimens , fembla condamner
linjuflice de fa conduite; & renvoyant Sara à fon
m p i, il fit quelques reproches à celui-ci de ce qu’il
lui avoit dit qu’elle étoit fa foeur, 6c l’avoit expofé
par-là à commettre le crime de la prendre pour fa
femme. Gen. xij. ,C). Il les renvoya l’un & l’autre,
6c les fit accompagner jufques fur la frontière, de
crainte qu’on ne leur fît quelqu’infulte. Cependant
Sara informée de la promefl'e que Dieu avoir faite
à Abraham , de multiplier fa poflcriié comme les
étoiles, & perfuadée qu’à caufe de fon âge avancé
6c de fa ftenlité , ce n’étolt point par elle que cette
promeïïe devoit être accomplie, propofa à fon mari
d cpoiifer Agar ; 6c Abraham qui ne douta pas que
cette penfée n’eiit été infpirée d’en haut à Sara, fe
rendit à fondefir, 6c époufa Agar, afin d’avoir de
cette fécondé femme des enfans, en qui les promef-
fes s’accompliffent. Mais Agar étant devenue en-
ceinte , commença à mépriler fa maîtrefle , qui fe
vit forcée d’humiiier fon efclave, & de rabattre fon
orgueil. Quelque tems après , Dieu ayant envoyé
trois anges fous la forme d’hommes à Abraham ,
pour lui renouveller fes promelTes, ce faint homme
qui les apperçut venir, courut au-devant d’eux , 6c
les força d’entrer dans fa tente , où Sara & lui leur
préparèrent à manger. Après le repas, ils lui dirent
que W auroit un fils ;6cSara qui l’entendit, con-
fiderant fon âge avancé , ne put s’empêcher de rire
d’une maniéré à marquer fon doute 6c fa défiance *
alors le Seigneur dit à Abraham , pourquoi Sara
a-t-eUe n ? y a~t^il rien d'impoffible à Dieu ? Et il lui
répéta une fécondé fois, que dans un an Sara auroit
un fils. Sara comprenant alors que fa faute étoit
grande d’avoir douté de la parole de Dieu fut
laifie de trouble, 6c en commit une fécondé en'employant
le menfonge pour la défavoiier. Le Seigneur
la Un fit connoître fur le champ, en lui répétant
(|uelle avoit ri. Gen.xvïj. iS. Au refle, comme le
doute de 5 fZMvenoit plutôt d’un defaut de réflexion
que d’un fond d’incrédulité , il fut bientôt après
difllpéparla foiqui prit le delTus, félon le témoignage
que lui rend faint Paul. Héb. xj. n. Peu de
tems après, Abraham quittant la vallée de Mambré
alla demeurer à Gerare, ville des Philiflins, & prit|
par rapport à Sara, les mêmes précautions qu’il
avoir pnfes en Egypte. Abimelech, roi de ce pays ,
qmne les croyoit pas mariés, fit enlever Sara qu’il
vouloir prendre pour fa femme légitime. Mais à e u
lui apparoiflant pendant la nuit, le menaça de le
punir de mort, & de faire tomber fa colere lùr tout
fon royaume, s’il ne la rendoit à fon mari. Gen. x x .
y. Et Abimelech la rendant à fon mari, lui reprocha
d’avoir fait tomber fur lui 6c fur fon royaume
un fi grand péché, en l’expofant au danger de le
commettre. Gen. x x . c). 11 donna enfuite de grands
prclens à Abraham , & offrit nulle pièces d’argent à
Sara pour acheter un voile , afin qu’une autre
fois elle nes’expofât plus à un femblable danger. Le
Seigneur vifita enfin Sara félon fa promeffe; quoi-
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