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Pourquoi (lonc les pcdans, les demi-beaux efpnts
& les malins critiques ibnt-ils plus lcriipuleux& plus
féveres ? le voici. Les pédans ont la vanité de faire
montre d’érudition en découvrant im larcin littéraire
; les petits efprits en reprochant ce larcin, ont le
plailir de croire humilier les grands ; & les critiques
, dont je parle, fuivent le malheureux inllinfl:
que leur a donné la nature, celui de verlér leur vemn.
ü n certain nombre d’hommes moins méchans ,
mais avares de leurs éloges & de leur ellime, poudroient
au moins favoir au julle ce qu’ils en doivent
à l’écrivain^ & lorfqu’il n’a pas la gloire de l’invention,
ils fouhaiteroient qu’il les en avertît. Ils veulent que
l’on emprunte , mais non pas que I on vole, & pardonnent
l e p o u r v u qu’il ne loit pas furtif. C ela
paroît fort raifonnable. Mais bien fouvent lauteur
ne fait lui-meme où il a vu ce qu’il imite : l’elprit ne
vit que de fouvenirs, rien de plus naturel que de
prendre de bonne foi fa mémoire pour fon imagination
; rien de plus difficile que de bien démêler ce
qu’on a tiré des livres ou des hommes , de la nature
oudefoi-meme. Comment l’auteur de Brïtannicus &
d’^r/trt//Vauroit-il pu vous dire ce qu’il devoir à la
leflure de Tacite & des livres faims ? Vous ne demandez
pas l’impollible : je vous entends; mais où finit
la difpenfe , 6c oii commence l’obligaiion d'avouer
fes emprunts ? Celui qui emprunte comme Térence,
comme la Fontaine, comme Boileau , s’en accule ou
s’en vante ; mais celui qui imite de plus loin, comme
Racine, ou Corneille, ou Moliere ; celui qui ne
prend que le fujet & qui lui donne une forme nouvelle
; celui qui ne prend que des détails & qui l^s
embellit ou qui les place mieux, ira-t-U s’avouer copiée
quand il ne croit pas l’être ? Il y auroit plus de
modeilie à céder du fien qu’à retenir du bien d’autrui,
je l’avoue ; mais ell-il donc fi efl'entlelàun
poète d’être modefte? & n’avez-vous pas vous-même,
en le jugeant, votre vanité comme lui? Siippo-
fe z , pour vous en convaincre, que votre amour propre
6c le fien n’aient jamais rien à démêler enfemble;
qu’il foit à cinq cens lieues de vous, ou qu’ilfoil
mon , ce qui efî plus fiir & plus commode ; alors ,
pourvu que fes fifUons,fes peintures vousintéref-
fent, que fes fentimens vous touchent, que fes pen-
fées vous éclairent, vous vous fouciez fort peu de
favoir ce qui eft de lui, ou d’un autre. Ce n’ell donc
que fon voifinage qui vous rend difficile fur le tribut
d’eftime que vous aurez à lui payer ?.Voyez, lorfque
Corneille, en donnant le Cid, étonna tout lonfiscle &
concerna tous fes rivaux, quelle importance l’on attacha
aux menus larcins qu’il avoir faits au poète cf-
pagnol ; & aujourd’hui qui s’enfoucie? Le public,
vraiment fenfible & amoureux des belles choies, ne
demande que de belles chofes : c’eftài’ouvragequ’il
s’attache, & non pas à l’auteur ; que tout foit de celui-
ci ou d’un autre, d’un moderne ou d’un ancien, d’un
vivant ou d’un mort; tout lui ell bon , pourvu que
tout lui plaife ; comme les Lacédémoniens, il permet
les larcins heureux, & ne châtie que les mal-adroits.
Le vrai plagiat, le feul qu’il défavoue, eft celui qui
ne lui apporte aucune utilité, aucun plalfir nouveau.
De là vient qu’il bafoue un obfcur écrivain , qui v a ,
comme un filou, voler un écrivain célébré, & déchirer
une riche étoffe pour la coudre avec fes haillons.
Plutarque compare celui qui fe borne à ce que les
autres ont penfé, à un homme qui allant chercher du
feu chez Ibn voifin, en trouveroit un bon & s’y
arrêterolt, fans fc donner la peine d’en apporter
chez lui pour allumer le fien. Mais à celui qui d’une
bluette a fait un brafier, reprocherez-vous votre
binette? (
PLAGIAULE, Mii/iqus infî. des anc.^ efpece
de flûte des anciens, dont Pollux attribue l’inven-
îion aux Lybiens {ch, lo, Uv. Onom.'), C ’étou la
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même que la photinge & la lotine, comme nôu's
avons dit à XanicU PhOTINGE {Miif. injl. des a«c.),
Suppl. Servius, dans fa remarque fur ce vers de
Virgile {Eneidcy Uv. X L vers y;^y.) ,
Aut ubi curva choros indixit tibia Bacchi ,
dit, non feulement que cette ciirvq tibia de Virgile efl
la même que la plagiauU des Grecs, mais il ajoute
encore que les Latins l’appelloicnt vafea. Le même
auteur nous apprend que la flûte appellee vafea,
avoit plus de trous que la précentorienne. {F .D . G.)
PLAIES, ( Méd. U". ) Quoique la volonté de
■ l’agreffeur augmente ou diminue en jiifiice l’atrocité
du délit, les fuites de ce meme délit font le plus
fouvent le feul objet cjue les juges ont en vue. On
juge d’une bleffure par fes fuites, & en cela c’cfl
l’événement qui détermine la nature du crime. Il eft
donc très-elTenticl de bien connoître toutes les cir-
conftances qui peuvent indiquer la nature des blef-
fures, leur danger, leurs fuites, les accidens qui
leur font propres & ceux qui leur font etrangers.
Les bleffures font mortelles par elles-mêmes ou
par accident: on appelle mortelle, une bleffure qui
de fa nature doit toujours être fuivie de la mort,
fubitement ou peu après, indépendamment de tous
les fecours de l’art. Le coupable n’en eft pas moins
puni dans ce cas , quoique le bleflé ait omis les précautions
ordinaires pour fon foulagemcnt, ou que
des médecins 6c des chirurgiens inexperts aient négligé
les fecours indiqués 6c ncceffaires.
Plufieurs bleffures mortelles par elles-mêmes,
donnent lieu à différentes fautes dans le traitement,
par la longueur du teins qui s’écoule entre l’inftant
où elles font faites & la mort du bleffé ; mais il en eft
qui font fi évidemment mortelles, qu’il eft indifférent
pour le fait qu’elles foient bien ou maltraitées. Il
en eft auffi qui, quoique reconnues pour mortelles
dans prefque tous les cas, ont été quelquefois guéries,
foit par un traitement très-méthodique employé
par des mains habiles , foit par un concours
fingulier de circonftances favorables que le hazard
a raffemblces. Il ne paroît pas que la poffibiiité de
ces guérifons puiffe militer en faveur du coupable:
la bleffure eft toujours déclarée mortelle, fi elle eft
grave, Sc s’il eft prouvé qu’elle a été caufe de la
mort.
Les principaux objets à remplir dans l’examea
d’une bleffiire ou d’une léfion, font, quant à l’extérieur
& fur les tegumens, l’importance ou la Icgé-
reté de la léfion, l’étendue , l’efpece , la fitiiation ,
la nature de la partie léfée, fon degré d’importance
pour la vie ou les fondions vitales.
On examine enfuite fi la bleffure porte fur des
parties organiques, fur des vaiffeaux; fi elle pénétré
dans les chairs, dans des membranes, des tendons,
des nerfs ; fi elle s’étend jufqu’aux o s , quelle eft l’ef-
pece d’inftrument dont on s’eft fervi, le comparer à
la bleffure, ou déterminer par la forme de \aplaie
quelle étoit celle de l’inflmment : on s’en tient pour
l’ordinaire au rapport des médecins & des chhur-
giens fur l’efpecc d’arme qui a fervi à bleffer.
Une bleffure légère en elle-même pouvant devenir
mortelle par la conftitution du bleffé, ilimporte
beaucoup de connoître les differens vices ou les maladies
dont il peut être atteint, fon âge, fon fexe, fa
force, fa fenfibilité, fes principales paffions, fon
genre de vie; les circonftances qui ont précédé la
bleffure, comme lacolere, l’agitation, les fccouffes
violentes , la boiffon des liqueurs fpiritueufes, &c.
les maladies qui ont précédé la bleffure ou qui l’ouC
fuivie, les fymptomes confecutifs confidérés en détail
& dans leur ordre naturel ; le traitement & le
régime employés, les caules accidentelles qui ont
pu produire quelque changement dans la bleffure*
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le tems qui s’eft écoulé entre le moment delà bleffure
Sc la mort, le tems que le bleffé a pafiè làns fecours ,
ce qu’il a fait penda.nt ce même tems. , , .
Il eft encore utile de favoir fi le bleffé éfoit fiijct
à des hémorrhagies ou des mouvemens irréguliers
dans la circulation ou le cours des humeurs li
l’inexpérience de ceux qui l’ont fecouru au premier
abord n’a produit aucun changement défavorable ou
pernicieux. Il faut encore énoncer les principaux effets
accidentels qui dépendent plus des paffions ou affections
de l’ame que de la bleffure. Telle eft 1 apoplexie
qui fiiccede à lacolere, la fyncope ou la mort
qui dépendent de la peur ou de l’effroi.
L’embonpoint ou la maigreur du bleffe font des
confidérations utiles, l’ouverture exaéfe de fon cadavre
peut auffi préfenter des veftlges de maladies
mortelles , indépendamment de la bleffure, ou qui
font devenues telles par cette circonfiance de plus.
Dans les hydropiques , par exemple, les bleffures
font très-difficiles à guérir, & fe gangrènent fouvent.
On peut tirer quelque jour des alternatives de bien
& de mal-être que le bleffé a éprouvées aprèsla bleffure
, & des caufes de ces viciffitudes : la groffefi'e
& le tems de la geftationfont des circonftances intc-
reffantes à noter.
La poffibiiité du fulclde ou de l’affaffinat rend
quelquefois utile la connoiffance de l’arme meurtrière
: on peut examiner fa forme, le fang dont elle
eft teinte, & établir le rapport qu’elle a avec fa
bleffure , fur-tout fi cette arme fe trouve entre les
mains d’un homme foupçonne ; quelle étoit la fitua-
tion du bleffé lorfqu’il a reçu le coup; quelle eft
enfin la quantité de fes bleffures, fi elles font fim-
ples ou compliquées; fi l’mftrument étoit pointu ,
obtus, empoifonne.
On s’apperçoit aifement que mon objet eft de raf-
fembler les articles les plus effentiels qui peuvent
avoir rapport à la médecine légale, fans entrer dans
les détails immenfes qu’exlgeroit un traite fuivi de
ces matières ; nous avons tant & de fi bons traites
de chirurgie, qu’il eft inutile de groffir cet ouvrage
de tout c"e qu’on peut apprendre dans ces livres :
l’application de toutes les découvertes qu’on a faites
eft très-facile, & la marche pofitive des connoif-
fances dues à cet art, rend le nombre de ces découvertes
bien précieux & bien confolant.
Revenons à notre objet. Une bleffure eft mortelle
lorfqu’elle attaque grièvement les organes du corps
qui font abfolument néceffaires à fa vie animale ,
lorfqu’elle n’ eft point fufceptible d’une guérifon radicale
d’oii la vie dépend, lorfqu’elle fupprime une
fonéHon vitale fans efpoir de rétabllffement, lorfqu’elle
caufe une hémorrhagie fubite qu’il eft impof-
fible d’arrêter , lorfqu’elle entraîne une perte confi-
dérable & irréparable des forces vitales. On regarde
encore comme mortelles les bleffures qui, quoique
légères en apparence, ne peuvent être guéries ni
par la nature, ni par les fecours de l’art, à caufe de
leur nombre 6c de leur grandeur. Il en eft de même
de celles qui, quoique peu confidérables & ne pouvant
être guéries par la nature, font hors de portée
de tout fecours : telles font les ruptures de petits
vaiffeaux dans les dift'érentes cavités du corps ; les
injeftions aftrlngçntes ou, en général, chargées de
quelque médicament approprié, ne font pas un
fecours à négliger dans ces cas , & l’on a vu le plus
heureux fuccès couronner la hardieftè des gens de
l’art qui les avoient tentées.
Les fymprômes graves qui fuivent les bleffures des
nerfs, tels que les convulfions, la gangrene , le fpha-
cele,rendent encore les blefiuresmortelles , lorfque
l’art n’a pu les prévenir. Dans cette même claffe
font rangées les bleffures qui coupent ou detruifent
les moyens ncceffaires aux organes vitaux , comme
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les nerfs du coeur, de l’eftomac, du diaphragme;
les grandes çontufions avec perte de fenfibilité
d’nclion des principaux rameaux do nerfs qui partent
du cerveau.
ün regarde enfin comme mortelle une bleffure
qui paroiffant dangereufe au commencement, s’eft
toujours détériorée malgré les fecours prudemment
adminiftrcsôc l’exaèliuide du malade.
Il ne s’enfuit pas toujours qu’une bleffure eft mortelle,
parce qu’elle a etc fuivie d’une mort prompte ;
plufieurs accidens differens peuvent concourir à cet
effet : ces accidens concernent la bleffure, le bleffé,
ceux qui le traitent, ou les circonftances extérieures.
Les accidens relatifs à la bleffure font les engor-
gemens, les tumeurs, les inflammations & la pourriture
qui les fuit ; les corps étrangers qui j>éneirent
dans la plaie: la léfion des parties irès-fenfiblcs d’où
fuivent la doiileurcxceffive, l’affluence des humeurs,
leur croupiffement, les grandes inflammations,
la dégéneration des parties voifines ; les violens
mouvemens convulfifs ou fpafmodiqiies qui étranglent
les levres de la plaie, empêchent de pénétrer
dans l’intérieur pour la traiter méthodiquement,
fur-tout fi par la nature des parties bleffées, il eft
jmpoffible d’avoir recours à la dilatation : les dérivations
extraordinaires d’humeurs, les degénera-
tlons rapides ôc inopinées, la fievre, les convul-
fions univerfeiles, les hémorrhagies qui, n’ayant
prefque aucun rapport avec la/j/j /î:, entraînent néanmoins
des maladies mortelles ou détériorent beaucoup
l’état du malade;la complication embarraffante
des fymptomes généraux qui ne permettent point
d’avoir egard à l’état de la bleflùre , ou qui ne peuvent
pas être corrigés par le traitement qu’elle requiert
; la proximité d’im vifeere ou d’un organe important,
comme une artere,un nerf conlidorable,
&c. la correfpondance de l’organe bleffe , quoique
légèrement, avec les principales fonéfions ; la putré-
faftion fubite des humeurs ôc leur repompement fans
inflammation ou fuppuration antérieures , 6-c. enfin,
la marche'infidieufe 6c infcnfible d’une maladie ou
léfion fecondaire qui ne fe manifefte que lorfqu’elle
eft irrémédiable.
Les accidens relatifs au bleffé font de deux fortes:
ils peuvent tenir à fa conftitinion individuelle , 6c
être j>ar conféquent néceflaires , ou bien ils peuvent
être l’effet de fon inexaèlitude ou de fon imprudence.
Parmi les premiers , font la fenfibilité ou la foi-
bleftè particulières, les vices d’habitude ou d'origine
qui rendent mortelles des bleffures dont la guérifon
eff pour l’ordinaire aifée ou poffible ; la colere,
les grands mouvemens , la boiffon abondante des
liqueurs fpiritueufes qui a précédé l'inftant oii la
bleffure a etc faite; l’état infirme, cacochyme ou pléthorique
; la difpofition antécédente à une maladie
que la bleffure détermine.
Parmi les féconds , font la fécurlté du bleffe qui
fe refufe au traitement requis ; l’infraftion des réglés
de conduite qu’on lui preferit, foit dans le régime ,
foit dans le traitement ; les excès pour l’exercice ,
les alimens, les paffions de l’ame, &c. la préoccupation
ou la crainte pufillanime de la mort ; l’impatience
ou le rebut de la longueur du traitement dont
il n’attend pas la fin pour fe livrer à des excès; les
excès ou la mauvaife conduite précédente qui dé-
truifent la vigueur de fon tempérament; l’application
ou l’emploi qu’il fait de lui-mênic de differens
remedes peu appropriés à fon état: de ce môme
genre font les cas où le bleffé réveille de lui-niême
une maladie à laquelle il eft fujet ; lorfqu'il néglige
d’en faire l’aveu aux perfonnes qui le traitent; lorfqu’il
omet les circonftances intéreffantes qui peuvent
éclairer les experts fur la nature de fa bleffure ;
lorfqu’enfin il s’obftiue par caprice ou mauvaife