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indépendante des dilTércntcs préparations qu on
lui donne, des diiFérens acides auxquels on rumt,
pourvu toutefois qu’il loit éteint ; l’en concluois
que Ton poiirroit attribuer Ion efficacité à cette
propriété linguliere de s’emparer du phlo'^ijhqui
en tout état, tellement qu’il ne rétablit la fluidité
de la lymphe, qu’en lui enlevant ce principe
furabondant. M. Hoin , membre de cette académie
, connu par pluùeurs bons ouvrages de
Chirurgie, aflura à cette compagnie avoir vu un
de les malades rendre du iiiercurc coulant par les
pores de la peau ; ce qui l’avoit d’autant plus
étonné qu’il ne le lui avoit donné qu intérieuie*
ment, & fous forme (aiine. Cette oblcrvation lut
retenue fur le regilb-e. ^ _
Ainfi le feu , la lumière , la chaleur meme rcdiu-
fent le mercure j & comme d ed d’ailleurs prouvé
que le principe qu’il perd dans la calcination , qu il
reprend dans la réduéb.on, tli bien le meme qui
méiallife les autres métaux , il paroît que l’idcn-
titc du phlogijîiqui avec la lumière & le pur élément
du feu , ne peut plus être révoque en doute.
Il y a toute apparence que le fluide élcéirique n’efl
encore que la meme matière dans un autre état.
Le phtooijliqiu ou feu fixe entre néceflairement
comme partie conftituante dans tous les corps
compofés ; il fe trouve fur-tout en abondance
dans le foufre , les huiles , les charbons 6c autres
matières combuflibles: celbntaufli celles qu on emploie
le plus communément poiirréduire les metauv.
Dire que dans tous ces mixtes lephlogifl'ujue elt le
même & dans le même état, c’efl: peut-être une pro-
pofitionhafardée, du moins trop générale & lufccp-
tiblede quelques controverfes, parce que,comme on
l’a déjà dit , il efl trcs-poflible qu'il ne foit admis
dans quelques-uns, qu’après une combmaifon précédente
; mais que de toutes les ditTcrentes fub-
flances que l’on peut employer arbitrairement, les
terres métalliques ne reçoivent conflammeni que
le même principe identique & fans mélangé : c ’elf
une vérité dont l’évidence frappera tous ceux qui
feront afl'ez initiés pour voir enfcmble tous les faits
fans nombre qui l’établilfent, les rapports nccef-
faires qui les lient , & les caufes (enfibles des
exceptions apparentes.
Une goutte d'huile quelconque, un morceau de
métal, un peu de charbon fuffifent également pour
fulfiirer l’acide vitriolique : le feu appliqué à la
cornue où on le diflille, ne fert qu’à le faire monter
avec le phlogiJUqui ^ 6c à les fcparer ainfi des
autres matières plus fixes. La vapeur du foie de
foufre refllifcite la chaux de plomb ; une terre
métallique précipitée de l’acide qui la tenoit en
difTolution, par un autre métal, reprend le ph/o-
fijllqui qui l’abandonne , & reparoit avec le
Êrillan: métallique : la fimple digeflion d’une chaux
de fer dans l’huile, la rend attirable à l’aimant :
la même chofe arrive fi on l’cvapore au foyer de
ia lentille ; enfin le fer fe convertit en acier ,
c’eft-à-dire , fe fature de phlogiflique , lorfqu’on
le plonge dans du fer de gueulé en fufion , parce
qu’il y a d’une part affez de chaleur pour le dil-
foudre , ÔC de l’autre une matière environnante
propre à retenir ce dilToivant.
h t pklo§i[üqueà\x charbon s ’unit à l’acide vitriolique,
lorfqu’on diflille cnfemble ces deux fubflan-
ces; & au contraire il s’en fcpare , lorfqu’on laifle
l’acide lulfureux expofé à l’air, lorfqu’on brûle le
foufre , lorfqu’on calcine l’hépar,6'c. Ces effets fe
concilient tres-bien par la feule différence mécha-
ntque: dans le premiercas, ce fontdeux corps inégalement
volatils qui font forcés de monter & de s’arrêter
enfemble : dans les autres , le plus léger a la
liberté d’abandonner le plus pelant j i’acicle efl retenu
par l’alkali, oii s’unilTant à l’eau qu’il rencontre
dans l’air, fa combinailon avec le principe inflammable
devient d'autant plus foible. Si le ioufre, quoique
abondamment \^owx\\\ phlogijUque y n’efl pas
propre à la reduélion des métaux, c’efl que ce principe
y efl engage dans un acide trop puiflànt &trop
fixe; l’adion reipedive de ces trois lubflances tend
à former un hépar métallique : cette affinité com-
pofée diminue nécelTairement l’adhérence , le feu
s’échappe, 6c l’acide qui demeure recalcineroit à
chaque inflant la partie de la terré métallique qui
aiuoit pu le revivifier.
Dans le charbon , le phlo^lfliqucti^. aufli engagé
dans un acide Hépar , ) ; mais cet
acide le trouve précilcment afl'ez fort pour le retenir,
afl'ez foible pour céder à l’affinité de la terre métallique;
6c c’efl-là lans doute ce qui forme la condition
la plus avantageufe pour les redudions.
Il ne faut pas croire, comme quelques-uns l’af-
furent, que l’adion du feu dans les évaporations,
dans les calcinations, ne foit qu’un fimple relâchement
d’aggregation ; c'eft encore une vraie dilToIu-
tion, finon complette & limultanée, du moins partielle
& fucceffive: la preuve en rcfulte de l’identité
de l’effet de la calcination par le feu , & de la calcination
par les acides. Dans la première, la terre du
métal efl iéparée du phlogijlique, parce que la fufion
efl ménagée pour tavorilerla dilfipation de ce principe
volatil : dans la fécondé , parce que la terre métallique
l’abandonne pour s’unir à l’acide. Si l’on
gêne ia cryflallifauon d’an fcl , en l’agitant, par
exemple , pendant l’évaporation , on n’a plus, au
lieu de cryflaux folides 6c réguliers, qu’une pouf-
flore plus ou moins tenue qui lé rapproche de l’état
d’cfflorefcence. Cependant l’opération a commencé
néceflairement par une difl'olution aqueufe, & fi ce
lel n’a pas retenu une fuffifante quantité de ce fluide
difl'olvant, on n’en va pas chercher la raifon hors
des ctrconflances méchaniques qui ont empêché ia
combinaifon : il en efl de meme dans la calcination.
C ’efl une queiHon fort agitée en phylique de fa-
voir pourquoi ia calcination ne fe ffiit pas en vail-
féaux exaclement termes, puifque l’on ne peut douter
rail'onnablement que le feu ne les pénétré affez
abondamment pour fondre le métal: c’efl dans l’état
de l’air qu’il faut chercher la caufe de cet effet ; en
conléquence , les uns dflent que c’efl parce que le
fluide manque, & que fon action efl ncceffiiire; d’autres
penfeiit que fa préfcnce n’agit pas feulement
mcchaniquement, mais qu’il fe fixe dans les-chaux
métalliques; qu’elles ne peuvent donc paffer à cet
état, Cj'a'autani qu'on leur fournit une quantité fuffifante
d’air : lur quoi on peut objeéler i “. que , dans
cette l'uppofition , il taudroit au moins qu’il y eût
une calcination proportionnelle à la quantité d’air
renfermé. M. Beccaria dit l’avoir obfervé dans des
vaiffeaux de verre fermés hermétiquement; mais
cela efl-il bien conflant ? 6c d’ailleurs la preuve de ce
fait efl néceffaire à l’hypothefe, & ne luffit pas pour
la prouver : 1I paroît contraire à tous les principes
d’admettre une combinaifon de deux corps
fans diffoliiiion, ou une diffolution fans cryftallifii-
tion : 3®. il s’enfuivroit de-là que l’air auroit avec
les terres métalliques plus d’affinité que le feu ; que
cependant il n’en poiirroit faire qu’une diffolution
moins complété, 6c ne pourroit les attaquer qu’à
l’aide du feu : 4". les acides calcinent les métaux
comme le feu ; 6c comment concevoir par exemple
que l’air piiiffe aller fe combiner avec l’étain que
l’on calcine au fond d’un vale rempli d’efprit de
nirre , ou que cet elprit de nitre contienne affez
d’air fixé pour calciner lucceflivement le nouvel
étain qu’on lui prélente.^ L’analogie de la combuflion
6c de la calcination efl évidente dans no^
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principes ; elle cft démontrée par l’inflammation
clés demi-métaux, & cependant le charbon qui ne
fe conlùme pas non plus dans les vaiffeaux clos , fe
conlùme fenfiblement lorfqu’il efl enfermé dans un
vaiffeau purgé dair.
En fuivant cette analogie, on efl tente de penler
que [a calcination exige , comme la combuftion , un
mouvement ofcillatoirequifavorife le déplacement,
6c que , clans l’appareil des vaiffeaux clos , ce mouvement
efl arrêté , parce que la raréfaélion de l ’air
dans un efpace borné équivaut à denfité.
S’il y a quelques procédés auxquels cette explication
ne puiffe convenir , c’eft qu il y a plufieurs
moyens de faire manquer un effet qui dépend du
concours de plufieurs caufes. Un phénomène qui fe
pafl'e tous les jours fous nos yeux , fans que l’on
ait encore cherché à s’en rendre raifon , nous met
fur la voie de découvrir un nouveau principe très-
conféquent aux loix générales de la nature , & que
l ’on pourroit peut - être appliquer avec fuccès à
plufieurs opérations de la chymie. Un vafe de
terre cuite en grès tient l’eau , plufieurs années de
fuite , fans s’imbiber. Cette eau efl-elle imprégnée
de fd ; on la voit bientôt traverfer les pores du
vafe : il efl évident que fes pores ne font pas devenus
plus perméables, que les parties compofées des
deux corps combinés ne peuvent être plus tenues
que les parties compofantes de chacun de ces corps ;
mais la combinaifon a changé la figure des molécules:
cette figure produit une nouvelle affinité, & il y a
pour lors une attraélion de iranfmiffion qui porte
fiicceflîvcment les atomes de la difiolution faiine ,
des parois intérieures aux parois extérieures ; c’efl
ce dont on ne peut raifonnablement douter. Ces fels
gravitent exaéîemcnt dans les cavités des vaiffeaux
de poterie , comme ils grimpent fur les vafes de
verre , comme l’ eau s’élève dans l’éponge , dans
le flicre , &c. c’eft même eau 6c même effet.
Ainfi l’on pourroit dire qu’il ne fe fait point de
calcination dans les vaiffeaux clos , parce que l’air
manquant , 1ephloglJUquc owizw fixe ne peut y former
de combinaifon qui le rende fufceptlble de l’attra-
^ion de tranfmiffion , 6c favorlfe par-là fa réparation
de la terre métallique : l’effet des cimens maigres
qui calcinent les métaux , même en vaîfl'eaux clos,
paroît confirmer cette hypothefe , & elle n’exclut
nullement la pénétration du feu environnant, puif-
qu’il s’eft néceffairement combiné pendant l’ignition.
On v o it , par ce que nous venons de dire , que la
fcience de la chymie ne préfente rien d’auffi difficile
ni d’aufli important que cette théorie : toutes ces
difficultés fe reduifent néanmoins à une feule que-
flion qui fafpend en ce moment les progrès de nos
connoifi'anccs : Efi-ce addition , foujlraclion de
qii'Uqut macicre qui conjlitue Cétal dt chaux après la
calcination ? M Black l’attribue à l’abfence de l’air
fixe ; M. Meyer, à laprcfence d’une fubflance qu’il
appcflle acidum pingue ou caujilcum : M. Prieftley a
ajouté de nouvelles obfervationsqui confirment l’hy-
pothefe de M. Black : la plupart des phyficiens s’occupent
de ia folution de ce problème intereffant. M.
Lavolfier vient de publier une belle fuite d’expériences
fur rexiflence-& les propriétés du fluide
élaftique qui fc fixe , fuivant lui , dans les terres
mctalliques pendant leur calcination ; 6c nous
favons que M. Macquer, à qui la chymie efl déjà
redevable de tant de découvertes , travaille à éclaircir
cette matière , en développant la théorie de la
caufticlté. Ufaut ei'pcrer quede tant d’efforts excites
par l’intérêt général , 6c dirigés vers le même but,
naîtra enfin une Imniere affez vive pour frapper tous
les yeux , 6c ramener fur la meme route tous ceux
qui s'appliquent à l’étude de cette partie des fciences
naturelles. Foye^ au Suppl. AiR FIXE , C alcina-
Tome IV,
P H L 339 TioN, C a u s t ic it é , C.</j7.sr/cc/A/,CoMBDiTioN.
Le phlogijUque ou feu fixe eft-il pefant? C ’eft
encore une queftion intérefl'ante , & qui touche de
près à celle que nous venons d’annoncer. Boyle a
cm la flamme pefante , meme pondérable ; mais la
flamme n’eft pas la matière pure du feu. Boerhaave
a obfervé qu’une barre de fer embrâfée ne pefoit
pas^plus que lorfqu’elle étoit froide. Madame du
Châtelet dit nettement que U feu ejl l'antagonijîe de
la pefantiur : elle confirme l’expérience de Boerhaave
, 6c certifie que l’égalité de poids s’efl retrouvée
dans des maffes de fer depuis une livre jufqu’à
deux mille , qu elle a fait pefer toutes enflammées
6c enfuitc refroidies. J ai moi-mêmc pefc un marc
d’argent très-pur en fufion , 6c j’ai vu l’équilibre fe
conferver pendant la confolidation 6c, après le refroi-
diffement. Mais il faut convenir que de pareilles
expériences, qui varient fans ceffe par une foule
d’accldens inévitables, peut-être par des circonflan-
ces néceffaires , ne font pas affez fûres pour nous
autorifer à excepter le feu de la loi commune de la
gravitation. Le feul fait de l’incurvation des rayons
de la lumière , fuffit pour nous convaincre qu’il
n’efl pas fournis à une autre puiffance.
Cependant, abflraéfion faite de l’état de lumière,
d’ignition 6c de chaleur, le feu efl effentiellement
volatil ; c’efl une vérité démontrée par l’évaporation
fpontanée de tous les corps où il entre , lorfque
la quantité ou la denfitc des autres parties confli-
tuantes ne l’enchaînent pas par leur contrepoids ;
mais cette volaiiliié s’explique très-bien par la pe-
fanteur fpécifique de l’air, plus grande que celle du
feu. C’eftfur ce rapport hydroflatique qu’efl fondée
l’explication de l’augmentation de poids des chaux
métalliques par l'abfence d u Voy. Calcination
, Suppl.
Cette volatilité du phlogljUque le fait regarder,
avec raifon , comme le principe des odeurs, parce
que c’efl lui qui cleve , répand & apporte fur l’organe
de l’odorat les corpufcules qui l'affeclent.
On dît encore que le phhfifliquc efl le principe
des couleurs ; mais cette exprelTion ne nous paroît
pas avoir en général la même jufteffe. Si le feu qui fe
fixe dans les corps change les couleurs qu’ils avoient
avant cette combinaifon, c’efl qu’elle donne aux parties
conftituantes une autre figure, une autre den-
fité ; d’où il réfultc une autre qualité réfléchiffante
ou réfringente : ainfi cet élément ne peut être confi-
déré ici que comme toute autre matière q ui, recevant
la lumière , efl difpofée à renvoyer tel ou
tel rayon colorél
Lorfque je m’engageai à fournir cet article , je
favois que M, le comte de Buffon prépaioit fon in-
troduéfion à l’hlftoire naturelle des minéraux ; ce
qui l’obligeoit à traiter des clémens, 6c particuliérement
du feu. Je fentis combien il feroit intereffant
de pouvoir enrichir ce Supplément de tout ce que
ce grand homme devoit ajouter à nos connoiffances
fur cette matière qui efl la clef de la bonne chymie.
N’ayant reçu fon ouvrage que très-peu de jours avant
le terme donné pour la remife des manuferits , je n’ai
pu en extraire que quelques idées principales, 6c
c’efl-là fans doute tout ce que l’on defirera de trouver
ici. Il n’eft perfonne qui ne s’empreffe de chercher
dans fon livre même cette matière fimple & fubJime
qui lui efl propre , pour annoncer 6c développer les
plus grandes vérités.
M. de Buffon regarde le phlofijlique comme un
être de méthode, & non pas comme un être de nature
: ce n’eft pas un principe fimple , c’efl un com-
pofé de deux élémens , de l’air 6c du feu fixes dans
lés corps. Le feu ou la lumière produifent, par le
fecoiirs de l’air , tons les effets du phlogljîique.
Il n’y a qu’une inaliere ; tous les élémens font
V y ij