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■ 773 , ù l’arvivcc de Charlemagne : il donna cette
ville au lalnt Siege.
Sous les foibles l'ncconciirs ,elle jouit de fa liberté.
Elle fut foumife enfiiite aux Bolonois : les Vénitiens
s’en emparerent en 1440 ; mais après la bataille
d’Agnadel, g;ignée par Louis X I I , en 1509, elle
fut relHtucc au pape.
Havenm , qui dominoit autrefois fur le plus beau
porc de la mer Adriatique , cil aéluelletnent loin de
la mer. L’archcvcchc elt un des fieges les plus didin-
gués de l’ Italie, par l’autorité & le rang qu’ont eu
autrefois Tes prélats. On volt qu’en 666 Maur refu-
foit de reconnoitre le pape Vitalien pour fon fupé-
rieur : il obtint meme de l’empereur un diplôme qui
exemptoit pour toujours les archevêques de Ka~
vinrie de la dépendance de tout fiipérieur eccléfialli-
que, même de celle du patriarche de Rome. Mais en
679 il fut oblige de renoncer , en plein concile , à
l’indépendance de fon fiege.
La chapelle de faint Nazaire, aux bénédiéHns de
faim Viral, fut rebâtie par l’impératrice Galla Pla-
cida , hile de Théodole le grand , pour fervir de
fépulture à la famille. On y voit en effet trois grands
tombeaux en marbre, celui de Placida, ceux des
empereurs Honorius fon frere, & de Valentinien III
fon fils.
C ’eft fous les murs de R a vaine que fe donna le
jour de pâques, eu 1512. une célébré bataille gagnée
par les François fur les Italiens &c les Efpagnols , &
oil Gallon de Foix , neveu de Louis X I I , fut enfe-
veli dans fon triomphe.
Ruvenne fe glorifie d’avoir le tombeau du Dante,
comme Rome d'avoir les cendres duTaffe , Arqua
celles de Pétrarque , Ferrare celles de l’Arioffe,
Ceftaldo celles de Bocace. II mourut €01321, exilé
hR n v cn n c par Charles de France, comte de Valois.
Voilà pourquoi le poète a fi mal parlé de l'origine
de Robert le Fort, pere du roi Eudes, qui fut la
premiere tige de la malibn de France.
Le comte Ginani, mort en 1766, peut être mis
au rang des gens de lettres les plus dillingués de
Rave/we.
Ün a imprimé à Cefana le premier volume des
Dijfirt.itions de l’acadcmle des Informl, établie à
R a v inne en 17^2 , par cet habile littérateur. Voyage
d’un François en Italie , torn. VU. (C. )
RAVISSANT , adj. ( terme de B la fo n . ) fe dit du
loup rampant.
Loubens de Verdale, à Revel, proche Callelnau-
dary ; de gueules au loup raviffant d ’or. ( G .D . L. T. )
RAVISSEUR , 1. m. (^Jurijpr. ) c’eff la perfonne
qui enleve , qui ravit. Voyeç^ R a p t , D ie t , raif, des
S c ien c e s , &c.
RAVffTZ, ( Géogr.') jolie petite ville de la grande
ou baffe Pologne, dans le palatinat de Pofnanie. Elle
eft régulièrement bâtie en qiiarré ; & de fon centre
l’on peut voir fes quatre portes. Un foible rempart
l’environne : cependant Charles XII y prit fes quartiers
d’hiver en 1704, & y féjourna même une bonne
partie de l’année fuivante. Elle n’eff peuplée que de
manufeauriers en laine, qui tous font Allemands &
Luthériens, & jouiffent avec une égale liberté, tant
de l’exercice de leur religion , que du droit de ne
parler que leur langue maternelle. ( D . G . )
R U U R A C O R U M A U G U S T A , {G é o g r .) ville
ancienne des Rauraques, réduite maintenant en deux
villages à une lieue de Bâle , l’un fur territoire d’Au-
inche , K a y fe r -A u g jl, l'autre fur territoire de Bâle,
B a je l -A u ^ i . Il y a peu de villes en Suilfe qui aient
fourni tant de relies des anciens Romains, & aucune
qui ait eu le bonheur d’avoir été fi bien décrite. M.
Bruckner nous en a donné une defeription très-
détaillee : elle forme la 23“^ partie A t (k D e ferip tion
du canton de Baie, C ’eff ua ouvrage de 400 pages,
R A Y avec 26 planches 109 gravures en bois qui repré-
Icntcnt en tout 370 pieces trouvées à Aug u jla Rau-
raconim. On y trouve la defeription de la fituation
de cette ville & de fes édifices, du temple, de l’am-
j)hithéâtre, des rues, des pavés à la mofaïque , des
llatues & figures , des pierres gravées , des vafos
autres ullenliles, des médailles , des infcrij)iions
& c . On y a auflî trouvé des inltrumcns pour le nion-
noyage ; cc qui feroit croire que les Romains y ont
lait trapper de la monnoic. Ceux q ui, faute d’entendre
l’allemand, ne peuvent profiter de l'oiivraoe
de Bruckner, trouveront dans V A lfa d a illujîrata de
Schocpflin , de quoi fe contenter.
Il paroît que cette ville eff plus ancienne encore
que du tems des Romains. Lucius Munatius Planciis
la rétablit & en fit une colonie Romaine. Elle fleu-
riffoit encore du tems d’Ammien Marcellin , & ne
fut ruinée qu’au v« fiecle. { H . )
R A L / R A N U M , {G é o g r . a n c .) à douze lieues
Gauloilcs de Briglofum , Brion , fur la Boutonne en
Poitou ; la table Théodofienne & l’itinéraire d’Anto-
nin conduifent à Rauraniirn. Ce lieu eft rappelle dans
une lettre de faint Paulin à Aufone , de l ’an 373 :
Rauranurn A u fo n ia s hue d ev en ife curutes . . . .
Conquerar , 6* trabcam veteri fordefeere fa n o .
Ce texte nous repréfente Rauranurn comme un
lieu déjà ancien au fiecle. V a t r i ja n o ,o i\ Aufone,
revêtu des ornemens du confulat, faifoit quelque
féjour , c’eft Rom , près de Gelafc , fur la Dive qui
tombe dans le Clain. II ell fait mention de ces deux
lieux dans une bulle de Gelafe II, de l’an 1 1 19 , en
faveur de l’abbaye de Noaillé, E c c lejîa S , Martin i de
Coherio , & ecclèjia de Rootno. Rom eft le chef-lieu
d’un doyenné rural du diocefe de Poitiers, & a
donné le nom à un petit canton. II y a aux environs
de Rom Saîni-Maixent-de-Verrines en Rom , Saint-
Conftant en Rom. Mérn. de l ’acad. des infcripc. torn,
X X X I I , in - io ., pag. 2p)Q. { € . )
§ RAY - D ’ESCARBÜUCLE, f. m. ( terme de
B la fo n . ) meuble de l’écu percé en rond au centre ,
divifé ordinairement en huit rais, dont quatre font
en croix, les autres en fautoir ; ces rais font pom-
metés au milieu, de terminés en bâtons de pèlerins.
Giry de Veillait, en Nivernols ; d a ^ i r au ray-‘
d tfcarbouc le d o r .
Saint-Aubin de Vecourt, de Fouchette, en Picardie;
d 'azur au ray d tfcarboucle d 'o r , adextré en c h e f
d ’une croifette d'argent. { G . D . L , T . )
RAYM ON D, prince-régent d’Aragon , {H l f t ,
d 'E fpagn e. ) ambitieux , adroit, redoutable par fa
valeur , célébré par fon éloquence , heureux dans
fes projets, & plus heureux encore dans fes refl’our-
cts. R a ym o n d , à qui fon fiecle rendit juftice, fut
regardé comme le plus habile & le plus éclairé des
foiiverains qui régnoient de fon tems en Efpagne.
Ce fut lui qui par fes négociations , fes fuecès Sc
fes rares talens, jetta les fondemens de la grandeur du
royaume d’Aragon; fon régné fut illuftre, mémorable
, éclatant, & cependant il ne fut jamais décoré
du titre de roi ; fans doute parce que fon ambition
fatisfalte de l’exercice de la royauté, s’embarrafta peu
d’un vain titre qui ne pouvoit rien ajouter à la réalité
de fa puilTance. Raniire furnommé le moine , parce
qu’il l’avoit été pendant quarante-une années ,lorl-
que les grands aflemblés pour donner imfucceffeur
au roi Alphonfe le batailleur, le placèrent fur le trône;
Ramire, moine , prêtre , fouverain & marié , plei'^
de remords, après trois ans d’un régné ridicule , d’avoir
quitté le cloître pour le feeptre, & renoncé au
facerdocepour une femme dont il avoir eu l’infante
Pétronille , accablé des devoirs de la royauté & de
ceux de fon état d’époux , impatient de fe délivrer
R A Y •de ces deux fardeaux, affembla les états d’Aragon;
U comme fou incapacité l’avoit rendu ton mcpnla-
bie il obtint facilement que R a ym o n d , comte de
Barcelone épouleroit l’infame Pétronille qui n’avoit
que deux ans alors , quejuiqu’à la majoritc de ect
e n fa n t, le comte de Barcelone gouverneroit l’état,
6l que dans le cas 011 Pétronille viendrait à mourir
fans tmfansAon époux hcriteroit du royaume
R amike I I , roi d’Aragon, S u p p l. ) L’jmbécilie
Ramire eut à peine obtenu le confentement des états,
que lé dépouillant des vetemens royaux, il prit l’habit
de moine , alla s’enfevelir dans un clo'itre , &
employer les dernieres années de fon inutile vie , à
ddlérvir une égUfe. Les commcnccmens de lu ré-
nence du comte de Barcelone furent inquiétés par
le roi de Navarre , don Garcie Ramirez q ui, s’etant
ll.iué de fuccéder à Ramire U m o in e , fe dcclaral’en-
nemiiiréconciliablc.du régent, & fit la guerre à i’Ara-
gon. Alphonfe VIII q u i, n’étant que roi de Caftillc,
a\'üit pris par orgueil le titre d’empereur d’El'pagnc,
dont il nepofiedoit qu’une foible partie, avoir époulé
la foeur de Raymond : il conclut une ligue avec fon
beau-frere , & le roi de Navarre le ligua à fon tour
contre les doux fouverains, avec le roi de Portugal.
Al|)honié V lll commença les hoftiiités , êc le jetta
fur la Navarre oîi il eut de grands fuccès, & oîi vrai-
fembiablemcnt il en eCit eu de plus éclatans encore,
fi dans le tems qu’il portoicla terreur dans ce royaume,
la victoire remportée par don Garcie fur les Arago-
nois, ne l'cûtobligé de ramener au plus vite fes troupes
au fecours de ion bcaii-frcre vaincu & vivement
preft'é par le roi de Navarre. La guerre continua encore
pendant environ une année ; mais Alphonfe fatigué
defoutenir une querelle qui luiétoit étrangère,
fit la paix avec don Garcie, lans comprendre dans le
traité le \'>ùx\ct Raymond lonbeau-frerequidcmeura
fcul expolé aux armes desNavarrois. Ce n’ccoit Icu-
lement pas contre cette puiflance que le régent d’Aragon
avoit à lutter , il avoit encore à foutenir une
guerre contre les mahométans ; & par comble d’embarras,
il avoit en même tems à reponffer les prétentions
des chevaliers du Temple , les demandes
des chevaliers de l'ordre de S. Jean de Jérufalem &
de l’ordre du faint Sépulcre, auxquels Alphonfe le
batailleur zvo\x \q plus inlenlc des tcllamens ,
légué tous fes états. R a ym o n d , au nom de Pétronille,
ik comme régent du royaume, l'outenoir avec raifon
qu’Alphonfc ii’avoit pu difpofer de les états fans le
confentement du peuple & fans le concoursdes loix.
Ces railbns étoient très-valables ; mais le pape fàvo-
rifoit les prétentions des légataires, & dans ce fiecle
d’ignorance, les loix ni la railon n’étoient point une
égide contre les foudres du faint fiege ; Raymon d fe
concluifiten cette occafion avec la plus rare prudence,
& parvint à dédommager, duconlcntementdes états,
les légataires , avec de l’argent, quelques riches cta-
blificmens & plufieiirs châteaux qu’il leur céda , à
condition qu’ils defendroient les frontières du
royaume contre les infidèles : mais tandis que Ray -
niond écartoit ainfi les légataires d’Alphonfc le batailleur
, le roi de Navarre faifoit une cruelle irruption
dans les provinces Aragonoifes , & maître de
Tarragonc qu’il avoit prife d’aflàut, il s’étoit fiiccef-
fivement emparé de beaucoup d’autres places. Cette
guerre eut fini par être funefte à l’une des deux
nations,& peut-êtreàrune&àl’autrequi, occupées
à s’entre-détruire , donnaient aux Mahométans la liberté
de profiter de leurs divifions & le moyen le
plus infaillible de les accabler, lorfqu’ellcs feferoient
mutuellement affoiblies , li l'empereur Alphonfe qui
venoit de donner en mariage une de fes filles naturelles
au roi de Navarre, n’eût ménage une treve
entre les deux pniffanecs. Cet événement fut d’autant
plus heureux pour le prince d’Aragon, que don
Tome IV ,
R A Y 5 7 9
Raymond Berengcr, comte de Provence fon frère,
ayant été allàlliné, Ik fa luccelfion éiant difputéc à
Ion neveu , il lui importoit d’aller aft'urcr la fouve-
raineté de la Provenccau légitime héritier de Berengcr.
Cette ex|)édition lut heurciile , & il n’eut pas
l)lutüi aüurc le comté de Provence à Ion neveu ,
que retournant en Aragon , il rcnouvclla la treve
avec le roi de Navarre , & fécondant l’empereur
Alphonfe contre les inlideles,il contribua beaucoup
au fuccès du fiege d'Almerie. Il le lignaloit contre
les Maures , lorlque Ramire 11 étant mort , dans le
couvent qu’il avoit choili pour retraite l’infante
Pétronille fut proclamée reine d’Aragon. Satisfait
(lu titre de régent, R aymon d laiffa pailiblement la
qualité de reine à Pétronille la fiancée , tk poiirfiil-
vant les fuccès contre les Mahométans, il leur enleva
Tortole, remporta fur eux les avantages les pluscon-
lidérables, employa le peu de jours tranquilles que
la guerre lui laifibit, à alTurcr , par les plus lages ré-
glcniens , la tranquillité , le bon ordre tk rautoritc
des loix dans le royatime , & eut l’art de le concilier
la confiance du clergé , au moyen d’une pragmatique
qu’il publia, bstpar laquelle il dcclaroit que déformais
les rois d’Aragon ne s’emparcroient plus des biens des
évêques qui viendroient à mourir, comme ils avoient
été julqu’alors en ulage de s’en emparer. La reine
Pétronille étant parvenue à l’âge de quinze ans,
rcpoufafolemncllcment , ik ne voulant garder
que la régence, refula de prendre , comme il l’eût pu,
le titre de r o i , bien alTûré que ce refus moclefte ne
nuiroit en aucune manière à fon autorité. Quelque
tems après ce mariage, la trêve fut renouvcllée entre
la Navarre & l’Aragon. Raymond continua de combattre
avec avantage contre les Mahomérnns, fur Icf-
queis il faifoit d'importantes conquêtes : il les eût
poufiées plus loiojli la derniere treve étant expirée,
il n’eûteru devoir prévenir les Navarrois; mais avant
que de commencer les hoftiiités , il fe ligua étroitement
avec Alphonfe Ion beau-trerc , ik par le nouveau
traité d’alliance qu’il conclut avec lui, il fut
convenu que rinfant Alphonfeencore au berceau &
fils de R a ym o n d , époiifcroit donna Sanche , fille de
l’empereur, Afl'uré par ce traité, du fecours du roi
de Caftillc , le régent fondit fur la Navarre , Jk s’empara
de quelques places ; mais l’empereur Alphonfe
étant venu à mourir, & cet événement ayant privé
RaymondA\.\ puift'antlecoiirs auquel il s’étoit attendu,
cette guerre lui devint plus oncreufe qu’utile, &: le
roi de Navarre eut à Ion tour des fuccès impoi tans:
ces viciffitudes fatiguèrent egalement les deux foii-
verains , qui terminèrent leur querelle par un traité
de paix. Don Sanche , roi de Caftillc & fils d’Al-
phonfe VHI , pénétré d’eftime & d’admiration pour
le régent d’Aragon Ion oncle,fit avec lui une étroite
alliance ; mais fans que le roi Sanche voulût fe départir
de l’hommage quiétoit dû à fa couronne , pour la
ville de Sarragofle & le pays fitué lur la droite de
l'Ebre , que Femperenr Alphonfe avoit pris fous fa
proteftion , & qu’il avoit rendu au roi Ramire II à
foi&hommage. Ra ym o n d poffédoit en France des
domaines fort étendus, & il étoit intérefi'c à vivre
en bonne intelligence avec Henri K, roi d’Angleterre
& duc d’Aquitaine. Henri II étoit pafié à Blaye ;
R aymon d fut lui rendre vifite, & dans l’entrevue des
deux princes , il fut convenu que Richard , fécond
fils de Henri, épouferoit Bcrengere , fille du comte
Raymon d , mariage en faveur duquel Richard feroit
déclaré duc d’Aquitaine. Quelque tems après, Henri
Il déclara la guerre au comte de Touloule , & R a y mond
paffant en France à la tête de fes troupes , fer-
vit puiffamment Henri en qualité d’ allié. Cette guerre
venoit d’être terminée , lorlque l’erapereur Frédéric
fatigué de la mauvaife fo i, des menaces 6c des foudres
du pape Alexandre III, rélbiu de dépofgr ce
D D a d ij '