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i r :
conûamment trouve la prunelle fans conipa-
iai(on plus étroite , & janmis plus large, comme
’dans le chat, y reliant toujours un petit cercle
jamais moindre qu’un point vil'ible. J’ai enfin efiayé
pluiieurs fois d’approcher une lumière de fou oe il,
l'ans réveiller, & alors la prunelle ne fe rétrecifi’oit
j)as pour cela. J’ai toujours obfervé la prunelle très-
étroite dans les perfonnes adultes , quand elles
ctoient endormies. A un homme, qui dormoit les
yeux ouverts, elle croit fi petite , qu’à peine pou-
voit on la difeerner à la foible lumière d’une petite
bougie , au fond de la chambre.
Il efi donc clair , malgré ce que l’oma cru jufqu’à
préfent, que l’état naturel de l’iris , efi l'a dilatation ,
puifque l’état naturel de la prunelle efi d’etre fermée
; ainfi , au contraire, l’ciat violent de l’iris efi
le rétrecillement, quand la prunelle fe dilate. Et
en eftét, cette vérité n’efi-elle pas luffifamment
démontrée , li la prunelle efi plus étroite dans le
fommeil, que dans la veille , quand la lumière n’agit
pas fur les yeu.x, & que les animaux endormis
ne i'ouh.'iitent pas de voir? O u i, c’efi un fait. Si les
corps fortent de leur état naturel uniquement
quand iis font mis en mouvement par quelqu’autre
corps, ou par leur volonté, on efi forcé de conclure
néceffairement que la prunelle efi dans un
état violent quand l’animal veut démêler les objets,
& que la lumière frappe la rétins; & dans im
état naturel, quand l’oeil efi dans un repos parfait,
& infenfible à l’effort de la lumière.
On pourroit nous objeéler une feule difficulté ;
c’efi que la lumière requife pour obferver les animaux
& les hommes endormis, efi par fon a£Hon
la caufe du réfreciffement de la prunelle ; mais cela
•efi fi faux, qu’au contraire la prunelle s’élargit à
mefureque l’animal s’éveille , nonobfiant que la lainière
doive plus fortement agir dans ce moment
du réveil, car nous favons tous par expérience,
combien nous fommes fenfibles à cette même lumière
, qui un moment après efi fi foible , qu’on a
•de la peine à difilngiier les objets. Ainfi il faut
dire que ce n’efi pas la lumière qui retient les prunelles
pendant le fommeil, ou il faudroit admettre
qu’une petite lumière efi plus a£live Sc plus efficace
qu’une grande. Si la rétine dans l’animal endormi
éîok fenfible à la lumière, elle en devroit reffentir
les changemens & les dégradations ,& la prunelle
s’élargit plus ou moins comme quand il efi éveillé ;
mais que la lumière foit forte ou foible , on n’ob-
ferve jamais de tels changemens. La prunelle d’ailleurs
ne peut pas fe mouvoir pendant le fommeil,
fi tous les changemens & tous les mouvemens de
l’iris dépendent de la volonté de l’animal; & il a
été déjà démontré qu’il n’y a d’autre lumière capa-
'ble de rétrécir la prunelle que celle qui parvient au
fond de l’oe il, & trouve la rétine fufceptible de fen-
falion. On ne voit pas pendant le lommeil , &
l’animal ne fe foucie pas des objets extérieurs. Que
peut-on dire enfin apres l’obfervation décifive de
la prunelle entièrement immobile dans le fommeil,
même à la plus forte lumière d’im flambeau ? Dans
ce cas-là, pourquoila caufe fi fort accrue n’a-t-elle
pas agi? Ou les effets ne feront plus proportion-
- nés aux caufes, ou ce n’étoit pas la foible lumière
que l’on nous oppofoit, qui avoit rétréci la
prunelle.
Après avoir éclairci & fixé l’état naturel de l’iris ,
■ on peut aifément entendre comment il fe maintient
convexe, même dans fon plus grand élargiffement;
phénomène que l’on ne peut expliquer dans aucune
hypothefe, de façon que %Vinflow même parvint
julqu’à imaginer un nouveau corps , qui placé derrière
Tins, en empêchât l’applatiffement qui lui pa-
i'oiffoit, par la contrafHon de fes fibres circulaires,
‘ufl >!) il f
F. E T
abfoîument ncccffairc {_Win. Mint, en droit.'). Si
la diiaiation efi l’état naturel de l’iris, il efi donc
convexe par nature, & plus il fe dilate en réirecif-
fant la prunelle, plus il doit devenir convexe, parce
qu’il approche d'autant plus de fon état naturel. S’il
y avoit quelqu’un affez fimple pour s’en étonner ou
en demander la raiCon , U n’auroii qu’à chercher auffi
pourquoi les yeux font ronds, la poitrine convexe '
ïk. enfin pourquoi toutes les parties font conformées»
comme elles le loni par la nature.
Je voulus cependant nfafl'urer de ce phénomène
qui avoit donné matière à beaucoup de recherches
& qui même avoit été mis en doute,6c je trouvai par
l’examen le plus exaef , non feulement l’iris toujours
convexe dans les animaux, mais une particularité
encore, qui n’avoit été remarquée par perl'onne.
Sa convexité s'accroît à proportion que la prunelle
le rétrécit; & on voit cela très-évidemment dans
les chais, les chiens & plufieurs autres animaux.
La même chofe arrive auffi dans les hommes, malgré
le fentiment contraire de M. Petit, qui a fait
plufieurs expériences trompeufes, en ouvrant des
yeux glacés ; car la mort & la glace peuvent changer
trop de ebofes dans un oeil, k fi l ’on pouvoir
en inférer quelque chofe , ce feroit plutôt le contraire
de ce qu’il avance, je m’en fuis affuré moi-
même, en répétant les mêmes expériences fur des
yeux plus ou moins frais , & pleins de leurs propres
humeurs, que j’ai fait glacer en différentes fitua-
tions. H faut donc obferver les animaux vivans. Les
yeux de mes amis k les miens examinés auffi attentivement
qu’il efi pofiîbIe,au miroir, k avec une
loupe à prunelle large, auffi bien qu’étroite, m’ont
toujours paru avoir auffi l’iris convexe , bien qu’à
dire vrai il foit mal aifé de découvrir cette convexité,
quand on regarde de face. Il faut pour la
voir clairement, regarder de très-près de côté dans
la cornée, de façon qu’on voie s’avancer en-dehors
la convexité de cette membrane extérieure Sc
toute la difiance de la cornée à l’iris, à travers la
cornée k enfin l’iris, k la prunelle de profil ; on.
voit parce moyen cet emplacement convexe, dont
la prunelle occupe la partie la plus avancée.
Pendant que j’examinois la convexité de l’iris fur
mon chat, je vis fa forme particulière ; elle efi fi différente
de ce qu’elle efi dans l'homme , qu’elle vaut
la peine d’être décrite. L’iris des chats efi de telle
figure , que pour la mieux comprendre, il faut la
fuppofer difiinguce en deux parties ou anneaux concentriques,
prefque également larges, quand elle eft
rétrécie k que la prunelle efi plus large , parce
qu’aîors tout l’iris s’approche plus de la figure d’un
anneau circulaire. Le plus grand de ces anneaux, c’efi-
à-dire, le bord extérieur de l’iris , le plus près du ligament
ciliaire , paroît prefque immobile dans les
médiocres mouvemens de la prunelle, k cela non
feulement dans les chats, mais dans les agneaux,
chevrotins, k plufieurs autres animaux que j’ai
examinés. L’autre partie au contraire , ou l’anneau;
intérieur qui fait le contour de la prunelle , efi très-
mobile, & plus convexe que l’autre, de façon que
ces deux parties réunies enfemble , pourroienc
être comparées à la cornée réunie à la fcléroti^
que.^ Quand la prunelle efi très • dilatée , l’iris
paroît par-tout également large, k la prunelle cir-,
culaire , mais qui redevient ovale en fe rétreciffantj
Mais ce qui me paroît plus à remarquer , ce font certains
tours de petites rides ou plis qui naiffent k fe
forment dans l’iris , dans fa coniraélion. Ces rides
dans les animaux dont la prunelle cft ovale, fe foH
ment particuliérement au milieu de la largeur de
l’iris k fur les confins des deux anneaux, k entourant
toujours le trou de la prunelle; elles font rondes
fi elle efi circulaire, & ovales fi elle efi ovales
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^ans ce dernier cas cependant, elles font prefque
abolies & infenfiblesprès des deux pointes de l’ovale,
& très-fortes aux côtés, près du milieu, oit l’ovale
efi plus large ; ainfi, j’ai remarqué que les bords de
î’iris font toujours moins mobiles près des pointes.
On pourroit déduire de cette oblèrvation que la
caufe, telle qu’elle foit, qui met l’iris en mouvement,
n’agit pas également dans ces animaux fur
tous les points de Tiris. Cela n’arrive pas dans les
yeux des hommes, oit, la prunelle étant toujours
circulaire , il faut que la caule agiffe par-tout également
; au contraire de l’iris des chats k de tous les
autres animaux, dont le trou de la prunelle n efi pas
rond. .
Mais pour revenir à la convexité de 1 ms, avant
que j’euffe fixé par mes experiences fon état naturel,
cette propriété de l’iris détruifoit toutes les hypo-
thefes qu’on avoit imaginées fur fes mouvemens.
L ’iris efi fortement attaché dans toute fon o.-igine au
ligament ciliaire , k celui-ci à la fclérotique ; ainfi,
dans cette partie, il doit être immobile comme dans
le point fixe de tous fes mouvemens. Si l’on pofe le
centre delà prunelle pour centre des forces, puifque
tout le bord mobile de l’iris y a fa tendence , elle ne
pourra pas fe dilater fans s’applatir; car l’iris ekant
également flexible k mobile dans tous fes points,
il doit par-tout également céder à cette force qui
l’entraîne vers le centre. Winflow, dans cette difficulté
, recourut à une hypothele qui, toute fubtile
qu’elle efi, n’eft pas plus vraie; il imagina cjue l’iris
étoit convexe, parce qu’il étolt appliqué contre
le cryfialliu , dont il prenoit la figure en fe mouvant
deflus lui. Lieutaudauffi, füivant cette opinion , nia
l’exlftence de la fécondé chambre de l’oeil ; fuppofant
que l’iris auroit dû s’applatir dans fes mouvemens ,
s’il eût été librement flottant dans un fluide. Il n’y
refieroit donc aucun efpace entre l’iris k le cryflal-
lin, pour placer la chambre pofterieure de l’oeil,
malgré ce que les plus favans anatomiftes ont démontré.
On fait ce qui a été dit par Pifier, Morgagni
, k fur-tout par M. Petit ( ioco citato). Celui-
c i , après de longues obfervacious, fit enfin voir
fans aucun doute, que la chambre pofterieure efi
toujours large au moins un huitième de ligne, k
même un fixieme, un quatrième, k vis-à-vis la prunelle
un tiers k trois quarts tout jufte, oit elle devroit
être plus étroite , felon le fentiment de Winf-
lo-w. Mais le même M. Petit croit que Perreur^ efi
venue de ce qu’on s’étoit fervi d’yeux qui n’étoient
pas bien pleins de leurs humeurs, k par la plus
forte preffion faite contre la chambre pofiérieure de
l ’oeil, par le corps vitié k par l’humeur aqueufe de
la premiere chambre, quand on fait glacer ces humeurs.
J’ai vu moi-même, en répétant ces expériences
, que dans les yeux humains, quelque tems
après la mort, l’efpace de la chambre pofterieure
ou efi entièrement eftacc , ou efi très-étroit, k
AVinflow même à la fin a été convaincu de la vérité
de l’autre opinion ; cependant je vais démontrer
jufqu’à l’cvideiice, que ce n’efi pas du cryftallin que
l’iris tire fa convexité : ayant ôté la cornée il deux
chats, il s’en écoula l’humeur aqueule des deux
chambres , l’iris tomba fur le cryftallin, s’y étendit,
& prit fa forme convexe. J’obfervai attentivement
l ’animal à prunelle rétrécie , k toujours, malgré le
cryfiallin, l’iris parut beaucoup moins convexe que
dans les yeux inrafts k pleins d’humeur, 6c je ne
vis jamais la fécondé zone ou anneau s’élever lur le
premier. On remarque la même chofe , meme lans
ôter la cornée, en pratiquant un trou par lequel
s’écoule l’humeur aqueufe des deux chambres. On
voit aifément dans plufieurs animaux , que l’iris ne
fe prête pas, k ne prend pas fii convexité félon la
forme du çryfiallin placé derrière lui.
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La volonté ejl la caufe des mouvemens de la prunelle.
Après avoir fixé l’état nature! de la prunelle, ü
nous refte à examiner pourquoi l'iris fe mer en mouvement
quand la lumière parvient au fend de l’oeil.
Les théories propofées jiifqu’à préfent font incertaines
k imparfaites , parce qu’elles renferment des
luppofitions tomes nues, k n’expIiqucnt pas tous
les phénomènes , k même U en refie qui les dérrui-
fent. Il ne faut pas fuppofer avoir tout entendu,
quand on connoît l’état naturel de l’iris, & que
quand la lumière frappe la rétine ^ la prunelle fe rétrécit
; il efi vrai que cette chofe s’enfuit mais elle
n’en efi pas l’eftet. Les phyficiens font fujets à prendre
pour effet néceflalrc d’une chofe, ce qui n’en efi:
que la luite ; il efi iûr cependant qu’entre la rétine
k l’iris , il n’y a aucune communication organique,
aucun vifible filament, aucun vaiffeau. Rienne paffe
de l’une à l'autre , k les microfeopes les plus forts
les injeâions les plus pénétrantes, non-feulemenc
ne laiffenr point v o ir , mais ne font pas même foup-
çonner de connexion entre ces parties.
Ainfi les impreffions de la lumière fur la rétine ,
ne peuvent, par le nioyeni d’aucun organe, rétrécir
la prunelle; mais il y a cjuclqu’autre caufe qui la
contraêle k la dilate dans cette occafion ; ces raifons
me déterminèrent à croire que les mouvemens de
l’iris ne font rien moins que méchaniques k involontaires
, comme on a cru jufqu’à préfent, d’autant
plus qu’à i’occafion de tant d’obfervations faites fur
les yeux de mon chat, avec une patience inexprimable,
j’eus tout le loifir d’examiner tous les difi'c-
reiis mouvemens de l’iris, parmi lefquels j’en démêlai
plufieurs qui, fans aucun doute,éroientindépendans
de l’aêtion de la lumière fur la rétine, k évklemmenr
volontaires dans l’animal. Mais pourquoi donc ne
l’ctoient-ils pas tous? Pour fortir de ce doute , je fis
les expériences fuivantes.
Quand le chat, frappé par trop de lumière fe
remuoit avec violence, k faifoit toute forte d’efforts
pour l’éviter , fa prunelle fe rétreciffoit beaucoup ,
mais jamais ne fe termoit entièrement. On ne peut
pas nier qu’il ne reffemît de la douleur , k qu’il ne
refferrât la prunelle pour s’en garantir ; car peu de
tems après, expoié toujours à la môme lumière , il
fe tranqulllifoit, ne donnant plus aucune marque
de douleur, & la prunelle s’élargiffoit même à une
plus forte lumière , pourvu qii’cn ne la renforçât
pas fiibitemenr : c’éroit donc la douleur, non la
feule illumination de la rétine , non la néceffiré mé-
chanique d’un reffort inconnu qui faifoit rétrécir la
prunelle ; car la lumière éf-int toujours au même
degré, la prunelle auroit dû fe maintenir egalement
refferrée k fe rétrécir davantage en proportion de
l’augmentation de la lumière. Mais voilà quoique
choï'e encore de plus convainquant ; lorfquc j ’ef-
frayois mon chat, par le moyen d’un bruit foudain,
il élargiffoit la prunelle, malgré la Uimîcre qui lui
frappolt les yeux, k même cette dilatation augmen-
toit en proportion de fon épouvante, lil’on augmen-
loit en même tems, k la lumière, k le bruit ; ainlî
la douleur occafionnée par la lumière ccdoit à la
crainte ,& cela arrive conftamment de ruiit k de
jour à toute forte de lumière. Elle efi donc volontaire
cette dilatation de la prunelle, k dans le chat,
k. dans les autres animaux , k même dans l ’homme
, qui tous en font autant quand ils font faifis par
la peur.
Je fis pendant la nuit une autre obfervation qui
prouve encore plus ; je j)laçai par terre plufieurs
lumières très-près Tune de l’autre, je nie mis directement
au-ded'us, tenant mon chat de tàçon qu’il ne
pût les voir; je le retournai foudain fiilpendu par fa
f J