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On avolt pronîis, fi Pùris ctoit vaincu, qu’on fen*
droit ;i Méncias Hclene avec toutes les richeiîes :
Anténor propoie au confeil de Priant d’exécuter le
traité pour faire finir la guerre ; inais P uns s'y op-
pofe , déclare qu'il ne rendra point Hélène, cpioi
qu’il en puifl'e arriver; mais pour les richefl'es cpi’il a
amenées d’Argos avec elle, il offre de les rendre,
d’y en ajouter meme beaucoup d’autres , fi les
Grecs veulent s’en contenter, ce qui ne fut pas accepté.
Dans une autre occafion , Paris fe tenant caché
derriepe la colonne du tombeau d’ ilus, apperçoit
Diomede occupé à dépouiller un mort qu’il avoit
tué. Aulli-tôt il lui décoche une fléché qui perça le
pied de Diomede , de entra bien avant dans la terre,
où elle le tinreomme cloué. En meme tems il le leve
de l'on embui'cadecn riant de toute la force, & en fe
glorifiant de ce grand exploit. Diomede , fans s’étonner,
lui crie; îilad.l. XI. « Malheureux archer,
» Idche efféminé, qui ne fais que triler tes beaux
» cheveux & l'éduire les femmes, fi tu avois le cou-
» rage de m’approcher & de melurer avec moi tes
» forces, tu verrois que ton arc & tes fléchés ne te
>» feroient pas d’un grand fecours. Tu te glorifies
H comme d’une belle adion de m’avoir effleuré le
» pied, & moi je compte cette blelfure comme fi
» une femme ou un enfant m’avoir blefi'é. Les traits
»> d’un lâche ne font jamais redoutables, ils font fans
♦> force & fans effet».
Les poètes qui font venus après Homere ont dit
que Paris avoit tué Achille , mais en trahil'on. Pour
lui il fut bleffé mortellement de la main de Philoclete,
& alla rendre les derniers foupirs fur le mont Ida ,
entre les bras d’Qïnone.
Ovide , parmi les héroides, a donné deux épîtres,
Tune de Paris â Hélene , l'autre en réponfe d’Hé-
lene à Paris. Il luppofe que Paris ayant d’abord gagné
le coeur de la reine de Sparte, ne pouvoit cependant
iaiifer paroître tout fon amour, parce qu’elle
étoit fans celfe entourée de fes femmes; il trouva
' donc le moyen de lui écrire une lettre oii il n’oubiie
rien de tout ce qui peut tenter refprit d’une femme
ambitieufe & portée à la galanterie. Hélene en rc-
ponfe fe plaint d’abord de l’indifcrétion de l’amant
dont elle feint d’etre fort offenfée ; mais bientôt elle
l’exeufe 3 pourvu que fon amour loit véritable : en-
fuite elle le tient en fufpens entre l’efpérancc la
crainte, tantôt lui laiffant entrevoir quelques moyens
pour parvenir à fes fins, tantôt luioppofant des ob-
llacles qui femblent invincibles, & au milieu de tout
cela, on apperçoit qu’elle fe défend foiblement. (fi-)
§ P.4 RME, C ’eft à Pûr/ne qu’on s’ arrête
fpccialement peur voir les chefs-d’oeuvre du Cor-
rege , né à Correglo , près de Modene , en 1494 ,
mort en 1574 ; ceux du Parméfan , François Maz-
ziioU , né à Parme en 1 504 , mort à trente-fix ans :
Bofehi l’appelle le fils dis Grâces ; & ceux de
Lanfranc, né à Parme mort à Rome en 1647, ^
l’âge de foixante-fix ans. Les poètes de Parme font
To relli, Roffi , Ravafini, Frugoni.
Le théâtre de Parme, de l’architeélure de Vigno-
les, eft un don des Farnel'es : il n’y en a pas de fem-
blable dans toute l’Iialie ; il peut contenir douze
mille fpedlateurs. L’univerfitc fut établie en 141X,
& renouvel lée par le prince Ranuziol, de la maifon
Farnefe. ( C )
PARMÉNIüN, {^Piifi. delà Grèce.") Après avoir
fervi avec gloire dans les armées de Philippe de
Macédoine , fut le principal infiniment des viélûires
d’Alexandre , qui, dans fon expédition contre la
Perle , le mit à la tête de fa cavalerie , oii il développa
un génie véritablement fait pour la guerre.
Le plus beau de les éloges , eft de dire qu’il vainquit
fguvent fans Alexandre , & qu’Alexandre ne vain-
P A R
quit jamais finis lui. Il fefaifit du pas de Syrie, «Sj;
le rendit maître de la petite ville d'Ifi'us. Après la
prile de Damas , Alexandre, qui connoilîoit lôn
délintérefi'emcnt & la fidelité , lui confia la garde
des prilonniers & des trclois enlevés à Darius , qui
momoient à la Ibmme de plus de quatre cens millions.
Tandis qu’Alexandre ctoit occupé au fieçe de
T yr , Darius lui fit ofi'rir dix mille laiens peur la
rançon des princefles captives , & la fille Sraiira en
mariage , avec tout le pays qu’il avoit conquis juf-
qu’à l'Euphrate. L’affaire fut mife en délibération ;
& Parménion dit que s’il ctoit Alexandre , il accep-
teroit une offre aulfi avantagcule ; & moi aulfi , dit
Alexandre, fi fétois Parménion. Philoras, fils de
ce grand capitaine , & le digne emule de l'a gloire ,
commandüit un corps de cavalerie fous fes ordres.
Son mérite perfonnel & la faveur de fon maître , lui
avoient fait beaucoup d’ennemis. Il fut acculé, par
les envieux de fa gloire , d’avoir confpirc contre
le roi : on le mena chargé de chriînes à la tente
d’Alexandre , qui lui dit : je vous donne pour juges
des Macédoniens. C’etoit le livrer à fes ennemis,
q ui, depuis long-tems, iravaillolent à le fupplanter
dans la faveur, il ne lui fut pas difficile de fe juftitier,
puifqu’on n’ allégua aucune preuve contre lui ; mais ,
comme les juges croient Intéreffcs a le trouver coupable,
ils s’en tinrent à des allégations vagues, &
il fut condamné à être lapidé : l'on pere fut enveloppé
dans la condamnation. Ce vieillard , raffuré
par fon innocence , ne prit aucune précaution pour
fe dérober aux fers de fes afl'aliîns , qui lui enfoncèrent
le poignard dans le fein. Les vieux foldats ,
accoutumés à vaincre fous lu i, firent éclater leurs
regrets. L’armée fut fur le point de pafi'er du murmures
à la révolte. Alexandre donna des marques
de repentir qui calmèrent les efprits. ( T—N. )
PARODIE , ( Mufiq. ) air de fymphonie donc on
fait un air chantant, en y ajufiant des paroles. Dans
une mufiqiie bien faite , le chant efi fait fur les paroles
, & dans la parodie , les paroles font faites fur
le chant : tous les couplets d’une chanfon , excepte
le premier, font des efpeces de parodies; & c’ell
pour l'ordinaire ce que l’on ne fent que trop, à
la maniéré dont la profodie y efi eftropiée. Foye^
C h a n s o n , (Mufiq.) Di&. raifi. des Sciences . ôCc.
( OParo d ie , f. f. (^Belles-Lettres.) On appelle ainfi
parmi nous une imitation ridicule d’un ouvrage fé-
rieux ; & le moyen le plus commun que le parodifte
y emploie , efi de fubfiituer une aélion triviale à une
aélion héroïque. Les fots prennent une parodie pour
une critique ; mais la parodie peut être plaifnnte &
la critique très-mauvaife : fouvent le fublline & le
ridicule fe touchent ; plus fouvent encore pour faire
rire , il fuffit d’appliquer le langage férieux & noble
à un fujet ridicule & bas. La parodie de quelques
feenes du Cid n’empêche point que ces fcencs ne
foient très-belles ; & les mêmes chofes, dites l'iir
la perruque de Chapelain & fur l’honneur de don
Diegue , peuvent êtr® rifibles dans la bouche d’un
vieux rimeur, quoique très-nobles & très-touchantes
dans la bouche d’un guerrier vénérable & mortellement
offenl'c : rime ou creve à la place de meurs ou
tue, efi le fublime de la parodie ; & le mot de don
Diegue n’en eft pas moins terrible dans la fituation
du Cid. Dans Annls de Chaillot, les enfans-trouves
qu’on amene, & l’ample mouchoir d’Arlequin ,nous
font rire ; les feenes Clln'is parodiées , n’en font pas
moins très-pathétiques. II n’y a rien de fi élevé , de
fi touchant, de fi tragique , que l’on ne puiffe tra-
v eftir& parodier plailamnient, fansqii’i l y ait dans
le férieux aucune apparence de ridicule.
Une excellente parodie feroit celle c(ui porteroit
avec eUe une fainç çritique, comme l’éloquence de
Vitu-Jean
P A R Pttii-Jean & de Vintimé dans les Plaideurs ; alors on
ne demanderoit pas fi la parodie eft utile ou nuifiblc
au goût d'une nation. Mais celle qui ne fait que
travefiir les beautés férieules d’un ouvrage , difpofe
& accoutume les efprits à plaifanîer de tout ; ce qui
fait pis que de les rendre taux : elle altéré aiiffi le
plaifir du fpeélacle férieux noble ; car, au moment
de la fituation parodiée, on ne manque pas de terap-
pellcr la parodie. Si. ce i'ouvenir altéré l’illufion
l’impreffion du pathétique. Celui qui la veille avoit
vu A^nes de Chaillot, devoir être beaucoup moins
ému des feenes touchantes dînes. C’efi d’ailleurs un
talent bien trivial Ôc bien mcprifable que celui du
parodifte, foit par l’extrême tacihté de réuffir fans
efprit à travefiir de belles choies , foit par le plaifir
malin qu’on paroît prendre à les avilir. (AL M a r -
MONTE L . )
PARCENIE , ( Mufiq. des anc. ) Suivant Pollux ,
il y avoit des flûtes appellees paroenies, dont on le
fervoit dans les fefims : on le lervoit de deux de ces
flûtes qui étoient courtes & égales. Quelques auteurs
difent encore que c’étoient des chanfons bachiques;
mais je crois qu’ils fe trompent, & que leur erreur
vient de ce que Pollux parle des flûtes paroenies , ou
paroeniemies dans le paragraphe des chanfons, ou
nomes. (^F.D.C.)
PARRA , ( Ornith.) M. Linné a donné ce nom à
un genre d’oifeaii himantopede , fous lequel il réunit
les jacanas & les vanneaux armés de M. Biiffon. Le
bec prefque cylindrique & un peu obtus, les narines
ovales placées au milieu du bec, le front couvert
d’une membrane charnue prolongée en barbillons ,
& les ailes armées chacune d’une forte d’ergot ofléux
& pointu , font les carafteres diftinctifs de ce genre.
Lynn. Syft. nat. av.grall. ( D. )
PARTERRE, 1. m. (_Belles-Lettres.) c’eft, dans
nos falles de fpeftacle , l’aire ou l’efpace qu’on laiiî'e
viiide au milieu de l’enceinte des loges , entre i’or-
chefire & l’amphithéâtre , & oit le fpedaieur efi
placé moins à Ion aile , & à moins de frais.
Ce n’efi pas fans raifon qu’on a mis en problème
s’il feroit avantageux ou non qu’à nos parterres,
comme à ceux d’Italie , les fjxîtlaieiirs fufl'ent afiis.
On croit avoir remarqué qu’au parterre oîi l’on efi
debout, tout efi faifi avec plus de chaleur ; que l’inquiétude
, la furprife , I’emorion du ridicule & du
pathétique , tout eft plus vif & plus rapidement
fenti ; on croit, d’après ce vieux proverbe , anima
fiedens fitfiapiemior, que le fpedateur plus à Ion aife
feroit plus froid , plus réfléchi, moins fufcepiible
d’illufion, plus indulgent peut-être , mais aufli moins
dlipofé à ces mouvemens d’ivreffe & de tranl'port
qui s’excitent dans un parterre oîi l’on efi debout.
Ce que l’cmorion commune d’une multitude af-
femblce & prelTée ajoute à l’emotion particulière ne
peut fe calculer ; qu’on le figure cinq cens miroirs
le renvoyant lûin à l’autre la lumière qu’ils réflé-
chiffent, ou cinq cens échos le même fon ; c’efi
l’imap d’un public ému par le ridicule ou par le
pathétique: c’eft-là fur-tout que l’exemple efi contagieux
& puifiant. On rit d’abord de l’imprefiion que
fait l’objet rhiblc, on reçoit de même rimprelfion
direfte que fait l’objet atrendrifl'ant ; mais de plus,
on rit de voir rire, on pleure aufil de voir pleurer;
& l’effet de ces émotions répétées va bien fouvent
jufqu’à la convulfion du rire , jufqu’à rétouffement
de la douleur. Or c’efi fur tout dans le parterre ,
dans le parterre debout que cette elpece d’eleélricité
efi loudaine , forte & rapide ; & la caufe pliylique
en efi dans la fituation plus pénible & moins indolente
du fpeélateur , qu’une gêne continuelle & un
flottement perpétuel doivent tenir en aéHvitc.
Mais une différence plus marquée entre un oar-
serre ou 1 on eft afiis Ôc un parterre oii l’on efi debout,
Jome IV,
P A R 2 4 Î
efi celle des fpeclateurs même. Chez nous , le
terre (car on appelle aulîî de ce nom la partie de
1 aiTemblée qui occupe l’efpace dont nous avons
parlé) eft compolé communément des citoyens les
moins riches , les moins maniérés , les moins raffines
dans leurs moeurs , de ceux dont le naturel eft le
moins poli, mais aiiiii le moins altéré, de ceux en qui
1 opinion 6c le lennmcnt tiennent le moins aux fan-
taifies paffageres de la mode, aux prétentions de la
vanité, aux préjugés de l’éducation ; de ceux qui com-
nninemeni ont le moins de lumières , mais peut-être
aufil le plus de bon lens, 6i en qui la raifon plus faine
6i la lenfibilité plus naïve forment un goût moins délicat,
mais plus fùr, que le gout léger 6c fantalque d’un,
monde où tous les fentimens font factices ou empruntés.
Dans la nouveauté d’une piece de théâtre, le parterre
efi un mauvais juge , parce qu’il efi pafiionné ,
corrompu 6c avili par les cabales ; mais lorlque le
fuccès d’une piece efi décidé, deque la t'uveur 6c
l’envie ne divifent plus les efprits, le ineiUeur de
tous les juges c’efi le parterre. On eft furpris de voir
avec quelle vivacité unanime & foudaine tous les
traits de fineffe , de délicatefi'e , de grandeur d’amo
& d’héroîfme , toutes les beautés de Racine, de Co rneille
, de Moliere , enfin tout ce que le l'entimenr,
l’elpnt, le langage, le jeu des aéteurs ont de plus
ingénieux & de plus exquis efi apperçu , faifi dans
i’infiant même par cinq cens hommes à la fois; 6l
de même avec quelle fagaciié les fai.tes les plus
legeres 6c les plus fugitives contre le goût, le naturel,
la vérité , les bienféances, loit du langage , loit
des moeurs , font apperçues par une dalle d'hommes
, dont chacun pris l'éparément femble ne fe
douter de rien de tout cela. On ne conçoit pas
comment, par exemple , les rôles de Viriare , d’A-
gripine Ôc du Méchant font fi bien jugés par le peuple
; mais il faut favoir que dans le parterre tout
n eft pas ce quon appelle peuple, 6c que parmi
cette foule d’hommes fans culture, il y en a de tres-
éclairés. Or c’efi le jugement de ce petit nombre qui
forme celui du parterre ; la multitude les écoute, &
elle n’a pas la vanité d ’être humiliée de leurs leçons;
au heu que dans les loges chacun le croit infiruir,
chacun prétend juger d’après loi-même.
Une difiércnce qui, à certains égards, efi à l’avantage
des loges , niai^ qui ne lailTe pas de décider en
faveur <lu parterre, c’efi que dans celui-ci n’y ayant
point detemmes, il n’y a point de léduélion : le
goût du parterre en efi moins délicat, mais aiilîi
moins capricieiix,& fur-rom plus mâle & plus ferme.
Au petit nombre d’hommes infiruirs qui font répandus
dans le parterre, fe joint un nombre plus
grand d’hommes habitués au f'pefiacle, Sedont c’efi
l’unique plaifir : dans ceux-ci un long ufage a formé
le goût, 6c ce goût de conqiaraifoncfibien fouvent
plus fur qu’un jugement plus railbnné : c ’efi comme
une elpece d’inllinifi qu’a perl'efiionné l’habitude. A
cet égard le parterre change lorfqu’un fpeéfacle fe
déplace, parce que les habitués ne lefuivent pas.
On croit avoir remarqué , par exemple , que depuis
que la comédie françoife efi aux Tuileries, on ne
reconnoît plus dans \q parterre cette vieille l'agacité
que lui donnoient fes clefs de meute , quand ce
fpeélacle étoit au fauxbourg Saint-Germain ; car il
en efi duu parterre nouveau comme d’une meute de
jeunes chiens; il s’étourdit Ôc prend Je change.
Par la même raifon , le goût dominant du public,
le même jour 6c dans la même ville , n’efi pas le
même d’un (peéfacle à un autre ; 6c la difl'erence
n’efi pas dans les loges, car le même iftonde v circule
; elle cil dans cette partie habituée du public ,
que l’on appelle Us piliers du parterre : c’efi elle qui
donne le topi ; 6c c’efi ion indulgence ou là féverité
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