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s’cvanouit. Mais, quand il entreprend de valTemblei*
tout ccqui tient la nature du l'ujet, il le trouve quelquefois
dans de grands embarras ; & il enrélulte une
contulion qu’il ne fait comment débrouiller. Voilà
pourquoi il elffi difficile aux poètes dramatiques d’arranger
leur fable & debien développer l’adion. La
plupart des pieces de théâtre françoiles rebutent &
dcplailent dès l'entrée ; parce qu'on s’apperçoit des
efforts du poète, pour nous faire remarquer ce qui
doit fervir à rendre le relie natunl. Ce n’eff point
affez qu’on trouve dans un drame tout ce qui déter-
anine la fuite de l’aélion : il faut que cela foit amené
d’une maniéré ailée. C'ell à quols’entendoient admirablement
Sophocle &: Terence. Euripide au contraire
manque quelquefois de natunl dans les pre-
mieresfeenes de fes pieces, où il donne l’expolition
desfujets.
C ’eff encore une chofe extraordinairement difficile
que de bien laifir le natunl dans les caraéleres,
les moeurs & les paillons. Tantôt la difficulté conlille
dans l’expreffion de certains traits caraclérilîiques,
tantôt le naturel mcmfe devient affedfé, outré, par
l ’effet de ce qu’on appelle la charge au théâtre. Tel
eft le jeu d’Harpagon lorfqu’il éteint une chandelle.
Audi l'imitation parfaite de la naturen’appartient-elio
qu’aux plus grands maîtres. Parmi les poètes allemands,
il n’exide guère aéluellemcnt que M. Héje-
lancl qui réuffiiTe parfaitement à peindre d’une maniéré
naturelle les objets moraux; mais Hagerdorn,
KIopdock 6c Gedher le fuivent de bien près. Sh;>-
kelpear eft peut-être le plus grand peintre des paf-
lions. En général, on peut propoler comme des modèles
relativement au naturel dans toutes les efpeces
de peintures poétiques, les anciens, en mettant à leur
tête Homere & Sophocle comme les plus parfaits.
Euripide n’en cede à perfonne dans l’expreffion des
padions tendres.
Nous ne faurions terminer cet article, fans y faire
entrer une remarque importante & intimément lice
au fujet dont il traite. Parmi les objets moraux, il y
en a d’une nature brute & d’une nature polie; les
premiers fc rencontrent chez les peuples, dont la
raifon ne s’eff encore guere développée; ceux-ci
exident clans les autres contrées, &C different en degrés
, fuivanf la mefure du progrès des fciences, des
arts, des moeurs & de la poiitede dans ces contrées.
La nature morale brute a plus de force ; les padîons
d’un Huron font bien plus violentes, fes entreprifes
plus audacieutes, que ne le feroient celles d’tm Européen
dans des cas femblables. Tels font aulfi les
guerriers d’Honiere clans leurs difeours & dans leurs
allions; ils ne reffemblent point au nôtres. Depois
quelque tems les poètes allemands, de concert avec
les critiques, femblent avoir pris pour regie que la
l eprcfentation de la nature dans loa état originaire ,
eff préférable dans les compoiitions poétiques, 6c
leur donne une tout autre énergie. Ici nous obfcrve-
rons encore qu’un poète doit, avant toutes choies ,
bien réfléchir fur le but particulier de fon ouvrage ,
pour déterminer en conféquencc le choix des objets.
N’a -t-il deffeln que de faire des peintures qui puil-
lent toucher par la force des fentiniens naturels ,
qivil prenne à la bonne heure i'esfujets dans la nature
fauvage : on en confidcrera les images avec plaifir, 6c.
elles donneront lieu à diverfes réflexions utiles fur le
fond de la nature humaine. Il en eff alors comme des
récits des voyageurs qui ont vifité les peuples les plus
brutes, ou qui ont été expofés aux plus affreux clé-
faffres, cela nous affeéfc, nous jette dans rétonncmer.r,
& excite notre compaffion,& nous porte à y réfléchir.
On lit les poemesqui roulent fur de femblables fujets,
comme on lit ceux d’Homere, d’Offinn & de Théo-
crite. Mais dès que le poète ne fe borne pas à inté-
t;effér^ 6>i qu’il veut en meme tems cire utile, qu’il
N A U en demeure à la nature , telle qifelte fe montre parmi
nous. Il fci'Oit difficile de de\ iner quel profit on
rotireroitde la repréléntation fur les théâtres de l’Europe,
d’un drame dont les aiffeurs fcroîent des Caraïbes
ou des Hottentots, peints exaéfement d’après
nature. Cela ne pourroit convenir tout au plus qu’à
des phiiofophes qui feroient bien-aifes de voir des
peintures bdeles de la nature la plus groffiere. Mais
cela leroittout-à-faitctrangeraubut des beaux-arts.
Le reproche général qu’on a tiiit aux tragédies
trançoilcs, c’ell de donner aux héros de l’antiquité
les caracleres & les moeurs de la nation. Je l’avoue ;
mais CCS tragédies vaudroient - elles mieux, fi Agamemnon
&c fes contemporains étoient repréfentés
clans l’exade vérité, ou d’après Homere? Le defaut
eff dans le choix même du tùjet, qui ne convient
nullement à la France 6c à fes moeurs. Plus une nation
a épuré fes moeurs parla raifon & le goût, plus
les ouvrages de Part doi\ cnt s’y conformer, fi l’on
s’y propofe d’atteindre au but de l’art. ( Cet article
ejè tire de la Théorie générale des Beaux - ylrts, par
M. DE Sc'LZER.)
§ Na tu r e l , ÇiMuJtij.') Les Italiens notent toujours
leur récitatif au naturel, les changemens de
tons y étant li fréquens 6c les modulations li ferrées,
que de quelque maniéré qu’on armât la clef
pour un mode , on n’épargneroit ni diefes ni bémols
pour les autres, 6c l’on fe jetteroit, pour la fuite de
la modulation, dans des contuhons de fîgnes irès-
embarraffantes, lorfquc les notes altérées à la clef
par un ligne fe îrouveroient altérées par le figne
contraire accidentellement. royci R é c i t a t i f ,
( Mufiq. ) Supplément.
bolffer au naturel, c’eft folfîer par les noms naturels
des Ions de la gamme ordinaire, fans égard au
ton où l’on cfl. SoLïïir-.R, (^éAufiq.') dans le
Dicl. raif. des .Sciences, 6cc. 6c Suppl, (b)
§ * Natur e l , au naturel , {terme de Blajon.')
hoyei^ la fig. 4/2 , de la pl. V l l l de l'A n Héraldique
dans le Oicl. raif. des Sciences, 6>CC.
§ NAVARRE ( la basse) , Géogr. U hafe Na-
yarre n’a que huit lieues de long fur cinq de large ,
6c renterme , outre Saint-Jean-Pié - d e-Port, les
villes de Saint • Palais & de la Baffide de Clarence.
Henri IV, qui en avoit hérité de fa mere, la laifîii
à Louis X III, qui Punir à la couronne avec le Béarn,
en 1620. C ’eff un pays d’états, arrofé par la Nive &;
la Bidoufe ; une partie eff du diocefe d’Acqs , &
Pautre de celui de Ba)'onne.
Navarre, {un des quatrevlcux corps.~) s’eff fi-
gnalc dans toutes les occafions. Henri IV lui donna le
premier rang au fiege de Paris en 1589; au fiege de
Chartres en 1591, le fort décida en faveur de Picardie;
mais le roi voulut que Navarre eiit rang enfuite. Sous
Louis X llI , dans le tems des guerres civiles, en
1615 , le maréchal de Bois - Dauphin , qui comman-
doK les trou])es royales contre les rébellcs, fe l'ervoit
dans toutes les acHons du régiment de Navarre, préférablement
à celui de Picardie.
D’Aubigne, clans fon remarque une chofe
finguliere du régiment de Navarre; c’eff qu’au fiege
d’Amiens, par Henri IV, Porto -Carrero, qui en
éroit gouverneur, ne failoit jamais de fortie lorf-
qiie ce régiment ctoit de jour à la tranchée, tant il
éioit redouté; à la bataille de Fleurus, à la journée
de l'aint Denis & à celle de .Sjjicu bac, ce même régiment
le (liffingua par une valeur extraordinaire.
Son drapeau a le fond feuille-morte, la croix blanche
au milieu, & au centre de la croix les armes
de Navarre. Milice françoijé de Daniel, abr. en deux
roÉ/7 7 3 . (C . )
NAUEN, {Géogr.') ville d’Allemagne, dans Pé-
leclorat de Brandebourg, fie dans la moyenne Marche
aucerçle de Havçlliiiid: elle eff environnée de champs
N A Z ^ fertiles & de prairies abondantes, qui la font trafiquer
beaucoup en grains, denrées & beffiaux; de fréquens
incendies l’ont défble. ( D. G. )
NAVIRE ou DU C roissant {Tordre du) , fut
inffitué par faim Louis, lors de fon départ pour la
derniere croifade en 1269, afin d’encourager les
feigneurs de la cour à le fuivre à cette expédition.
Le navire ctoic le fymbolc du trajet de mer qu’il
falloir faire pour la croifade; & le double croijfanc
fignifioit cju’on alloit combattre contre les Infidèles,
Le collier étoit fait de coquilles 6c de croifans
tournés & contournés , le tout cntrelaffé & attaché
à une chaîne, d’où pendoit une médaille ovale , où
étoit repréfenté un navire avec tous fes agrêts, ffot-
tant fur des ondes.
Cet ordre ne fubfffta pas long-tems en France
apres la mort de faint Louis (arrivée devant Tunis
îe 25 août 1270) : mais Charles de France, comte
d’Anjou , roi de Naples 6c de Sicile , frere de faint
Louis, le conferva pour fes fucceffeurs; &C René
d’Anjou , roi de Jérufalem , de Sicile 6c d’Aragon,
le rétablit en 1 248 , fous le nom de Tordre du croiffanr.
pl. X X F Î , fig. 73 de Blafon , Dicl. raif. des
Sciences, 6cc. { G .D . L. T.)
§ NAUTILE, {Hifi. mat. Conchyliologie.) La
navigation du nautile eff un Ipeftade des plus amufans.
U eff tout-à-la-fois le pilote & le vaiffeau.
Lorfqu’il veut voguer, il leve la tête, 6c éleve deux
de fes bras , entre lefquels fe trouve une membrane
mince 6c légère qu’il étend en forme de voile; deux
autres bras'^lui fervent de rames ; fa queue lui tient
lieu de gouvernail; il connoît la quamitc d’eau né-
ceff'aire pour fervir de leff à Ibn vaiff eau. Ce teffacé
ne fe plaît à voguer que pendant le calme ; car dès
que la tempête l'urvicnt, ou que quelque chofe l’épouvante
, on le voit bientôt caler fa voile, retirer
fes avirons 6c fon gouvernail, s’enfoncer dans fa
coquille , & la remplir d’eau pour couler plus aife-
ment à fonds. Obferv. Philof. & Mor.furTinfiincl des
, par M, Reymar, ivol.irad. tyyo. (C.)
Le nautile papiracé, le plus mince de tous, le
trouve dans la Méditerranée , & point dans les terre s.
Le chambré eff dans les Indes orientales, 6c le trouve
pétrifié dans les terres. M. de Réaumur en avoit
trouvé auprès de Dax. L’un & l’autre de ces deux
nautiles ont la membrane qui leur fert de voile , felon
les voyageurs. {Article tire des papiers de M. de
Mairan. )
§ NAZALE , f. f. & adj. {Grammaire. Billes-
Lettres.) On appelle voyelle natale celle dont le fon
retentit dans le nez: elle eff formée par un fon pur
que la voix fait d’abord entendre , comme le fon de
Va , de Ve, de l’o , 6cc. lequel, intercepté par l’organe
delà parole , va expirer dans les narines, & devient
le fon harmonique de la voix qui l’a précédé. Ce fon
fugitif, ce retentiffement eff exprimé dans l’écriture
par les deux confonnes qui déffgnent les deux maniérés
d'interpréter le fon de la voix pour le rendre
riaial ; c’eft à-dlre, que fi le fon doit être intercepté
par la même application de la langue au palais qu’exige
l’articulation de Vn , Vu eff le figne de la nazale ; & fi
le fon eff intercepte par l’union desclcux levres, comme
pour l’articulation de l’m, c’ eft par Vm qu’on le dé-
ffgne ; on voit des exemples de l’un & de l’autre dans
les mots carmen 6i mufam ; on y voit auffique le figne
du fon nazal eff précédé par le figne de la voyelle
pure qui le modifie; 6c ce ligne diftinguc chacune
des natales , an, en , on, un ^ . Dans notre langue
la natale in , qui fans doute nous a paru trop grêle ,
a cédé fa niace à la naryilt en ; 6l au lieu de dejlin
nous prononçons defien. Nous avons lubftitué de
même , & pour la même raifon , en prononçant le
latin, la natale om à la naqale uni : ainii pour domT
num nous dilbns dominom.
N E F Les /7ir{a/i;‘ françoires different des nanales'gxoccyiQ5
Sc latines , que les Italiens ont prifes, en ce que le
fon de celles-ci eff coupé net par i'articuhitu'n de
Vn ou de Vm , au lieu quenous laiffbns retentir !e fen
des nôtres jufqu’à ce qu’il expire, & cjue l'articulation
qui le termine eff prefqu’iniei'ffble à l’orcille.
Ceux qui nous en font un reproche luopofent que le
ion nazal eft un vilain fon; 6c en effet ce fon eff
dcfagréable à l’oreille , lorfqu’il n’a pas un timbre
pur , fur quoi l’on peut faire une oblé-rvatloi'. affez
finguliere : c’eft qu’un homme à qui l'on reproche de
parler ou de chanter du nez , fait prccifcmen: tout
le contraire, je veux dire qu'il a dans le nez quelque
difficulté habituelle ou accidentelle qui s’opjjofe au
paffage du fon z/a-a?, 6c qui le rend pénible 8: dur.
Le (onnaqjil, de fa nature , reffemble auretcntifrc-
mentdu métal ; & quand l’organe eff bien difpofé, ce
timbre de la voix ne la rend que plus harmonieufe.
Mais alors on confond ce retentifl'einent pur de la
voix avec la voix même : il ne fait eju'un fon avec
elle ; au Heu que s’il eff pénible, obfcur, 6c en un
mot déplaifant à l’oreille , on apperçolt ce vice qui
n’eft pas dans la voix, mais dans l’organe auxiliaire;
6c pour en défigner la caufe, on appelle cela paCer
du n e i, chanter du ne^. Mais autant le fon de la n:i’
eff déplaifant, lorfqu’il eff altéré par quelque
vice de l’organe , autant il eff agréable loriqu’il oit
pur ;& l’on verra dans l’amWc; Harmonie, qu’il contribue
fenfiblemcnt à rendre une langue f'onore, 6c
que la nôtre lui doit en partie l’avantage d’être moins
monotone , plus male 6c plus majeftueufe que celle
des Italiens. (AL Ma rm o k t e l .)
N E
NÉBULÉ, ÉE , adj. ( terme de Blafon. ) fe dit ds
l’écu, rempli de parties rondes, faillantcs 6c creules
alternativement, qui i.mitcnt les nues.
Nibulé fe dit auffi de quelques pieces honoraîiîcs
6c autres pieces d’armoiries, figurées de pareilles
finuofitcs. Noyer^Pl. X l l l de Blafon, d.ms le Dicl.
ra f . des Sciences , &c.
Rochechouart-Faudoas , d’AurevllIc , de Clermont;
5c de Rochechouart de Mortemai t , deTon-
nay^Charente, à Paris : nibulé-ffce d'argent & de
gu,•ailes.
Marin de la Malgue, en Provence : d'argent à
trois bandes, néhulées de fable. ( G. D. L. T. )
NEFFLIER, ( Jard. ) en latin mefpilus ; qti
anglois the medlar ; en rn fpclbaum.
Caraclerc générique.
Un calice permanent porte cinq pétales concaves
6c arrondis, qui font inférés entre les échancrures.
Le nombre des étamines varie , fuivant les efpeces,
de dix à vingt, 6c même plus. Elles lont aufii attachées
à la paroi intérieure du calice. L’embryon eff
fitué fous la fleur, 6c fupporic de trois à cinq ffyles :
il devient une baie arrondie ou ovale, couronnée
par le calice. Cette baie contient quatre ou cinq
femcnccs , plus ou moins dures.
Efpeces.
1. inarme à feuilles lancéolées , dentées,
pointues , velues par-deffous, à calices aigus.
Mefpilus inermis , foliis laticeolatis dentatis acumi-
naùs, fubtns tomentofis , calicibus acuminatis. Mill,
Greater medlar with a bay tree leaf and a J mailer Icjj
fubjlaruial jniit.
2. Nefflierinnrmé , à feuilles lancéolées entières,
velues par-deffous, à calices aigus.
Mfpilus inermis , foliis lanceo/atis integerrimis fub-
tus tomentofis , calicibus acuminatis. Hort. 6Tif.
German medLir with a bay tree leaf which is not.
fawed.