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III
du prévôt do l'hôtel depuis la mort de Trifian 1 Her-
mite : enfin qu’il y relia encore quelque tems-jul-
qu’à ce que le conimand,cment de ces lergents ayant
etc donne à Tun des archers, le nom de roi des n~
bauds le rrouva éteint U oublié. D ’ailleurs la différence
conlidérablequ’ily avoit des gaiges d’un archer
h ceux éw roi des ribauds, fait voir que ceux-ci étoient
regardés bienau-deffusde cesfergensdc de leur chet.
S’il étoit convenable de faire une comparaifon
d’un officier auffi vil que l’etoit ce roi des ribauds
avec un officier aufïidillingué que le prévôt de Hio-
tel, on reconnoitroit encore plus facilement^! illu-
fion de ceux qui font fuccéder ces charges l une a
l’autre ; en e-ffet, outre la dilproportion des gages
dans le temsquela jurildiéiiondes maîtres d hôtel (<z)
cioit en vogue, le roi des ribauds failoit preique
toutes fes fonifions au-dehors de la mailon du roi,
&fes plus grandes prérogatives nes'étendoienf qu’au
dehors, au lieu que les maîtres d’hôtel auxquels le
prévütde l'iiôtela fuccédé avoient toute jurifdiéfion
dans l’intérieur. Le roi des ribauds ne pouvoit porter
verges, ni faire aucun aéfe de juüice dans le logis du
ro i, fans |)ermiffion du grand maître ou des maîtres
d’hôtel, au lieu que le prévôt Je l’hôtel a de tout
teins eu le droit de porter le bâton de commandement
jufques dans la chambre du roi. Enfin le roi
des ribauds^ ainfi que Mlraumont l’a remarqué, ell
dénommé le dernier dans les comptes de la depenfe
de la malfon du roi ; 5 c s’y trouve employé dans le
chapitre des gens du comimm {_b ) , au lieu que le
prévôt de l’hôtel a toujours eu fon rang parmi les
premiers & les grands officiers de la maifon de nos
rois.
11 eft facile de conclure de tout ce qui vient d’ etre
rapporté , que le roi Louis XL après la mort de
Tridan l'Hermlte, qui arriva vrai-femblablement
vers l’an 1475 , puifcjue depuis ce tems-la il n’efl
plus fait mention de lui dans l’hitloire, voyant de
quelle utilité il étoit pour fon fervice, que lle prévôt
de l’hôtel eût une force convenable en main , fe détermina
â faire la création de 30 archers, dont je
viens de parler. Longtems auparavant, le prévôt de
Vhüiel avoir réuni en fa perfonne un pouvoir égal à
celui du prévôt des maréchaux , que fa majeûé lui
avoit donné dès fon origine la jurildicfion qui avoit
été jufqu’alors exercée par les maîtres d’hôtel. On
ne peutdonc le regarder comme prévôt iubfidiaire,
puilque dès fon origine , fon office exifloit indépendamment
de celui du prévôt des maréchaux ; & que
d'ailleurs au lieu de prêter le ferment devant les
maréchaux, comme cela auroit c'ù lé pratiquer , s’il
leur eût été fubordonné, il le prCEoit au contraire ès
mains du chancelier de France , alnfi que le fit fous
Louis XI. Guillaume Gua , cinquième prévôt de
l’hôtel, en celles de Pierre Doriolle , chancelier de
ce roi. Mlraumont en rapporte l’aéfe tout au long ,
daté de Chimay du 25 novembre 1481. Guillaume
de Bullion &: fes autres fuccefl'eurs, jufqu’au ficurde
Richelieu , en uferent de même. Celui-ci fut le premier
qui prêta ferment entre les mains du roi ; pré-
rooative qui a jufqu’à préfent été confervée à tous
lés fuccefl'eurs.
(rf) Par les provifions de Guillaume Gua , que Mlrau-
mom a inférées dans fon Traité du prévôt de l'hôtel^ puf’. 11$ 6-
feij. on voit que les prévôts de l'iiôtel avoient 1 200 liv. de gages,
La date de ces provifions ell du ^ i novembre 1481. (é) Le procureur de riiotcl, foing & avene &,poar toutes chofes 3 fols par jour; le roi pour un cheval , des ribauds 4l'o\s parilis par jour, quand il fera à la cour, pour tomes chofes....
Jiem, il plait au roi que fa dépenfe foit payée premièrement
&. avant les gages des maîtres des requêtes, que l’aiimolne, les
dixmes & les gaiges & lioPellages des phyficicns , chirurgien,
du tailleur, de merlin le barbier, du tapiffier, du maréchal, du
cordonnier, du roi des ribauds 6e des autres. ( Denis Godefroy,
loe. citât, p.ig. yiy.)
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Ce feroit ici le lieu de fatlsfaire à la curlofité de
ceux qui defircroient de connoître la charge de
grand prévôt de France, qui cil jointe depuis li ffino-
lems à celle de prévôt de l’hôtei, qu’elle en elt devenue
pour ainli dire inféparable. Mais l’oriaine de
l’une ii’eil pas moins incertaine que celle de î’autre-
les provifions de melîirc François Dupleffis, feignem-
de Richelieu , vingt-unieme prévôt de l’hôtel, nous
apprennent que la charge de grand prévôt fut pof.
fedée avant lui par le ficurde Chandiou , qui peut-
être fut le premier des grands prévôts, à moins que
Louis XI n'eût crée cette charge pour Trillan 6c
pour Monterud.
Ce qui prouve que cette charge n’eflpas un vain
titre d’honneur, mais que les droits en font auffi
réels que ceux de la charge de prévôt de l’hotel;
c’efl que ce Chandiou, premier titulaire que nous
connoiffions, n’étoit plus ])rcvüt de Thotel. Il eft
même à croire que hlontcrud pofléda la charge de
grand prévôt , depuis qu’il fe fut démis de celle de
prévôt de 1 hôtel, jufqu’â fa mort, puifque le baron
de Beaufremont qui lui fuccéda dans celle ci ne fut
jamais pourvu de la premiere, ainfi que l’atteftent
les provifions du fieur de Richelieu. Chandiou e.xer-
çoit la charge de grand prévôt dès t ^ 24; il y a même
apparence qu’il la polféda pendant que Guido de
GuefFrey, Marc le Groing, Etienne des R.uaulx,
Claude Genton desBroHés, François Pataiiltde la
Voulte, & Nicolas Hardi, fieur de laTroufi". furent
pourvus de celle de prévôt de Fhotel. il c(l
même vraifemblable qu’il en étoit revêtu dans les
premieres années du fieur de Monterud ; carMirau-
mont nous apprend que le fieur de la Troufle le
démit en la faveur de celle de prévôt de l’hôtel, ne
pouvant plus l’exercer à caule de fon age. Cet auteur
qui avoit fans doute vu les provifions de ce
prévôt del’hoiel, n’auroit pas manqué de nous marquer
qu’il étoit grand prévôt de France en décembre
1570, date de ces provifions, fi cette qualité y avoit
été énoncée, de même que celles de chevalier de
l’ordre, & de confeiiler au conleil privé , qu’il pof-
lédoit auparavant. Si l ’office de grand prévôt lui
avoit été donné avec celui de prévôt de i’hôtel,
comme il le fut depuis au fieur de R.ichelieu, il en
auroit aufîi fait mention.
Comme la charge de grand prévôt paroilToit éteinte
à caufe qu’il n’y avoit pas été pourvu depuis la mon
de Monterud; ÔC qu’aux termes des provifions du
fieur de Richelieu, elle auroit pu cire cenfée fup-
primée en vertu de quelques édits , ordonnances,
ou déclarations dont il ne nous eft refié aucune notice
, le ro i, par ces mêmes lettres de provifion , la
rétablit en faveur du fieur de Richelieu , pour la
tenir conjointement avec celle de prévôt de l’hôrei.
Ce fut en fa confidcration qu’elle fût attribuée fjic-
cialement au prévôt de l’hôtel,de maniéré que parla
fuite les deux charges ont paru n’en faire qu’une ièule.
Une entreprife que Rapin , prévôt de la conneta-
blie, fît fur les prérogatives & l’autorité de cette
charge, donna lieu à l’arretdu confeil d’état du 5
juin 1 389 , par lequel entr’autres chofes fa majclle
déclara n’avoir jamais entendu, & qu’elle n’enten-
doit pas qu’à l’avenir la qualité de grand jircvôt lût
attribuée à d’autre qu’au prévôt de fon hôtel & grand
prévôt de France. Il fut aufîi rendu un pareil arrêt le
7 mars 1609 ^ contre Morel, fuccefleur de Rapin,
& dans la fuite un troilieme contre le prévôt de la
maréchaufTéede Bretagne. Ces deux premiers arrêts
joints aux provifions du fieur de Richelieu luffifent
pour donner une jiifle idée des droits attachés à cette
charge, dont depuis long-tems les prévôts de Thwicl
lemblent négliger de faire ufage.
ROLLE, f. m. {Mujii/ue.') Le papier féparé qm
contient la raufiquc que doit exécuter un concertant,
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Sz qui s’appelle partie dans un concert, s’appelle
roUc à l’opéra. Ainli l’on doit dillribuer une partie à
chaque muûcien , un rolle à chaque aéleur. ( 5 )
ROLLO , ( Geogr. H iß . Lite. ) bourg de Picardie
à 2 lieues de Montdidier & 6 de Noyon, qui fe glorifie
d’avoir donné naifîance, en 1646, à Antoine
Galland , favant dans les langues orientales, antiquaire
du roi , académicien des inferiptions
belles-lettres en 170 1 , & qui a enrichi les recueils
de cette académie de plufieurs differtations favantes.
Il a fait trois fois le voyage de Turquie & d’Afie ,
a contribué à l’impreffion de la Bibliothtque orientale
d’Herbelot, n’a pas eu moins de part à l ’édition
du Menagiana en 4. vol. a laiflé de précieux manuf-
crits , ÖC efl mort profeffeur royal en langue
Arabe iVé de 69 ans. Ses manulcrits orientaux ,
fuivant fes dernieres difpofitions, ont paffé à la bibliothèque
du ro i, fon D icîionnaire Numifrnatique k
l’académie , & la traduélion de V A lco ra n à M.
l’Abbé Bignon : c’efl avec une fortune fi médiocre
ciue M. Galland a eu la gloire de faire les plus il-
luflres héritiers. Voycti^ fo n éloge dans U fe co n d .y o l.
de VH ifl. de L’acad, des inferiptions , p ag. $ oS , ed.
in-12 . ( G. )
ROMAIN A r g y r e , ( H iß . du B a s -Empire.^ que
Conflantin VIII avoit créé Cefar en lui failànt épou-
fer fa fille, monta fur le trône de Conflantinople
après la mort de fon beau-pere , en 1028, quoiqu’il
eût des talens & des vertus , fon regne fut agité de
tempêtes domefliques qui lui firent regretter la vie
privée. Théodora , foeur de Zoé , confpira avec le
fils du roi des Bulgares pour lui ôter l’empire & la
vie ; leur complot fut découvert, & Théodora fut
condamnée à prendre l’habit monaflique : cette
confpiration éteinte fut fuivie d’une autre plus dan-
gereufe. Conflantin Diogene, neveu de R om a in , fe
fit proclamer empereur, mais il fut trahi & livré par
ceux même quil’avoient voulu élever à l’empire : il
fut enfermé dans une prifon où il continua d’entretenir
des intelligences criminelles avec tous les mé-
contens, & fur-tout avec Théodora qui lui promit
& fa main ôc l’Empire. Un évêque qui étoit
leur complice , tn eut des remords, il fut leur
dénonciateur. Diogene fe Tentant indigne de la clémence
de fon oncle , fe précipita du haut d’une
tour, pour prévenir la honte de trahir fes complices
dont on exigeoit qu’il déclarât les noms pour obtenir
fa grâce. Les troubles intérieurs étant appaifés , R o main
eut des ennemis étrangers à combattre ; les
Sarrazins exercèrent de nouvelles hoflilités fur les
terres de l’Empire, ils égorgèrent les garnilbns de
toutes les villes dont ils fe rendirent les maîtres. R o -
main fe mit à la tête d’une armée puiffante pour réprimer
leurs brigandages : il les joignit près d’Antioche.
Mais à peine eut-il donné le fignal du combat
, que fes foldats, faifis d’une terreur panique, fe
précipitèrent dans leur fuite. 11 ne fut redevable de
la vie & de fa liberté qu’à la valeur de fes gardes
qui, foutenant avec intrépidité les efforts des barbares
, le conduifireiit à Antioche. R om a in fe dégoûta
de Zoé. Cette princefle qui fut la plus laf-
cive de fon fiede , fe confola des dédains de
fon mari avec un banquier nommé Michel ^ dont le
frere étoit le premier eunuque du palais, oii il avoit
\ine grande autorité. Zoé fiuisfaite de ion amant, le
jugea digne du trône comme il l’étoit de fon coeur.
L’eunuque le chargea de la débarraffer de fon mari
par un breuvage empoifonné, dont le vomlffiement
prévint les ravages. Romain tomba dans la langueur
& le déperiflement. Zoé impatiente de régner avec
fon amant, le fit étouffer dans le bain, & Michel fut
aufll-tüt proclamé empereur , pour régner conjointement
avec elle. Romain fut un prince éclairé &
bienfaii'ant ; il réforma plufieurs abus, mais il ne put
Tome l y .
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réformerfa femme qui fut impudique jufqu’à 70 ans.
Il mourut en 1034.
R o m a i n D iogene, d’une famille patricienne ,
dut fon élévation à l’empire , à ramour qu’il infpira
a 1 impératrice Eudocie. Cette princefle nommée
par le tellament de fon mari Conflantin Diicas ,
pour régner conjointement avec fes trois fils, s’etoit
engagée par ferment 6c par écrit de renoncer au
gouvernement fi elle contraéloit un nouveau mariage.
Romain Diogene, qui étoit le plus grand capi-
taine de Ion fiecle , fut humilié d’obéir à une femme
6c à des enfans ; il forma le projet de les faire def-
cendre du trône pour s’y placer ; fon complot fut
découvert, 6i on le condamna à la mort. Eudocie
eut la curiofitéde le voir avant qu’il fubît fon arrêt;
il étoit le plus bel homme de l’Empire ; l’impératrice
frappée de fa beauté , commua fa peine en un
exil dont il fut bientôt rappelle , fous prétexte de
le mettre à la tête de l’armée qui devoir s’oppofer
aux progrès des Mufulmans. Eudocie , pour mieux
s’affurer de la fidélité d’un général à qui elle con-
fioit toutes les forces de l’état, lui donna fon coeur
&C la main. Ce mariage fouleva tous les efprits ;
le peuple & les grands reful'erent de le reconnoître
pour empereur ; la fedition ne fut appaifée que par
les fils d’Eudocie , qui proterterent que leur mere
ne s’étoit remariée que par condefccndance pour
eux. Romain fignala les premiers jours de fon régné
par des viftoires fur les Turcs ; il fut heureufement
fécondé dans toutes fes entreprifes par un gentilhomme
Normand nommé Crepin q u i, comme tous
ceux de fa nation, alloit chercher la gloire 6i la fortune
chez l’étranger. Cet aventurier q\ii avoit toutes
les qualités qui font les conquerans , fut par-tout
triomphant : après avoit été comblé d’honneur par
Romain, \\ en efliiya quelque mépris: fa fierté humiliée
en fit un rebelle.Crepin trop foibie , reconnut
bientôt l’imprudence de fon entreprife ; il eut tant
de confiance dans la générofité de fon maître ,
qu’il fe préfenta devant lui défarme ; fa faute fut
oubliée, & Romain ne fe foiivmt que de fa valeur
& de fes fervices; mais fon efprit inquiet & toujours
mécontent le rendirent bientôt coupable ou
du moins fufpecî. Il fut dépouillé de tous fes emplois
: fa dégradation excita de nouveaux troubles.
Les François & les Normands, accoutumés à vaincre
fous fes ordres , vengerent fes outrages en pillant la
Méfopotamie. C ’efl de ce héros aventurier que def-
cendent les barons du Bec-Crepin 6c les marquis de
Vardes , dont les noms font inferits dans les plus anciens
fafles de la Normandie. Romain, apres avoir
pacifié l’intérieur de l’Empire, marcha contre les
Turcs qu’il obligea de fe retirer dans leur pays, il les
pourfuivit jufques dans la Pcri'e, oîiils lui demandèrent
la paix, qui leur fut refufée avec une hauteur
infulîante. Romam , enivré d’une fuite de fuc-
ces fans mélange de dilgraces, crut que pour vaincre
il lui fuffiloit de combattre. Cette confiance
préfomptueufe ne lui permit pas d’attendre un corps
de troupes qui s’avançoit pour le joindre; il livra
une bataille où il fut vaincu & fait prifonnier. Le
fultan modéré dans fa viftoire, le traita avec humanité.
Sa détention finit par un traité de paix ; il fe
fournit à payer un fubfide annuel aux Turcs, & de
rendre tous les mufulmans qu’il retenoit captifs
dans fes états. Le fultan , de fon côté , s’obligea de
rendre tous les prifonniers chrétiens, & de ne plus
faire de courfes fur les terres de l’Empire. La détention
de Romain donna naifiance aux faéHons qui
agitèrent Conflantinople. Les uns vouloient que
Zoo , confommée dans les affaires , régnfit fans
collègue ; d’autres étoient d’avis de lui affocier (es fils;
La fanion la plus nombreulè le déclara pour Michel;
elle prévalut ; les freres 5c la mere furent exclus du
P P P P ij