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198 0 T H vldinie <lc les créanciers. Pifoii, adopté par Galba,
aigrit Ibn arabition au lieu de l’éteindre. Ses lar*
geffes l’avoient allure des prétoriens; il fut conduit
ù leur camp par une poignée de Ibldats, o îi, apres
avoir etc proclame empereur, il envoya des fatel-
lites qui mirent cl mort Galba & Pifon. Il le rendit
enl'uitc au l'cnat, à qui il promit de ne rien faire
fans Ibn conl'entement. La canaille de Rome , qui
conlervoit un grand refpeél pour la mémoire de
-Néron dont il avolt été l’ami, fpuhaita qu’il en
portât le nom , & il eut la complaisance de le prendre
-dans toutes les lettres qu’il écrivit aux gouverneurs
des provinces. Tandis que tour étoit calme dans
Rome , il fe formoit en Allemagne un orage prêt à
fondre fur Tltalie. Vitelliiis, fous prétexte de venger
la mort de Galba, fur proclamé empereur par les
légions d’.‘\llemagnc. Il palTa les Alpes avec une
armée , réfolu de ibutenir fon éledflon. La cavalerie
qui étoit campée fur les bords du Pô , lui prêta 1er-
,ment de fidélité , & les plus fortes villes lui ouvrirent
leurs portes. , abruti dans les voluptés ,
fe réveilla de fon Ibmmeil , & fe prépara à une
vigoureufe defenfe. Il entama des négociations avec
Viteliius ; ils fe firent réciproquement des offres
& des promefi'es pour fe défilfer do l’empire ; mais
à la fin iis en vinrent aux injures , & il fallut que le
fort des combats décidât de celui de l’empire. 0//io/i
fit purifier la ville par des lacrifices, S i les armées
£e mirent en mouvement. Avant de partir, il recommanda
la république au Icnat, & fit de magnifiques
largefiés au peuple. Ses lleutenans eurent quelques
avantages auprès de Crémone , où les Vitclliens
prirent la fuite pour l’attirer dans une embufeade
qu’il fut éviter. Cette aéHon ne fut point décifive ;
il en fallut venir à une bataille générale dans les
plaines de Bedriac : les Virelliens remportèrent une
vidoire completie ; S>c ce ne fut que les approches
de la nuit qui prélerverent leurs ennemis d’une entière
defirudion. Othon^ avant le combat, avoit
abandonné fon armée par le confeil des flatteurs ,
qui ne vouloit pas expolér fa perlbnne facrée. II en
artendoit fans crainte le fuccés, lorfqu’il apprit la
défaite. Son armée fugitive fe raflembla autour de
fa perfonne , lui jurant de rétablir fa fortune & de
réparer fa honte. Les plus éloignés lui tendoient les
bras , les autres emlSraflbicnt fes genoux , en lui promettant
de mourir pour fa défenfe. Lui feul confier-
voit fa tranquillité , perfiifioit dans la réfiolution
de mourir , pour éteindre dans fion fiang le fieu des
guerres civiles. Rien ne put le faire changer de
dcfi'ein. Il conjura fes braves défenfeurs d’aller fe
rendre aux vidorieux ; il leur fournit des charriots
S i des navires, brûla toutes les lettres qui témoi-
gnoient trop d’inclination pour lui, ou trop d’aver-
fion pour Ion rival. Il difiribua fon argent à fies
domeftiques; il fit enfiuite retirer tout le monde,
& repofia quelque teins. A Ibn réveil il demanda un
verre d’eau fraîche S i deux poignards qu’il mit fous
fon chevet, après les avoir dfayés. On prétend
qu’il dormit tranquillement pendant toute la nuit,
S i que ce ne fut que le matin qu’il s’enfonça le poignard
dans le fein. Scs domeftiques accoururent au
bruit, S i le trouvèrent mort d’un feul coup. On fe
hâta de faire fes funérailles comme il l’avoit commandé
, de peur qu’on ne lui coupât la tête pour en
faire un trophée après fa mort. Les officiers des
cohortes prétoriennes portèrent fon corps au bûcher
en pleurant. Les loldats s’approchoient pour baifer
fa plaie; quelques uns fe tuerent près de Ion bûcher,
non pas par crainte, ni comme coupables, mais par
l’émulation de fa gloire. Cet enthoufiafme fanatique
de l’amitié éclata dans tous les lieux où il comman-
doit. On lui éleva un fépulcre fans pompe S i fans
ornemens. Teilc fin la fin d’OfAo./z, âgé de trente-
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fept ans, dont il avoit pafTc. la plus grande panic
dans les délices. Ceux quil’avoient le plus detefté
pendant (a vie , l’admirerent après fa mort. On ne
pouvoir comprendre comment un homme , noyé
dans les voluptés, avoit eu le courage de renoncer
à la vie pour garantir la patrie des ravages des guerres
civiles. Il étoit d’une taille au-deflbus delà mediocre ;
fa démarche ct.oit chancelante : il n’avolt prefque
point de cheveux ; mais il cachoit ce défiant ]>ar une
perruque faite avec tant d'art, qu’on ne pouvoir la
diftingucr de fa chevelure naturelle. 11 étoit d’une
propreté fi recherchée , qu’on le croyoit incapable
de grandes choies. ( T— N . )
ÜTHONIEL, tans de D ie u , ( H iß . f u r . ) ü\s de
Cenès, de la tribu de Juda, & coufin germain de
Caleb , mais plus jeune que lui. Caleb ayant reçu
Ion partage dans les montagnes de Juda,s’empara de
la ville d'Hébron, S i s’étant avancé vers Cariat-Se-
pher, il promit fa fille en mariage à celui qui fe
rendroit maître de cette ville. O ch o n id la prit, &
époufa Axa. Après la mort de Jofiié , les Ifiraelites
s’étant lailTés entraîner au cuite des idoles , par les
liaifons qu’ils eurent avec les Chananéens leurs voi-
fins ; Dieu pour les punir , les livra à Chufinn Rafa-
thaïm , roi de Méfopotamie , qui les tint durant huit
ans dans une dure captivité. Dans cet état, il éleve-
rent leurs cris au Seigneur, qui touché de leur mi-
fere, leur fufeita un libérateur en la perfionne d’Otkoniel
: S u fc ita v ït eisjalvacorsrn.......Othoniel fiUum
Cene^fracrem Caleb minorem. J u d k .n ) . Ç). Ce brave
Ifraéliie, rempli de l’efprit de Dieu , livra bataille à
Chufan , le défit, S i délivra le peuple de Dieu de
l’oppreflion fous laquelle il gemifToir. Le pays fut en
paix durant quarante ans, après lefquels mourut
OthonltL: Qjà ev itq u t terra q u a d n iß n la annis , & mor-
m u s eß Och o n id . Ju d ic , i i j. 11. (-p)
O T L I N G l / d S A X O N I A ,(^Géo^r.du moyen dgeiy
Les Saxons, jaloux de la puilTance des Francs établis
dans les Gaules, ne tarderont pas à les y l'uivre ,
dans l’efpérance de partager avec eux la dépouille
des Romains. Leurs premieres courfes remontent
au fiecle même de la fondation de la monarchie fran-
çoile. Le côté de la mer par lequel ils faiioient leurs
defeentes dans nos contrées , en avoit pris, dès le
tems des Romains le n om 6 e Liccus S u xon icum ; ce
qui comprenoit toute l’étendue des côtes renfermées
entre le pays des Morins S i les environs de Nantes,
II y en eut qui fe fixèrent dans le pays Baffin ;
Grégoire de Tours en 578 S i 590, les défigne par
le nom de Saxones B a jo cajjln i. Ils fervolent dans les
troupes de nos rois; ils marchèrent aux ordres de
Chilpéric en 578 contre \Varoch, comte delà baffe-
Bretagne : en 590 ils fournirent des foldats à Fréde-
gonde, contre Gontram.
Le quartier qu’ils habitolent dans le diocefe de
Bayeux, avoit pris le nom de OtUngua Sa xonia^
qui fignifie/rrre des S a x o n s. C’eftainfi qu’il eft appelle
dans une charte de Chai lcs-le-chauve de l’an 844, S i
dans une autre de 854. S. Aldric , évêque du Mans
qui y avoir fait des fondations, l’appelle auffi au JX*
fiecle A u d in g u a S a x o n ia .
La charte de l’empereur qualifie le territoire de
Pagellus, petit canton fitué dans le comté de Bayeux
in comitaiu Bajocen ß. La charte ajoute qu’un^ village
appelle H e id n em é io d placé dans VOdingua Saxonia^
M. Huet foLipçonne que le mot latin Hdulrae{\.\e village
d’Airan. Mais ce lieu, trop éloigué de la mer
& à 10 de Bayeux, eft du pays d’Hiémes, in pago o x
mifoy bien diftingué du p agus bagifmus par le capitulaire
de 854.
Les anciens hiftorieas deNormandle appellent ces
S a x o n e s Bo jo ca ß in i les S aifnes de Bayeux ; les chro-^
niques de S. Denys les nomment de même. Si du mot
S a x o n e s on a fait celui de Saifnes^ on a pu facilement
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transformer celui de S a x o n ia en ceux de Saon S i de
S a en n a i: or ces deux noms font aujouid’hui ceux
que portent deux villages contigus lirués à z lieues
de la mer S i â pareille diftance de Bayeux. Cette
conclufion auroit paru jufte â iM. de Valois, qui fur
le fimple nom du pays Sonnois, a cru reconnoitre
dans le canton du Maine V O d in g u a S a x o n ia du capitulaire
de l’an 854.
Pour Jdddrurn^ c’eft celui de Etre-ham, village
du comté de Bayeux à a lieues de cette ville, S i qui
a dû être compris dans VO dingua Sa.xonia. M h n . de
ta ca d . des inj'càpt. t. X X X . y i l . edit, in-iz. ' j y o .
P - 3 S,C .{C)
O rO N Ijfurnommc Le grand .,{HiJl. d'ALlcmagV)
duc de Saxe , troificme roi ou empereur de Germanie
depuis Conrad I, neuvième empereur d’Occi-
dent depuis Charlemagne. L’hlftoire nous a confervé
peu de détails fur les premieres années SVOton. Sa
conduite fur le trône ; la tendi clfe éclairée de Henri
fon pere, nous font prélumer que fon enfance fut
heureufement cultivée. Les prélats S i les grands de
Germanie avoient promis â Henri dans Ion lit de
mort de reconnoitre Qton pour fon fucceffeur: ils
fe montrèrent fidèles à leur parole, & réfifterent aux
follicitations de la reine Matilde qui, fur le fingu-
lier prétexte que fa naiffance avoit précédé i’avene-
mem de fon pere au trône, pretendoit que la couronne
étoit duc à Henri le quérelleur , fion frere, né
depuis. Le couronnement SVOton fie fit à Aix-la Ctia-
pelle, ville ancienne & capitale de la monarchie ,
fous les empereurs François. Les archevêques de
Mayence, de Cologne S i de Treves fie difiputerent
l’honneur de la cérémonie. L’archevêque de Mayence
obtint cette gloneulé jiréférence, moins par rapport
aux droits de (on eglifie, qu’à fion mérite S i à la
iainteté de fies moeurs. Ce prélat tenant Oton par la
main , & s’adreftant au peuple affcmblé dans l’églii'e
<;athédrale : *< Je vous prélente O eon , dit-il, Dieu l’a
» choifi pour régner lur vous fiuivant le defir de fion
» pere Henri, votre léigneur S i votre roi : fii ce choix
» vous plaît, levez les mains aux ciel ». Le peuple
ayant témoigné la Joie par des acclamations redoublées,
Hiddebert, tel étoit le nom du prélat, le con-
duifit vers l’autel où étoient les vêtemens, S i les
ornemens des rois. 11 lui ceignit l ’épée, lui recommandant
de ne s’en fiervir que pour le bonheur de
l’églile & de l’empire , & pour entretenir l’un &
l’autre dans une profonde paix. «< Ces marques d’au-
»torité, ajouta-t-il en lui donnant le feeptre S i la
main de juftice, vous conviennent S i vous obli-
» gent à maintenir vos fujets dans le devoir, à re-
» primer S i à punir, mais avec des fientimens d’hu-
» inanité, les vices S i les défiordres, à vous rendre
« le proieêleur de l’églifie S i de fies miniftres, S i à
»» témoigner à tous vos fiujets une tendrefl'e Si une
» bonté paternelles. Songez enfin à vous rendre digne
» des rccompenfies éternelles ». Le jeune monarque
après les cérémonies de fion fiacre , qui n’étoient pas
de vaines cérémonies, fut conduit clans un palais
qu’avoir fait conftruire Charlemagne , S i que les
defeendans de ce grand homme avoient négligé d’entretenir.
On V avoit préparé un feftin ; les prélats
mangèrent avec le prince qui fut fervi par les ducs.
On voit par cette diftinéhon de quelle vénération
jouÙfoient déjà les évêques, Oeon , pendant la cérémonie
de fon facre, prit au Heu du titre de ro i, celui
d ’empereur qu’il conferva Toujours depuis. Louis
d’Outremer pouvoir le lui contefter comme def-
cendant par mfiles en ligne direéle S i légitime de
Charlemagne qui l’avoit reçu avec l’agrcment de
prefque toutes les nations de l’Occident : mais ce
prince en butte à fes grands vaffaux, comme les infortunés
prédécefTeurs , étoit dans l’impuifl’ance de
juftifier fes droits. Oro« avoit dans fa famille les plus
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grands^odeles. Il voyoit clans Oeon fon aïeul pater-'
nel, un fage qui avoit refufié le trône fur lequel il
étoit affis, & dans Henri fon pere, un !égi(la;eu:-& un
conquérant qui l’avoir affermi par de fages inftitu-
tions, en même teins qu’il l’avoit iiluftré par des
viûoires : mais la gloire de ces princes é:oit cclipfce
par celle de ^Vitik;ilKl que Matilde mere eVOton com-
pioit parmi fes ancêtres. C ’étoit ce fameux Witikind
qui fans autre Iccours que les troupes de la Saxe la
patrie, & celui de quelques hordes normandes, fou-
tint près de 30 ans la guerre contre Charlemagne qui
lecombattoit avec toutes les forces de fon vafte empire.
Cependant Ow.Tn’avoitpasbefiüln d’être encouragé
par ces grands modèles: il avoit dansfon propre
coeur le germe des plus fublimes vertus, & la nature
l’avoit comblé de tous lés dons que l’âge ne fit cjue
développer. La premiere année de fon regne ne fut
agitée par aucune tempête, & tous les ordres de l’ctat
eurent à fe louer de la clemence S i de là juftice. La
lecondc fut troublée par la guerre de Bohême, excitée
par l’ambition de Boleilas qui avoit fait périr
Vinceflas Ion frere , S i s’étoit emparé du duché que
lui avoit donné Henri. Oeon ne voulant pas lailîer
lans vengeance un crime de cette nature , cita le
coupable à fon tribunal ; mais Boleflas chercha l’impunité
dans la révolte, 6c réulfit en partie. Après
plulieurs combats dont les fuccès furent variés, O ton,
vainqueur en perfonne, força le rébelle à s’en remet-
tre à là dilcrétion. Ce prince, humain dans la viétoire,
longea moins à latisfaire les vengeances, qu’à afl’u-
rer le privilege de fia couronne, de à prévenir les dé*
Ibrdres. En pardonnant à Boleflas , il eut loin de ref-
fierrer les chaînes des Bohémiens. Il exigea un tribut
annuel ; il fioumit le gouvernement de leur province
à celui de la Bavière. Cette guerre dura quatorze
ans, mais il s’en fallut bien qu’dle occupât toutes
les armes d’Oeon. C e prince, fur ces entrefaites, remporta
une victoire fignalce fur les Hongrois qui conduits
par un chef intrépide, avoient pénétré jufqu’à
Helberftad , retint dans le devoir les Lorrains , que
Gilalbert, leur duc, prétendoii faire pafl’er au lervice
de Louis d’Outremer, pacifia la Suabe, la Bavière
révoltées, entretint en France des divifions plus ou
moins grandes, fulvant que les intérêts de la poli-
ticjue i’exigeoient, S i vengea fur les Danois le maf-
facre qu’avoienî fait ces peuples d’une garnifon qu’il
emrerenoit dans le duché de Sles-wick, pourconfér-
ver les conquêtes de Henri fon pere au-delà de l’Ei-
der. Oeon n’avoit point encore termine ces guerres,
qu’une nouvelle carrière s’oftfit à fa gloire. Depuis
la mort de l’empereur Lotaire I. Tltalie droit en
proie à des feux qu’entretenoit l’ambirieufe politique
des papes. Louis II, Charles-le-Chauve , Char-
les-le Gros, S i Amoul avoient été continuellement
aux priles avec les pontifes pour conferver quelque
autorité dans Rome. Gui , Lambert , Louis-
l’Aveugle, BercngciT,lon cruel S i perfide vainqueur,
ÔC Rodolpiie I qui s’en étoient arroge la couronne,
n’avoient régné qu’au milieu des plus affreux orages.
Ces tyrans fans pouvoir avoient déchiré tour-à-tour
cet état oil ils n’avoient point eu allez de capacitc
pour le faire obéir, Lotaire II, fils de Hugues, qui
s’en failoit appeller ro i, mourut vers l’an 950. Adélaïde,
fa veuve , accule Berenger H de l’avoir fait
empoifonner; & pour le venger des pcrlécutions
que lui attirent ces bruits, c’eft le roi de Germanie
qu’elle implore. Oeon avoit précédemment promis
des fiecouis à Berenger II ; mais tel on plaint
dans l’infortune,que l’on abhorre an faîte de la grandeur.
Le trône d’Italie excitant fon ambition, il ne
pouvoir y avoir d’alliance entre lui S i Berenger II. le
feul qui fût en état de le lui difputcr. Il [laffe les
Alpes ; S i chaffant devant lui les troupes que fon
concurrent lui oppofe , s’empare de Pavic où il
iM
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