9 9 Ö V R A
1 1. Dll point 1 1 , pris pour centre , avec l’intervalle
1 1 Q , vous décrirez /o quart de cercle QS.
11. Enfin portez une des branches du compas au
point 1 1 , ouvrez Tann-e jufqu’au point 6 ,& décrivez
Tar e de cerc/e S A qui doit rencontrer la circonférence
de de la voLuu ^ ou du cercle qui a le
point L pour centre.
A p/élent, pour tracer le contour intérieur de
îa vi’^mc , qu’on nomme il faut faire la ligne
F X ég.de à une partie ou minute du module ,
6i enluite chercher une quatrième proportionnelle
aux lignes IF^ I X , i. v , laquelle e(f fort aifée à
trouvei- ; car l'a ligne I X étant les fept huitièmes de
la licoe / F , celle tju’on cherche doit être aulTi les
iept huitièmes de la ligne L t- ). On détache
le quarré r , i , j , 4 , de la volute pour le prefenter
plus en grand ; on y trouve la ligne qu’on fuppofe
égale aux fept huitièmes de la ligne L i.
Prenez la partie égale à L v , divlfez la ligne
V £ en fix parties égales , comme on a fait la ligne i ,
4 ; puis fur les bafes , ç i !k/n n , élevez les quar-
résy.v)-^, ^ r s i & rnopn; & les douze angles
droits de ces trois quarrés donneront douze centres
defqueis on tracera la volute intérieure qu’on voit
ponéluée fur la figure S ; car fuppofez que les quarrés
ponéVués fur la figure c) foient placés fur le diamètre
de l’oeil de la volute, vous commencerez par décrire
un quart de cercle qui aura pour centre le point v
& pour rayon l’intervalle v X ; & ce quart de cercle
ira fe terminer fur le prolongement du côté v ;r
comme clans la premiere opération. Prenant enfuite
ce point AT pour fécond centre, on décrira un autre
quart de' cercle cpii aura pour rayon l’intervalle du
point y jufqu’à l'endroit où le premier quart de cercle
le fera terminé furie prolongement de vx. On
continuera de décrire de la même maniéré tous les
autres contours, comme on l’a fait d-ins la volute
extérieure , n’y ayant de différence dans celle ci que
la grandeur des quarrés qui ell moindre que celle
<Ie ceux qui donnent les centres de la premiere.
U P
UPINGE, ( Mufiqiu des anciens, ) forte de chan-
fon confacrée à Diane parmi les Grecs. Voye?
•Ch an so n . Dicî, ralf. des Sciences, Ôcc. & Suvy/.
( 5 ) ’
VR
VRAISEMBLANCE, f. f. {Belles-Lettres. Poéfe.)
l e but que lé propofe immédiatement la fîclion,c’eft
de perfuader; or elle ne peut perfuader qu’en ref-
femblant à l’idée que nous avons de ce qu’elle imite.
Amfi la vraifcmblance confiffe dans une maniéré de
feindre conforme à notre maniéré de concevoir •
& tout ce que l’efprit humain peut concevoir, iî
peut le croire, pourvu qu’il y foit amené.
Tant que le pocte ne fait que nous rappeller ce
que nous avons vu au dehors, ou éprouvé au dedans
de nous-mêmes, la reffemblance fuffit à l’il-
lufion ; & comme nous voyons dans la feinte l’image
de la réalité, le pocte n’a befoin d’aucun artifice
pour gagner notre confiance. .Mais que la fi-
£Iion nous préfente un événement qui n’ait point
d’exemple, un compofé qui n’ait point de modèle;
comme la reffemblance n’y eft pas, nous y cherchons
la vérité idéale, Ôc c’eft alors que le poète
eiï obligé d’employer tout fon art pour donner au
menfonge les couleurs de la vérité. Nous favons
qu’il feint, nous devons l’oublier, & fi nous nous
en fouvenons, le charme efl détruit & l’illufion
V R A
ceffe. Dove manca la f c ji . non pno abhondaro tafTa
to , i d piaare di quel che f i leggt o s'afcolta. '
_ n y a dans notre maniéré de concevoir une vente
(liredle & une vérité réfléchie; l’nne & l’autre
ell de ientunent, de perception ou d'opinion.
La vérité de fentiment eft l'e.vpérience intime de
ce c|ui le pafle au dedans de nous mêmes & par
refcx.on de ce qui doit le paffer en général dans 1 clitrit & dans le cceur de l’homme. C e ll à ce modelé
fans ceffe préfent, qu’on rapporte la liaion
dans la poelie dramatique. Nous l'ommes tels ■ c’eft
la venté direae. Nous l'entons qu’il eft de la nature
de 1 homme d ctre modifié de telle ou de telle façon
, par telle ou telle caille, dans telle ou telle
circonltance ; que dans notre compofé moral, telles
qua lies , tels accidens s’accordent & fe concilient
tandis que tels le combattent (k s’excluent mutuel-
lenient: c ell la venté réfléchie.
Mais comment fe peut il que la vérité de fentiment
Ion la meme dans tous les hommes ? C’eft one
dans tous les hommes le fond du naturel fe refl'ein
ble , & qu’on y revient quand on veut, qiielqiie- 015 meme fans le vouloir. Chacun de nous a , comme
le pocle , la taculie de le meure à la place de fon
embhible & 1 on s y met réellement tant que dure
lillulion On pente, on agit, on s’exprime avec lui
comme fl Ion cto.t hii.même ; & felon qu’il luit nos
preirentiraens ou qu’il s’en écarte, la fiction qui
nous le prefente eft plus ou moins vraifeinblable à
nos yeux.
Ces preftentimens, qui nous annoncent les moii-
vemens de la nature, ne font pas afl'ez dccififs
pour nous oter le plaifir de la fnrprife : il arrive
meme alfez louvent que le poète nous jette dans
lirrcloliition, pour nous en tirer par un trait qui
nous elonne S i qui nous loulage ; mais fans être
decides a luivre telle ou telle route, noos diftin-
gnons très-bien fi celle que tient le jjoèie eft la
même que la nature eût prile, ou dû prendre en fe
décidant.
Ne vous êtes-vous jamais ap|3erçu de la docilité
avec laquelle votre ame obéit aux mouvemens de
celle d’Ariane ou de Mérope , cTürofmane ou de
Brutus? C’eft que durant l’illufion votre ame & la
leur n’er. font qu’une; ce font comme deux infiru-
mens orgamfes de même & accordes à l’unifibn.
Mais fl I ame du pocte ne s’elt pas montée au ton
de la nature, le perfonnage auquel il a communique
fes (em.mens & fon langage, n’eft plus dans
la vente de fa fituation S i de fon caraftere ; S i vous
qiit vous mettez à fa place mieux que n’a fait là
poete, vous netes plus d’accord avec lui. Voilà
dans quel fens on doit entendre ce que dit le Taffc*
non è , e quel che non è non f i pub imicare. Mais
fi S ell quelquefois lui-même éloigné de ce principe '
je i ai obfervc à propos de Tancrede fur le tombLii
de Clonncle; je 1 obferve encore dans le lanoaae
que tient Renaud fur les genoux d’Armide. Rien de
plus naturel, de plus beau que ce qu’on voit dans
* " " "
Qua{ ragglo In onda , le fcentiUa un rlfo ,
Nigh umidi occhi, tremulo t lajavo.
Sovra lui pende : ed ei nel grembo molle
Le pofa il capo ; il yolto al volto attoUe.
^Cela eft divin; mais vous n’allez pUisiroiiver la
meme venté dans ces froides hyperboles: ^
Aozz pub fpecchio ritrar f i dolce irmnago,
Ne in picchiol vetro è un parodifo accolto,
Specchio dè degno il cielo ; e neÙe jhlU
Fuoi riguardar le ÿte fembianie belle.
V R A V R A 997 Avouez qu’il la place de Renaud ce n’eft point
là ce que vous auriez dit.
La vraifemblance dans les chofes de fentiment
n’eft donc que l’accord parfait du génie du pocte
avec l’ame du Ipeélaceur. Si la direilion que l'une
donne à la nature, décline de celle que l’autre fent
qu’elle eût voulu lliivre, & s’il en prefté ou ralentit
mal à propos les mouvemens, l’ame du fpe-
élateur fans cefte contrariée, & laffe enfin de céder,
fe rebute; de là vient qu’avec des qualités intéref-
fantes & des fitiiations pathétiques, un caraclerc
inégal & dilcordant ne nous attache point.
La vérité de perception cil la réininifcence des
impreftions faites fur les fens, & par réflexion, la
connoiffance des chofes lenfîbles, de leurs qualités
communes, de leurs propriétés diftinêlives, de leurs
rapports en général, loit entr’elles , foit avec nous-
mêmes. En nous repliant fur cette foule d’idées qui
nous viennent par toutes les voies, nous nous
fommes fait un plan des procédés de la nature dans
l’ordre phyfiqiic : ce plan eft le modelé auquel
nous rapportons le compofé fiêlif que la poéfie
nous préfente ; & fi elle opéré comme il nous fem-
ble qu’eût opéré la nature , elle fera dans la vérité.
La vérité , foit qu’elle ait pour objet l’èxiflence
ou I’aftion , ne peut rouler que fur des rapports de
convenance & de proportion, de la caufe avec l’effe
t , des parties Tune avec l’autre, & de chacune
avec le tout. Si donc les clémens d’un compofé phy-
fique , individuel ou colleêlif, font faits pour être
mis enfemble, & fuivent dans leur union les loix
& le plan de la nature, l’idée de ce compofé a fa
vérité dans îa cohéfion de fes parties & dans leur
mutuel accord. De même fi les rapports d’une
caufe avec fon effet, font naturels & lénfibles , l’idée
de l’aêlion portera fa vérité en elle-même. II eft
donc bien aifé de voir dans le phyfique ce qui eft
fondé fur la vraifemblance, & par conféquent ce qui
ne l’eft pas.
L’opinion fur les faits eft tantôt ferieufe & de
pleine croyance, tantôt reçue à plaifir & de limple
aclhcfion ; mais quelque foible que foit le confente-
jrient qu on y donne, il fufnr à l’illufion du moment.
Un menfonge connu pour mais tranfmis , reçu
d age en age , eft dans la clafle des faits authenu-
ques; on le paffe fans examen. A plus forte rriifon
fi les faits font folemnellement attelles par l’hi-
Roire , ne laiflent - ils pas à l’efprlt la liberté du
doute ; & lé poète, pour les fuppofer, n’a pas befoin
de les rendre croyables ; qu’ils foient d’accord
avec l’opinion, cela fuffit à leur vraifemblance.
Mais diftlnguons, i®. l’opinion d’avec la vérité
hiftorique ; 2°. les faits compris dans le tiffii du
poeme d’avec les faits fiippofés au dehors.« Je ne
M craindrai pas d’avancer, dit Corneille, à propos
du lacrifice qu’a fait Léontine en livrant fon fils à
la mort, « que le fiijet d’une belle tragédie doit
j> n’être pas vraifemblable ». Et il fe fonde fur le
précepte d’Ariftote , « de ne pas prendre pour fujet
un ennemi qui tue fon ennemi, mais un pere
» qui tue fon fils, une femme fon mari, un frore
y> fa foeur, &c. ce qui n’étant jamais vraifemblable,
» ajoute Corneille , doit avoir l’autoritc de i’hi-
» floire ou de l’opinion commune ».
J’ai fait mes preuves de refpecl pour ce grand
homme; j’oferai donc ici fans détour, n’être pas de
fon fentiment.
Je fuis loin de penfer que les fujets propofés par
Ariftote foient tous dénués de vraifemblance: il eft
irès-fimple très naturel qu’un fils tue fon pere ,
comme^CEdipe, ians le connoître, ou qu’une mere
foit prête à immoler ion fils, comme Mérope, en
croyant le venger ; & quand ces faits n’auroient
en eux-mêmes aucune apparence de vérité, pris
dans les familles les plusiliuftres de la G rèce, ils
avoientfans doute pour eux la célébrité, l’opinion
publique; or pour les faits que l’on fuppofe dan.s
lavant-fcene c.xtra fihulam , l’opinion tient lieu de
vraifemblance. Mais en voyant fur le théâtre les
fujets de Polieufte, de Rodogune & d'HéracIius,
perfonne ne lait ni ne veut favoir ce qui en eft pris
dans 1 hiftoire; elle eft donc comme un témoin muet.
En vain Baronius fait mention du facrijîce de Léontine;
on ne lit point Baronius, Ôc fon témoignage
n’eût fervi de rien, fi l’aélion de Léontine ifiavoit:
pas eu (a vraifemblance en elle-même, c’eft-à-dire
un jufte rapport avec l’idée que nous avons de ce
que peut une femme aufti fiere, aufti ferme, auffi
courageufe, dévouée à fon empereur.
Je dis puis; de quelque manière que les fait.s
foient fondés, rien ne les difpenfe d’etre vraifem-
blables dès qu’ils font employés dans l’intérieur de
l’aêlion , & nous n’y ajoutons foi qu’autant que
nous les voyons arriver comme dans la nature,
c’eft-à-dire lelon l’idée que nous avons des moyens
qu’elle emploie , & de l’ordre qu’elle fuit, lies autan
ipfa ita deducenda , difponendaque fun t, ut quant
proximb accédant ad veritatem. (Scaiig. )
Cependant la chaîne des caufes & des effets n’eft:
pas fi conftamment vifible, & le cercle des facultés
de la nature n’eft pas fi marqué, que le vrai connu
foit la limite du vrai poffible, & c’eft par une ex-
tenfion de nos idées que la poéfie s’élève du familier
à l’extraordinaire ou au merveilleux naturel.
Dans la nature, tout eftfimple & facile pour elle^
& tout devroit être merveilleux pour nous. Un
homme fenfé ne peut réfléchir fans étonnement, ni
à ce qui lui vient du dehors, ni à ce qui fe paffe au-
dedans de lui-même. L’organifation d’un brin d’herbe
eft auffi prodlgieufe que la formation du folcil ; le
mouvement qui paffe d’un grain de fable à l’autre ,
eft aufti myftérieux que la propagation de la lumière,
& que l’harmonie des fpheres céleftes; mais l’habitude
nous rend l’incompréhenfible même fi familier,
qu’à la fin il nous paroît commun. « Au bout d’un an,
» le monde a joué fon jeu , il n’y fait plus rien que
» de recommencer (Montagne )». Voilà du moins
ce qui nous enfemble ; nous croyons retrouver tous
les ans le même tableau, & les variétés infinies qu’il
étalé y font diftrlbuées avec une harmonie fi con-
Aante, une fi parfaite v\mté de deffein , que la nature
s y fait voir toiij'ours femblable à e ’Ae-mêmc.
Mais fi dans la fiêlion du poète, Ja nature s’éloignant
de fes fentiers battus, produit un compofé
moral ou phyfique d’une fingularité qui reffembleau
prodige, l’étonnement nous porte à l’incrédulité
& c’eit-là qu’il eft difficile de ménager la vraifeni-
blance.
Si la feinte paffe les moyens & les facultés que
nous attribuons à la nature, fi elle emploie d’autres
refforts, d’autres mobiles que les fiens; fi, au
lieu de la chaîne qui lie les événemens, de la loi
qui les difpofe , elle établit des intelligences pour y
préfider, & des caufes libres pour les produire , ce
nouvel ordre de chofes nous étonne encore davantage
; mais l’opinion l’aurorife, & il eft moins in-
vraifemblable que le merveilleux naturel.
Pour nous faire imaginer la nature appliquée à
former un prodige, il faut d’abord que l’objet en
foit digne à nos yeux, par l’importance que nous y
attachons ; & de plus, que les moyens que la nature
a mis en oeuvre nous l'oient inconnus ou cachés
comme les cordes d’une machine : dès que nous les
appercevons, l’illulion fe diffipe, & au lieu d’un
fpeêlacle étonnant, ce n’eft plus qu’un fait ordinaire.
La nature, aux yeux de la raifon, n’eft jamais plus
étonnante que dans les petits objets : in arcîurn
coacîarerurnnaturct majefias (Pline l’ancien), je le