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672 R O M machines Sc d'inflrnmens tels qu’on en emploie ti
i’attaque & à la clclenle des places.
Les Romai/is tsn o ien t pour maximes générales,
que plus leurs Ibldats avoient fait de fervice dans les
camps de province , &c plus ils avoienr pris de peine
à les exercer, moins ils couroient de danger en
campagne.
Qu’il ne falloir jamais mener des foldats au combat
qu’on ne les eut éprouves.
Qu’il valoit mieux réduire l ’ennemi par la faim,
par des rufes, par la terreur, que par des batailles ,
oil la fortune a fouvent plus de part que la valeur.
Qu'il n’y avoit pas de meilleurs delTeins, que
ceux qui éloient ignorés de l’ennemi avant leur exécution.
Que l’occafion à la guerre faifoit ordinairement
plus que la valeur.
Que l’on gagnoit beaucoup à débaucher les foldats
de l’ennemi, 6c à les recevoir lorfqii’ils fe li-
vroient de bonne-foi, parce que les transfuges lui
font plus de tort que ceux qu’on leur tue.
Qu’il vaut mieux avoir plus de corps de réferve
derrière l’armée , que de trop étendre fon front de
bataille.
Que le terrein fait fouvent plus que la valeur.
Que peu de gens naiffent braves, 6c que beaucoup
le deviennent par la force d’une bonne inüi-
tution.
Qu’une armée fe fortifie par le travail, & s’énerve
par l’oifiveté.
Que la nouveauté ctonnoit, & que les chofes
communes ne failoienr plus d’impreflîon.
Que celui qui pourfulvoit l’ennemi avec des
troupes débandées, vouloit lui céder la viéfoire.
Que qui ne faifoit pas provifion de bled & de
vivres néceflaires, étoit vaincu fans coup férir.
Ils choilifibienr pour foldats les gens de la campagne,
préférablement à ceux des villes. Ils avoient
iur-iout égard à la taille , & ne prenoient que des
hommes de 5 pieds 5 pouces 3 lignes, ou de 3 pieds
3 pouces 7 lignes. Ils vouloient que le nouveau
ioldat eût les yeux vifs , la tête élevée , la poitrine
large , les épaules fournies , les bras longs, le ventre
petit, la taille dégagée ,1a jambe & le pied moins
charnus que nerveux. Ils cherchoient même , autant
qu’ils pouvoient , la naUTancc & les moeurs
dans la jeunefié à qui ils confioient la defenfe des
provinces & la fortune des armées, & il n’efi par
conféquent pas étonnant qu’avec de tels principes
ils foient venus à bout de donner la loi à tout
l’univers.
Liv tidcVinfan tirU .Y)zTiî, la memefaifon de l’année
qu’on élifoit les confuls, les Romains élifoient les
tribuns militaires ; lavoir, quatorze parmi les chevaliers
( (qu ilts') qui avoient fervi cinq ans dans les
armées , 6c dix parmi les citoyens qui avoient fait
dix campagnes ; ils appelloient les premiers Tribuni
ju n io r e s , 6c les féconds bVriwrey.
Les confuls étant convenus d’une levée, ainfi
que cela fe pratiqiioit tous les ans dans le tems de
la république, ils publioient un édit qui enjoignoit
û tous ceux qui avoient dix-fept ans de fe rendre au
Capitole ou dans la cour du capitole, qui pafibit ce
jour-là pour l’endroit le plus facré & lepkisaiigiifte.
Le peuple étant alîemblé , & les confuls ayant pris
leurs places , ils difpofoient les vingt-quatre tribuns
felon le nombre des légions qu’on vouloir lever, qui
étoit ordinairement de quatre. Ün plaçoit les jeunes
tribuns dans les premieres légions, trois dans la
fécondé , quatre dans la troifieme, 6c quatre dans
la premiere. Quant aux anciens tribuns, on en plaçoit
deux dans la premiere & la troifieme légion ,
bi trois dans la fécondé 6c dans la quatrième. On
appelloit enfuite chaque tribu fcloa fon tour, 6c on
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leur ordonnoit de fe divifer par centuries, & on
choifiHüit dans celles-ci les foldats felon leur état
leur dalle. Ün avoit pour cet effet des tables l'ur
lefquelles étoient inicrits leur nom, leur âge\
leur bien. Chaque centurie préfentoit quatre hommes
, parmi lefquels les premiers tribuns de la premiere
légion en choififibient un; les tribuns de la
fcconde légion un autre, ceux de la troiiieme un
troifieme , 6 i le quatrième étoit pour les tribuns de
la quatrième légion. On en tiroir enfuite quatre autres,
dont le choix appartenoit aux tribuns <Je la
fécondé légion. Ceux de la troifieme 6c de la q^3.
trieme chuififfoient les autres à leur tour, de maniéré
que les tribuns qui avoient choifi les premiers
choififfoient cette tols-ci les derniers. Cette méthode
étoit la plus uniforme &c la plus régulière qu’on put
obferver.
Les Romains avoient une fuperffition dans ces
fortes de levées ; c’etoit de ne choiiir pour premiers
foldats que ceux dont les noms leur paroiflbiem d’un
bon augure , tels que S a lv iu s , V a lt r iu s , 6cc.
Lesperfonnes dil'penfées du fervice étoient celles
qui avoient cinquante-cinq ans, celles qui exei-
çoienr quelque emploi civil ou facré , celles qui
avoient tait vingt campagnes, celles qui parleur
mérite extraordinaire avoient obtenu la permiflion
de ne plus fervir, lesperfonnes mutilées. Suetone
raconte qu’un pere coupa les pouces à deux enfans
qu’il avoit, pour les mettre hors d’état de porter les
armes. Tous les autres citoyens indiflinélement
étoient obligés de fervir , & ils étoient féverement
punis lorfqu’ils refufoient de le faire. Il y avoit même
des commifiaires prépofés pour rechercher ceux qui
manquoient à ce devoir.
Valere-Maxime nous apprend qu’il y eut un tems
oit l’on choifit les foldats au fort. Appien rapporte
que dans la guerre d’Efpagne, le fenat s’étant plaint
de quelques violences qu’on exerçoit dans la levée
des troupes, les peres ordonnèrent d’employer la •
voie du fort ; mais que cinq ans après , on revint
à l’ancienne coutume.
On négligeoit les formalités dans les occafions
extraordinaires, & l’on enrôloitindiftinélement tous
les citoyens fous le nom de miliies fu b ita r ii.
Levée d i la cavalerie. Romulus ayant établi le fé-
nat, choifit trois cens jeunes gens parmi les plus il-
lufires familles de Rome pour fervir à cheval: mais
après rétabliffement du cens par Servius Tullius,
on admit dans le corps des chevaliers tous ceux
dont le bien fe montoit à 400 fefterces , pourvu que
leur conduite 6c leurs moeurs fuflènt irréprochables.
Dans ce cas, on inferivoit leurs noms, & on leur
donnoit un cheval 6c un anneau aux dépens du public,
6c ils étoient obligés de fe préfenter à cheval
toutes les fois que l’état avoit belbin de leur fervice.
Après que les chevaliers avoient fervi pendant le
tems preferit, ils conduifoient en pompe leurs chevaux
dans le forum , 6c rendoient compte à deux
cenfeurs prépofés pour cet effet, de leur conduite
paffee, des exploits qu’ils avoient faits, &c. & on
les récompenfoit ou punlflbit felon qu’ils l’avoient
mérité.
Les affaires militaires ayant pris dans la fuite une
autre face, les chevaliers ne jugèrent plus à propos
de fervir comme ils avoient fait par !o paffé , 6c
refierent chez eux pour avoir partau gouvernement
de l’état. Ils mirent un homme à leur place, ou s’ils
fervüient, ce n’étoit qu’autant qu'on leur donnoit
quelque commandement, ou quelque polie éminent.
Les choies allèrent même fi loin , que lous
les empereurs , un chevalier avoit Ibn cheval, 00-
trenu aux dépens du public , quoiqu’il n’eût jamais
porté les armes, ce qui fut caufe qu’on le leur ôta, Ov
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6c qu’on ne leur laiffa que l’anneau , qui étoit la
marque difiinclive de leur ordre.
Serment militaire. Levée des confédérés. Les levées
faites, les tribuns de chaque légion choififfoient im
foldat à qui ils faifoignt promettre par ferment
d’obéir à Ibn général dans tout ce qu’il lui ordon-
jieroit, 6c de ne jamais quitter l’armée fans fon
confentement. Chaque foldat de la légion fe prefen-
loit enfuite à fon tour, & prononçoit tout haut ces
mots, idem in me.
Quant aux troupes confédérées, Polybe nous
apprend que dans le tems qu’on faifoit des levées à
Rome , les confuls donnoient avis aux villes alliées
d’Italie du nombre de troupes dont ils avoient be-
foin , & leur marquoient le tems 6c le lieu oit elles
dévoient fe rendre. Elles faifoient leurs levées en
conféquencc ; 6c après avoir exige le ferment des
foldats,elles leur aflignoient un commandant en ce f
& un tréforier général.
Les foldats, appelles evocati^ tenoient le premier
rang dans les troupes, on les choififfoit parmi les
alliés & les citoyens, 6c ils ne fervoient qu’à la
priere des confuls & des autres officiers; c’étoient
de vieux foldats qui avoient fervi leur tems , 6c qui
avoient reçu des rccompenfes proportionnées à
leur valeur, d’où vient qu’on les appelioit emeriti 6c
hcneficiarii ; on n’entreprenoit aucune guerre fans
les inviter à y prendre part, 6c ils alloient de pair
avec les centurions ; c’étoient eux qui gardoient le
premier étendard, 6c ils étoient difpenfés des tra-
vaux militaires. L’empereur Galba donna le môme
nom lyevocatL à un corps de jeunes gens qu’il choifit
dans l’ordre des chevaliers pour lui fervir de >’ arde.
L’infanterie romaine étoit compofée de quatre
fortes_ de troupes, favoir les veiites, les haffaires ,
les princes 6c les îriaires.
Les veiites cioicnt ordinairement des foldats de
baffe extraction , qu’on armoit à la légère ; Oxi les
appelioit ainfi, à v o la n d o o n à v c lo c ita te , de la vîteffe
avec laquelle ils exécutoient les ordres qu’on leur
donnoit ; ils ne combattoient point par corps ou par
compagnies, mais à la tête des troupes.
Les hafiaires furent ainfi appelles de la lance dont
ils fe fervoient anciennement, & qu’üs abandonnèrent
parce qu’elle leur étoit incommode; ils étoient
plus jeunes que les veiites.
Les princes étoient des foldats d’un âge moyen &
extjômementrobufles;ils furent ainfi appelles parce
qu’ils commençoient le combat, avant qu‘on eût
introduit leshailaircs dans les armées.
Les îriaires étoient des foldats vétérans qui s’é-
toient dirtingiics parleur expérience 6c leur courage ;
on les appelioit ainfi parce qu’ils formoient la iroi-
fieme ligne : on les appelle quelquefois p i la r ii , à
caufe de la/r/Va dont ils le fervoient.
Chacune de ces grandes dlvifions , excepté les
veiites, compofoit trente manipules, chacune de
deux centuries ou ordres.
Une cohorte étoit compofée de trois manipules,
une d'hafiaires, la fécondé de princes , &: la rroifie-
me de tiiaires ; la premiere , à qui l’on donnoit le
nom de premiere cohorte, étoit compofée d’officiers
6c de foldats choifis. Scipion , pendant la guerre de
Numance , créa une cohorte prétorienne, compofée
fe v o c a t i OU de foldats réformés, laquelle n’étoit
deffinée que pour fervir de garde au préteur ou général
: ce fut fur fou modèle que l’on établit les
cohortes prétoriennes qui fervoient de garde aux
empereurs.
Chaque légion étoit compofée de dix cohortes ;
Romulus fixa le nombre de foldats qui la compo-
foient à 3000, 6c l’augmenta jufqu'a 6000, après
qu il eut admis les Sabins dans Rome : il n’ètoit que
de 4000 du tems de la république ; on U fixa à
Tome l y .
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Sooo du tems de la guerre d’Annlbai ; du tems de
l’olybe la légion étoit de 4000 ou 4200 hommes.
Elle ne pafla jamais ce nombre du tems de Jules-
, lui-même de deux légions qui.
n excedoieiit pas yooo hommes.
Le nombre des légions varioit en tems de paix,
felon le tems & les occahons. Du tems de la république
on levo.t tous les ans quatre légions, dont
on partageoit le commandement à deux confuls : il
y eut cependant des occafions oit on en leva feize
i dix-hmt, comme on peut le voir dans Titc-
Live.
Augiifîe entretint vingt-trois légions fur pied ,
mais on les rcduifit dans la fuite à un moindre
nombre. •
On les nommoit premiere , fécondé , troifieme, félon
1 ordre clans lequel on les avoit levées ; mais comme
U s en troiivoit fouvent plufieurs de premieres ou de
fécondes, on les diftingiia par le nom des empereurs
qui les avoient Augiifia , Claudiana ,
Galbiana . F la v ia^ U lp ia , T ra ja n a , Auran in a , oil
par celui des provinces qu’elles avoient conquifes
P a n h ic a ^ S c y th ic a , G a l lk a , A r a b ic a , 6 c i
on leur donna encore les noms des divinités particulières
pour lefquelles leurs commandans avoient
de la veneration , comme Minervia 6c A po llin ares :
ou celui de la région où elles avoient leurs quartiers,
comme crelenfis , cyrenaica , britannica , 6c enfin
d autres noms a 1 occafion de quelques accidens qui
leur étoient arrivés , comme a d ju tr ix , fulrninaria ,
r a p a x , &c. ’
^ p iv i f io n de U cavalerie & des alliés. Chaque
légion contenoit trois cens hommes de cavalerie ,
divifés en dix turmes , de trente hommes, dont
chacune formoit trois décuries ou corps de di.x
hommes.
Ce nombre de trois cens étoit ce qu’ils appelloient
ju j fu s equiiatiLs ; 6c c’efi dans ce feus qu’on doit l’entendre,
lorfqu’on trouve ces cxpreffions, legio cum
f u o equitatu, ou legio cnm ju f io equiiatu : ce nombre
n’eff que de deux cens dans un pafiàge ou deux de
Titc-Live 6c de Cefar; mais cela provient de quelque
caufe extraordinaire.
Les troupes étrangères, fous lefquelles on doit
comprendre les alliés 6c les auxiliaires, étoient di-
viféesendeiix grands corps, appelles alcz ou cor^
n u a , 6c celles-ci en compagnies de meme nature
que celles des Romains.
On obfervcra encore que les forces que les R o -
mains empruntoient des états confédérés, égaloienc
leur infanterie , & étoient le double de leur cavalerie
, mais qu’ils les partageoienc de maniéré à n’en
avoir rien à craindre ; ils fépavoient ia troifieme parue
de la cavalerie étrangère , & la cinquième de
l'infanterie du corps de l’armce , fous le nom d 'e x traordinaires
, parmi lefquels ils choififfoient un corps
qu’ils appelloient abUcli.
Les empereurs donnèrent aux troupes auxiliaires
le nom 6c la forme des légions , mais elles confèrve-
rent prcfque toujours celui d 'a ile s , à caufe de la
place qu’elles occiipoient dans les armées. Foy er
pour les officiers des troupes romaines les mots
Cen tu r io n , T r ib u n , 6-^.
Forme 6' divifion d 'u n camp Romain. P'oye^ la
planche H i d e la Taclique des Romains (^Art militaire )
dans ce Suppl. Les Romains apportoient l’attention
la plus fcrupuleule dans la formation de leurs camps,
& elle alloit fi loin, que Philippe de Macédoine 6c
Pyrrhus furent iùrpris de leur force 6c de l’ordre
qui y regnoit.
Ils avoient deux fortes de camps , ceux d’été
( ca f lr a a f iiv a ) , & ceux d’hiver ( h ib e rn a ); les
premiers étoient légers 6c mobiles, do manière qu’on
pouvoit les conflruire 6c les enlever dans une nuit
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