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■ Richard meurt; Jean-ians-Terre fait jetter dans nn
cachot Artus l'on neveti, qui avoir des droits fur la
couronne ; le jeune prince périt; Jean, qui s’étoit
emparé du royaume d’Angleterre, elf cité à la cour
des pairs de France : il ne comparoît point ; fes biens
font confifqués, la Normandie eft réunie à la couronne
; le Maine eft conquis , la Touraine le iou-
■ met, & les habitans du Poitou impatiens de lécouer
le joug Anglois, reçoivent Philippe avec des acclamations
de joie : ce fut l’an iioz que ces provinces
changèrent de maître.
Philippe fut alTez fage pour ne pas s’engager clans
la quatrième croifade, qui fut publiée en 1204; mais
il fut alTez imprudent pour autorifer celle qui fe pré-
paroit contre les Albigeois. Ce fut dans cette guerre
que les Chrétiens montrèrent qu’ils font plus acharnés
ébhtre eux-mêmes que contre leurs ennemis;
jamais les Sarrafins n’efliiyerent autant de maux que
les malheureux hérétiques du Languedoc.
Cependant les Anglois font, en 1213 , une irruption
dans la Flandre -, Philippe y court, & brûle leur
flotte. L’empereur Othon IV fe ligue avec l’Angleterre
, & paroît à la tête d’une armée de deux cens
mille hommes ; on en vient aux mains près de Bouvines.
On prétend qu’avant le combat Philippe dit
aux foldats : « François, voilà ma couronne ; s’il en
»> eft un parmi vous plus digne que moi de la por-
»» ter, qu'il fe montre, je la lui mets lur la icre ;
» mais fl vous me croyez digne de vous comman-
» der, fongez qu’il y va aujourd’hui du (alut 6c de
» l’honneur de la France ». Philippe fit éclater tout
le génie d’un général, tout le courage d’un foldat :
renverlé fous les pieds des chevaux, il le releva plus
terrible , & gagna la bataille.
Jean venoit d’être détrôné en Angleterre ; Louis,
fils de Philippe y fut appelle ; mais cette révolution
pafiagere ne lui offrit la couronne que pour la lui
ravir aufiî-rôt.
La cour de Rome pria P h ilip p e à lz ]o n \s r à fes domaines
tout ce qu’on avoir conquis lur Raimond ,
comte de Toiiloule, & fur les Albigeois ; le roi mé-
prifales dons despapes comme i! avoit méprifé leurs
foudres. Ce prince mourut le 15 juillet 1223, â<’é
de 59 ans. Si l’on n’envifage en lui que les qualités
guerrières, c’efi un des plus grands hommes qui aient
gouverné la France ; il conquit la Normandie, l’Anjou
, le Maine, la Touraine , le Poitou, l’Auvergne,
le Vermandois, l’Artois, & c .. . . Infatigable dans
les travaux de la guerre, fans luxe dans l'es camps ,
fans mollell'e dans la tente, fage & calme avant le
combat, terrible dans la mêlée, doux après la victoire,
il avoit toutes les qualités que l’on appelle héroïques.
Il avoit coutume de dire qu’il ne tenoit fa
couronne que de Dieu 6c de fon épée. Ce fut d’après
ce principe qu’il lutta contre l’ambition de la
cour de Rome avec une fagefl'e que l’on trait oit alors
d’audace 6c même d’impiété ; mais on lui reprochera
toujours une croil'ade inutile, les Juifs Injuftement
chafiés 6c dépouillés, fes éternels démêlés avec l’Angleterre
, où l’on apperçoiî autant de jaloulie contre
Henri & Richard que de zele pour la defenfe & la
Iplendeur de l’ctat.
Philippe ni,lui'nommé le Hardi, naquit en 124^,
époufalfabelle d’Aragon en 1262,6c fuivit S. Louis,
Ion pere, dans la derniere croilade en Afrique. Ce
prince étant mort en 1270 fous les murs de Tunis,
Philippe l î l fut proclamé par route l’année : c’étoit
moins un camp qu’un hôpital ou plutôtun cimetiere;
la pelle avoit enlevé des miljiers de Ibldats, le rdle
languiffoit. Les Sarrafins étoient devenus agreffeiirs ;
Icurmulfitude fembioit devoir accabler les François.
Philippe ménvd lefurnom de Hardi par l’audace avec
laquelle il les repouffa ; il conclut avec eux une treve
de dix ans, 6c revint en France, où il fut facré en
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i 271 ; il y trouva quelques révoltes que l’abfcncè du
maître avoit favorifees, & les calma fans violence,
La guerre qu’il déclara à Alphonfe, roi de Caffille ,
parce que ce prince avoit dépouillé de leurs droits
les enfans de Blanche, l'oeur de Philippe^ ne fut pas
plus tunelle ; elle fut bientôt terminée. Philippe eut
la foibleffedele laillergouverner parla Biolfe,fon
favori; mais il eut le courage de le faire pendre ,
Iqrfque ce vilcalomniaieiiraccufa Marie de Brabant,
leconde femme du roi, d’avoir empoifonné Louis,
l’im de fes enfans du premier lit. Ce prince mourut
en 1285, dans la quarantième année de fon âge. La
gloire de fon régné fut entièrement effacée par celui
qui l’avoir précédé ; il eiit paru grand peut-être s’il
avoit remplacé un prince foible ou méchant : mais
c’étoit beaucoup en fuccedant à Louis IX de ne pas
fe montrer indigne d’un tel pere. Ce fut fous fon
régné que Pierre, roi d’Aragon, fit égorger tous
les François qui étoient en Sicile , époque qui n’eft
que trop connue fous le nom de vêpres Siciliennes.
P h il ippe IV, furnommé le Bel, fils dcfucceffeur
de Philippe III; il parvint à la couronne en 1285 ; il
polîédoit déjà celle de Navarre, Jeanne, fon epoufe,
la lui avoit apportée pour dot. Charles de Valois,
roi de Sicile, étoit dans les fers, Jacques, frere
d’Alphonfe, roi d’Aragon, l’y retenoic. Philippe
obtint la liberté ; mais à peine échappé de fa prifon,
Charles alla mettre l’Lalie en feu , 6c reprit fes prétentions
auxquelles il avoit renoncé.
Cependant une infulte faite par lesAnglois à quel-’
ques vaiffeaux Normands, excite une querelle fé-
rieiile ; l’Angleterre 6c l’Empire fe liguent contre la
France: Edouard cil cité à la cour des pairs, comme
vaffal de la couronne : il ne comparoît point ; on
le déclare convaincu de félonie, 6c fon duché de
Guyenne ell confifqué. Philippe y envoie des princes
de fon fang à la tête d’une armée; pour lui il pénétré
dans la Flandre , & fe faifit de la perfonne du comte
Guy, fanatique partifan du roi d’Angleterre. Edouard
demanda la paix; on négocia ; le pape Boniface VIII
voulut dans cette querelle jouer le rôle d’arbitre des
rois; fa bulle fut déchirée en France; Philippe fut
excommunié, mais il brava les foudres de Rome,
6c fut en lancer de plus réelles. De plus grands intérêts
affoupirent ce différend pour quelque tems ; la
guerre continuoit entre l’Angleterre 6c la France;
on fe menaçoit en Champagne, on l'e battoir en
Guyenne ; une treve fufpendit les hoftilités, & l’on
convint, en 1297, que Marguerite , feeur de Philippe,
épouferoit Edouard I, qii’ïfabelle de France s’uni-
roit à Edouard, héritier préfomptif de la couronne
d’Angleterre, 6c que cette princeffe lui apporteroit
pour dot la Guyenne, dont fon époux devoir rendre
hommage au roi de France.
Philippe avoit détendu aux feigneurs de prendre
les armes contre eux-mêmes tant quilles auroit à la
main contre l’Angleterre. Puifqu’il avoit affez d’autorité
pour aflbupir ces guerres privées pendant quelques
années, que ne les éteignoit-il pour toujours ?
Ces petits combats niinoient lentement l’édifice de
l’état: ce n’étoient que des efcarmouches ; mais
elles étoient fifréqueutes, qu’en livrant une bataille
chaque année, on auroit perdu moins de fang, 6c
caufé moins de ravages.
Cependant en Flandres toutes les garnifons fran-
çoifes font maffacrées. L’an 1302 , un tifferand à la
tête d’un ramas de payfans, taille en pièces une armée
de cinquante mille françois qui dédaignoient de
fe tenir en garde contre cette troupe indifciplinéc.
D’un autre côté , Boniface VIII ne pardonnoit pas
à Philippe de n’avoir pas voulu partager avec lui les
décimes levées fur le clergé de France ; i! l’excommunia
, 6c jetia fur le royaume un interdit général.
Philippe envoya Nogarei en Italie, fidele miniffre de
la
P H I h vengcancedefonmaître, cet officier fe faifit de la
perfonne du pontife: la mort de Boniface qui arriva
peu de teins après, prévint les fuites de cette aff.iire.
Il relloit encore k Philippe un dffronî à venger,
c’étoit la défaire de Courtrai. Il entra en Flandres à
]a tête d’une armée, & prélenta la bataille aux Flamands
près de Mons-en-Puelle. Ce prince fit des prodiges
de bravoure, & demeura maître du champ de
Laraiüe, 4e 18 août 1304. A fon retour, il attaqua
des ennemis plus difficiles à vaincre que lesFlamands,
c’etoient les préjugés de fon fieclc : il tenta d’abolir
cct ufage atroce de prendre la bravoure ou l’adrefle
pour juge de toutes les conteflations; mais malgré
cette fage ordonnance, le diielfe reiiouvella encore.
L’ordre des Templiers étoit parvenu à un degré
de puilfance qui exciroit la jaloufie de tous les corps
de l’état. Il feroit difficile de prononcer d’une maniéré
déclfive fur les motifs qui déterminèrent Philippe
a en 1312 , à anéantir cet ordre. Des aceufations
ridicules furent le prétexte de cette perfécution,
peu s’en faut, auffi affreulé que le fut depuis le maf
iacre de la faint Barthelemi. On reproche encore à
Philippe d’avoir altéré la monnoie ; on l’appelioit à
Rome /i/wAT monnoyeiir. Ces fautes ne font point allez
réparées par les loix qu’il établit contre le luxe, &
par les titres de nobleffe qu’il accorda aux françois
qui avoienr bien fervi i’etat. Il mourut le 20 novembre
J3 14. Ce prince avoit de grandes qualités; mais
îl étoit facile à féduire, opiniâtre dans fon erreur,
ïm[>lacable dans fes vengeances, & il fit tant de mal
qu’on ofe à peine le louer du bien qu’il a fait.
P h i l i p p e V, furnommé U L o n g , étoit frere de
Louis X, 6l lui fuccéda l’an 1316. Un parti confidé-
rable voulut, au mépris de la loi falique , placer fur
le trône Jeanne, fille de Louis : mais Philip p e triompha
de cette faétion : il avoit époul'é Jeanne , fille &
héritière d’Othon , comte de Bourgogne , 6c de
Mahaud, comteffe d’Artois. Robert d'Artois préten-
doit encore à ce comté ; il fut déclaré déchu de fes
prétentions , 6c prit en vain les armes pour les fou-
tenir ; les Flamands ne tardèrent pas à lever l’étendard
de la révolte qu’ils avoient tant de fois arboré ;
la paix fut l’ouvrage de la cour de Rome ; elle fut
conclue le 2 juin 1320. Cette guerre, qui avoit
dure feize années, avoit fait couler beaucoup de
fang fans rendre ni les Flamands plus libres, ni les
rois de France plus puiffans. Un des projets de P h i-
lip p e -U -L on g , étoit d’établir dans toute l’étendue du
royaume, une même monnoie, un même poids, une
meme mefure. Peut-être le fuccès de cetre opération
lui auroit-il fait fentir auffi la néceffité de don-
ner un même code à toutes nos provinces. Mais la
mort le prévint avant qu’il eût même achevé la première
entreprife. Elle l’enleva le 3 janvier 1322 à
l’âge de 28 ans. Ce prince donnoit les plus belles
elpérances. Sa modération ell d’autant plus fubliine,
qu’il étoit né vil 6c impétueux. Les coui til'ans l’exci-
toient un jour à châtier l’archevêque de Paris, prélat
inquiet, ennemi fecret de fon maître. « Ilell beau,
» répondit Philippe, de pouvoir fe venger 6c de ne
» le pas faire ».
P h i l i p p e \I, ( d e \ a l o i s ) roi de France.
Charles-lc-bcl étoit mort fans enfans mâles en i 328.
Philippe-de-Valois étoit fils de Charles, frere de Phi-
Edouard IH , roi d'Angleterre étoit, par
la mere Ifabellc,.petit-fils du même Philippe-le-BeL
Si les femmes avoient pu fuccéder à la couronne de
France, elle lui auroit appartenu; mais la loi étoit
pofitive ; Philippe-de-Valois étoit l’héritier du trône,
tdoiiard crut que quelques viéloires lui tiendroient
lieu des droits qii’jl n’avoit pas, il prit les armes 6c
Vint difputer la couronne à Philippe. Celui-ci fe mon-
tia digne de régner, par un adle d’équité bien rare,
li rendit à Jeanne, fille de Louis-le-Hmin, le royau-
i orne IV,
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me de Navarre, dont, fous le nom de tuteurs, Plff-
lippe IV 6c Charles IV s’cioient emparés. Au lieu
de raffembter fes forces contre l’Angleterre qui
exerçoit déjà les Tiennes, Philippe, moins attentif à
fes intérêts qu’à ceux de les vailàux, alla fouinettre
les Flamands qui s’étoient révoltés contre Louis leur
comte. U s’avança jui'qu’à Mont-caffcl, les rebelles
vinrent fondre lur Ion camp , & y portèrent le dé-
fordre. La bravoure du roi rétablit le combat, l’iffue
en fut glorieule pour les François, le champ de bataille
leur demeura, & toute la Flandre fe fournit; mais
il falloir rélcrver tant de bravoure & de bonheur
pour la journée deCveci. « Mon coufin, dit
» au comte, fi vous aviez gouverné plus fa-’ement
» je n’aurois pas été forcé de réjiandre tant'^de fang
» pour rétablir votre autorité : longez à l’avenir que
» I1 le devoir du fujet ell la foumifiîon, celui du
» fouverain ell la jufiiee ». Philippe avoit achevé
d’épuifer, dans cette guerre, fes finances 6c fes forces
; Edouard augmentoit les fiennes par tous les fe-
cours que lui envoyoient l’empereur, le comte de
Hainaut & d’autres princes. La guerre fut bientôt
allumée. Edouard paffa la mer 6c ravagea la Flandre.
Cependant en 1329 il avoit rendu au roi un
hommage-lige , comme duc d’Aquitaine. Mais les
rois ne craignoient pas de laiffer entrevoir des con-
tradiélions dans leur conduite. Ce qu’il y a d’inconcevable,
c’ellquc dans la trille fituation. où la France
6c le roi fe trouvoient, Philippe fongeoit à aller attaquer
les Sarrafins, au lieu de fe défendre contre les
Anglois. Heureufement cette croifade, projeitée par
Philippe & par le pape, ne trouva d’autres pariifans
qu’eux-mêmes.
Tandis que le roi méditoit des conquêtes en Afie,
Edouard en failoit en Flandre ; mais les troubles
d'Ecoffe le forcèrent à repaffer en Angleterre. A la
faveur de la difeorde qui régnoit entre la cour de
Paris 6c celle de Londres , Jean IV , comte de Mont-
fort, avoit ulurpé le duché de Bretagne fur Jeanne
époufe de Charles , comte de Blois , 6c niece de
Jean III. Jean IV avoit rendu hommage de ce duché
à Edouard ; il fallut porter la guerre en Bretagne ;
Philippe la fit avec luccès. Mais les viêloires qu’il
remportoit fur fes fujets, étoient autant de pertes
réelles; Montfort fut pris 6c mourut dans les fers.
Philippe,\'dn 1343 ,conclut avec Edouard une treve
dont ce prince profita pour faire des préparatifs de
guerre. Ün reprit les armes en 1346. On en vint aujt
mains près de Crcci ; les Anglois fe lèrvirent avec
avantage de leur artillerie, invention nouvelle dont
les François ne faifoient point encore ufage ; ceux-ci
furent entièrement défaits : Edouard affiégea Calais,
on connoît la genéreufe réfillancedes habitans; l’emportement
d’Edouard , le dévouement héroïque
d’Euftache 6c de fes compagnons, enfin la prife de
la ville. Toute la France fut Indignée de ce que Philippe
n’avoit point fecoiiru ces braves affiégés; pour
prix de leur fidélité, il leur donna tous les offices
qui viendroienf à vaquer, loit à fa nomination, foit
à celle de fes enfans, julqu’A ce qu’ils fuffent dédommagés
de leurs pertes.
Pour comble de malheurs, une pelle affreufe rava»
gea l’Europe. On crut appailér le ciel par de macérations.
Tandis que l’épidcmie détruifoic l’efpece humaine,
la feéle des Flagellans la déshonoroir. Avec
quelques coups de difcipline on croyoic guérir des
maux incurables, & effacer les plus grands crimes.
Ces pénitens devenus voleurs, furenr un fléau plus
terrible que la pelle qui les avoit fait naître. Il fallut
toute l'autorité des pontifes 6c des rois pour répri*
mer leurs excès.
Si les armes de Philippe étoient malheureufes au
nord de la France, fa politique étoit heureule au
midi. Hurabertll, prince de lamaifon delaTour-
Tt