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aut alceratum cnm fercretur , aut prefertirri J î pulvere
carhunculi fucric coniaminaium. Tune enim panes
plantnlce viciantur & gerrninaiionc facta lanquefeit
girminatio debilis prodicqiie fpicam inficlam ulcéré
quod partes generationh corrodit 6' corrumpit. Prirnd
aictcrn erupùone culmorum agnofeitur morbus , ex quo
apparet in radice feu potius in femine caufam ineffe ;
cura ergo preferiim conjifit in eUüione feminum , &C.
&c. Voye'^ p. Sâ , 3 / , ikc.
J’en ai auflî parlé fort au long dans le Traité de la
Mouture économique, & dans ma Dijfertation fur
l'ergot, oii je rapporte le fentiment de M. Lenoir ,
qui atcribiioit, comme M. Gleditfch, la caufe de la
nielle à l’altération des grains ferrés humides , ou
avant leur parfaite maturité, parce que la chaleur
& l'humidité réunies dans le tas des gerbes, occa-
lîonne un mouvement inteftin dans les femenccs capables
d’en déranger l’organifation, au point que ces
femenccs fontfouvent noircies & corrompues; enfin
que c’efl-là la caufe la plus ordinaire de Và nielle &
du charbon. Voye\^ cette differtation ^ p. lÿ.
M. Aimen eft un de ceux qui a fait le plus de recherches
fur la nielle. On peut voir fes réfultats
dans les Mémoires des fivans étrangers ; fes expériences
viennent toutes à l’appui de notre fyftême ,
& le confirment de point en point. Il a obfervé plu-
fieurs fcmences d’orge à la loupe, 6c il a vu fur
quelques - unes des taches de inoififliire. Ces dernières
, mifes en terre , ont toutes produit des épis
niellés ; d’où l’on peut conclure que la moififiure eft
une des caufes de la nielle, en changeant la dlfpofi-
tion intérieure de la femence, 6c en affeélant les
organes de la fruâifîcation avant que les grains foient
mis en terre. Il eft évident en ce cas que les lefTives
preferites par M. Tillet pour prévenir le charbon ,
feroiem également propres à prévenir la nielle venant
de moififfure dans les femences , parfaites
d’ailleurs, parce que ces leffivesconfomment 6c def-
fechent la moififfure, qui eft une efpece de végétation
fongeufe adhérente à l’écorce du grain , 6c dont les
racines pénètrent jui'qu’au germe qui en eff infeélé.
La vertu deiTicative du fel marin le rend très-propre
à ces lotions falutaires des grains deftinés pour les
femences dont je parlerai ailleurs. Mais fi la
nielle procédé du défaut de perfeâion de la femence
ou de fa maturité, alors aucune lotion ne
peut la prévenir : aullî voit-on dans les expériences
fur les lotions pour empêcher la contagion du charbon
, qu’elles préviennent bien cette derniere maladie
, mais qu’elles n’empêchent pas que les femences
lavées ne produifent du bled noir en fumée , c’ell-à-
dire , de la nielle. Poye^ les expériences imprimées
à la fuite du Traité de M. Home. Celles de M. Aimen
font encore plus décifives ; il a recueilli du froment
avant qu’il fût mûr. Les grains en féchant ont perdu
beaucoup de leur poids ; ils font devenus raccornis ;
femés , ils n’ont produit que de la nielle ou du charbon.
Cette expérience curieufe ayant été répétée ,
a conftamment produit le même effet, quelque préparation
que l’on ait donnée aux femences. Il en a
été de même de ces grains légers de la fommité de
l’épi qui furnagent dans l’eau, dont la plupart n’ont
point lev é, ou n’ont donné que des épis niellés
charbonnés, en fuppofant, d’après M. Aimen, que
la moififfure foitunedes caufes de la nielle; & comme
les grains moififfent auffi bien en terre que dehors ,
cela pourroit conduire à rendre raifon de l’opinion
où l’on eff que les terres enfemencées tard ou après
de grandes pluies, produifent plus de nielle & de
charbon que les autres, de même que les terres
maigres qui ne font point fecourues de fumier , les
terres fatiguées qui portent tous les ans, 6c dans les
hivers pluvieux, & dans les lieux où les eaux féjour-
nent fur les bleds, 6'c. &c.
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II refaite de toutes ces belles expériences," qu’on
peut éviter la nielle & le charbon en choififfant les
femences avec précaution , en les prenant bien
mûres, en faifant battre les gerbes deffinées pour
femences auffi-tôt qu’elles font arrivées du champ ,
6c avant que de les mettre en terre, en lavant ces
femences dans de fortes faumures pour en enlever
la moififfure, en enlevant foigneufement les grains
qui furnagent, en femant de bonne heure, en labourant
bien lés terres , en les fumant convenablement,
&c. &c. ( iW. Be g u il l e t .)
NIGLARIEN, {^Mußq, des anc. ) nom d’un nome
ou chant d’une mélodie efféminée & molle, comme
Arlrtophane le reproche à Philoxene fon auteur. (S)
Pollux ( Onomajl. üv. IV^ chap, lo.) dit que léchant
niglarien étoit un air de flûte ; & Coelius
Rhodiginus (^Lecîion. antiquar, lib. cap. dit
qu’il étoit propre à exhorter quelqu’un. {F. D. C.)
§ NIL , ( Gt'ogr. Hiß. nat. Phyßq.') M. Richard
Pokoke , lavant Anglois , dans fes voyages en
Orient, publiés en 6 vol. 1772, réduit à peu de
chofe ces fameufes cataraéles du N il , q ui, felon
Cicéron , affourdiffoient les gens du pays. La plus
petite, fuivant cet auteur, n’a que trois pieds de
hauteur. La deuxieme , qui ferpente autour d’un
rocher, en peut avoir douze. Lorfque les bateaux
font arrivés fur ce rocher, l’eau les entraîne , fans
qu’ils courent aucun danger. La troifieme , vers le
nord-eft, peut avoir cinq pieds. Quant à ces cata-
rafles prodigieufes dont les anciens ont parlé , M.
Pokoke regarde ce qu’on en dit comme une fable.
Il paroît en effet que, fi les anciens avoient connu,
l’Amérique & la chute du Niagara , on n’auroit pas
tant parlé des cataraftes du Nil. U eff vrai auffi que
l’Anglois n’a pas vu la quatrième qui eff à douze
journées des autres , & qui eff peut-être plus con-
fidérable.
Le climat d’Egypte eff extrêmement chaud; ce
qui vient de la qualité fablonneufe de fon terrein 6c
de la lituation du pays entre deux montagnes.
II y fait toujours chaud au foleil dans le milieu
du jotir , même en hiver : mais les nuits ôc les matinées
y font très-froides ; ce que l’auteur attribue
au nitre répandu dans l’air. Les rhumes & les fluxions
fur les y e u x , maladies très-fréquentes dans
le pays, viennent de la même caufe.
Le fol d’Egypte fablonneux eff engraiffé par le
limon du NU. Il eff rempli de nitre & de fel ; de-là
ces vapeurs nitreufes qui rendent les nuits fi froides
& fl mal-faines ; de-là auffi la qualité des eaux de l’Egypte,
toujcHirs un peu falées, parce qu’elles fe mêlent
avec le nitre dont le fol eff rempli. L’auteur croit que
toute l’eau qu’on trouve en Egypte vient u NU.
Ce fleuve a communément feize coudées ou piques
de hauteur, depuis le 15 juillet jufqu’au 18
août. Plutôt cela arrive , plus on efpere une récolte
abondante. Quelquefois cela n’eft arrivé que le 19
feptembre ; mais alors il y a famine par l’inluffiiance
de la crue du Nil. Dix-huit piques ne font cju’une
crue indifférente ; la moyenne eff de vingt, la bonne
de vingt-deux : elle va rarement au-delà; à vingt-
quatre ce feroit une inondation 6c une calamité.
L’Hippopotame naît dans l’Ethiopie , habite les
hautes contrées du Nil^ &c defeend rarement en
Egypte. On die que dans fes maladies il fe faigne à
la jambe avec un rofeau pointu qui croît dans ces
contrées , 6c qu’il fait choifir. Mais comment a-t-on
pu faire tme pareille obfervation ?
Il eff plusaiféd’obferver le crocodile ; il n’a point
proprement de langue , comme l’a bien dit Hérodote
, mais une fubftance charnue collée le long de
la mâchoire inférieure, qui fait vraifemblablement
plufieurs fonâions , & qui fert à retourner les
alimens. Cet animal a la vue très - perçante. Les
N I L habltans en détruifent les oeufs avec le fer d’une lance
par-tout où ils en trouvent. U paroît prefque ini-
poffible que richneumon pénétré dans le ventre du
crocodile pour les manger ; il ne pourroit manquer
d’être t^ouffé. L’animal appelle le rat de Pharaon.,
reffémble au furet puant; 6c il peut bien fe faire
qu’il détruife les oeufs des crocodiles. On les tue
à coups de fufil, mais il faut les tirer dans le ventre,
dont la peau eff plus tendre, 6c n’eff pas d’ailleurs
couverte d’ccailies comme le dos.
Caufe des inondations du Nil. Le Nil chaque année
couvre de fes eaux les plaines d’Egypte, depuis
le mois de juin jiifcfu’i l’équinoxe d’automne. La
hauteur des eaux monte jufqu’à quarante, quarante-
huit pieds au-deffiis de fon niveau naturel, felon
Pau! Lucas, t. I I I , p. 24c). Scion M. Thevenot,
les crues de l’an 16.58 ne furent qu’à 522_ doigts.
La premiere caufe des inondations conffffe dans
la direétipn du cours du NU qui charrie fes eaux du
iud au nord , & dans fa pofition 6c fon étendue depuis.
le lojufqu’aii 32^^ de latitude feptentrionale,
direélion 6c fuuation uniques entre les grands fleuves
du monde. Le NU prend fa fource au royaume de
Goyara , partie de l’Abyffinie ; il coule vers l’équateu
r , pendant foixante-quinze lieues jufqu’au lo'^
de latitude feptentrionale, 6c il fe recourbe vers
l’oueff , enfin fon cours fe ffxa,au nord : il traverfe
ïa Nubie 6c le pays déviaÿone torride; parvient
aux grandes caiaraéles, montagnes aux coniins de
l ’Egypte, & prefque fous le tropique du cancer,
parcourt la haute 6c baffe Egypte jufqu’au grand
Caire ; alors il fe divife en deux bras qui forment le
delta , ou triangle équilatéral dont la Méditerranée
fait la bafe feptentrionale ; enfin, il fe décharge par
trente embouchures dont la plupart font fermées.
Son cours, depuis fa fource jufqu’aux Cataractes,
fe trouve fous la zone torride , où il pleut pendant
tout notre été, 6c ce qui eff compris dans l'Egypte
de 290 lieues de longueur, eff fous la zone tempérée,
où il ne pleut prefque jamais, particuliérement
dans la moyenne Egypte.
La deuxieme caufe provient d’un vent réglé
nommé qui commence à fouffler d’orient en
occident dans la partie feptentrionale de la zone torride
, depuis le mois d’avril jufqu’en octobre. Ce
vent eff formé par le mouvement propre de la terre
qui tourne perpétuellement fur elle-même d’occident
en orient ; par ce mouvement, la rencontre de
l’air doit produire cet effet. La rotation de la terre
de l’oueft à l’eff doit nous faire fentir un vent con-
linu de l’eff à l’oueft, fur-tout entre les deux tropiques.
Ce vent réglé charrie devant les vapeursqu'ü
rencontre , elles s’epaififfent de jour en jour ; elles
s’accumulent à la rencontre des montagnes de la
Cochinchine, des Indes,de l’Arabie,de l'AbylTinie,
elles forment enfin des nuages épais qui, par leur
frottement contre les montagnes 6c par la chaleur
fupérieure qui les raréfie, fe réfolvcnt en une pluie
continuelle qui dure dans cette partie feptentrionale
de la zone torride depuis mai jufqu’en feptembre.
La troifieme caufe provient des vents ctéfiens ou
de nord, qui loufflent du nord au fuden Egypte, 6c
qui arrivent périodiquement vers la mi-mai: on les
attend pour chaffer ceux du fud qui brûlent 6c in-
leêlcnt l’Egypte pendant avril. Ces vents du nord
enfilent les canaux du Afi/, arrêtent fes eaux,fuf-
pendent fon cours. La mer enflée par ces vents coii-
linueis , clevc fes flots, repoulié les eaux du NU, au
lieu de les recevoir : il fe fait alors une efpece de
flux qui eff fans retour. Cette barre formée par les
vents ctéfiens prévient de quelques jours l’arrivée
des grandes eaux qui deicendent de rAbylfinie 6c
des autres contrées de la zone torride, où il n’a
ceffe de pleuvoir. Ces inoncfiitj^ons commencent
Tom^ ly .
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donc par lafufpcnfion des eaux du Nil, occafionnéo
par les vents: le progrès de l’inondation fe manifeffe
au commencement de juin , 6c fa crue étant de 12
pieds, ce qui arrive le 2S ou 29 juin, on l’annonce
au Caire à cri public: alors en ouvre les thalis ou
digues de terre qui ferment l’entrée des canaux du
Hil; comme les plaies de la zone torride continuent,
& que le vent du nord ne ceffe point de fouffler, les
inondations augmentent tous les jours. Enfin, parvenues
a leur plus grande hauteur, elles fe maintiennent
dans cet état julqu’à l’équinoxe d’automne,
qu’elles commencent à décroître, parce que la faifon
pluviale de la zone torride eff paffée. Le NU rentre
en fon lit, on jette le bled fur le limon, 6c on y paff'e
la hsrle en novembre , 6c au printems fuivant on fait
la récolte.
La quatrième caufe font les cataracles fituées fous
le tropique du cancer , aux confins de la haute
Egypte. Des rochers efearpes, d’une hauteur pro-
digieulé, forment cette cafeade dont le bruit di.s
eaux fe fait entendre à plus de trois lieues. Les montagnes
bordent le NU, 6c ne laiffent d’intervalle
entr'clles 6i lui que de cinq à fix lieues. Les montagnes
vers laLybie s’étendent depuis les cataractes
jufqu’à la mer, 6c laiffent emr’elles 6c le fleuve une
plame fertile de vingt à trente lieues de largeur.
Enforte que ces montagnes retiennent l’eau de
tous côtés, qui ne peut s’échapper que par la Méditerranée;
mais les vents du nord qui fouflîenc
alors avec violence, s’oppofent à fon pafiage , enflent
la mer 6c font une quatrième digue qui ferme
la porte aux eaux qui defeendent continuellement
de l’Ethiopie. Ainfi le Aù7 ne pouvant s’évacuer dans
la mer, ni s’étendre à droite ni à gauche, 6c encore
moins du côte de fes ibarces, par 1 Interpoiitlon des
cataractes, fe répand alors dans l’Egypte.
Mais les pluies d’au-delà du tropique venant à
ceffer au commencement de feptembre dans la partie
feptcnti ionale de la zone tornde, 6c les vents étc-
ficns fe tournant tout-à coup du nord au fud, la
digue formée par la mer fe difiipe 6c permet aux
eaux qui couvrent l'Egypte de s’écouler.
Ainli, il faut donc que les vents du nord foufflent,
que les eaux viennent de la zone torride , qu'il y a-it
des cataraèles qui empêchent le fleuve de refluer
vers fa fource, que les vents alifés foufflent d’orient
en occident ; enfin, que le cours du NU (bit dirigé dit
lud au nord , qu’il traverfe le tropique. Les chofes
ainfi difpofées , le prodige s’évanouir; les crues deviennent
indifpenfables : on reconnoît tin jeu, un
jnéchanifme naturel de l’eau , des vents 8c de la terre
qui concourent pour rendre fécond 6c abondant un
lieu qui fans cela feroit demeuré inculte 6c inutile.
Quant à l’origine du K il, elle fut toujours inconnue
aux anciens. Les cataractes de ce fleuve, à l’entrée
6c au deffus de l’Egypte, les défertsaffreux, les
forêts qu’on trouve en le remontant, la férocité des
peuples qui en occupent les bords, étoient autant
d’obftacles qui s’oppofolentà leurs recherches.
On crut au commencement du dernier fiecle avoir
découvert les fotirces du NU dans le royaume de
Goyara en Abyffînie. On trouva deux fources rondes
d’une eau très-claire, très-légere, au haut d’une
montagne dominée par plufieurs autres, du pied de
laquelle fort avec impétuofité un ruiffeau qui grofflt
par plufieurs autres, traverfe rapidement le lac Dam*
bea, fans confondre les eaux avec celles du lac.
De-là après de grands détours & plufieurs cafeades,
ce fleuve tourne vers le nord, 6c l'on cours eff très-
connu jufqu’à ce qu’il entre en Egypte. Les Abyffins
l’appellent Abawi,ow perc des eaux, àc font per-
fuades que c’eft le NU.
Mais quelque importante que foit cette découverte
, elle «q pas tous les doutes fur l’origioiS
i'"