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rendent la jiilKce au nom du prince. Le clclTcm d’O-
lon, en ctabliiViUît cette charge, n’étoit pas de la
rendre hciédifairet il auroir manqué l'on but, qui
Ctoit d’abaifler les grands valîaux déjà trop puifiims.
La maifon de Franconie qu’il en avoit pourvue s en
étant rendue indigne , il la confia à celle tle baviere.
Oror; eût bien voulu abobr les fiefs ik rétablir les
gouvernemens ; mais ce fut alTez de pouvoir en dil-
pofer dans le cas de félonie. Ce fut encore pour diminuer
rautorité des grands que ce prince augmenta
les privilèges du clergé ; il lui confia des duchés &
des comtes pour les gouverner comme les princes
iéculiers : mais pour les tenir dans fa dc[iendance,
il créa des avoués, dont l’avis rendoit nul celui des
c\ êques. On ciit attendu d'Oion qu’il eftt aboli le
jugement par le duc-l, qu’il eut l’indilcrétion de confirmer.
On vil fous fon régné un exemple de la cy-
nephoric; cet ufage bizarre condamnoit les coupables
de certains crimes parmi la haute noblefle , à
porter un chien galeux fur leurs épaules; les bourgeois
portoient une k-’lle , les payl'ans une charrue.
Oton II, litrnommé li Roux, (//{/b d'AlUnuK^m.')
duc de Saxe, quotrieme roi ou empereur de Germanie
depuis Comad I , dixième empereur d’Occic'ent
depuis Charfimagne. Ce prince naquit l’an 9^5 d’O-
ton le Grand 6c d’Adelaïde de Bourgogne. Son pere
Tavoit afTocié au trône, ^ l’avoit fait couronner
emjjereiir lors de fon dernier voyage en Italie : mais
cette alfociation avoit beioin d ètre confimiée; la
cérémonie s’en fit dans l’égllle de Magdebourg (973)
avec la pompe ordinaire au lacre des rois. Les com-
msncemens de fon règne furent troublés par l’ambi-
rion de fon coiifm-gennain Henri le Jeune, duc de
Eaviere, fils cio Henri le Querelleur , de par quclcjues
prélats qui trouvoient leur intérêt A brouiller. Des
écrivains ont imputé cette guerre à l’impératrice
Adélaïde que l’empereur avoit exilée en Bourgogne,
après lui avoir o iC la régence dont elle s’étoit faifie.
Le cotirage & l’adivité ddOton l'ayant rendu maître
de la dellince des rébelles, il les ht juger dans une
diète. Henri fut déclaré déchu de Ion duché de Bavière
, de les cvcqiics i'es complices furent punis par
rexil.Oton, fils de Ludolfe, frere aîné d’Ozo^i// ,
abandonna fon duché de Suabe pour celui de Bavière
, qui pour lors étoit regardé comme le premier
de l’empire. Ce duc étant mort en 98a , Henri fut
rétabli, mais à cette cond'ition pénible qu’il ne for-
tiroit jamais de Mafiricht. Henri s’etoit montré redoutable;
l’évéque de Frifongen, l’un de les complices,
l’avoir couronné & facrc empereur, ÔC tel
avoir CIC le lignai de fa révolte.
Cette guerre civile fut fuivie de plufienrs vlftoires
remportées par l'empereur furlesSclaves tributaires
& fur les Bohèmes; ces peuples n’avoient pu voir les
clivifions des Germains fans être tentes d’en profiter.
Oion, apres avoir pacifié la Bohême, y établit
l’cvêché de Prague, qu’il fournit k la métropole de
Mayence: c'étoit une voie douce d'augmenter les
dépendances de cette province. L’empereur fit encore
fentir la force de l'es armes aux Danois, q ui,
pendant la guerre civile , avoienr envahi le duché de
Slelvîck, conejuis (ur eux par Henri 1. Ces peuples,
pour fermer aux Allemands l’entrée de leur pays ,
avoient confiruit (ur Daine ce fameux retranchement
dont les débris fubfilfeiir Ions le nom de Z><z-
rdtivirk. Les Danois avoieI:i^ commencé à le retrancher
dans le fiecle; auparavant ils ne connoif-
foient d’autres remparts que leur val-.nr 6c la terreur
de leur nom. L’empereur leur repuit Siefvick, 6c les
força à lui payer tribut.
Oton, après avoir rendu à l’Allemagne fes anciennes
limites du côté du nord, & fut relpecfcr
fon autorité dans routes les provinces de Germanie,
toiirna fes regards vers la Lorraine , que menaçoit
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Lothalre , roi de France, fon coulin-germaîn par fa
mere. L’autorité royale rejircncif quelque vigueur
en France , 6c Lothaire profi-oit de ces mom jns îi
rares (kpuis un fiecle ëcdemi, pour attaquer à la
fois la haute & baifc Lorraine, que les rois de Germanie
avoient enlevée à la maiion. Ses j^remiers
efforts turent couronnés [)ar le plus heureu;; fuccès ;
mais en rendant julUcc à Ion courage , on doit blâmer
lés procédés: il parcourut à la vérité toute la
Lorraine , 6c s’y fit rendre hommage par plufieurs
feigueurs; mais d lembloii moins un vainqueur qu’un
brigand: en effet, il n’y eut aucune dcelaraiion de
guerre. Om/i lui icprochant la conduite, lui fit dire
qu’il etoic incapable lie cieruber des viéloires, 6c qu’il
iroit l'artaquer le premier odfobre (978 ) , 6c tint
jiarole. On le vit au jour marqué at raquer Paris avec
lOixante-dix mille hommes, i! brûla les fauxbourgs,
6c ne le retira qu'après avoir changé en delerts les
campagnes tcriiles de la Seine. Cependant avant
d’entreprendre cette expétiieion , il avoit fait tin
grand trait de politique , en donnant en fief la bafî'e
Lorraine à Charles, frere d.' Loiltalrc. Les environs
de Laon, de B.eims 6c ilc Paris furent ravagés, à
l’exception des cglilcs , qui même rcll'eiuirent les
bienfaits du vainqueur : c ’étoit un puilîant moyen
d’augmenter les troubles, 6c de le concilier l’..mour
du clergé toiii-piiifiant alors. Cependam Lothaire le
pourl'uivit dans la retraite, 6c lui fi':: éiirouver quelque
échec au pafi'age de la ri\ûere d’Aine ; m.iis cet
avantage ne l’cmpccha pas de fai:c les premières
démarches pour la paix. II lé rendit aujrrés ddOton ^
accompagné de ibn fils, 6c lui fit les plus magnifiques
prélens. Oton conlentlc à mettre bas les armes,
mais à condition que Lothaire renonceroit :\ toutes
lés prétentions fur le royaume de Lorraine. Le continuateur
de Flodoart prétend au contraire que ce
fut l’empereur qui reconnut la tenir à foi & hommage
du roi de France. L’état floriifant où étoit alors 1 Allemagne, l’autorité d'Oton 6c fa fierté , ne nous
permettent guère d’etre de ce léniimenr. L’amitié
de ce prince étoit nécelTaire à Lothaire dans un
tems où Hugues prenoit des mefurcs pour lui ravir
le trône. Charles de France reçut une nouvelle in-
veüiture de la batfe Lorraine ; 6i l’empereur, pour
récompenlér la fidélité dans la derniere euerre, v
ajouta les villes de Metz, de J o u i , de Vcrdun 6c de
Nanci, avec leur territoire. Cette fidélité lervit de
prétexte à Hugues pour ôter le trône à la race de
ce prince.
Cependant Oton pouvoir defirer la fin de cet:e
guerre : leselpnts ctoient toujours échauffés à Rome
par l’elpoir dé rétablir la république , 6c de lui rendre
fon ancienne fplencleur. Les exemples terribles
que l’empereur défunt avoit fait des rebelles , ne
l'uffifant pas pour les guérir de leur chimere, un fena-
teur, nommé Cref^enu, tait étrangler le pape Benoît
V I , pour le punir de lont attachement aux intérêts
d'Oton I J , 6c met fur le laint Siege un nommé Fr.m-'
cou qui, pour grolfir l’orage , le rend à Conffanti-
nople, 6c détermine l’empereur d’Orient à le déclarer
contre les Germains. Francon négocioit fous le
nom de Boniface FIJ, que lui avoient donne fes par-
tifans. Ce prétendu pape ne trouvant pas ic Iccours
de la Grèce fuifil'ant , fait entrer dans fa ligue les
Sarrafins d’Afrique, aimant mieux , dit un moderne,
rendre Rome mahométane qu’allemande.
Oton U fut bientôt informé des intrigues du faux
pontife : il le rend à Rome diyilée en mille faêtions,
confirme l’éleêlion de Benoît VII , 6c invite d un
fefiin les prin.dpaux de Rome : tous s’y rendirent, •
amis 6c ennemis. Il drelîc une liffe des derniers, 6c
la donne û un capitaine de tes gardes. Les troupes
s’emparent des avenues du palais, 6c pl lî.’urs cohortes
cotourent la lalie du tellin. Le capitaine des
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«srtks entre au milieu du repas , arrête les proferits
& leur-fait trancher la tete Cette execunou fan-
elanie a trouvé peu d'approbateurs. Elle eft digne
de la cenfurc 1a plus atnere , mais elle paroit avoir
été ima-dnee pour exeufer les fréquentes perfidies
des Romains. Le filence de tous les auteurs contemporains
nous invite à le penler. Godetroi de Vi-
icrbe eff le feul qui la rapporte après deux fiecles
écoules. .
Cependant les Grecs & les Sarrafms ravageoient
de concert la Poulile & la Calabre ; Oton , apres
plufieurs viàoires qui le font nommer In Mort da
Sarrafim , ed vaincu par la perfidie des Romains &
des Bénéventins qui fervoieut dans fon armee._ fies
meilleurs officiers , 6c un grand nombre d abbes oC
d’évêques périrent dans la mclce; 6clui-mcmeayant
quitté* les marques de la dignité, regarda comme
un bonheur d’etre tombé dans les mains des pirates
qui lui rendirent la liberté moyennant une rançon
que paya l’impératrice. Oton fe preparoit ù venger
cet affront iorfque la mort le prévint le 7 deceriîbre
9S3. Il étoit dans la treniicmc année ; il en régna
dix 6c fept mois, depuis la mort de fon pere. Les
auteurs varient fur le genre de la mort ; les uns l’attribuent
à une fieche empoifonnee qu’il reçut dans
la bataille perdue contre les Grecs, d’autres au chagrin
que lui caufa Théophanie, fon epoufe , qui,
dit-on , témoigna de la joie au bruit de la dilgrace :
ce fentiment manque de vraifemblance. L impératrice
, naturellement ambitieiife , a'voit oublie la
G re ce, fa patrie , en montant lur le trône de Germanie
, & avoit été la première à exciter l’empereur
il conlerver fes droits fur la Pouille 6c la Calabre.
D ’ailleurs il eft reconnu que ce fut cette princefl'e
qui fournit Icsfommes que les pirates exigeront pour
prix de la liberté.
Oton eut de l'impératrice Théophanie un fils qui
lui fuccéda fous le nom d'Ocon l l l , 6c trois pria-
ceffes ; la première , appellée Sophie , fut abbelîe
de Gaudesheim ; Adélaïde, la fécondé , le fut de
Quedlimbourg ; la troifieme, nommée Judith , qwi
peu de goiit pour la vie religkufe. Elle avoit été
élevée dans un monaftere , d’où elle le fit enlever
par un feigneur de Bohême, dont elle devint l’époufe.
Des écrivains lui donnent une quatrième fille , qui,
fuivant eux , fut mere de fept fils , tous marquis en
Italie. Il eft incertain fi ce fut fous le régné de ce
prince , ou fous celui de fon pere que furent découvertes
les mines d'argent près Goflard, danslaBafla-
Saxe.
Plufieurs diplômes expofés fous le régné dJOton
I I , & l’éreèdion de l’églife de Grado en métropole
par cet empereur , atteftent la dépendance de Vc-
nife envers les empereurs d’Occident.
O ton II I , dit L’Enfant 6c la Merveille du monde.
fH f . d'AlUmasne.) duc de Saxe , V^ roi ou empe
reur de Germanie depuis Conrad I , X'^ empereur
d’Occident depuis Charlemagne , naquit l’an 980
d'Oton II & de Théophanie. Il étoit dans fa quatrième
année Iorfque fon pere , pour pefpctuer \l
trône dans fa famille , le fit élire empereur dans une
dicte è Veronne. Le jeune prince étoit .Alx-la-Cha
pelle pour faire ratifier fon éledlon , lorfqu’on )
apprit la nouvelle de la mort d'Oton IL Les conjqnc
turcs ctoient embarraffantes ; les états qui vouloicnt
conferver le droit de difpofer du trône , comptoient
avec peine quatre empereurs dans une même famille
en quatre générations confécutives. Oton étoit per
du fans la fermeté d’Adélaïde , fon aïeule , & di. l’impératrice Théophanie, dont la tendreffe lut oppo
. fer une barrière pulffante i\l’ambition de Henri de
Bavière. Ce duc étoit forti de Maftricht après la mort
d’Oton II, 6c s’étoit rendu maître de la jK'rfonne du
jeune prince, fous prétexte que les lülxlui en défé-
Tome IV.
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'Oient la tutelle. Son projet étoit de s’emparer une
fécondé foisde la couronne: ilfefitmêmeproclamer
roiîi Quedlimbourg, oil il fetroiiva une multitude de
feigueurs. Mais les deux princelTes liguées lui reprirent
aufii-tüt le feeptre qu’il venoit d’ufurper. Théophanie
, apres s’etre fait rendre fon fils , ordonna les
cérémonies de fon facre qui fe célébrèrent à Wein-
leftat ; le jeune prince , la couronne fur fa tête , fut
fervi à table par les grands officiers de l’empire.
Fleuri de Bavière , apres avoir obtenu une grace
qu’il demanda enl'uppliant, fit les fonèlions de maître
d’hôtel ; le comte Palatin , de grand-échanfon ; le
duc de Saxe, de grand-écuyer ; le duc deFranconie,
de grand-chambellan ; les ducs de Pologne 6c de
Bohême afiiffoient au repas comme grands-vaflaux ,
6c non comme membres de l’empire. Théophanie fut
déclarée régente, Willigls, archevêque de Mayence
& archichancelier de l’empire , lui fut donné pour
collègue. Le régné ddOton offre peu d’evenemens
mémorables en Germanie. Les Sclavcs firent des
courles qui furent réprimées par les lieutenans du
monarque. Cependant Boleftas, duc de Bohême , le
diftinguoit par des victoires fignalées fur les Polonols
6c fur les Rull'es. Oro/2 craignant que les fuccès de ce
duc ne leportafient à fecouer le joug de rcnqiire , fit
un voyage dans fon gouvernement, fous prétexte de
vifiterie tombeau d’Adalbert, évêque de Prague,
fameux milfionnaire, & l ’un des principaux apôtres
de la Pologne , mis à mort par les Pruftiens idolâtres,
Oton fut reçu par Bolellas avec la plus grande magnificence
; 6c pour n’cire point vaincu en généro-
lité , il le déclara roi de Pologne , le fit facrer en fa
prélence par l ’archeveque de Gnefne, 6clui pola lui-
même la couronne lur la têie l’an 1000. Mais toujours
jaloux des droits de fon trône,en le décorant de ce titre,
il ne l’exempta pasdutributôc de l’hommage qu’il avoit
exigés de Mlcellas, fon pere. Boleftas fupporta difficilement
ce jougquin’étolt pus moinsodieuxàfanation;
mais tant que vécut Oton, il lui fut impoftible de le
fecouer lotis un prince aulii formidable.
L’IraÜe étoit toujours dans l’agitation où nous
l’avons repréfentée lotis les régnés précédens. L empereur
y avoit envoyé fes lieutenans, 6c y ctolc
allé lui-même pour y maintenir Ion autorité toujours
attaquée par les Romains entêtés de la chimere de
leur ancienne liberté. Rome s’opiniâtroit à avoir des
confuls ; Crefcence , fils d’un fadieux de ce nom^
avoit pris ce titre fi grand avant la révolution qui
mit lesCéfars fur le premier trône du monde. Glorieux
de fa dignité , Crefcence s’etoit érigé en Ibu-
verain, ou plutôt en tyran. Deux papes, Jean X V
& Grégoire V , tous deux attachés à la domination
allemande , avoient fucceffivement éprouvé lés per-
fécutions. Grégoire retiré dans Payie , fa vcngeoic
par des anathèmes que bravoit le rébellc. Oton I I I
paffa en Italie , 6c lui prêta des foudres plus réeUes.
Crefcence fait prifonnier au fiege du château Saint-
Ange, où il s’etoit réfugié comme dans une place
inexpugnable, fut décapité avec douze de fes complices.
Jean Phllagate q ui, foutenu par la fadion de
Crefcence, avoit ufurpé le laint Siege , voulut en
vain lé (buftraire par la fuite au jufte reffentiment
de ce prince , fut arrête ious des habits degiules par
des Romains fes ennemis, qui lui coupèrent ie nez
& la langue, & lui creveren: les yeux avant de^re-
cevoir les ordres de l’empereur. La mort de Grégoire
V , arrivée l’année liiivante (999) , caula une
vive douleur â Oton I I I mais la fidélité^ de Sd-
veftre I I , qu’il fit élire avec la môme facilite qu’il
eût fait un évêque de Germanie , calma fon chagrin.
L’autorité impériale n’avoit jamais été plus abfolue
en Italie. Un prince de Capoue fut dépouillé de Ion
territoire, 6: envoyé en exil. Ce fut après cet aéfe
de févérité o f Oton fit ce voyage en Allemagne,
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