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&c de rivieres. L’on obferve qu’il n’y croît ni hêtres
ni chênes , & que, tout comme en Laponie , l’on
n’y trouve pas de cerfs, non plus que des écreviffes.
Il y a d’ailleurs d’exceilens pâturages , & meme,
en quelques endroits, des champs atfez fertiles. Elle
compofoit anciennement un royaume à part, duquel
relevoient plufieurs princes tributaires ; & l’on croit
qu’ elle a tiré fon nom de Nordland, foit de fa portion,
laquelle ell feptentrionale , relativement à la
Suede proprement dite , foit du géant Nore, qui le
premier eu t, dit-on , le courage & la force d’aller
habiter une contrée fi froide, 6c qui vivoit, on ne
fait en quel tems. (D . G .)
NORGES , Norga , Norgia. , (_ Géogr. ) village
du Dijonois, fur la route de la porte de Dijon à
Langres , à deux lieues nord de Dijon & onze de
Langres. Il eft remarquable par une des belles fontaines
de Bourgogne qui eft riviere à fa fource , fort
poilî'onneufe en brochets fur-tour. La voie romaine
de Chalons à Til - Château {Tilc Capum') ÔC à
Langres y palToit. J’ai vu à découvert, à cent pas
de Norges-Le-pont, une colonne milliaire fur le bord
de la voie militaire, que venoit de déterrer un pionnier
en feptembre 1773. La bafe,d’une belle pierre
blanche d’Afnieres , a deux pieds de toute face. Il
ne relie du tiit de la colonne qu’un pied quelques
pouces, le relie calTé. A coté étoit un morceau de
la colonne, fur lequel on voit VIP ; ce qui inarquoit
la diHance de Norges à Til - Château ; car fept milles
font deux lieues & un quart, qui ell la diüance de
ces deux endroits.
Il y a une commanderie de S. Antoine , fondée
en 1100 par les feigneurs du Val-Saint-Julien, pour
y recevoir les malades & les pèlerins , felon le titre.
Elle portoit au Xiil^ fiecle le nom de praceptoriage-
neralis Norgianum, & avoit dans fa dépendance celle
d’Etay. Les ducs de Bourgogne qui avoient dévotion
à S. Antoine , firent plufieurs dons à cette commanderie.
Philippe le Hardi lui olïroit tous les ans autant
de porcs qu’il y avoit de princes en fa maifon. Il en
donna fept en 1387 & neuf en 1396. Il fit aufiî des
préfens à l’églife pour la guérifon du prince Philippe
l'on fils qui avoit été mordu au genou par un chien
enragé.
Par une coutume fmgullere , on préfenioit à l’Af-
cenfion au commandeur la plus jolie fille de la baronnie
de Saint-Julien : il lui oîoit fa jarretière, &
en mettoit une autre de ruban. On lui donnoit en-
fuite un bouquet ; on l’ornoit de rubans, èc chacun
lui taifoit fon ofirandè , en mettant une piece de
monnoie dans le plat à côté d’elle. Ainfi parée, elle
fortoit en triomphe au fon des infiriimens, accompagnée
de toute la jeunelTe , qu’elle étoit obligée de
faire danfer à fes dépens.
Cette fondation, faite par Pierre de Eeaufremont,
baron de Saint-Julien, en 1450 , s’exécute différemment
: au lieu d’une jarretière , on donne à la fille
une ceinture. ( C. )
§ NOSTALGIE, maladie du pays, {_Méd. NofoL~)
Je vois par les obfervations de M. Barrere , que les
Bourguignons font fujets à ce mal à un très-haut
dégré; 6c l’on fait que les Groënlandois , qu’on a
tranfportés en Danemarck , ont été fi fort aiîeélcs
de ce même mal, que, dans l’excès de leur defir
de revoir leur trille patrie, iis fe font expofés, dans
de petits canots , â périr fur les mers immenfes qui
les en féparoient.
Ce n’ell donc pas la légéreté de l’air natal, ni le
fentiment infupportable d"iin air plus pefant, qui
caufe la nojialgie. Les Groènlandois vivent dans un
air maritime, tres-pefant 6c très-épais, rempli de
vapeurs & de brouillards, 6c l’air du Danemarck ell
à-peu-près de la même nature. J’ai vu d’ailleurs des
Swilîes prendre la nojialgie dans la Suilïe même, dès
N O T qu’ils étoient éloignés de leurs parens. L’air étoit le
même, & ne pouvoit être la caufe de leur langueur.
J’ai vu un étudiant Suilfe violemment afîeélé delà
nojialgie dans une ville d’Allemagne, guérir, dès
qu’il en fut à une demi-journée, par la feule efpé-
rance de revoir bientôt fa patrie, Si fans aucun changement
de l’air.
J ai vu ce mal plufieurs fols , & je puis en parler
avec certitude. C ’ell une mélancolie caufée par le
v if defir de revoir fes parens , & par l’ennui d’être
avec des étrangers que nous n’aimons pas, & qui
n’ont pas pour nous cette vive alfeélion que nous
avons éprouvée de la part de notre famille.
Un des premiers lymptomes , c’ell de retrouver
la voix des perfonnes que l’on aime, clans les voix
de ceux avec qui l’on converfe, & de revoir fa famille
dans les fonges.
Le mai ell violent, mortel même quand on perd
l’elpoir de revoir les fiens. On a vu des foldats périr
le jour même qu’on leur avoit refufé le congé.
L’air n’y entrant pour rien, il s’agit de découvrir
la caufe qui alfeéle lifupérieurement de certains peuples
, & les Suilfes plus remarquablement que les
autres nations.
J’ai cru entrevoir une partie de cette caufe dans
la conllituiion politique de la Suilfe. Il y vient peu
d’étrangers, & prefque perfonne ne peuts’y établir,
parce que le droit d’y vivre ell attaché à la nailfance
& au fang. Plus que toute autre nation , les Sullies
font avares de leur droit de bourgeoifîe. Ce n’eft
pas feulement dans les villes dominantes que ce droit
ell inacquérable, les villages même , du moins du
pays Allemand de la république de Berne, n’admettent
aucun étranger. Dans tout autre pays l’on eft
citoyen, dès que l’on fe foumet aux loix du pays ;
ici comme à Athènes il faut être né de parens &
d’aieux citoyens. On époufe peu d’étrangeres, &
les familles d’un même lieu s’entremarient prefque
fans aucun mélange de fang étranger.
Un Suilfe ell donc accoutumé dès fa jeunelfe à
vivre avec de gens connus, avec fa famille , avec
d’autres familles généralement alliées avec la Tienne ;
il cfl accoutumé à ne voir que des freres , des confins
, des amis alliés par le fang 6c par la familiarité
qui naît avec eux.
Parmi des étrangers il ne retrouve plus ces parens,
ces amis d’enfance; il n’éprouve pas cette
affeélion qui naît du fang & de la longue habitude ;
il fe croit ifolé , égaré , perdu ; la terre efl un défère
pour lui.
Je n’entre pas dans un plus grand détail. L’ennui,
le defir de revoir les fiens , la mélancolie, le dé-
fefpoir, nailfent naturellement de cet abandon, dont
le coeur d’un Suilfe ell navré.
Plus le village ell folitaire, plus un Suilfe ell
accoutume de vivre avec les mômes perfonnes, 6c
plus il ellfujet a la nojialgie. Les habitans des Alpes
y font fujets avec le plus de vivacité. ( H. D . G. )
§ NOTE/e/^é/^ , ) On ne peut /amais
redoubler \anoufenfiblt dans un accord, parce que,
comme elle doit monter à la tonique , les deux
parties où elle fe trouveroit feroient deux oclaves
de fuite ; ce qui ell défendu. Si cependant, dans une
compofition à plufieurs parties, on fe trouvoit obligé
de doubler la note fenfible.,on auroit la précaution
de faire monter la partie fupérieure à la tonique,
parce qu’elle préoccupe plus l’oreille. Quant à l’aufre
partie, il faut lui donner une autre marche. {F .D . C’.)
Notes de g o û t , (^Mufiq.) 11 y en a deux ef-
peces; les unes qui appartiennent à la mélodie, mais
non pas à l’harmonie; enforie que, .quoiqu’elles
entrent dans la mefure, elles n’entrent pas dans l’accord
: celles-là fe notent en plein. Les anires.notes
de goût, n’enirant ni dans l’harmonie , ni dans la
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inéîodie, fe marquent feulement avec de petites
notes qui ne fe comptent pas dans la mefure , 6c dont
la durée très-rapide fe prend fur la note qui précédé
, ou fur celle qui fuit. VoyeiJig. 4 , pl. X V d e
Mujîqui dans le Dïciionn. raif. des Sciences, 6cc. un
exemple des notes de goût des àeax eipsees. ( 5 )
N OTRE-DAM E DE GLOIRE ( iWdre de ) ,
à Mantoue, fut infiitué par Barthelemi, religieux de
l’ordre de S. Dominique , qui fut enfuite évêque de
Vicence. Il l’établit pour foulager les pauvres veuves
6l orphelins , réconciuer les ennemis 6c. réunir les
mauvais ménages entre maris 6c femmes.
Les chevaliers fuivoient la regie de S. Dominique.
La marque de l’ordre étoit une médaille d'argent
chargée d'une croix patcét de pourpre, cantonnée de
quatre étoiles de même. Voyc\_planche X X F , fig. So.
de Blafon , Dicl. raif. des Sciences , &c. (G. D. L. T.)
N o t r e - D am e des G r a c e s en Efpagnc
{_Cordn de') ^ fut infiitué le jour de S. Laurent de
l’année 1123 , par Jacques I , roi d’Aragon , dans la
cathédrale de Barcelone , où Pierre de Nolasko fut
nommé grand-maître.
Les chevaliers portent fur l’eftomac un écu coupé ;
au premierde gueules à la croix d'argent ; au deuxieme,
écartelé en fautoir les premier & quatrième quartiers ,
d'or ^ à. quatre pals de gueules , qui eft d’Aragon : les
deuxieme& troijîeme cTargent.à l'aigle de fable^ courons
née, languée&membrée de gueules, qui eft de Sicile.
Voyeipl. X X I I I , fig. 16. {G . D . L. T. )
N o t r e -D ame de L o r e t t e {^l’ordre d e ),
fut inftitué par le pape Sixte V en 1587, la deuxieme
année révolue de fon pontificat. Il fit pendant fon
régné deux cens foixante chevaliers.
La marque de cet ordre eft une médaille d’or où efl
repréfentée limage de Notre-Dame de Lorette. Voye^
planche X X IV ,fig . 30. {G. D . L. T.)
N o t r e -D am e de M o 's t e z a. {l'ordre de) ,
au royaume de Valence en Efpagne, fut inllitué par
Jacques II, roi d’Aragon 6c de Valence, en 1317.
La croix des chevaliers eft rouge fur un habit
blanc ; & leurs armoiries un éeufon d'or à la croix
alefée de gueules. Voy.pl. X X I I I , fig. iG. {G. D. L. T.)
NOVAROIS (le) , Géogr. contrée du Mllanez,
à laquelle la ville de Novare a donné fon nom , &
qui a plus l’air d’un marais que d’un pays cultivé,
parce que tous les habitans ne travaillent qu’à des
plantations de riz , eft borné au nord par les vallées
de la Seflia , à l’eft par Milan , à l’oueft par le Piémont
, & au midi par la Vigevanafe. Les autres endroits
font Frécafto , Silavengo , Orta , Biancrata
& Borgomanero. C ’eft du Bourg-manoir , Borgo-
manero , qu’on prétend qu’étoit le fameux Pierre
Lombard, évêque de Paris, appellé par les théologiens
le maître des fcntcnces , 6c reconnu pour le
premier qui ait donné aux matières ihéologiques une
forme fcholaftique. La fomme de S. Thomas n’eft
qu’un commentaire des fentences de Pierre Lombard.
Le Novarois eft , depuis 1734, fous la dépendance
du roi de Sardaigne. La ville de Novare, s’il faut
en croire les origines de Caton , doit fon établiffe-
nient à Eltius , Troyen, 6c fils de Vénus. Ce prince,
en arrivant dans ce pays , commença par élever un
autel à Vénus fa mere ; autel qu’il appella Nova ara,
6c dont il donna le nom à la ville qui le porte encore
aujourd’hui. Mais Pline foutient avec plus de vrai-
femblance qu’elle doit fa fondation aux Gaulois Vo-
contins. Cependant, dans un autre endroit, il dit
que Novare étoit la capitale des Leviens dans l’Infu-
brie. L’évêque de cette ville eft fuffragant de Milan,
dont elle eft éloignée de dix lieues.
Novare eft fur une petlre colline , & fa citadelle
pafTe pour l’une des meilleures fortereffes du Mi-
lanez. C’eft dans cette citadelle que fut d’abord
renfermé Louis Sforce en i500,lGpfque les Suiffes
N O U 61 l’eurent fait prifonnier. Ils le livrèrent aux François,
qui bientôt le transférèrent en France , où il mourut
prifonnier au château de Loches. Novare fe glorifie
d’avoir produit Albutius Siion, célèbre orateur do
Home & du fiecle d’Augufte.
Les voyageurs remarquent tous , comme une fm-
gularité , que les proccfTions de la fête-Dieu durent
à Novare 6c dans les villes voifines, bien au-delà
de l’o d a ve .. . . S’il y a , par exemple, dans l’une
de ces villes douze couvens ou douze paroiflês, il
y aura douze proceffions de fuite, 6c qui fe font
toutes alternativement, parce que ces douze églifes
font obligées d’afîîfter à chaque proceftion , enl'orte
que chaque proceftion foit une proceftion générale.
Si l’on fuivoit à Paris le même réglement, l’année
ne feroit pas affez longue pour remplir le nombre
des proceffions. Voici ce qui a donné lieu à ce reglement.
Le pape Léon IX , dans le xi'= fiecle, l’aa
1050, convoqua un concile à Verceil, pour y condamner
l’héréfie desfacramentaires , dont le fameux
Beranger étoit le chef. C’eft en mémoire de ce concile,
dit l’abbé Richard, & delà condamnation de
l’archidiacre d’Angers , que la fête-Dieu fé célébra
à Verceil, à Novare & autres villes voifines , avec
tant de pompe & de vénération.
« Novare, dit M. Grofley ,t . I , p. 8G, me donna
» un fpeélacle qui m’embarraft'a beaucoup, 6c que
» je trouvai depuis dans d’autres villes du Milancz.
» Les endroits de ce pays , où l’on raftemble les
» os des morts, font des efpeces de chapelles , oii
» ces os, fymmétriquement arrangés dans des layct-
» tes ornées de papier doré, offrent le môme coup-
» d’oeil que de jolis cabinets d’hiftoire naturelle.
» A ces layettes étoient fufpendus , par efpaces
» égaux, 6c avec le même goût de fymmétrie , des
» ftylets, des poignards & des couteaux ; le tout
»> plus ou moins rouilles. On m’expliqua le myftere
» de tout cela , en m’apprenant que lorfque deux en-
» nemis fe laiffoient réconcilier, ils venoient le foir
» devant ces chapelles , s’y embraffoient ; & que ,
» pour preuve de réconciliation entière 6c parfaite,
» ils jettoient chacun dans le charnier les ftylets ou
» couteaux qui dévoient être les miniftres de leur
» vengeance ; enfuite le euftode de l’églife , trou-
» vant ces armes à terre, les releve Ôc l'es fuf-
» pend aux layettes des charniers pour le bon exem-
» p ie .. . . On me dit aulfi , 6c je me fuis trouvé à
» portée de le vérifier , que les Milanois , 6c en
» général tous les Italiens , ont une très - grande
» confiance dans les âmes du purgatoire , qu’/7s in-
» voquent , tandis qu’en France on prie pour elles :
» enfiorte qu'en Italie la fête des trépajjés eji moins un
>> jour de prières pour les morts que pour les vivant. Le
» peuple ne parle de ces âmes que fous le nom de
» fancîijfime anime purganti ; 6c les pauvres deman-
>» dent l’aumône plus communément au nom delU
» anime purganti, qu’au nom de Dieu ». ( C. )
NOUÉ, ÉE, adj. ( terme de Blafon. ) fe dit des
pièces honorables & autres qui paroifTent liées ou
entourées d’un cordon.
Nouée fe dit auffi de la queue fourchée d’un lion,
lorfqu’elle a un ou plufieurs noeuds.
De la Bouexiere du Haut-bois, de la Mettrîe,
en Bretagne; d'argent à deuxfafces de gueules, nouées
chacune en deux endroits.
De Bournonville de h,Loge, de Chatillon-fur-Bar,
6c d’Oifelet en Champagne ; de fable au lion d'argent,
la queue fourchée, nouée ù pajfée en fautoir couronné ,
lampafé & armé d'or. ( G. D. L. T .)
§ NOUI, {Géogr.) Cette ville de l’état de Gênes,
eft dans une lîtuation affez trifte, étant dominée par
une haute montagne. Elle eft cependant remplie
de maifons très-agréables , où beaucoup de riches
Génois viennent paffer Fautomne ; le palais Brignole