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relatif à la végctation des arbres, ceps de Vignes,
Icoumes &c. J’ai remarqué que précifément parmi
pomniis urre, ce Ibnt les plantes qui man-
quoientdela cHftance requilc qui formoient peu de
fruits, le fuc étant à-peii-prcs tout pouÜ'é vers les
tiges & les feuilles ; au lieu qu’ à la diftance nécel-
faire , elles produifoient des fruits gros 6c en àbon-
dance. ,
On veuff encore s’épargner de la peine , a 1 egard
de la profondeur où on plante les pommes de une ,
à trois , tout au plus à fix pouces ; au lieu que l expérience
prouve que des yeux même,plantésàdix,
douze, quinze pouces de profondeur, lelon la nature
du terroir , ont le mieux rcufTi ; une des caufes les
plus apparentes en e ll, qu’à pareille [U'ofondeur les
pommes de terre font garanties des gelées, tout comme
en été de la trop grande chaleur & fécheielTe .
il s’y trouve encore un autre avantage trcs-conlidé-
rable, c’eft qu’un pareil terrein étant deiliné pour
d’autres plantations , apres les pommes de terre ,
l’effet d’un tel ameubllffemcnt ell d’un avantage
infini.
M. Ludovic indique encore d’autres maniérés de
planter les pommes de terre.
i®;De faire des trous de diftance endlftance avec
un piquet, plantoir ou avant-pieu , en quelques
endroits nommé pofer, & d’y jetter une pomme de
terre : je ne fais comment on a pu fi fort renoncer au
bon fens, pour donner un pareil confeil ; cet outil
a ordinairement un pouce 6c demi d’cpailTeur, fou-
vent moins par le bas , qui forme le vuide du trou ;
il taudroit des pommes de terre bien petites , ou des
yeux pour y trouver place patience ; mais rien
n’étant plus néceffaire que de bien ameublir la terre
, pour faire percer les racines 6c produire des
fruits, comment ceci s’accorderoit-il avec cette
terre rendue compare au fuprême degré parce ter,
qui preffe la terre tout à l’entour du trou ?
1“, Qe femer les pommes de terre fur un champ ,
& de les enterrer avec la charrue. Je fais par expérience
que fl on l’entreprend avec toute la prudence
requife , cette méthode eff très-avantageufe pour
les bleds, on épargne de la lemence , & on la garantit
des gelées 6c des oifeaux ; mais ici ce feroit le
contraire, les pommes de terre ne feroient pas affez
enterrées , comme nous l’avons déjà remarqué ; il
n’y auroit point de diftance obfervée, on ne pourroit
les foigner convenablement, ni y appliquer l’engrais
néceffaire.
3®. La méthode trop ufitéede jetter feulement les
pommes de terre dans les filions 6: de les reccuvrir,
efl fiijette à-peu-pres aux mêmes inconvéniens ; il
en eft parlé ci-deffus.
Enfin, il faut renoncer, ou à la pareffe , ou au
profit ; on ne fauroii les concilier enfemble. Nous
avons déjaremarqué qu’en bulant fouventles/)o/«w«
de terre , on fe procure une récolte confidcrable ;
nous avons auffi foutenu qu’en les plantant profon--
dément, il en réfultoit beaucoup de bien ; on regardera
ceci comme une coniradiftion , on dira que des
tas de terre ne peuvent l'ervir de rien à des pommes
plantées fi profondément, 6c cela paroît ainfi. Je
dirai donc préalablement que ce font deux méthodes
im peu diverfes \ ces buttes peuvent fervir aux pommes
qn on plante moins profondément , & à celles
qui s’élèvent, par leur nature, à la lùrface , auxquelles
elles font trcs-néceffaires ; lors meme que
les autres pouffent des tiges grandes ôc fortes hors
de terre, il ne fera pas inutile de les butter du plus
au moins, en agiffant avec difeernement. Pour les
autres qui reftent fichées dans la profondeur de la
terre, il fuffit de les nettoyer des mauvaifes herbes,
fie d’empêcher que la terre ne devienne trop compacte
\ fl les pommes de terre de nouvelle production
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ne font pas fort enfoncées , ou que fe propofant de
les butter confidcrablement, on ne les plante pas
profondément, l’avantage qui en rélulte confifie
principalement en ce que lors de la fouille, il n’en
reite point ou peu en terre.
Choix des pommes de terre pour planter. Autrefois
on voulut auffi cconomifer en ceci ; on fe fervit des
plus belles fie des plus groffes pour la nourriture des
hommes , les moyennes pour le bétail, fie on crut
que les plus petites feroient auffi propres à planter
que les autres : ce font là de ces économies ruineu-
les. J’ai vu que quelques payfans fe l'ervoiem du
bled le moins parfait 6l tout fale pour ferner; au
lieu que des bons cultivateurs choififfent le plus
beau,.le plus parfait, le plus mûr ; quelques-uns
même pouffoient leur exactitude jufqii’à les faire
trier grain pour grain, 6c le bon fens nous apprend
que plus le grain d’une femence ell parfait, plus le
germe, la plante, fie fa production le fera ; c’eft ce
que l’expérience confirme.
On a remarqué à la fin que cette épargne étoit
nuifible , que les petites pommes en produifoient des
petites ; il y a plus : j’ai trouvé que les yeux même
produifoient des groffes pommes , fi on les tiroit des
groffes , &C de petites, s’ils ctoient pris des petites.
Il faut donc choifir en automne, après la récolte,
des belles groffes pommes pour les planter au prin-
tems : je ne veux pas dire que la groffeur en doive
conftituer la principale qualité , il s’en trouve fou-
vent qui ont quelque defaut ; il faut plutôt examiner
fi elles font fermes faines, ce font celles qu’on
plante le plus avantageufement ; alors on peut dif-
pofer des autres pour la nourriture des hommes fie
du bétail.
Des morceaux & des yeux. L’expérience a fait ouvrir
les yeux aux habitans de diverfes contrées où
on s’efi applique le plus à la culture des pommes de
terre, en plantant feulement des morceaux fie non
des pommes entières : au lieu qu’en d’autres, on continue
à en planter encore , ou , comme ils le nomment,
ferner: cette exprefiion elt très-applicable
chez ceux-ci, v a q u e , comme nous l’avons remarqué,
ceux qui regrettent la peine, jettent ou fement
des pommes de terre par poignées dans les filions. Je
vais donner un exemple frappant 6c récent, arrivé
en novembre dernier , des foibles progrès de cette
culture en certaines contrées.
J’avois fait part de diverfes efpeccs étrangères des
plus profitables, à un cultivateur zélé qui s’appliqua
avec foin à cette culture ; cela fut connu dans les
villages voifins : un de ceux-ci vint, Sc demanda à
en acheter dix boiffeaux ; celui-là demanda qu’en
voulez-vous faire ? — Les planter. — Combien d’ar-
pens?— Bon dieu, combien d’arpens, dites-vous!
fi Je plante trois pommes dans un trou , il n’en faut
pas tant. Notre cultivateur lui dit en riant : Mon
ami, bien loin que vous foyez obligé démettre trois
pommes dans un trou , elles vous en fourniront 50
fii plus : le payfan crut qu’on fe moquoit de lui, juf-
qu’à ce qu’on lui eût expliqué qu’il falîoit partager
les pommes en morceaux, & n’en planter qu’un dans
chaque trou ; 6c affuré que celles qu’il alloit acheter
étoient toutes provenues de pareils morceaux , il
en remercia le cultivateur, difant qu’il achètera également
cette quantité fie en fera jiart à fes voifins,
de même que de cette inflruélion fl iniérefiànte.
Au refte , morceaux & yeux font louvent des fy-
nonymes, d'autres fois non: fi les pommes ne font
pas greffes , s’il s’y trouve des yeux en grand nombre,
fi , dans certaines efpeces, ils font fi enfoncés
qu’on ne puifl'e pas fi bien les féparer feuls, alors on
elt bien obligé de faire autant de morceaux qu’il y
a d’yeux ; mais fi les pommes font groffes, fic eju’on
veuille en profiter encore pour la nourriture, on
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en répare ou excave les y e u x , comme ceux des
pommes ou poires : on les plante fouvent delà grof-
iéiir d’un pois, 6c ils produifent autant, fie s’ils font
tirés de gros fruits, d’aufîi groflés/^ow/zirs, que les
morceaux, les pommes même entières.
On a pouffé cette invention encore plus loin.
Lorfqu’on a des pommes unies, liffes, fans excref-
cences ou inégalités, on en coupe la peau de l’épail-
feur d’une ligne ou plus , de maniéré que l’oeil ne
fuir point bleffé; on coupe ces tranches de peau en
autant de morceaux qu’il s’y trouve d’yeux, fie on
les plante avec le même luccès.
Germes. On fait que vers le printems les pommes
de terre , fi elles font confervées en lieu un peu chaud
fie humide , j)oulîent des germes tout comme les
raves fie piufieurs autres légumes. Au printems 177Z,
M. F. me rapporta dans une des conférences eue
nous eûmes eniemble, avoir remarqué que dès le
commencement de mars, piufieurs pommes de terre
avoient pouilé des germes de la groffeur d’une
plume de pigeon , arqueux , fleuris , prefque creux
fie lansconliftance ; nous entrejirîmes non feulement
d’excaver l’oeil ^ mais de couper les germes même en
piufieurs morceaux fie de les planter : cela tait, nous
vîmes qu'après huit jours cette blancheur s’etoit
perdue ; que ces jeunes plantes ctoient devenues
toutes vertes , & à ne pouvoir être diltinguées des
autres plantes ordinaires, potir leur vigueur , ac-
creiffement, fleuraifon , &c. fie qu’elles avoient produit
des fruits, en automne, en auffi grande quantité
fie auffi gros que les autres ; même les germes plantés
encore pour effai en juin fie juillet, excepté qu’on
remarqua que le produit des derniers auroit été
plus confidcrable, fi on les avoir plantés plutôt.
Cette réuffiie nous fit pouffer nos conjeétures
plus loin : nous crûmes que peut-être ce feroit un
grand avantage , fi on plantoit autant de germes
polîibles préférablement aux fruits ; que fans con-
Iredir celui d’avoir des pommes de terre précoces,
celui d’en faire former de bonne heure pour les multiplier
6c en groffir le volume , étoit très-grand ; que
louvent, en plantant les pommes de terre en février
ou en mars, le froid , quand même il ne feroit point
de tort direêt à la pomme^ en retardoit la végctation
quille prenoit entièrement fon effor qu’à l’approche
de la chaleur: au lieu que les pommes de urre^yd,nx
germe un ou deux mois avant ce tems , c'étoit un
lems des plus précieux de gagné , vu ladite expérience,
fi^qu’alors il s’y pourroit former du fruit dès
le mois de mai; ce qui étoit un des grands buts à lé
propoferdans celte culture.
D après ce railbnnement, nous convînmes d’un
nouvel efiài a taire , fie ce de deux maniérés, de tenir CCS pommes de terre CnoCiits en lieu f'ec , 6c exempt
defroid julqu’en février ; alors de les tranfporter
dans un autre plus chaud , quand même il ne feroit
pas exempt de toute humidité, pour les y laiffer germer
; enfuite de les planter comme ci-devant' en
avril , dans un tems convenable , ou bien d’en agir
comme on le fait avec la plus grande partie des légumes
du jardin , en les plantant, pour les conlérver,
dans un peu de terre & dans une cave feche , mais
feulement à fleur de terre, piufque ce ne feroit que
pour tavorifer le germe ;& fi on les plante alors fe
joignant l’un l’autre , une place médiocre en fournira
en avril de quoi remplir un terrein afiéz confide-
râble , d’autant plus que louvent une pomme pouffe
deux , trois germes 6>c plus : par conféquent en fournit
bon nombre de morceaux.
Cette réflexion eft d’autant plus fondée , que les
«fpeces véritablement précoces, font plus portées à
germer que les autres ; dont voici une preuve : j’a-
vois tau part à M . F. de refpece la |>lus précoce ,
comnie de toutes les autres; il me marqua à la fin
Tome i r .
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de décembre dernier, qu’en ayant mis la récolte fur
un galetas ouvert contre le (oran , vent du nord-
ouell, par conféquent un lieu par trop chaud , elles
s’cioient avifees ailuelleracnt de germer. Lesyjora-
mcsdi terre poffedent une force végétative fi cxceffive,
que fi le fuc végétal ne peut redelcendre de la tige
pour contribuer à former 6l à groffir les pommes de
r^r/'enaiffanres,fuivantfadefiination, il agit d’une
autre maniéré. En yoici un c.xemple; en août ly y t
il le trouva dans le jardin une planterompue , mais
non dctachee , à ras de terre ; lesfucs du bas & du
haut ne pouvoient plus circuler ni le donner un fe-
cours réciproque ; celui du haut forma donc hors de
terre, près de la fraélure , piufieurs fomme de toute
groffeur ; M. de Gr, qui a pris peu-à-peu du «oût
pour l’agriculture , longea , félon la mcihode de
quelques-uns , à couper les tiges de les pommes Je
terre environ le même tems ; il les fii jetteravec d'autres
herbes arrachées en un tas : environ fix feniaî-
ncs après , pafliint devant ce tas, il remarqua que
ces tiges coupées avoient produit dans les aiffelles
entre la tige & la naifiancc des branches , ce qui arrive
dans nombre d’autres qui font encore fur pied ,
& qui lâchent de le debarraffer de leur fuc fuperflu;
c e s n ’etam rien moins que mûres, je ne les
crus d cuicunc uiilitc : j’en envoyai deux poignées à
M. de T.par curiofiic,il affure les avoir plantées ,
fii qu’elles ont produit deux boiffeaux à fleur bleue ,
par conféquent de l’efpece Hollandoile; s’il s’elî:
trompé en ceci ou non , c'effde quoi je ne faurois
décider : il s’agit de faire de nouveaux effais pour
favoir à quoi s’en tenir.
M. F. n’a donc pas tort de regarder les pommes de
terre comme uneefpece de polype végétal, qui coupé
fii partage de toute façon poffible, produit également
des plantes & des fruits , tout comme le polype animal,
coupé en pièces , forme également amant de
ces inleâes entiers , fii mérite de ne pas être moins
admiré; cette végétation eft telle, que M. F. a vu
pendant l’été 1771 , une feuille àepomme de larcqui
avûit une fraéfure ; au bout de la partie fupérieiire
prés de la fracture , s’éroit formé un bourrelet qui
paroifioit montrer des commencemens de racines ;
il cfl fâcheux qu’il n’ait pasfuivicette marche delà
nature en plantant cette feuille ; il y a toute apparence
qu’elle auroit formé une plante fii des fruits .*
il cil ailé de s’en éclaircir par un effai.
Graine. II y a plus de vingt ans que remarquant
tant de boules de graine aux plantes des pommes de
terre , je demandai aux cultivateurs fi l’on ne s’en lér-
voit point pour en femer la graine ; on me dit que
non ; d autres occupaiions plus importantes me firent
perdre de vue cette quellion, fii je n’ypenfai plus:
julqu’à ce que m’appliquant avec foin à la connoif-
lance fii culture des pommes de terre, je lus ce que
Ludovic en avoir écrit ; cet auteur en ayant fait
l’efiai, diiyavoirréiiff!; qu’àla vérité les plus oros
fruits n’avoient étéquede la groffeur d’un oeuf de
poule , mais qu’il efpéroit que de celles-ci plantées
l’année fuivante , il en auroit de plus gros.
J’ai dit que j’avois entr’autres pour objet de me
procurer Ans pommes de terre\çs plus précoces poffi-
bles ; je me flattai qu’en en fémani de la graine en
automne, comme on le pratique avec celles dedivers
legumes du jardin , elle pourroit lever , les pl.intes
fe fortifier jufqu’au printems, fie que je parviendroîs à
mon but : je l’effayai en femant trois ou quatre fois
dans le courant de feptembre , chaque fois une pincée
; le peu de verdure que je vis paroître en otfo-
bre , étoit fi petite , que je ne pouvois diftinguer li
elle provenoit de cette graine ou non, le z de mars
de l’année fuivante , n’en remarquant que qtiaire ok
cinq petites plantes, j’en femai encore la quantité d’à«
peu-près plein un dé à coudre ; elle leva fie produiüt
p p p ij
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