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le leüeur à penfer que telle pratique eft: fort difficile
y qvii ert trcs-fiiuple en loi » il fs rebute : la
prolixité Tempéche de faifir renl'emble d’une méthode
, ik de s’cii faire une idée claire 5: compleice:
il ne donne pas à l’effenticl tout ce qu’il devroit
lui donner , parce que l'auteur a trop fait valoir
des ininuiies , & il s’égare.
Il paroît que l’obfcrvation toujours utile des procédés
de la nature , doit fur-tout être la bafe des méthodes
dans les arts , qui font plutôt faits pour la
fuivre dc l’aider, que pour la foumettre 6c la fubju-
guer. Et quelle obfervation devoit précéder l’établil-
femen: des réglés de la taille du poirier y fi ce n’eif
celle de l’étendue que prend naturellement cet arbre,
6c de la maniéré dont fes boutons à truit fe trouvent
placés. Que l’on jette les yeux fur un poiricr\(o\c qui
croit dans un bon fol, on verra qu’il appuie fur un
tronc robufle ,une touffe d'une étendue prodigieule;
qu’on mefure la longueur de fes branches principales,
on trouvera qu’elles ont prés de trente pieds de
long, à compter depuis la tige : qu’on s’attache en-
fuite à examiner les ramifications de ces branches ,
on verra que les bourgeons de l’année précédente
font chargés de boutons il fruit, & que les branches
meme, tant fur leurs fubdi vidons que fur leur propre
écorce , font chargés , depuis leur infertion fur la
tige jufqu’aux bourgeons qui les terminent, de crochets
ou éperons très-courts qui font terminés par de
gros boutons à fruit : qu’on vifite ces épérons tandis
qu’ils font charges de fruits, on trouve un bouton à
fruit préparé, près de la rafle commune du bouquet
de poires, pour en porter de nouvelles l’année fui-
vante : qu’on fuive chaque année ces crochets, on
les trouvera fouvent fertiles pendant dix ou douze
années; 6c voilà l’obfervation d’où découlent naturellement
les vrais principes de la taille du poirier.
Il n’eft certes pas étonnant que les méthodes compliquées
dont la plupart de nos livres font remplis ,
répondent fi peu dans l’exécution aux fiatteufes efpc-
rances que faifoit concevoir leur pompeux étalage ,
dès qu’on fait qu’elles ne dérivent point d’un principe
vrai , 6c qu’elles contrarient la nature, au lieu de
lui prêter une main fecourable.
La plupart des auteurs de jardinage ne demandent
que douze pieds de diffance entre les poiriers efpa-
liers ; pîufieurs même confeillent de mettre un pommier
fur paradis entre-deux : or il eff certain que dans
une bonne terre un poirier a rempli cette étendue en
deux ou trois ans ; à quoi fe trouve t-on alors réduit ?
à fatiguer les racines de l'arbre , en tourmentant, en
mutilant fes branches ; à occafionner annuellement
le développement d’un nombre de bourgeons qui
nailTent au bas des coupures qui n’occafionnent
qu’une confiifion flcrile , 6c qu’il faut retrancher encore
, avant qu’ils aient pu devenrr féconds ; 6c
à fe priver encore de ces fertiles crochets qui
naifTent tout le long d’une branche maîtreffe ,
quand on lui laifTe prendre fon étendue naturelle,
6c qui ne paroiffent que rarement fur ces branches
mutilées, parce que lafeve repouffiée fe révolte fous
la ferpette ; & fe faifant jour de toutes parts,s’échappe
en dardant des bourgeons vigoureux, cruds 6c infertiles
, qu’on a taxés injuffement d’avidité 6c de rébellion
, tandis qu'ils ne font que fe fouffrairc (j’abuferai
des termes ) à une odieufe oppreffion , 6c que combattre
pour le fal.ut de l’arbre , dont ils retardent en
effet la deffruélion , en procurant par la réaéfion
de la feve en en-bas , le développement de nouvelles
racines.
Ce que nous venons de dire , fuffirolt peut-être
pour remettre fur la bonne voie ceux qui s’en font
écartés; mais nous allons néanmoins en déduire un
petit nombre d’enfeignemens capables de diriger tout
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cultivateur attentif, qui joindra à leur pratique u#
peu d’obfervation en préfence de fes arbres.
1^'. Ne mettez pas moins de trente pas de diffance
entre vos poiriers.
Etendez chaque année horizontalement les
branches de \o s poiriers, fans les couper jamais du
bout, à moins que cela ne foit nécefTaire pour procurer
le développement de nouvelles branches là où
i! en faut, pour donner à l’arbre , dans fa jeuneffe ,
une forme régulière, fymmétrique 6c pleine, ou
lorfque dans la fuite il fe fera fait quelque part un
vuide qu’il faut remplir. Faites cette opération , tant
que vous le pourrez, peu de tems apres la cueillette
des fruits ; ou, fi vous êtes dans le cas de la renvoyer
à un autre tems , ne la différez que jufqu’en février
ou aux premiers jours de mars.
3'’ . NIettez une diffance convenable entre ces
branches ; elle doit être proporilonnce à la groffeur
des fruits:cinqoufixpouccsl'uffifentpour les petites, •
mais les plus gros en demandent fept ou huit.
4°. Vifitez fouvent vos arbres pendant la belle
faifon , tant que leur feve eft en mouvement, afin
d’attacher régulièrement leurs bourgeons à mefure
qvi’ils naifTent au haut des branches, 6c d’ôter ceux
qui paroiff'ent en devant & ceux qui n’annoncent que
des branches infertiles. Moyennantees foins,le fruit
étant par-tout également & modérément expofé aux
influences de l'air 6c du foleil, en fera meilleur &
plus beau : votre arbre préfentera dans tous les tems
un afpeél agréable, 61 la taille, de l’automne ou du
printems fe réduira prefque à rien.
En fe conformant à cette pratique, vous ne ferez
pas dans le cas d’écorcer vos arbres pour les parer de
la moulfe, ni de couper leurs racines pour les rendre
fertiles ; moyens qui peuvent répondre aux vues de
ceux qui les emploient, mais moyens meurtriers qui
décelent l’ignorance de ceux qui n’ont pas fu prévenir
les funeffes accidens qui les rendent utiles : d’ailleurs
ce n’ell que par notre méthode qu’on fe procurera
des arbres de la plus grande étendue , de la
plus grande beauté , de la plus longue durée, 6c
dont un feul rapportera plus que dix de ceux qui font
conduits fuivant l’ancienne méthode ; mais il faut que
le fol falfe les frais de leur végétatiorr; Un fable gras,
une terre rouge, une terre meme affez forte, pourvu
qu’elle foit profonde, convient aux poiriers fur franc.
Les poiriers fur coignaffier préfèrent en général une
terre douce, onélueufe & médiocrement humide.
Les efpaliers & contr’efpaliers demandent des plates-
bandes de dix ou douze pieds de large. Lorfque la
terre du fond du jardin n’eff pas convenable , il faut
en rapporter 6c élever d’autant plus ces plates bandes,
que la terre fera plus humide ; faire des pierrées pour
l’écoulemenl des eaux lorfqu’elle eff trop abreuvée,
6c ne creufer pas du tout , lorfque le tuf ou le gra-
vois fe trouve trop près de la fuperficie. yoyei ce
que nous avons dit hir ce fujet au mot P ê c h e r , i'///»/’/.
Voici ce que nous devons y ajouter.
Si la terre du fond du jardin eft trop feche , il faut
rapporter des terres onftueufes, un peu humides:
fl elle eft trop humide , il convient au contraire de
choifir des terres légères 6c fablonneufes.
Le choix ou l’établilTement d’un bon fond ne fuffit
pas pour procurer aux arbres toute leur croilfance,
au fruit toute fa bonté ; il faut encore mettre vos
arbres à portée de profiter du bénéfice des météores,
entretenir & augmenter même à leur profit la fource
des fucs alimenteux , les parer des intempéries de
l’air, 6c leur procurer l’équivalent de fes douces influences
, quand elles font interrompues.
Il eft donc très-utile, 1°. de labourer vos plates-
bandes toutes les automnes, 6c de les remuer fouvent
durant l’été ; de les fermer ; 3°. de les abriter ;
4'’ . de les arrofer. Quelque larges quefoienr lesplates-
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bandes, vos arbres, devenus très-grands,étendront
kurs racines par-delà : ainfi il convient qu’ils aient
une bonne terre dans un grand efpace autour d’eux,
6c que cette terre foit autant travaillée & amendée
que celle des plates-bandes, puifqu’ils ne puifent leur
nourriture que par le bout do leurs racines,
L’engrais qui convient le mieux poiriers y eft le
fumier de cheval mêlé de terre légère dans les fonds
humides, 6c le fumier de vache &: de porc mêlé avec
des terres fraîches dans lesterreins fecs. Il faut tous les
deux ans conduire ces engrais dans les plates-bandes,
& les y mêler 6c les y enterrer avant l’hiver.
A l’égard des abris, nous ne les propofons que
pour les contr'efpaliers. Millerrecommande de faire
faire des tentures de rofeau,& de les élever derrière
les treillis,du côté du mauvais vent,pendant la florai-
fon , afin de protéger les embryons des fleurs , 6c en
automne pour parer les fruits des coups de vent qui
pourroient les abattre , 6c pour empêcher leur ma-
lurité d’être interrompue ou du moins contrariée par
les premiers froids. Des paillaflbns peuvent remplir
les mêmes vues.
Il nous refte à parler des arrofemens : on ne les
met pas affiez en ufage, parce qu’apparemment l’on
n’en fent pas affez l’utilité. Lorfque l’arbre eft privé
pendant trop long-tems des pluies dont le ciel ne
nous favorife pas toujours , les jeunes fruits ne recevant
plus les mêmes fucs, fe trouvent retardes dans
leur croilfance, dont la marche n’eftplus égale. Faute
d'humidité ils deviennent pierreux , 6c leur peau fe
durcit. Que des pluies fortes-ou continues furvien-
nent enfuite, voilà que de nouveaux fucs venant les
enfler fubitement, ils fe crevaffent de toutes parts :
leur chair ne fe rétablit pas pour cela , ils ont perdu
toute leur beauté ; 6c ce qui eft pis, ils ne mùrilfent
plus. Il eft donc efl'entiel de leur procurer une humidité
continue 6c égale, afin qu’ils croiffentégalement.
yoyei au mot PÊCHER, comment il faut s’y prendre
pour faire ces arrofemens avec le plus grand avantage.
Ce n’eft que par ce moyen feul qu’un amateur
pourra obtenir des fruits fuperbes, d’une pâte douce
6c d’un goût exquis.
Quoique tout ce que nous avons dit ait un rapport
plus dlreél aux efpaliers 6c contr’efpaliers qu’aux
vergers, il s’y trouve néanmoins bien des chofes qui
peuvent leur convenir, 6c que le cultivateur diftin-
guera aifément. Comme les poiriers en buiffon font
maintenant bannis des jardins potagers, parce qu’ils
les offufquent 6c y occupent trop de place , on eft
contraint de les planter à part ; ces plantations peuvent
paffer pour des vergers nains ; on peut auffi
faire des vergers avec des demi-plein-vent greffés
fur coignafller ; ils demandent au moins vingt pieds
de diftance : on n’en mettra pas moins de quarante
entre les poiriers en plein-vent. Au refte, tout ce que
nous dirons des vergers de pommier, à l’excep-
lion du choix du fo l, convient aux vergers de poirier.
Voyei le mot P o m m i e r , Suppl.
Nous avons déjà dit qu’il le trouve à côté des bouquets
de poire que portent les branches-crochets, un
nouveau bouton à fruit pour l’année fuivante : il faut
donc avoir grande attention, en cueillant le fruit,
de ne pas rompre ou blefl'er ce bouton précieux. Le
tems de la cueillette dépend tellement de l’cfpece,
du climat, de la température de l’année , &c. qu’il eft
impoffible de preferiredes réglés à cet égard. Il faut,
après avoir cueilli les poires, les pofer doucement
dans des paniers : on les porte dans la fruiterie , 6c
on les y depofe en tas pour les lalffer relTuer. Au
bout de quelque tems on les efl'uie, les unes après les
autres, avec un morceau de drap, & on les range
fur les tablettes, M. Duhamel du Monceau conléille
d’envelopper de papier les poires qu’on veut confer-
Ycr très-long-tems, ôede les enfermer dans des tiroirs
Tome IFm
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ou des armoires. On les conferve auffi fort bien dans
la cendre ; mais elle leur communique une mauvaife
odeur. Miller veut qu’on ait de grands paniers garnis
de paille d’orge par le dedans, tant au fond que
contre les parois intcrievires, qu’on ajufle enfuite du
papier fur cette paille , & qu’on emplifl'e ces paniers
de poires : on met du papier par-deffiis, puis encore
de la paille , 6c on ferme le couvercle. 11 faut avoir
attention de ne mettre qu’une feule efpece de poire
dans un panier , 6c de l’cnquetcr. Miller affure que
les poires fe confervent très-long-tems par cette méthode,
quoiqu’elles le touchent 6c fe prefTent. On
aura peine à le perfuader à ceux qui ne veulent pas
que les fruits fe touchent fur les tablettes des fruiteries.
Ce qu’il y a de certain ,c ’cftquede toutes les
méthodes de conferver les fruits, celle-là fera la meilleure
qui les garantira le mieux de l’impreffion de
l'air qui eft la principale caufe de leur fermentation..
On fait que des fruits enfermés dans le vuide d’une
machine pneumatique , y demeurent incorruptibles.
{M. U Baron DE T schol/D I .)
POISONS, (^Méd.leg.) Les moyens de reconnoitre
les traces d’un poifon dans le vivant ou fur le
cadavre, forment l’une des plus importantes que-
ftions de médecine-légale : 6c j’ofe même dire, l’une
des plus dlfficiles^'i traiter.
Il eft important, dit M. Devaux , de connoître les
effets des/>oi/ci/z5 pris intérieurement; 1°. pour être
en état de fecourir au plutôt ceux qui ont le malheur
d’en avaler parméprife, ou qui ont des ennemis affez
fcclérats pour trouver les moyens de leur en faire
prendre , afin de leur caufer la mort.
2°. Pour faciliter la conviélion de ceux qui font
coupables d’un fi grand crime , 6c difculper ceux qui
en peuvent être fauffement aceufes.
L’expert a donc pour objet de reconnoitre les traces
du poifon fur le vivant & fur le cadavre ; il cioic
encore en rechercher la nature ou l’efpcce,pour être
en état de s’oppofer à fes effets ou de les prévenir.
Le peu d’étendue qu’on a donné à cette quefllon
dans le DIB. r .iif des Sciences, &c. 6c la négligence
a^•ec laquelle elle y eft traitée, m'autorifent à entrer
dans un détail particulier fur ce fujet fi intéreffant.
Un homme peut s’être empoifonné volontairement,
par ennui ou dégoût de la vie, ou s’etre empoi-
foiinéparmégarde ; il peutaulTiavoirétéempoifonné
malicieufement par des mains étrangères, ou par
fimple méprife. Ces différentes cii'conftances ne concernent
point l’expert, fon minifterc fe borne à
conftater l’exiftence 6c la nature du poifon , 6c aux
moyens d’en prévenir ou d’en diffiper les effets. J’ex-
poferai donc dans cet article, i®. les moyens de reconnoitre
fl un homme encore vivant a été empoifonné
; 2°. les fignes de poifon que peut préfenter le
cadavre ; 3°. les différentes fubftances venimeufes
dont les fcclérats ont iifé quelquefois, ou que le
hazard met à portée de nous nuire; 4°. les moyens
connus d’y remédier lorfque les circonftances le permettent.
On donne le nom de poifon aux chofes qui, prifes
intérieurement, ou appliquées de quelque maniéré
que ce foit fur un corps vivant, font capables d’éteindre
les fonétions vitales, ou de mettre les parties
folides 6c fluides hors d’etat de continuer la vie.
Mead regard-e c o m m e , tonte fubftance qui,
à petite dofe, peut produire de grands changemens
fur les corps vivans.
On conçoit par cette définition qu’il n'eft point de
venin ablblu, comme i! n’exifte point de médicament
abfoîii. Pluiieurs fubftances innocentes de leur nature
, font des pofons pour quelques-uns ; 6c les
médicamens evix-mêmes , les plus aélifs 6c les plus
utiles, agUfant à la matilere des pofons , ne peuvent
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