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plus feche ; car on ne doit jamais femer de l’avoine,
Cjue la fcmence n’ait été é>j)rouvée , en mettant en
terre un certain nombre de grains pour éprouver
s’ils lèvent bien. L’avoine javellée eft plus fujette
â lé corrompre que celle qui ne l’a pas été.
Il elt bon (le ne femer les avoines , q\ie quand
l ’herbe que la faux a coupée efl feche : fans cette
précaution, les tas s’échauffent quelquefois à un tel
point, que le germe du grain eff étouffé, qu’il
n’eff plus propre ù enfemencer (^g).
On doit fouvent remuer l’avoine dans les greniers
pour fa pcrfeéHon & fa confervation. Si l’on néglige
de la manier fouvent, tous les quinze jours, ou au
moins tous les mois, elle fermente, s’échauffe, devient
rance & acide , enfin elle tombe dans un état
de putréfaélion qui caufe aux chevaux les memes
maladies que le foin corrompu : telles font le farcin,
la maladie du fe u , la galle, & quelquefois la
morve.
L ’avoine femble être réfervée pour les chevaux ;
il eff cependant beaucoup de payfans qui en font du
pain , è z qui n’en mangent point d’autre , quoique
l’ufage en fbit défagréable & mall'ain (/i). il eff bien
malheureux que dans un pays agricole auffi fertile
que la France , où l’on prétend que les récoltes en
bled ■ froment d’une feule année, fuffifent pour la
confommation de deux à trois ans, le cultivateur
foit néanmoins réduit à manger du pain d’avoine.
(O -
Le pain d’avoine eff noir , amer; il échauffe ; il fe
digéré difficilement, & il refferre le ventre. Pline
dit que les anciens Germains ne fe nourrïïîbient que
de gâteaux faits avec de la farine d’avoine. Lesha-
bitans de l’Ecoffe ôcceux du pays de Galles ne fe
nourriffent encore aujourd’hui pour l’ordinaire que
de gâteaux plats faits avec de l’avoine ; mais on les
pétrit avec du levain de biere pour en dlffiper la
vifcofité & les rendre plus légers.
Les Anglois & les Polonois font de la biere avec
de l’avoine : celte biere eff préférable , à certains
égards, à celle qu’on fait avec de l’orge.
Tout le monde connoit cet excellent gruau fait
avec de l’avoine mondée : il eff auffi falutaire à ceux
qui fe portent bien , qu’aux perfonnes malades &
attaquées de la poitrine. C’eff en Bretagne & en
Touraine o\i l’on fait l’avoine mondée , en la dépouillant
de fon écorce, & en la réduifant en poudre
groffiere dans des moulins faits exprès. On prépare
avec ce gruau & du lait une forte de bouillie , qui
fournir un aliment plus léger que le riz & que l’orge
mondé.
Le mais ou bled de Turquie eff encore une plaint
céréale, & mérite un examen particulier. V o y , Maïs ,
Suppl. B è g u il l e t .^
§ PLAQUEMINIER , Piaqueminier par les
habitans de la Loulfiane , ( B o t . Jard. ) en Latin
guiacana. J. B. diofpyros çn k n ^ o \ s ^ In dian
dauplumb , en Allemand, Indianifche dattelpjlaU’^
menbaum.
Caractère générique.
Dans les efpeces de ce genre , des individus particuliers
ne portent que des fleurs hermaphrodites,
d’autres ne font chargés que de fleurs mâles ; les
premieres ont un grand calice obtus, découpé en
{g ) La paille d’avoine eft bonne pour l itiem beaucoup ; mais elle n’eft pas fi bonnee ps ovuarc lhees sc, hqeuvia lu’axi-, à q(u Ai )o nO pnr éptreéntedn qdu q’eul'leen dboanffnee B dreesta tgrannec lheé peas.in d’avoine donne la g(ai)le àS ic le’auvxo qinuei enn’e fmt apnags ebnot nhnaeb iteune lpleamine ,n te.lle eft très-utile eland ems éqdue’caivneec. dLeess bmouéidlleocnins sd A’avnogilnoeis dnaen sn loeus rmrifafleandti else uarigs umësa:
iillss fdoinvti laeunftf,i tirlsè sp-ouutiflfeesn td laenss ulersin ceast,a r&re es x&ci tleens te lnar otruaenmfpeinrasi.ion :
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quatre parties plus grandes que le pétale, ce calice
eff permanent. La fleur eff monopétale , & figurée
en cruche ; elle eff profondément découpée en
quatre fegmens : on y trouve huit étamines qui font
fortement attachées à la paroi intérieure du calice ;
leurs pédicules font très-courtes, elles ne débordent
pas le pétale , & ont leurs fommets alongés ;
au centre eft fitué un embryon arrondi, furmonté
de quatre ffyles qui font intimement joints enfem-
ble. L’embryon devient une greffe baie , ou fruit
charnu; ce fruit qui reffe environné du calice ,
eft divifé en ptufieurs cellules , dont chacune contient
une fcmence oblongue , dure & comprimée :
les fleurs mâles reffemblent aux fleurs androgynes,
à cela près , qu’elles font dépourvues de piffils.
Efpeces.
I. Plaqucminier à feuilles étroites £c unies , ù pétioles
purpurins.
Diofpyros foUis anguflls^ glabrls ^pctiolis purpiiraf-
ceniibiis. Hort. Colomb.
Diofpyros folionnn paglnis difcoloribus. Linn.
Sp. pl.
The Indian dateplumb.
%. PlaquerninieriiïiimWcis plus larges, velues par
deflbus.
Diofpyros follis latiorihus fuhtîis hirfilis. Hort.
Colomb.
Diofpyros foliorum paginis concoloribus. Linn,
Sp. pl.
The pishainin or perfmon and by fame pitekumon
plumb.
M. Duhamel en tranferit trois efpcces, mais il ne
parle que de deux; ainfi nous pouvons douter de
l ’exiltence de cette troifieme qu’on ne trouve nulle
part ailleurs.
Le plaqucminier, n'^. / , s’cleve dans les parties
méridionales de l'Europe, à la hauteur de trente
pieds; peut-être formc-t il un plus grand arbre en
Afrique , dont on le dit indigene ; l’écorce des bourgeons
eff unie & rougeâtre ; le verd des feuilles eft
nuancé d’une couleur faufle, fur-tout par les bords.
On voit un très-gros arbre de cette efpece au jardin
de botanique de Padoue : il donne annuellement
quantité de fruits, avec lefquels on l’a multiplié ôc
dil'perfé en Europe ; c’eft pourquoi quelques anciens
botanifles l’ont appellé guaiacum patavinum : on
penfe que cet arbre eff le lotus dont Ulyffc & fes
compagnons goûtèrent le fruit : cet arbre croît affez
vite dans fa jeuneffe ; fon feuillage eff agréable èc
ne fe dépouille que fort tard; le fruit eft petit.
L’efpece n'^. 2 croît naturellement dans la Virginie,
la Caroline &; la Louifiane ; il forme un petit
arbre, ou plutôt un grand buiffon qui s’éleva rarement
au-deffus de douze ou quatorze pieds ; difficilement
peut-on le contraindre à ne conferver qu’une
tige nue : l’écorce de fes branches eft noirâtre , &
celle des racines très-noire : les feuilles font beaucoup
plus larges que celles du lotus ; le deffous en
eff légèrement velu , ainfi que l’écorce des bourgeons
: les fleurs fortent une à une des aiffelles des
feuilles, elles paroiffent dans le mois de juin, & n’ont
que peu d’éclat. La décoffion des feuilles eff aftrin-
gente ; le bois paflé en Amérique pour être dur &
de bon ufage : le fruit de ce plaqueminier eff de la
groffeur d’un oeuf, & ne fe mange que lorfqu’il eft
mou comme les neffles : on fe fert de la pulpe comme
d’une pâte pour faire des efpeces de galettes fort
minces, d’un goût affez agréable, & qui arrêtent les
diarrhées : on les met fécher au feu ou au folcil, ces
dernieres font les meilleures. Un Normand établi à
la Louifiane eff parvenu à faire de bon cidre avec
ce fruit : nous avons pris ce détail dans le Traité des
arbres éâ arbufes de M. Duhamel du Monceau.
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Les pîaqucminhrs fe multiplient par leurs graines ;
il faut les femer en novembre ou en mars dans des
caiflés qu’on mettra dans une couche pour accélérer
les’progrcs de leur germination : on fera paffer
les deux premiers hivers à ce femis fous des caiflcs
vitrées. Le printems fuivant on plantera les jeunes
arbriffeaux en pépinière dans im lieu abrité ; au bout
de deux ans il conviendra de les placer à demeure :
ce régime doit varier fuivant les climats. Dans le pays
Meffin le plaqueminier de la Louifiane a de la peine à
paffer l’hiver à l’air libre dans les lieux ouverts. J’e;i
ai qui ont fouvent perdu leurs nouvelles branches
aux deux tiers de leur longueur, il eft vrai qu’elles
croient fort drues & fort fucculentes ; j’imagine
qu’elles n’effuieront plus de pareils accidens, lorf-
qu’elles auront pris de la confiffance , en attendant
je les empaille durant le plus fort de l’hiver. Il eft
Wentiel de mettre de la litière autour du pied des
plaquerniniers dès l’entrée de cette faifon : dans des
fols fees & des lieux abrités contre les plus grands
vents, il y a toute apparence que ces arbres f'erolcnt
rarement atteints de la gelée. Le n°. 2 fruffifîe abondamment
en Angleterre ; mais le fruit n’y mûrit pas,
on eft contraint d’en tirer la graine d’Amérique : au
reffe je l’ai multiplié de marcottes faites en juillet
avec les branches inférieures les plus fouples, &
même avec des bourgeons récens : il faut donner à
CCS marcottes tous les foins requis ( V. A laterne, •
Supplément. ) , & ne les févrer qu’apres s’etre affuré
qu’elles font enracinées parfaitement. J’effaie de reproduire
le n^. I par cette voie ; je n’ai point tenté
celle des boutures. Les plaquerniniers méritent, par
la beauté & la fraîcheur durable de leur feuillage ,
une place dans les boiquets d’été , & les parties de
déferts à l’angloife. (AL le Baron DE Ts c h o u d i . )
§ PLATANE, (^Bot. Jard.') QnVàûnplatanus
anglois the plane tree.
Caractère générique.
Le même individu porte â une certaine diffance les
unes des autres des fleurs mâles & des fleurs femelles
, les fleurs mâles font groupées en bouquets aron-
dis : elles font dépourvues de pétales & n’ont que des
étamines colorées, terminées par des fommets qaa-
drangulaires ; les fleurs femelles raffemblées en greffes
pelottes , ont des petits calices écailleux & plu-
fieurs petits pétales concaves, ainfi que plufieurs embryons
formés en alêne, &fitués au-deffus des ffyles
& couronnes par des ffigmates recourbés, l'embryon
devient une petite femence arrondie qui demeure
au bout du ffyle foyeux, & qui eff entouré
d’un duvet fin.
Efpeces.
I. Platane à feuilles palmées, platane d’orient,
main découpée.
Plataniis foliis palniatis. Hort. Cliff.
The cafternplane tree.
1. Platane à feuilles découpées enXohQ, platane
de Virginie.
Platanus foliis lobaiis. Hort. Cliffy.
Occidental or Virginian plane tree.
Variétés.
I. Platane k feuilles d’erable.
^■ Platane de Bourgogne k feuilles à trois lobes
peu profonds ; platane à feuilles en patte d’oye.
3. Platane d’Efpagne k feuilles larges, découpées
en lanières.
4. Platane d’Angleterre à petites feuilles, découpées
en lanières.
5. Platane k feuilles découpées en lanières larges
& obtufes.
6. Platane d’Orléans àfeuilles arrondies, il ne man-
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que à notre coUeétlon que cette derniere variété.
Le platane n ° 1 , naturel de l’Orient, eft un des arbres
les plus anciennement connus & des plus illu-
Ürcs. La Sageffe elle-même, par la bouche de Salomon
, a célébré ces arbres majeftueux qui s’élevoient
dans les vallées folitaires du Liban , & le voyoient
couler ious leur vaüe 6c frais ombrage ; ces ruif-
feaiix , CCS torrens dont les poètes facrcs ont immor-
talifé les noms ; tandis que de grands fleuves coulent
fans gloire dans les contrées que l’ignorance ou l’in-
lenlibilité couvrent de leur nuage. Rien de grand ,
rien d’impolant qu’on ait comparé au p là ta n e , dans
ces tems où la poèfic vive & fierc, noble & fimple ,
libre encore de nos petites conventions, s’élançoit
pleine de feve , & préfentoit avec les couleurs de la
nature, le magnifique tableau dont fans ceffe elle
frappe nos yeux.
Bientôt leplat.rne fut cultivé en Perfe , oii l’on fait
encore aujourd’hui de cet arbre un cas fingulier, non,
j>as feulement à caiùé de ta beauté, mais parce qu’on
prétend que ta tranfpiration mêlée â l'air, qui s’annonce
par une odeur douce & agréable , donne des
qualités excellentes à ce fluide que nous relpirons.
Les Grecs, ce peuple fi fenfible aux bienfaits de la
nature, l’ont cultivé avec les plus grands foins, les
jardins d’Epicure en étoit décorés. C’éîoit fous le
dôme de leur feuillage qu’il donnoit, parmi les jeux
& les ris , ces leçons d’une fageffe aimable , qu’on a
depuis calomniées.Tous les fameux portiques, où s’en-
feignoient les fciences & les moeurs, ctoient précédés
de grandes allées de ces beaiix arbres ; alors, lesave-
n Lies de la phîiofophie éioient riantes ; on ne la voyoit
point fédentaire é i renfrognée, creufer dans le vuide
au fond d’un cabinet poudreux : les philofopiies fa-
voient penfer & jouir du doux plaitir de la promenade
: des quinconces de platan e environnoieni le lycée.
C’eft là qu’Ariflote, au milieu de la foule de
fes dilciples, jettoit fur la nature ce coup d’oeil vafte
qui nous a appris à le bien voir ; & s’il étoit permis
de croire à la préexiffence desames, on pourroit imaginer
que celles des Linnés, des Buffons, planoient
dès-lors fous ces ombrages, & y recueilloientles germes
de leurs ouvrages immortels.
Le platan e , félon Pline , fut d’abord apporté dans
nie de Diomede pour orner le tombeau de ce roi ;
de là il pafla en Sicile , bientôt après en halle, de là
en Efpagne & jufques dans les Gaules, fur la côte du
Boulonnois oii U étoit fujet à un impôt. Ces nations,
dit ce naturaliffe, nous paient jufqu’à l’ombre dont
nous les laiffons jouir. Il parle d’un fameux/’/^zw/zg
qui fe voyoit en Ly cie, dont le tronc creux formoit
une grotte de quatre-vingt-un pieds de tour : la cime
de cet arbre reffembloit à une petite forêt. Licinius ,
gouverneur de Lycie, a mangé avec dix-huit perfonnes
affifes fur des lits de feudies dans cette grotte
tapiffée de pierre-ponce de moufle ; il affuroit y
avoir goûté plus de plaifir que fous des lambris dorés,
& n’avoir pu entendre le bruit d’une groffe pluie
arrêtée parles hauts étages de fes touffes, quelque
attention qu’il s’efforçât d’y prendre. Il y avoir dans
rifle de Chypre, une efpece de platan e quinequit-
toit pas fes feuilles; mais les rejetions qu’on a tranf-
portcsailieurs,ont perdu cet avantage, qu’il ne de-
voit fans doute qu’au climat.
Ce fut vers le tems de la prife de Rome par les Gaulois,
qu’on apporta le platane en Italie, depuis lors orl
l’y a prodigieufement multiplié. Les trop fameux jardins
de Salluffe en étoient remplis, & le luxe des
jardins eft devenu fi ex'cefîîf, qu’on plantoit des forêts
à l’afpeff du midi pour parer du chaud les mai-
fons de plaifance. Pline U Horace déplorent cesabus»
Le poète philofophc qui ne dédaignoit pas de boire
couronné de rofes , le falerne & le cécube avec fes
amis , fous l’ombrage épais de quelques arbres