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bon effet, qu'autanc qu’elle efl unie à la plus grande
clarté ; c’ efl à quoi l’on doit faire la plus grande attention.
Horace dit beaucoup dans ce peu de mots ;
Pauliim fepulta dijlat inerties
Cildta \inus.
Mais cette précijïon eft inutile à celui qui a befoin
qu’on lui exprime ce que l’auteur a voulu dire.
Pour atteindre à la précifion des penioes, il faut
pouvoir renfermer plufieurs vérités dans une maxime
générale , Sc préfenter ù l’efprit dans une feule idée
les plus riches images , comme Haller, qui comparant
l’état aftuel de l’homme avec ion état futur ,
l’appelle un état dt chcnilU. Dans les deux cas, les
figures, & quelquefois la métonymie, rendent de
grands fervices. On peut aufii renfermer plufieurs
idées dans une feule , en choififfant une image qui
d’une maniéré naturelle les falTe toutes appercevoir;
comme quand Horace , parlant des funeftes fuites de
la guerre civile, dit;
Fcrifqiu rtirfus occupahitur folum.
Cette feule idée qiieritalie redeviendra lefejour
des bêtes féroces, en doit néceffairement renfermer
mille autres.
Si l’on veut par une heureufe tournure dire beaucoup
en peu de mots , il faut préfemer fon fiijec du
côté oil il peut être le plus promptement confidcrc.
On peut dire beaucoup de choies pour donner à quelqu’un
l’idée vive de l’entiere delîruélion d'un pays;
mais de quelque côté qu’on faffe envifager la choie,
on ne la laifira pas toute plus promptement que lürf-
qu’on nous la montre en ces mots :
Et campas uhi Troja fuit.
Il paroît que la/jrétrjfo/z ,qul ne confifie que dans
l’exprelfion , efl celle que l’on obtient le plus difHcil-
lement ; car celle qui fuit delà richeffe ou de la tournure
heureufe des penfées, eft un effet du génie , &
n’exige aucun art. Cette richeffe eft un don de la nature
; mais le talent d’être précis dans l’exprelfion ,
s’acquiert par l’exercice. Il ne fautpaspeu d’art pour
exprimer un nombre de penfées donné , par le plus
petit nombre de mots , fans autre expédient que
celui de rejetter tout ce qui eft fuperflu. Ici tout eft
art. Si l’on veut dire qu’il eft impolTible de connoî-
tre le caraélere d’un jeune homme qui eft encore fous
la férule, parce que la timidité de fon âge l’empêche
de fe livrer à fon penchant, & qu’il s’abftient
de bien des chofes qui lui font défendues , en forte
que foncaraélere n’eft point développé ; il lemble
prefqiie impoflible de réduire toutes ces penfées en
moins de mots. Cependant Térence les exprime
beaucoup plus précifément. Comment veux-tu con-
noître la façon de penfer, tandis que la jeuneffe ,
la crainte éc un gouverneur la tiennent en bride?
Q^ui fàre pofeis aut ingenium nofeere ,
Dùm estas , metus, magijîsr prohibent >
On ne peut parvenir à cette pricifwn , qu’en examinant
à loifir un plan d’idées fort étendu. Lorfque
l’on a raffemblé tout ce qui appartient au fujet, il
faut, pour être aufTi précis qu’il eft pofiible,travailler
furchaque idée en particulier , & la renfermer
dans le moins de mots qu’elle le permet. Cicéron,
dans les repréfentations contre le partage des terres,
prouve clairement que les Dccemvirss’empareroient
par-là de tout l’état, & qu’ils poiirroient agir augrc
de leur caprice. Il fait dire à Rullus , qui avoir pro-
pofélaloi Agraire, quils hoient fon éloignés d'abit-
ferainfi de leur crédit. L’orateur avoir trois objeélions
à faire contre cette affurance: qu’il étoit fort
incertain qu’ils n’abufafiént pas de leur pouvoir; 2°.
qu’il étoit probable qu’ils en abuferoieut; 3*^.
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que quand cela n’arriveroit pas , il ne conviendroit
point d’obtenir le falut & le repos de l’état comme
un bienfait de leur part, tandis qu’on pouvoit lui procurer
l’un & l’autre par un fage gouvernement. A
coup fCir, ce ne fut qu’après une mûre réflexion , que
Cicéron parvint à préfenter ces trois objeélions d’une
manière fi concife. D ’abord cela eft certain ; je crains
en fécond lieu que ccla n’arrive ; pourquoi con-
fentlrois-je enfin à devoir plutôt notre falut à leurs
bienfaits , qu’à lafagefle de notre gouvernement? Le
latin eft encore beaucoup plus précis:primùrnncjcio:
deindé timeo : pofremh non commitiam , ut v cfro bem.
fic io p o tiîis quani nojîro c o n j ilio ,fa lv i e£e poffimus.
Cette efpece de précifion eft fur-tout néceflàire
dans les endroits où l’on muitij>lie les images qui
doivent promptement produire l’effet qu’on f'e pro-
pofe ; car plus elles font ferrées , plus elles opèrent.
Cette précifion vient de la langue même, ou du génie
de l’orateur. Une langue en eft plus fuiceptibic que
l’autre. Le latin & le grec , par le moyen d'un grand
nombre de participes , fe prêtent plus à la concifion
que la plupart des langues modernes. Puiiqu’on fait
tousles jours quelques changeinens aux langues vivantes
, on devroit remarquer avec (bin dans les
meilleurs écrivains, les innovations heureufes & favorables
à \i\préci/ion , pour les mettre enulage clans
la langue. Ce font fur-tout les poètes qu'il faut con-
fulter , parce qu’ils font obliges d’employer de nouvelles
tournures. La poéfie n’eût-elle que cette utilité,
c’en feroit allez pour qu’on dût faire les plus grands
efforts pour la perfeéHoner.Il eftfûr que parles chan-
gemens qu’y ont faits les poètes, la langue Allemande
lé prête aujourd'hui beaucoup plus à h précifion ^
qu’elle ne faifoit auparavant. Ce n’eft pas cependant
qu’on puifté adopter d’abord dans le difeours ordinaire
toutes les expreffions abrégées de la poéfie.
Mais la précifion., même dans les langues qui en font
les plus fufceptibles »dépend beaucoup du génie de
l’orateur. Celui qui n’eft pas accoutumé à chercher
la plus grande perfection que le génie feul apperçoit
ne parvient pas toujours à la plus grande précifion.
C ’eftun avantage particuliérement propre aux grands
génies qui s’attachent par goût aux fciences les plus
élevées. {C e t article e f tiré de laThéorie générale des
B ea u x -A rts p ar M . DE S u l z e R. )
PRÉFET DES C a m p s , (M/ice A s Romains. ) L e
prefetdescamp s^quoiqu’ in fé r ie iir e n d ig n h é à celui de
la légion,avoir un emploi confiderabie. La polition,
le devis , les retranchemens Se tous les ouvrages des
camps le regardaient. II avoitinfpcCHon fur les tentes,
les baraques des foldats &c fur tous les bagages. Son
autorité s’étendoit aufii fur les médecins de la légion,
fur les malades &c leurs dépenfes. C ’etoit à lui à pourvoir
qu’on ne manquât jamais de chariots , de chevaux
de b â t, ni d’outils néceffaires pour feier ou
couper le bois ; pour ouvrir le fofTé , le border de
gazons & de palifTades , pour faire des puits ou des
aqueducs : enfin il étoit charge de faire fournir le bois
& la paille à la légion , & de l’entretenir de béliers ,
d’onagres , de baliftes & de toutes les autres machines
de guerre. On donnoit cet emploi à un officier
de mérite qui avoit fervilong-tems & d’une maniéré
diftinguce, afin qu’il pût bien montrer ce qu’il avoit
pratiqué lui même.
Pr é f e t desOuvriets. La légion avoit à fa fuite des
menuifiers , des maçons , des charpentiers, des forgerons
, des peintres & plufieurs autres ouvriers de
cette el^pece. Ils étoient cleftinés à conftruire les lo-
gemens &i les baraques des foldats dans les camps
d’hiver , à fabriquer les tours mobiles, à réparer les
chariots & les machines de guerre ,ou à en faire de
neuves. Dilférensatteliers oùronfaifoiticsbouciiers,
les cuiraffes, les fléchés, les javelots, le« cafques
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& toutes fortesd’armes offenfives & elefenfives , fui-
voient encore la légion. Tous les ouvriers dont on
vient de parler, étoient fous les ordres du préfet des
camps. ( ^. )
P r é f e t de lu légion , { A n militaire. M ilice des
Romains. ) Ces (ortes de préfets croient des hommes
conl’ulaiies qui commandoicm les armées en qualité
de lieuienans. Les légions & les troupes étrangères
leur obcilToient, tant dans les affaires de ia paix que
dans celles de la guerre, lis commandoient,foiis l’empereur
Valentinien, deux logions , & même des
troupes plus nombreufes, avec la qualité de maîtres
de la milice , mais c’etoit j)roprement le préfet d ’une
légion qui la gouvernoit. 11 étoit toujours revêtu de
la dignité de comte du premier ordre : il repréfen-
toic le lieutenant-général, & exerçoit en fon abfcnce
un plein pouvoir dans la légion. Les tribuns, les
centurions de tous les (blclars, étoient fous fes ordres :
c’étoit lui qui donnait le mot du décampement & des
gardes ; c’étoit fous fon autorité qu’un Ibidat, qui
avoit commis quelque crime, étoit mené au (îip-
plice par un tribun. La fourniture des habits & des
armes des foldats, les remontes & les vivres, croient
encore de fa charge. Le bon ordre & la dii’cipline
militaire rouloient fur lu i, & c’étoit toujours (ous
fes ordres qu’on faifoit faire tous les jours l’exercice,
tant à l’infanterie qu’à la cavalerie légionnaire. Lorf-
qu’il faifoit fon devoir , c'étoit un chef vigilant qui,
par ralfidiiité du travail, formoit à l’obéiflance Si au
métier de la guerre la légion qui lui étoit confiée ,
& il en avoit tout l’honneur. { F . ' )
PREOBRASCHINSKOY , ( Géographie. ) vieux
château de la Rufiîe en Europe , aux environs de
Moskov. II eft bien moins remarquable par lui-
même que par le corps militaire qui porte fon nom,
ik qui , confiflant en 3352 hommes d’infanterie,
parmi lefquels font compris 107 bombardiers, a
compofé , dès le régné de Pierre le Grand , le premier
régiment des gardes à pied des empereurs &
impératrices de Ruific , a eu par conf'cquent une
■ part linguliere aux diverfes revolutions fiirvenues
dès-lors au trône de cet empire. { D . G .')
PRÉPARATION , ( Mujiq. ) aéfe de préparer la
dilTonance. PRÉPARER , {M u f i q . ) D ic lio n n .
raif. des S c ien c e s , & lc . & S u p p l. ( ô )
§ PRESBÜURG, ( Géogr. ) F o fo n y , Prefporceck ,
PoJ'oniiim , P ifon ium , très-ancienne ville de la baffe
Hongrie, dans une province de fon nom, au bord
du Danube & au pied d’une colline agréable , fur laquelle
eft placé le château de cette ville. Elle eft titrée
de libre & de royale, & c'eft de nos jours la capitale
du royaume en entier. Les Jazyges en avoient,
dit - on , jette les fondemens long - lems avant que
les Romains entraflènt dans la contrée. Il eft à croire
en effet que cette ville fut habitée de bonne heure.
Elle a , par-defTus la plupart des autres du pays ,
l'avantage de refpirer un air fain. Elle n’eft cependant
pas grande en elle-même ; à peine , dans l’enceinte
du double mur & des foffés qui l’environnent,
contient-elle 200 maifbns ; ôc dans ce petit nombre
il en eft fort peu de belles. Scs fauxbourgsfont beaucoup
j>his confidcrables ; ils s’étendent au loin à la
ronde , Sc le méridional, entr’aiitres , eft généralement
l)ien bâti. C ’eft au refte dans ce fauxbourg que
le trouve le Mont-royal, petite éminence au haut
de laquelle il eft d’ufage que chaque nouveau roi de
Hongrie le rende à cheval ; & là , l’épée de faint
Etienne à la main, la tourne nue vers les quatre côtés
du monde , & par le maniement fignificatif de cette
arme, attefte , pour ainfi dire , l’univers, qu’il eft
prêt a défendre fes fujets contre tout ennemi quelconque.
Dans l’intérieur de la ville même, on remarque!
cglife cathédrale de Saint-.Martin, où, depuis
Ferdinand I , l’on a couronné tous les fouverainsdu
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royaume. L’on y remarque aufii le fiege de l’archevêque
de Strigome & cci;x de divers colleges itifti-
tués pour l'infirucftiüij de la jeuneffe : il en cil même
un de ceux-ci dont Tu fage eft aftèélé aux Pioteftans :
il y a d’aillevirs des égi-.fes & des couvens en bon
nombre. L’on nent à l’orciinaii-c la dicte générale de
Hongrie dans Piesbouig. La cour de Vienne y a forme
1 ctabliliement a un conflium regiurn , locum tenen-
t ia le , 6l (1 une chambre fuprême des finances.
A deux cens pas au couclv.nt de cette ville eft fon
chateau , place , comme li a éic d it, fur une hauteur,
il fert, dans les occafions, de logement aux fouve-
rains, 6 i renterme , dans une de fes quatre tours
la couronne avec tous fes joyaux, que l’on ne montre
à perfbnne. De la dépendance de ce château font
encore les villes de Varallia ou Schlofsberg , qui en
eft tout proche , & de Samaria ck SzerdakeL , fiiuées
dans l’îie de Schutt.
Enfin , luivant la deftince d’un état fi fouvent en
proie aux guerres inteftines, & fi fréquemment ex-
pofé aux invafions des Turcs , Presbourga fouffert
plufieurs ficgesik incendies, qui paroifient lui avoir
donné des droits particuliers à la proteéllon & aux
bienfaits dont elle jouit de la part de fes fouverains,
d-ong. jb . la t. qS . /J. { D . G pRESBOURG {comte de^ , Géoop. province de la
bafi'e Hongrie , aux confins de l'Autriche ôc à la
naiftànce des monts Krapacks, fur le Danube & la
Morawa. On lui donne 12 milles de longueur & 8
de largeur, & on la divife en cinq diftricls , dont
chacun a fon juge tiré du corps de la nobleffe, L’île
de Schutt en tait partie , & l’on y compte 30 villes
grandes & petites, 35 châteaux ik 215 bourgs. Les
principales d’entreces villes font Presboiirg,Tirnau,
Modra, Bozin , Saint Georges , Senfz ou \Varrberg,
Galantha , Samaria, Szcrclakely, Malatzka, Saint-
Ji.an ik Wa'ika. Le loi de cette province eft fur-tout
fcnüc aux enviions de Tirnau ; il s’en exporte des
vins , des grains du bétail en quantité. Plufieurs
rivieres l’arrofent, & entr'aiitres, le Danube, la
Morawa & le Wag. Les montagnes y font moins
remarquables par leur produit proprement dit, que
par la lalubrité de l’a’ir qu’elles donnent à leurs alentours
; ik fes habitans , fans parler des Juifs qui s’y
rencontrent de toutes parts, tirent leur origine de
la Hongrie môme , de la Croatie , de la Bohême &C
de l'Allemagne. La charge de comte palatin de Pres-
boiirg eft héréditaire dans la maifon de Palfy dès
l’année 1599. { D . G .')
PRÉSENT É , ÉE , {terme de Généalogie.') celui ou
celle qui fe prefente pour entrer dans un chapitre où
il faut faire des preuves de noblefté; ou pour être
fait chevalier de quelque ordre, où l’on ne peut
être reçu fans avoir prouve que l’on eft d’une race
noble. { G . D . L . T . )
§ PRESSENTIMENT, f. m. {P h ilo f .) Ce mot fe
prend ou pour une prévoyance qu’on a d’une chofe
avant qu’elle arrive, & cela par les pures lumières
du raifonnement, ou pour un mouvement naturel,
fecret & inconnu que nous éprouvons en nous, 6c
qui nous avertit de ce qui nous doit arriver.
Une perception que j’ai eue fe prefente de nouveau
à mon efprlt ; je me la rappelle : je reconnois
que cette perception eft la même que celle que j’ai
eue : voilà la reminifcence & la mémoire. Lorfqu’on
fimplihe ces idées , il lemble qu'on ne trouve dans
les afles de ces facultés de notre ame, qu’une fenfa-
lion continuée, mais obfcurcie pendant un intervalle
plus ou moins long. Qu’en feroit-il de cet aéle de
l’ame qui fereprélénte une fenfation future? Cet
aéle ne feroit-li pas , à proprement parler, une fenfation
prévenue ou anticipée qui ne diffère d’une
fenfation réelle, relativement à l’ame , que par le
jugement qu’on en porte.