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Childebert fon propre fils ; il s’etayoit tl nrie adoption
faulTe ou véritable qu’en avoir fait Sigebert //, en cas
qu’il mourût au défaut de poftérité malculine, l’e-
vcncment fembloit être tel par l’cclipfe de Dagobert
dont on avoit eu grand foin de taire la defHnce :
cette ufurpation ne pouvoir plaire aux grands , elle
ne dura qu’autant de tems qu’il leur en fallut pour dévoiler
l’artifice, & fe communiquer l’hoiTCur qu’ils
enavoient ; & foitque la veuve de Sigeben //les.pra-
tiquât fecrétement, foit que Clovis leur eût fait des
propofitions avantageufespour les engager à réunir
le royaume d’Auftrafie à celui de Neufirie^^ ou que
leur amour-propre fût blefl’é d’obéir au fils d un fiijet
fait pour obéir comme eux', ils détrônèrent Childebert,
& fe faifirent de la perfonne de Grimoalde
qu’ils prefentererit à Clovis II, dans la polture d un
criminel. Les (eigneurs d’Atiftrafie laceufoient ,
Imnichilde demandoit vengeance : Clovis , dans
cette caufe , avoit celle de Ion fang & la fienne
propre â venger. La condamnation du coupable ne
pouvoit point être différée ; mais on ne fait quel fut
le genre de fon liipplice. L’auteur des Obfervations
f u r C h iß o in de France loue la modération d’Ar-
chambaud , qui le porta ,lûivant lui, à fevir contre
rufurpateur, lorfqu’il étoit de l’intérêt de Ion ambition
de le favorifer , ÖC que ce fuccès du maire
d’Aurtrafie fut devenu un titre pour lui en Neufirie.
On voit que cet auteur regarde la cataffrophe de
Grimoalde & de Ibn fils, comme l’ouvrage d’Ar-
chambaud, & rhiltoire attelle qu’elle fut operée
par les feigneurs de l’autre royaume qui jouiflbieni
d’une grande liberté fous un gouvernement où l’autorité
du monarque étoit tempérée par celle du
maire ; au lieu qu’ils avoient lieu de tout craindre
d’un prince qui n’auroit pas manqué de réunir dans
fa perfonne & la royauté & la mairie : on prélùme
aifément que l’ufurpateur aiiroit fupprimé une charge
qui lui avoit fervi de degré pour monter fur le
trône , & pour en précipiter le légitime poffeffeur :
gardons-nous bien de penfer qu’Archambaud fut
cléfintéreffé du côté de l’ambition ; fes démarches
l'emblent avoir été mefurées fur celles de Grimoalde,
& s’il montra moins d’audace, c’eft que les conjonctures
ne furent pas les mêmes, la chûte do fon collègue
devoir le rendre fage ; il s’étoit rendu maître
abfolu des affaires du gouvernement, en tournant
toutes les inclinations du jeune prince du coté de la
religion : femblable à Sigeben 11, fon frere Clovis If
mit tous fes foins à fonder ou à gouverner des mai-
fons rcligieiifes ; mais ce qui décele plus pariiculié-
rement Archambaud, ce fut le mariage du jeune
monarque avec l’efclave Batilde , qui fut incontel-
lablement fon ouvrage ; il ne la lui fit cpouler que
pour l’avilir aux yeux de la nation , & pour le tenir
dans fa dépendance : car enfin que ne devoit-il pas
fe promettre de la reconnoiffance d’une femme qu’il
avoit tirée de l’cfclavage pour la mettre fur le trône ?
Batilde avoit fervi à table le maire du palais , & ce
fut cette femme que le traître fit époiifer à fon
roi. Mais il le trompa: car Batilde fut non feulement
une grande fainte , mais une grande reine.
Tout fert donc à démontrer que fi Archambaud
conferva quelque refpeû extérieur pour le trône ,
c’elt qu’il étoit perfuade que le tems n’éioit point
encore venu,&t qu’il falloir l’abaiffer , le miner in-
fenfiblement, & non pas le renverfer; c’eft au moins
ce que la politique autorife à croire , & ce que la
conduite des fiicceffeurs d’Archambaud change en
démonftraîion. Clovis mourut dans l’année qui fiii-
vit l’ufurpation & le fupplice de Grimoalde, il laiC-
foit trois fils , Clotaire, Childeric Sc Thicrri, qui
furent élevés fous la tutelle de Batilde leur mere.
L’hiftoire militaire de Sigebert I I & de Clovis I I ,
n’offre rien de mémorable; le premier livra deux
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batailles aux T.hurlngiens , il gagna la premiere &c
perdit la fécondé , il n’y contribua que de fa pre-
fence, il étoit dans un âge trop tendre, pour qu’il lui
fût poffible d’y préfider. Le régné de Clovis ne fut
agité par aucune guerre ; & ce prince toujours occupé
de reliques & de fondations pieul'es, n’eut
point été capable d’en diriger les opérations. On ne
fauroit connoître quelles furent fes vertus & fes
vices dans fa vie privée. Les moines croient les feuls
qui dans ces tems de barbarie dirigeoient la main de
rhiftoire: ils en ont fait tantôt un pompeux éloge, &
tantôt une cenfure amere, parce qu’ils le peignoient
toujours d’après leurs pallions : ils le loiioient ou le
blâmoient fuivanr qu’ils en rccevoient des bienfaits
ou qu’ils croyoient avoir à s’en plaindre. Clovis
vend-il quelques lames d’or ou d’argent qui couvrent
le tombeau de S. Denis ; c’eft, difcnt-ils, un
prince livré à tous les excès du vice , il eft débauché
, il eft ivrogne; c’ell un brutal, un voluptueux ,
un lâche. Accorde-t-il quelqu'immunité à l’abbaye:
c ell un prince débonnaire , un grand roi , dont la
fageffe égale la bravoure , aimant la juftice & la religion
, enfin c’eft un faint. Un excès de dévotion le
porte à détacher un bras de faim Denis pour le placer
dans fon oratoire : le tableau change une troi-
lieme fois, le bras enlevé diminuoit la vénération
du peuple pour l’églife , alors c ’etoît un imbécile ,
un impie digne de toute la colere célefte. Tel a été
le fort de notre hiftoire dans les premiers fieclcs de
la monarchie, en proie à des moines ignorans , fu-
perftitieux & iniéreffés : devons-nous être furpris fi
nous manquons fi fouvent de lumières pour marcher
dans des champs auftî féconds ? ( iW—r. )
SIGEFROI, du Danemarck.') roi de Danemarck.
Ce fut un roi pacifique , vertu rare dans
ces liecles de fang où la profeftion des| armes droit
la feule honorée : il donna fa fille en mariage au célébré
Vitikind, duc des Saxons , qui fcul lut tenir
tête à Charlemagne. Vitikind , dans les différens revers
dont fa vie lut agitée, trouva un afyle à la cour
de fon beau-pere; cekû ci fit alliance avec Charlemagne
afin de l’appaifer en faveur de fon gendre :
on ignore le tems ôc le genre de fa mort ; on fait
feulement qu’il vivoit dans le huitième ficelé.
( M. DE S a CY. )
SIGISMOND I , de Pologne.^ xoiAqVqIo’
gne , fut fucceffeur d’Alexandre , il fut élu l’an
1507 : des foins pacifiques, & fur-tout le rétabÜffe-
ment des finances, occupèrent les premieres années
de fon régné ; il trouva dans Jean Bonner, le plus
rare prefent qu’un roi puiffe demander aux deux ,
un miniftre défintéreffé ; mais bientôt Baüle, grand
duc de Mofeovie , vint troubler fon repos & facca-
ger la Pologne : Sigifmond s’avance, les Mofeovites
fuient, i! les poiirliiit; la bonté de leurs chevaux les
dérobe à fa vengeance, mais leurs villes devinrent
le théâtre de tous les maux que la Pologne avoit
foufferts. Les Mofeovites ofenc enfin lui prefenter le
combat, ils font vaincus fur les bords du Borifthene.
Albert, marquis de Brandebourg, grand-maître de
l’ordre Teutonique,voyant Sigifmondoc.qw\^c à cette
guerre, lui refula l’hommage qu’il lui devoir ; le roi
tourna fes armes contre lui, & la Pruffe fut con-
quife. Le marquis de Brandebourg,devenu luthérien,
confentit à partager la Pruffe avec la Pologne ; partage
qui dans la f uite fut également fimeftc aux deux
nations. Une viéloire remportée fur les Valaques ,
de nouvelles conquêtes en Mofeovie, iHuftrerent la
vieilleffe de Sigifmond : fon régné ne fut qu’une fuite
de triomphes , & fa fortune ne le démentit pas un
moment ; il mourut l’an i 5--}8, âgé de Hz ans : il fi:t
un des plus grands rois dont la Pologne s’honore ;
brave fans imprudence , clément fans foibleffe : devenu
par fes bienfaits defpote au milieu d’un peuple
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fibi e , il aima l’humanité autant qu’un conquérant
peut l’aimer en travaillant à la détruire.
Sigismond-Auguste <3«Sigismond II, avoit
etc reconnu roi de Pologne, du vivant de Sigil-
mond I , fon pere ; ce prince , avant de fermer les
yeux , lui donna d’importantes leçons fur la manière
de gouverner un peuple libre. L’hiftoire de fa vie
lui offroit des exemples plus frappans encore , trois
batailles gagnées, le refus de trois couronnes, la
renaiftance des arts, l’ordre remis dans les finances,
les campagnes défrichées , les villes enrichies &
embellies, ne laiffoient à Sigifmond-ylugufie que la
gloire de conferver l’ouvrage de fon pere ; il etoit
violent dans fes jjaffions , 6 i lent dans les affif-res.
Elilabeih, fille de Ferdinand, roi des Romains,
l’ayant laiffc veuf à la fleur de fon âge,il avoit époufé
la fille de Georgesde Radiiwil;ce mariage contraéfé à
l’infçu du fénat, de la nation & de fon pere même,
n'étoit pas encore confommé lorfqu’on lui apprit que
la Pologne venoit de perdre,dans fiigifmond I, un de
les plus grands rois. Le jeune prince monta donc au
trône en 1548, 6c y plaça près de lui fa jeune
epoufe, belle , mais dont les charmes n’avoient aucun
empire fur un peuple libre 6c farouche, qui
vouloit difpofer du coeur de fon maître diriger les
pcnchans. Le peu de refpecl que ce prince avoit
icmoigné pour les coutumes de l’églife, avoit déjà
aigri les efprits : cette alliance acheva de les foiile-
ver ; les nonces échauffèrent cette première fermentation
: les ennemis du roi éleverent la voix avec
audace , & le menacèrent de le depofer, pour avoir
ofc faire fon propre bonheur, comme II un prince,
né pour rendre l’on peuple heureux, n’a voit pas le
droit de l’être lui-même. Aug u jîe étoit amoureux, il
brava ces menaces; & l’irruption des Tartares fit
lentir â la nation qu’elle avoit beloin d’un prince
courageux & verlé dans l’art de la guerre; on lui
pardonna fon amour en faveur de les vléloires. La
conquête de la Livonie, la Ibiimilîion forcée des
chevaliers porte-glaive , les duchés de Courlande
6i de Semigalie , devenus feudataires de la couronne
; tant deluccès remportés dans l’elpace de trois
années , firent aifément oublier en faveur de S ig ifm
o n d , les égaremens cxculables d’une jeunelîe trop
bouillante.
Il reçut en 1568 l’hommage d’Albert-Frédéric,
duc de Pruffe , qui fuccédoit à fon pere Albert. La
réunion de la Lithuanie à la Pologne , fut le chef-
d’oeuvre de fon règne & la derniere de fes adlions :
il mourut en 1^71 ; en lui s’éteignit la race des Ja-
gellons, qui pendant près de deuxfiecles avoit donné
des rois à la Pologne. Le peuple qui l’avoit perfécutc
le pleura ; fon génie étoit lent, mais vafte ; fon jugement
lain , fon efprit orné , fon coeur blenfaifant,
il ouvrit à rhéréfie l’entrée de fes états. Les l'oins de
l’an^our ne le détournoient point de ceux du gouvernement
; efclave de l'es maîtrefl'cs , il fut maître de
l’ctat, de fes voifins & de les ennemis. ( M . DE Sa c y . )
SiGiSMOND III , roi de Pologne & de Suede ,
il étoit fils de Jcvin, roi de Suede : un parti puift'ant
l’appellaau trône de Pologne, apres la mort d’Etienne
Battori ; ÎVlaxiinilien le lui dilpuia, mais une
vifloire termina le difi'ércnd ; 61 Sigifmond triomphant,
par les l'oins de Zamoski, fut couronné l’an
1587. L’archiduc fut pris les armes à la main ; S igifmond
lui rendit la liberté , & n’exigea pourfa rançon
qu une renonciation formelle â la couronne de Pologne.
Les premières années du règne de Sigifmond
furent paifiblcs, il alîbupltles querelles des catholiques
6c des proteftans, en accordant aux uns ik aux
autres le libre exercice de leur religion, & lalffa aux
Cofaques le foin de repouft'er les Tartares & les
Turcs. Jean , roi de Suede , mourut lur ces entrefaites
, & laiffa le feeptre à fon fils S igifm o n d , qui
alla en prendre poft'elfion. Il fut couronné à Upfal,
Tan 1 594 ; U étoit catl^oliqiie, & on exigea de lui,
âlon lacre, le ferment de protéger la confelTion
d’Ausbourg ; Il ne regardoit cette promelle que
comme un moyen plus fûr de rétablir Un jour le
catholicilme dans fa patrie : II eut l’imprudence de
laiffer appercevoir fes dclVclns; il en commit une
plus grande encore en confiant la régence du royaume
â Chailes, duc de Sudeimanie, fon oncle, prince
rempli de talens, dévoré d’ambition , & qui avoit
l’art de fe faire adorer des hommes qu’il aimoit peu,
Charles prit bientôt le titre de vice-roi : Sigifmond à
qui des réflexions trop lentes avoient fait reconnoî-
tre l'a faute, voulut lui ôter les rênes du gouvernement
; la nation s’y oppofa. Le vice-roi lut divifer
les (leux nations au lujet de la Livonie , la guerre
s’alluma : quelque parti que prît Sigifm o n d , il falloit
qu’il combattît contre fes fiijets, bc qu’il expofât,
ou la couronne de Suede, ou celle de Pologne ; il
voyoit les efprits des Suédois déjà aliénés par les
intrigues de Charles, & tout le joyaume conquis ,
ou par fes bienfaits, ou par fes armes ; il fe déclara
en faveur des Polonois, mais le trône qui lui reftoit
n’étoit pas mieux affermi fur fes fondemens : il avoit
prétendu régner en maître fur un peuple libre;en voulant
accroître fon autorité, il la ha/arda toute entière.
Deux partis fe formèrent, l’un pour faire valoir les
prétentions du ro i, l’autre pour défendre Tamique
liberté : on en vint aux mains, les royalifles furent
vaincus; Sigifmond qui avoit déjà perdu la couronne
de Suede , alloit perdre encore celle de Pologne ,
lorfqu’imc victoire remportée par fes partilans, rétablit
le calme & Tobéiffance en 1608. Une chofe
prefc|ue inconcevable , c’eft qu’au lieu de reconquérir
la Suede, ou de défendre au moins la Livonie, il
entra fans fujet en Mofeovie, s’arrêta deux ans devant
Smolensko , y fit périr inutilement deux cens
mille Mofeovites, y perdit lui-même la moitié de
fon armée , entra dans Mofeou , dont on lui ouvrit
les portes , y fit mettre le feu , n’ea fortit qu’après
avoir vu la derniere maifon réduite en cendres , &
ramena en Pologne les débris de fes troupes délabrées
: il prétendoit clifpofer de la couronne de Mofeovie
en faveur d’Uladiflas, fon fils , lui qui n’avoît
pu conferver pour lui-même celle de Suede. Gufta-
ve-Adolphe avoit été proclamé en 1611 ; & les hautes
qualités de ce prince, les fuccès qu’il avoit déjà
eus dans la guerre, ne laiftbient à Sigifmond aucune
efpérance de rentrer dans fes états. Sigifmond en
1610 fournit à Tempereur des troupes auxiliaires
contre les Turcs ; fon indiferette amitié lui attira fur
les bras toutes les forces de Tempire Ottoman ; cependant
le génie , l’expérience , le courage des généraux
Polonois, arrêtèrent tout-à-coup ces rapides
conquérans ; on fit la paix, & elle ne coûta pas cher
à la Pologne ; S ig ifn o n d reftitua Choezim, ôt l’empereur
fe réferva le droit de nommer le vaivode de
Moldavie. Pendant cette expédition, Guftave avoit
conquis toute la Livonie , & la Pologne ne put obtenir
de lui qu’une treve de cinq ans en 1624 :eüe
expira en 16 19, & Sigifmond qui craignoit d’être
forcé de reprendre les armes contre le L io n du n ord,
obtint par la médiation de la France une nouvelle
treve de fix ans; mais il fut contraint de céder à
Guftave toutes fes conquêtes en Livonie. Tant de
revers fuccelfifs accablèrent enfin S ig jm o n d , & le
chagrin éteignit peu-à-peii le principe de fa vie; il
mourutTart 1632 : on ne lui reprochera point les
maux qu’il s’eft faits à lui-même : ce font des fautes
& non pas des crimes ; mais de quel oeil la poftérité
peut-elle voir les maux qu’il a faits à Thumanité,
deux cens mille Mofeovites maffacrés dans tmfiege,
cent mille raaiibns des richeffes immenfes deve-
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