'■ :(i
} 4
bi
' ifi
486 P O M
novembre & commencement de décembre , par-ci,
par-là, quelque épis; ce qui caule pareillement des
dlicites s'il lurvient des neiges fortes en hiver qui
falfent pourrir l’herbe & les épis, ou en avril & mai
de fortesgelées qui en pénètrent 1 intérieur. Il Je
trouve des contrées où on ne leme guère qu’à la fm
de feptembre & en octobre ; d’autres encore en novembre,
décembre, janvier même; 6cces feniailles,
félon le tems qu’il fait, ne réiilfiffent pas moins. Je
crois donc qu’en fail'ant les récoltes d e s de
urn dans le courant d’oftobre , plutôt ou plus tard,
luivant ce qu’on peut prélumerde la durée du bon
tems, ce feroit le mieux ; la lemaille le tait un jour
après, le terrein n’ayant bei'oin que detre égalité
parlaherfe, vu qu’en fouillant urn,\\
l ’cft bien plus qu’un autre terrein le lera avec la
charrue; le principal ell qu’on fafle la recolte_ en
tems fec, & qu’on tache de prévenir celui des pluies,
fans quoi les pommes de terres nouvelles rilqueroient
de fe perdre par la pourriture ; la même choie arrive
lorfque, comme quelques-uns le font, on les lave
après les avoir tirées de terre , fans les lailTer fecher
fuffifamment. ,
On pourra reconnoître dans la récolté, l avantage
qu’il y a à faire jouir les pommes de terre de la leve
déniai, en les plantant de bonne-heure; elles en
font naturellement plus avancées, plus grollesc|ue
les autres ; on n’y perd pas tant, pour la qualité 6c
pour la quantité , qu’à celles plantées plus tard. ^
Tout ceci regarde la récolte à faire iur un terrein
deiliné pour des bleds d’hiver ; pour tous tes autres
, on pourra laiÜ'er augmenter les pommes de
terre jufqu’à ce qu’on puiÜ'e prévoir un froid rigoureux
: il femble , par ce que j’ai avancé ci-dedus, que
certaines, ei'peces fe trouveroient bien, fi elles pouvoient
jouir d’un iecond etc , n ayant pas encore
achevé leur crue dans la faiion de la récolte.
Outils. Il n’importe guere lefquels on y emploie ;
c'ellla qualité de la terre, fi elle elf forte , argilleufe,
légère , & la profondeur où le trouvent les pommes
de terre qui en décident. Des crocs, pioches, houes
ou hoyaux, des peles, des fourches, dont on le feri
pourfouir&détarrerles carottes ou racines jaunes,
font également bons. Ludovic conleille une fourche
d’un bols dur, non caffant , avec des fourchons
droits, & vers le bout plus larges & plus tranchans;
au moins je n’approuve pas la méthode la plus ufitée
chez les payfans,de les déterrer avec b charrue : il ell
vrai que ceux qui les plantent dans les filions, peuvent
efpcrer de les retirer & déterrer de même : fans
répéter que cette méthode n’ell rien moins que
bonne pour planter, elle l’eil encore moins pour la
récolte ; ces gens ne confiderent pas que Xts pommes
de formant des racines, celles-ci pénètrent de
tous cotés , horizontalement 6c perpendiculairement;
du premier grouppe même defeendent plus
loin , fl la terre n’ell pas compare : de là vient, ce
dont ils fe plaignent, que l’été fuivant on voit par-
tout pouffer des pommes de terre qui ont refie en
terre, foit parmi les bleds , foit parmi d’autres
femis.
Maniéré de Les conferver. Des cultivateurs, d’une
clalfe fupcrieure, qui ont la place convenable & les
moyens d’en faire la dépenfe, les confervent dans
des tonneaux, couche par couche, avec des feuilles
feches , & ces tonneaux dans des lieux inaccelTibles
au froid, d’autres dans des greniers ; tout ceci ell:
impraticable pour le gros des cultivateurs : il faut
donc s’en tenir à ce qui fe pratique acfuellement,
& aux réduits qu’on y emploie ; aux caves & aux
foffes. Les bonnes caves où le froid ne pénétré pas,
& qui ne font pas humides, y conviennent parfaitement;
fl elles l’étoient, l’humidité, jointe à un
certain degré de chaleur, feroit germer les pommes
P O M
de terre, ce qui feroit tort à celles qu’on deftine pour
la nourriture , puifqu’elles prendroient un mauvais
goût, de même que celles qui deviennent flalqucs
ou font atteintes d’un peu de gelce : on peut y remédier
, à la vérité, en trempant toutes celles attaquées
de l’un ou de l’autre de ces accidens, dans de
l’eau froide ; les gelées des l’inllant qu’elles le font,
Sc elles reprennent leur bon goût ; mais il vaut mieux
les préferver , en les tenant en lieu lec.
On a vu ci-delTus l’utilité des germes pour planter
, il faut obferver id le rien de trop : ils peuvent
fe produire trop tôt en trop grande abondance ;
il vaut mieux expofer celles qu’on y delline à germer,
à un certain dégrc d’humidité & de chaleur,
feulement au commencement ou dans le courant de
mars , & les tenir au fec, comme les autres, julqu’à
ce tems.
Les folfes ne font pas moins bonnes , pourvu
qu’on les conftruife d’une maniéré à ne pas manquer
le môme but, de conl'ervcr feches les pommes de
terre ; il faut donc les placer feches dans un terrein
graveleux , même, fi cela fe pouvoir, dans une colline
, terre ou élévation de gravier, ferme Sc ferré ;
placer au fond de la paille , & en revêtir la folfe ,
ou bien des feuilles feches , même couche par couche
, les couvrir de même, & enluite du gravier tiré
de la folle : bref, employer tous les moyens pour
les garantir de l’humidité & de la gelée.
ün peut conferver les pommes de terre dans des
lieux fees 6c frais ; pour y mieux réulîir, on peut
les faire fécher un peu au foleil, avant que de les
placer en pareils endroits de réferve. Je connois dts
perfonnes de confulération qui, prenant du goût
pour cette nourriture, en conlcrventpour en manger
un peu chaque jour ; ceux qui en veulent être
alfurés, en confervent hiver 6c été dans des tonneaux
, comme je l’ai dit ci-defCus.
Une méthode connue depuis longues années , Sc
dont je parlerai plus amplement ci-après, article
Pains, ell celle de les couper par tranches 6c les
fécher au four ; cela doit paroître facile 6c utile à
tous ceux qui favent qu’on conferve avantageufe-
ment, de la même maniéré, les fonds d’artichaux,
les haricots & autres légumes.
Produit. Il ell fi différent, felon le terroir, & encore
plus , felon la maniéré de cultiver les pommes
de terre qu’on nefauroit le fixer. Nous avons vu que
les payfans fainéans n’en ont retiré que trois à quatre
pour un; la récolte des bons cultivateurs, fuivant
l’ancienne méthode , l’ont eue de dix pour un.
On voit dans le Recueil des mémoires de la fociété
(Economique de Berne., année , ÔC ce dans le
Mémoire de M. le comte de Mnizteck, que, felon
le calcul de M. de Tfehoudi, le premier inllituteiir
de cette fociété , on a recueilli, fur un demi-arpent,
180 boilfeaux de groffes pommes de terre , 6c 70 de
petites ( a ) . M. F. en ayant remis à fon granger,
pour fon ufage, une piece de 100 toifes ( à 10
pieds, ou 9 pieds de r o i ) , avec 7 boilfeaux ae
pommes de te r r e& trois bons chars de fumier, lu
récolte n’a été que de 40 boilfeaux. M. F. par
contre , agilfant fuivant fa méthode , lur une piece
de même contenance, fans engrais depuis deux ans,
y a recueilli 150 boilfeaux : on voit donc que le
produit ne fauroit être fixé qu’à proportion delà
culture ; mais qu’ell-ce en comparailon de la récolte
mentionnée de M. de Tfehoudi, & de celle dont
ià) Je m'en tiens à boHîcaux & à nrpens,puifque ces cnefures approcliem de celles du c manetfounr ed ed eI LPranries,, abue amucooinusp d: ela l ap ocafep iotaul ea r; pdeannts c lûe rdeel ie3 1d2u' jpoa pyise,' iesl,l eds odniftf elroenl^t dnet 9& p liae dms edfeu rreo io ;u a ibnofii flfae apuo fdee ab àle-dp eeul-lp dreè sa |o d lei vlr’easrp àc n1t7 d oen Pcea»r ilsa,
livre.
P O M P O M
Young fait mention des nouvelles pommes angloi-
fes, di\\.tsyam-battates Et même plufieurs des autres
efpeces étrangères lurpallentli forien fécondité
les ordinaires , qu’elles produilénr des 30, 40,60 ,
100 K plus d’une fciue^o.';:;/7c. ,
Ce n’ell pas feulement la mauvaife culture des
payfans en général qui efl cauie du peu de produit ;
ce que nous avons dit de la marotte de quelques-
uns qui jettent 2 , 3 & plus dtpommes QtxùtTQS dans
un fcLil creux, 6c ce à peu de diflance , n’y contribue
pas moins ; la différence que doit produire
cette manoeuvre, 6c la méthode de planter 15 ,
20, 25 6c plus de pièces d’une feule pomme, dans
autant de creux 6c à des dillances indiquées, efl
palpable.
Les ouvriers de M. F. dévoient planter des yeux
dans un certain terrein , il étoit abfent ; ces gens
ne pouvant comprendre qu’un feul pût produire de
bonnes plantes , en mirent deux dans chaque creux :
M. F. lurvint, les gronda , 6c les fit planter le refte
à un oeil par creux; à la récolte, la piece qu’on
avoit plantée par deux, n’avCit pas produit une
itxdt pomme dt plus que l’autre ; cependant cette
idée erronée fubfifle encore chez plufieurs ; encore
tout récemment un ami me fit villre , 6c me demanda
mon avis fur cette culture , difant qu’il l’avoit
aufii entreprife dans le gouvernement dont il efl
revêtu : Je lui fis des qiieflions fur la méthode qu’il
cniployoit, ÔC il me dit, entr’autres, qu’il mettoit
deux pommes entières dans chaque creux ; je le défa-
bufai donc promptement de cette méthode fi préjudiciable.
Objecîions. Pourroit-on croire que rutilitéfi grande
des pommes de terre, étant aiiffi gcncralement
reconnue qu’elle l’e f l, il fe trouvât encore des gens
qui fe déclarent contre , fur-tout foutiennent
que leur culture efl fort préjudiciable à celle des
bleds ?
M. BriiTon ( Mémoires fur U Beaujolols , .^vlrrnon
tyyo , in-8 ^. page 140 &fidv. ) ne leur ell pas favorable
, il éleve principalement deux plaintes
contre ce végétal. 1°. Il les donne pour caufer une
forte diminution de l’engrais , au point que, ielon
lu i, fl on cultive fuccefTivement un arpent, par foie
de vingt arpens, « en vingt ans, on fera obligé
» d’abandonner les dix-neuf autres, ou de diminuer
» toujours davantage leur engrais ►»,
Si ce calcul étoit jufîe , i! faudroit fans doute renoncer
inceffamment à cette culture ; puifque ,
indépendamment des bleds, fi le fol s’effri’toir à un
tel point, ce feroit réduire la valeur des terres à
rien.
2^. L’autre objeéllon roule fur la prétendue infa-
îubritc des pommes de terre , 6c que « depuis qu’on
» life de cette nourriture, on voit des maladies plus
« opiniâtres, plus fréquentes, 6c plus multipliées
» qu’autrefois ». Je dois pourtant rendre juflice fur
ce fujet à M. BrifTon , qui lui-meme dit ; « Je ne
>* craindrai point d’ajouter que ces maux ( il parle
>» de fluxions de poitrine , de pleurcfies & des
» fievres putrides ) font peut-être aufii l’effet du
» genre de vie que la fabrication des toiles pref-
« crit ».
^Les deux objeéllons font entièrement mal fondées
; examinons la premiere. Il efl vrai qu’on a cm
gcncralement que les pommes de terre exigeoient
beaucoup d’engrais, qu’on pourroit employerplus
xitilement pour la culture des bleds ; de bons cultivateurs
même y ont employé fur une demi-pofe
cmq chars de fumier ; 6c comptant que les pommes
de terre CW avoienc enlevé une grande partie, y en
ont nus encore trois chars pour femer les bleds,
en tout feize chars par pofe ou arpent, en deux
ans, comment dix chars dans une année pour une
4« 7 pofe, feize en deux, c’efl beaucoup ; lorfque de
bons cultivateurs emploient ordinaiiement pour les
champs à femer fix chars ; pour les terres qui doivent
redeve.nir des près, 6c qu’on rompt à ce def-
lem , huit chers , rarement dix , ôc rien dans une
féconde année, ici 16 chars en deux ans !
Il efl notoire que Its pommes de terre ne réaffiffent
mieux nujle part que dans des nouveaux dcfrichc-
mens , nyeme fans engrais, comme nous l’avons remarqué
a l’occafion des Irlanclois.
Tai aiilfi rapporté que M. F. a recueilli fur un ter-
rem d e a r p e n s , non fumé depuis deux ans, i<o
boiffeaux.
M. de T. a employé,^ la vérité, enfaifant fa récolte
fi furprenante, fur 1500 pieds deux chars de
fumier ; mais il dit en même rems qu’on n’en pouvoit
mettre que très-peu fur le compte des pommes de
terre, parce qu'à la récolte il s’etoit trouvé à peu-
près encore tout entier 6: non confumé.
IJ y a plus de deux ans que je parlai de cette ob-
jeélionàM. Howard de Cardington, trcs-zclé cul-
fivateur, qui a mis tous fes foins, peines 6è ar<''ent
à faire des progrès dans la culture en général; il en
rit, dilant:« je me garderai bien de ne pas femer
» d abord de bled une piece de terre oui aura été
» plantée tw pommes de terre - que même il plantoit
» de celles-ci en plus grande quantité, afin de mieux
» profiter de ce terrein pour le bled ». Ceci paroit
fort naturel ; nous voyons que les jardins, les che-
nevieres, & autres pieces qu’on deffine à la culture
des légumes, font beaucoup plus fertiles que les autres,
non feulement à caule de la quantité de fumier
qu’on y emploie , & dont la vertu fcrtilifante auroit
dp être épuifée par les produélions qu’elles ont fournies,
mais à caufe de leur labour beaucoup plus fréquent
que celui des champs; les bons cultivateurs
en iont fl perluadés, que , même en pays étrangers,
on rompt la terre amant de fois que la failbn 6c les
autres travaux de la campagne le permettent, & que
le fol l’exige, puifque plus la terre efl compaéle,
plus le labour fréquent y fait du bien. Si donc on
veut fuppoferqii’im cultivateur qui préféré le profit
à la peine,fait labourer en automne , foil à bras, foie
avec la charrue , le terrein qu’il defiine à la plantation
dtsp om m cs déterré; qu’il le rcitere au printems ;
qu’il fafle larder 6c butter autant de fois qu’il le ju°e
à propos ; qu’ennn à la fouille, lorfqu’on ramafi’e
Xts pommes de terre avec foin, cette terre ell raenuifée
au fuprême degré, 6c que dans l’inllant on y feme
les bleds , il ell d’autant moins poffible que leur récolte
ne foit des plus riches, qu’il n’y a rien à craindre
des mauvaifes herbes, & que pareil terrein ell labouré
le double de ce que le font les jachères qui
le font trois fois, 6c que ce double labour feul vaut
un engrais entier.
Ceci lé confirme par ce qu’on voit en Irlande , par
une expérience non interrompue de deux cens ans ;
où les plus beaux prés 6c champs doivent leur exif-
tence à la culture fi étendue 6c confiante des pommes
de terre.
Enfin il vient de me tomber entre les mains, après
que j’eus couché fur le papier la réflexion ci-defllis,
une brochure écrite le 19 février 1773 par M. le
profelTeur de SaulTure à Geneve qui parle ainfi ,
page 16', H l’occafion de ces nouvelles pommes An-
gloifes.<* Une certaine efpecede pomrrres de terre noxts
» donne un exemple bien frappant des grandes ref-
» fources delà nature pourla produclion des végé-
» taux. Cette plante donne 200C0 liv. de fubftance
» farineufe 6c nourrilTante , dans Icmême cfpace de
» terrein, qui ne donneroit que 1100 en bled , fiii-
» vant un petit imprimé { b ) qui parut l’année
(t) L’ami de Geneve à qui j’avois fourni un couple de ces
pommade /cr«qui, excepté chez moi Sc chez les amis à qui j’en