4 N A B Babylone , au lieu de faire hommage à Dieu des victoires
qu’il avoir remportées par fon fecours , en fit
honneur à fes idoles, & fit drelTer dans la plaine de
Dura unefiatue d’or,haute defoixantecoudées,en
l’honneur d’une faufTe divinité que l’Ecriture ne
nomme pas. La dédicace s’en fit avec pompe ; les
grands de l’état & les gouverneurs des provinces
appelles à la cérémonie, & tous eurent ordre, fous
peine de mort, de fe profterner devant l’idole & de
l ’adorer. Les feuls compagnons de Daniel ayant re-
fufé de le faire, le roi irrité les fit jetter dans une
f'ournaife ardente où ils furent miraculeufemenrprc-
fervés des flammes par l’ange du Seigneur. Alors
buchodonojor frappé de ce prodige, les fit retirer,
donna unéditdans lequel il publia la grandeur du roi
des Juifs, & défendit à qui que ce fût, fous peine de
la v ie , de blafphêmer fon nom. Deux ans apres la
guerre des Juifs , Nabuchodonofor qui avoit été le
fléau de la juftice divine contre Jérufalem & la Judée,
lui prêta Ibn miniftere pour punir les Tyriens,
les Philiftins, IcsMoabites & plufieurs autres peuples
voilins & ennemis des Juifs , qui éprouvèrent à leur
tour la iévcriîé des jugemensde Dieu. Il alla d’abord
mettre le fiege devantTyr, ville maritime, illufire
par fon commerce. Ce’ fiege dura treize ans, & dans
cet intervalle l’armée du roi délbla les pays dont
nous venoiîs de parler. Ty r enfin fut prile facca-
gée. Dieu , pour dédommager ce prince des maux
qu’il avoit Ibuiferts à ce fiege, lui abandonna l’Egypte
dont U fit la conquête, & d’où il remporta un butin
immenic. C’étoit pour cela qu’il l’y avoir appellé,
comme il s’en explique lui-même dans Ezéchiel :
Fils di C hornrm , ài\i Dieu lui-même au prophète,
Nabuchodonofor , roi de BabyLom , nia rendu avec fon
armée un grandfervice au Jicgc de Tyr. Tomes les têtes
de fes gens en ont perdu les cheveux, & toutes leurs épaulés
en font écorchéees , & néanmoins ils n'ont reçu aucune
récompenfe. C'cjlpourquoi je vais donner à Nabu~
chodonofor U pays d'Egypte. H en enlèvera le peuple &
les dépouilles: U y fera un grand butin , & fon armée recevra
ainjl fa récompenje. Ce prince de retour de fon
expédition , s'appliqua à embellir fa capitale & à y
faire conflruire de fuperbes bâtimens. Il fit élever ces
fameux jardins fufpendus fur des voûtes que l’on a
mis au rang des merveilles du monde. Il eut dans le
même tems un fonge qui lui donna de grandes inquiétudes.
Il crut voir un arbre qui touchoit le ciel
de fa cime, qui couvroit la terre de fes branches,
à l’ombre duquel tous lés animaux fe retiroient.Toiit
d’un coup un ange defeendit du ciel, fit couper &
abattre l’arbre, 6c ordonna qi^’il fût réduit pendant
fept ans dans l’état des animaux, broutant l’herbe de
la terre , & expofé à la rofée du ciel. Les fages de
Babylone n’ayant pu donner au roi aucune explication
de ce fonge, Daniel lui dit qu’il fignifioit le chan-
gement qui devoit arriver en fa perfonne : C'efi vous,
lui dit-il, qui êtes déftgné par ce grand arbre , vous fe-
7-e^ abattu , réduit à fétat d'une bête & ckajfé de la compagnie
des hommes ; mais après avoir été fept ans en cet
état, lorfque vous 'aure:ç_ reconnu que toute puijfance
vient du ciel, vous redeviendre'^ homme. La predicfion
s’accomplit un an après. Ce prince viékorieux de
toute rAfie, fe promenant dans fon palais, livré aux
mouvemens de vanité que lui infpiroient fes conquêtes
6c la magnificence de Babylone qu’il venoit
de rendre une des plus fuperbes villes du monde,
entendit une voix du ciel qui lui prononça fon arrêt.
A l’heure même il perdit le fens; en le chafla de fon
trône 6c de la focicté des hommes, & il fut réduit à
la condition des bêtes. Après avoir paffé fept ans
à vivre dans la campagne comme une bête farouche,
il recouvra la ralfon, 6c le premier ufage qu’il en fit
fut de bénir & de glorifier le Très-Haut qu’il avoir
û long-tetys méconnu,. Il reprit fa première dignité,
N Æ D & continua de régner avec le même éclat qu’aupai
ravant. Alors il publia dans toute l’étendue de fa domination
les merveilles étonnantes que Dieu venoit
de faire en fa perfonne , & il en termina le récit par
ces paroles: « Maintenant donc je loue le roi du ciel,
»» 6c je publie hautement fa grandeur 6c fa gloire ,
» parce que toutes fes oeuvres font félon la vérité,
» que fes voies font pleines de jufiiee, 6c qu’il peut,
»quand il lui plaît, humilier les fuperbes >». Ce
prince mourut fur la fin de la même année, après
avoir régné quarante-trois ans depuis la mort de fon
pere N abopolalTar, qui l’avoit aflbcié à l’empire deux
ans auparavant. Il y a plufieurs feiitiinens lur la mc-
tamorphofe de Nabuchodonofor donc le plus fuivi ell
que ce prince s’imaginant fortement être devenu
bête , broütoit l’herbe , fembloit frapper des cornes ,
lailToit croître les cheveux & fes ongles , 6c imitoit
à l’extérieur routes les adfions d’une bote : ce changement,
qui probablement n’avoit lieu que dans fon
cerveau altéré ou dans fon imagination échauffée,
étoit un effet de la licantropie , maladie dans laquelle
l’homme fe perfuade qu’il ell changé en loup, en
chien , ou en un autre animal. (-+-)
NACELLE, f. f. (^Boian.') Carina. Ondonnece
nom au pétale inférieur des fleurs papilionacées :
cette piece paroît formée de deux pétales réunis;
aulfi a-t-elle fouvent deux onglets féparés; fa partie
antérieure forme ordinairement un- angle avec les
onglets, en fe relevant vers l’étendard ; & a quelque
rapport avec l’avant d’un bateau comprime par les
côtés. (D . )
NaDAB , ( Hiß. Sacr. ) fils de Jéroboam, premier
roi d’Ifraël, qui ayant fuccédé à fon pere an
royaume des dix tribus, ne régna que deux ans ,
6c fut alfaflîné pendant qu’il étoit occupé au fiege
de Gebbethon , par Baafa, fils d’Ahia , de la tribu
d’Iflachar , qui ufiirpa le royaume. Nadab ne fut
pas meilleur que Ion pere ; il imita fes impiétés 6c
fes crimes, auffi fut-il le dernier de la famille qui
occupa le trône , comme l’avoit prédit le prophète
Ahias. Baafa extermina toute la race de Jéroboam ,
6c jetta leurs corps à la voirie. Il y a eu un troifieme
Nadab, fiis de Seméi. /. Par. ij. 28. ( + )
Nadab , {Hiß. mod.')nom dufouverain pontife
ou grand-prêtre des Peifans , dont la dignité répond
à celle du muphti en Turquie , avec cette différence
unique, que le nadab peut fe dépouiller de fa dignité
religieufe ou ecclcfiallique , 6c alpirer aux emplois
civils ; ce qui n’ell pas permis au muphti. Le nadab
prend place après l’athmat-dulet, ou premier mi-
niflre. Il a fous lui deux juges, appelles l’un feeik,
l’autre c a ß qui comioilTent, décident de toutes les
matières de religion , qui permettent les divorces,
alfiflent aux contrats 6c aétes publics. Ils ont des
fubftiuits ou iieutenans dans toutes les villes du
royaume, ( - f )
NiVDDE , {Hiß. naiß efl un poilfon rare, du
genre des carpes, 6>C de la famille des poiflbns^A nageoires
molles. Oi\ le trouve plus communément
dans les parties boréales de la Siiede que par-tout
ailleurs : il a un pied de longueur , quatre pouces de
large ; la ictc obtufe ; les trous des nageoires font
doubles ; la bouche ell fans dents ; la membrane des
ouïes a trois rayons ; la queue ell fourchue ; la couleur
du dos efl brune, blanche aux côtés, argentée
au ventre , 6c roulfe à la poitrine. Les écailles font
larges, obtules 6c llriées. On mange ce poiflon en
Wcflrobothiiie. ( - f )
NÆDENDAHL, Vallis gmiirz , {G^^gr.) ville
de Suede, dans la Finlande, à un mille 6c demi
d’Abo, 6c plus proche encore d’une lource d’eau
minérale très-eflimée. 11 y avoir avant la réformation
un couvent de filles, qui ne fut aboli qu’en 159
N A I & q ui, moins inutile que bien d’autres,.avoit établi
dans le lieu une fabrique de bas qui lublille encore ,
& qui fe foutient même avec tant de (ucces, que les
ouvrages en font recherchés , 6c dans Stockholm ôc
dans d’autres villes du royaume. Ncdendahl ell la
quatre-vingt-dixième des villes qui llegent à la diete:
elle fait partie du difiriél de Masko. {D . Cf.)
NAGOLD , ( Géogr. ) ville du duché de Wlrten-
berg, dans le cercle de Sou abe,& dans la Forêt-
Noire , en Allemagne. Elle tire fon nom d’une riviere
qui baigne fes murs, & eüe le donne à un bailliage,
qui comprend encore lespetites villes de Haiterbach
6c d’Ebingen , avec quelques villages. L’on fait cas
des eaux minérales, découvertes à fes portes l’an
171Ö. {D . (f.)
NAHUM, ( Hiß. eccl. ) le feptieme des petits prophètes
dans l’ordre des livres laints. Il paroît avoir
prophétifé fous Ezéchias, lorfque Sennachérib por-
loit dans la Judée la défolation & l’cfFroi. Ses pré-
didlions , dirigées uniquement contre les AiTyriens ,
auxquels il dénonce une entière dellruÔion, femees ,
félon le goût oriental, de figures & d’emblèmes, fer-
voient à confoler les Juifs des maux qu’ils fouffroient
par la vue de ceux qui dévoient fondre fur leurs ennemis.
Elles furent accomplies dans le tems où Cya-
xare 6c Nabucadnetzar , réunilTant leurs forces ,
firent tomber la fuperbe Ninive , 6c égaleront enfin
les vainqueurs aux vaincus. ( -fi)
* § NAIN , AINE , f. m. & f. ( Phyßque. ) Outre
les nains dont il efl parlé dans cet article du
Diîlionnaire raif. des Sciences^ &c. les tranfaflions
philofopliiques de la Société royale de Londres pour
l’année 1750, font mention de deux autres nains.
Le premier, mefuré avec foin par M. Anderen de
Norwich & M. Erskene Baker , s’efl trouve avoir
trente-huit pouces d’Angleterre de hauteur, y compris
fes fouliers , fa perruque 6c fon chapeau ; & il
pefoit trente-fix livres avec tous fes habits. Comparé
à un enfant de trois ans & neuf mois, il lui relfem-
bloit alTez pour la taille , les autres proportions du
corps 6c fon poids ; il avoit alors vingt-deux ans.
L ’autre nain étoit beaucoup plus petit, n’ayant pas
ïout-à-fait deux pieds & demi de haut ,& ne pelant
que douze livres : il efl vrai qu’il étoit un peu plus
jeune. C ’étoit un Gallois de quinze ans, q u i, à cet
âge, portoit fur fon vilagelescaraéleresde lavieillelTe
la plus décrépite , & en avoit toute la foiblelTe, 6c
prefque l’infenfibiliié.
Pour continuer l’hifloire de la vie & de la mort
de Bébé, naï« du feu roi Staniflas, nous joindrons
ici l’extrait d’une lettre écrite par M. le Comte de
TrelTan, alTociéde l’académie royale des Sciences de
Paris,à M. Morand , membre de la même académie :
de Luneville le 14 Juin 1764.
♦< Nous venons , mon cher 6c illuflre confrère, de
perdre Bcbé, ce fameux nain du roi de Pologne ; 6c
je crois que quelques petits détails à fon fujet pourront
vous intérefièr.
Bébé naquit dans les Vofges, de deux gens de
village , lains, bien faits, 6c travaiilans à la terre. Sa
niereJ’éleva avec beaucoup de peine, la petite bouche
ne pouvant s’appliquer qu’en partie fur le mamelon
Un fabotluilervii long-temsde berceau ; fon accroif-
fement fut proportionné à fa petitelTe première juf-
qu’à l’âge de douze ans : à cet âge la nature parut faire
un effort : mais cet etfort n’étant pas uniformément
foLitcnu, l’accroifi'ement fut inégal dans quelques
parties ; l’apophyl'e nafale, fur-tout, grandit en dif-
proportion des autres os de la face. L’épine du dos
s’arqua en cinq endroits, 6c , comme nous l’avons
reconnu à la dilTeéHon, les côtes grandirent plus d’un
côté que de l’autre.
Bébé n’a jamais donné que des marques très-im-
N A I 5 parfaites d’intelligence : il n’a reçu aucune notion de
l’Etre luprême 6c de l’immortalité de i’ame, ce qu’il
a prouvé dans la longue maladie dont il efl mort. U
paroilfoit aimer la mulique, & battoir quelquefois
la meture alfez lufte : on étoit même parvenu à le
faire danfer ; mais en danfant il avoit fans celTe les
yeux attachés fur fon maître q ui, par des fignes ,
dirigeoit tous fes mouvemens, ainfi qu’on le remarque
dans tous les animaux dreffés. Il étoit fuf-
ceptible de quelques paflions, de l’efpece de celles
qui l'ont communes aux autres animaux , telles que
la colere 6c la jaloufie ; cependant il avoit tous les
organes libres , 6c tout ce qui tient à la phyfiologie
paroiflbit exafl: & felon l’ordre ordinaire de la nature.
A l’âge de dix-fept à dix-huit ans les fignes de puberté
furent très-évidens, 6c même très-forts pour
fa petite flruélure; il paroît même prouvé qu’une
gouvernante en avoit long-tems abufé , & l ’on attribue
aux excès de Bébé l’avancement de fa vieil-
lefle.
Par toutes les obfervations que j’avois pu faire fur
l’organifme de ce petit être, j’avois prévu, avec bien
d’autres obfervateurs, que Bébé mourroit de vteil-
leffe avant trente ans. En effet, dès vingt-deux ans
il a commencé à tomber dans une efpece de caducité,
6c ceux qui en prenoient foin ont cru pouvoir diflin-
guer une enfance marquée , c’eft-à-dire , une augmentation
de radotage.
La derniere année de fa vie il avoit peipe à fe fou-
tenir : il paroiffoit accablé par le poids des années ;
il ne pou voit fupporter l’air extérieur que par un tems
chaud : on le promenoir au fole il, où il avoit peine
à fe loutenir après avoir fait cent pas. Une petite
indigeflion, fiiivie d’un rhume avec un peu de fievre,
l’a fait tomber dans une efpece de léthargie, d’où il
revenoit quelques momens, mais fans pouvoir parler;
tout le larynx paroiflant affeélé de paralyfie. Il a
cependant lutté contre la mort pendant trois jours ,
6c ne s’eft éteint que lorfque la nature , abfolument
épuifée, s’efl arrêtée d’elle-même.
J’ai obtenu du roi'de Pologne qu’il ne ferolt point
enterré fans avoir été dilTéqué , 6c enluite qu’on e.n
enterreroit feulement les chairs 6c tous les vifeeres ;
mais nous gardons le fquelette, que M. Peret,premier
chirurgien du roi de Pologne , prépare avec
foin ; 6c ce fquelette fera dépofé dans la bibliothèque
publique de Nancy , d’où j’efpere qu’avec le tems
on pourra l’envoyer au cabinet du roi. Ce fquelette
fera d’autant plus intérellant, qu’au premier coup
d’oeil il paroîtra être celui d’un enfant de trois ou
quatre ans au plus, 6c qu’à l’examen on verra que
c’eft celui d’un adulte.
Dans la diflééHon qu’on en a faite on a trouvé un des
os pariétaux un peu enfoncé , le lobe gauche du cervelet
étoit preffé dans un endroit, un peu relevé
en d’autres, hors de la pofinon naturelle ; la moelle
alongée étoit comprimée de même, ce qui doit vrai-
femblableinent avoir empêché la force végétative
de s’étendre avec régularité , le cours des fluides
n’ayant jamais été libre , la vie 6c l’aélion n’ayant
point été portées d’une maniéré uniforme d ins toutes
les parties : c’efl ce qui peut auflî avoiroccafionné le
dérangement des vertebres.
On a trouvé de l’eau dans la poitrine & les poumons
adhérens ; les parties de la génération étoient
d’une conformation parfaire ; le coeur, les entrailles ,
le diaphragme 6c le foie en très bon état.
Le roi de Pologne a exigé, pour prix de fa bonté
& de fa complaifance pour moi, au fujet de la diffec-
tion de Bébé, que je filfe Ion épitaphe : c’eft la
premiere que j’elTaie de faire. Comme elle doit être
placée dans une égltfe, j’ai été obligé de lui donner
une tournure férieufe. La voici:
I î