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lujcts heureux, juilifia fes titres pour commander.
La nobleilc, appellce au gouvernement, eut tout
l’éclat du pouvoir lans en avoir la réalité ; & lorlque
fes privilèges éioient les plus mulnplices, elle étoit
réduite à la plus entière dépendance : cette dépen-
d.-i icen’avoit cependant rien de fervile. Pepimvoit
Part d'enchaîner les coeurs, èc l ’art plus grand encore
de le cacher. Le génie de ce prince prclidoit
feul aux délibéraâons publiques; & lorfqu’il paroif-
foit le dépouiller de fa puiffance , il en étendoit les
•limites. Les papes furent comblés de biens & d’honneurs
; mais U les leur vendit, en rejettant lur eux
la honte du parjure dont il s’étoit fouille. Enfin ce
prince qui , dans un corps petit, renfermoit l’ame
d’un héros , tiendroit un rang plus honorable dans
nos annales, s'il n’y remphlloit le vuide qui fe
trouve entre Charles-Martel de Charlemagne, qui,
tous deux , ont éciipfc fa fplendeur. Sa mort arriva
le 14 feptenibre 768 , dans la cinquante-cinquième
année de fon fige , la vingt-fixieme depuis la mort
de Charles-Martel, & la dix-feptieme de fon regne
comme roi de France. Ce fut Pépin qui établit ces
inrendans appelles mißt, qui furent d’une fi grande
utilité fous la fécondé race , & dont les principales
fondions étoient de punir les juges qui, par leur
lenteur, pouvoient opérer la ruine des familles qui
leur demandoient juftice. ( M—Y. )
PÉPINIÈRE, ( Aorïculture. Jardinage. ) Après
avoir créé de beaux femis de toutes les efpeces d’arbres,
rien n’importe plus au propriétaire qui veut
borner fa terre de files d’arbres , planter ou repeupler
des bois, revêtir les lieux vagues & les côtes
arides, border les chemins &: les ruilTeaux, aligner
des ailées, le ménager des bolquets , difperler des
remifes , enrichir fes potagers, fes vergers,fes murs
d’excellens fruits ; rien, dis-je, n’importe plus au cultivateur
qui a formé ces utiles projets, que d’établir
& de faire foigner fous fes yeux de belles pépinières.
Les arbres foreûiers, les arbres d’alignement &
de décoration, ne rculTiront jamais parfaitement
qu’ils n’aient été élevés fous la même température
6c dans un fonds de terre analogue à celui où l ’on le
propofede les fixer. Leur reprife & les progrès de
leur végétation feront bien plus alTurcs, lorfqu’ils
n’auront pas fouffert un long tranfport, & qu’on
pourra les arracher dans le moment avec toutes les
prccautionsconvenables : d’ailleurs où le cultivateur
pourroit-il trouver des arbres aulTi bien-venans,auin
exaéfement drelTés, que ceux qui croifTent fous fes
regards attentifs, éclairés, 6c j’ol'erai dire fécondans?
A ces avantages s’enjoignent de plus grands encore
à l’égard des arbres fruitiers. Rien de plus fâcheux
, rien toutefois de plus commun que de recevoir
des marchands pépiniériftes une efpece pour
une autre , ordinairement inférieure en qualité à
celle qu’on leur avoit demandée; non-feulement le
cultivateur tenant le regiftrele plus exaft des efpeces
qu’il a greft'ées, ne pourra courir aucun rifque de les
confondre, mais il s’attachera même à multiplier les
meilleures; il portera l’attention jufqu’à préférer les
individus de ces efpeces qui offrent les plus beaux
fruits; il ne coupera fes greffes que furdes branches
modérées Sc fécondes, attention dont l’oubli fait
que les arbres ne fe mettent que bien tard à fruit, &
fouvent ne parviennent jamais à beaucoup rapporter.
Cette négligence efi pourtant très-commune dans
les pépinières marchandes ; il y arrive même qu’on y
continue de greffer une rangée de fujets avec des
bourgeons herbacés pris fur les greffes nouvelles qui
s’y trouvent reprifes çà & là : il n’efl pas moins familier
aux pépiniériftes mercénaires de greffer fur de
mauvais fauvageons dont la feve crue ou indigente
dénature les efpeces au point de les rendre mécon-
noiffables.
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Le cultivateur jaloux de perfeélionner les dons
de la nature , unira chaque efpece à la forte de fujet
qui pourra communiquer à fon fruit le plus de laveur,
de douceur, de volume & de coloris , ou qui
contribuera à le rendre à fon gré plus tardif ou plus
précoce , 6c dont la féconde influence doit faire plutôt
rapporter l’arbre , & plus abondamment. Foye^
le mer G reffe dans et Supplément.
En parcourant fes pépinières, il fe plaira à y préparer
pour la taille 6c le palilfage les fruitiers nouvellement
greffés ; il y ébauchera la figure qu’il fe pro-
pofe de leur faire prendre quand ils feront placés ; il
leur ménagera par avance un petit nombre déboutons
à fruit, ou du moins quelques-unes de ces branches
fages qui fe difpofent à devenir fertiles ; il pourra
leuPconferver ces branches, malgré la tranlplan-
tation , parce qu’il faura s’y prendre de maniéré à ne
la faire fentir que le moins polBble à ces arbres privilégiés,
6c il parviendra ainfi à prévenir de deux
ou trois ans les prémices de leur fécondité 6c la per-
feélion de leurs formes.
Les arbres deftinés à l’ornement, les arbrlffeaux
rameux dont il voudra former des haies, des lifieres,
des paliffades, il aura commencé dans la pépinière
meme à les affujetiir aux cifeaux, il y verra épars
des murs , des pilaftres, des obélifques , des arcs ;
un jour il y pourra faire enlever des arbres grands
6c forts dont les touflês déjà defllnées vont figurer
dans i’inftant ; & comme un architefte trouve réparées
dans fes vaftes atteliers les pièces différentes qui
doivent fervir à l’exécution de fes plans , il trouvera,
de même à fa portée tous les morceaux qu’il n’aura
qu’à réunir pour en compofer un jardin: on pourra
croire par fon effet fubit 6c gracieux , qu’il Fa créé
d’un feul regard , ou l’on doutera fi un génie bien-
faifant ne l’a pas une nuit fait éclorre du fein de la
terre pour en offrir lefpeélacle à fon réveil.
Comme ces arbres fruitiers auront été élevés clans
une terre franche & non-fumée , ils feront parfaitement
fains ; ils feront par la même des jetsétonnans,
une fois qu’ils feront fixés dans les terres choifies 6c
perfectionnées qu’il leur deftine pour demeure ; leurs
progrès feront d’autant plus affurés , qu’on aura pu
les arracher avec des racines belles 6c longues , parce
qu’ils étoient plantés dans la pépinière à une diftance
les uns (les autres au moins double de celle que les
pépiniériftes marchands, qui ne tirent qu’au plus
grand nombre d’individus, ne leur donnent encore
qu’à regret : par la même raifon , ces arbres feront
gros du pied, robuftes, étoffés & pleins d’une feve
pure & féconde : bientôt ils offriront aux regards du
cultivateur des fruits dont la baeuté 6c le volume
tiendront du prodige , & qui en portant à fa bouche
une faveur délicieufe, dans fon iang une rofée falu-
ta ire ,le récompenferont de toutes fes peines, ft
l’on peut donner le nom de peines à des foins pleins
de goût & d’efpérance , qui étoient plutôt de vrais
plaifirs : & tous ces biens, qu’ils feront encore plus
doux quand il pourra les communiquer, fur-tout au
peuple fl intéreffant des villages , qui manque de
fruits bons 6c falubres.
C’eft dans ces mêmes pépinières que s’élèvent en
un petit efpace ces colonies d’arbres & de buiffons
différens, dont il couvrira bientôt le front des montagnes
6c les rives des eaux, qu’il fe propofe de ranger
aux bords des chemins où le voyageur va trouver
de l’ombre & des fruits, & de difperfer fur la face
des campagnes par-tout utilement ornées comme
un autre Eden. Quel plaifir d’y voir en mouvement
de tous côtés des bandes d’ouvriers que ces
plantations occuperont fans ceffe, 6r de leur rendre,
par les récompenfes de leurs travaux, finon les douceurs
de l’âge d’or, 6c celle de la communauté des
biens, q u i, grâce à de bonnes obfervations, ne
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peuvent plus paffer pour des chmieres, & qui fe-
roienr celles des âmes fenfibles, du moins quelque
équivalent de la propriété, laquelle, à la honte de
nosgouvernemens, qui font parvenus à ôter à l’homme
focial jufqu’aux rcflources de l’homme fauvage ,
manque totalement aux deux tiers du peuple, bien
plus à plaindre que les cfclaves qu’on traite au moins
comme les troupeaux.
Tant que les pépinières 6c les plantations demandent
des foins, elles occupent la beche 6c les hoyaux
de ces pauvres gens ; les arbres parvenus à une certaine
force, ihaut élaguer; on les paie avec les
branches abattues. Celeroitune belle chofe que de
leur planter des lieux vagues qui acheveroient de
fournir à leur chauffage ; car alors feulement les peines
décernées contre les voleurs de bois cefferoient
d’être atreutes, 6c commenceroient d’être exaélement
exécutées : c’eft pour ces mallieureiix qu’il importe
de voir s’étendre le goût de planter : leur mieux être
eft le plus touchant intérêt des occupations rurales.
Si je ne Favois pas en vue, je ne fais fi je prendrois
la peine de dire ce que l’expérience m’en a appris ;
& loin d’avoir fait une djgrelfion,je ne fuis entré que
plus avant dans mon fujet.
On appelle nourrices ou berceaux de petits efpaces
de terre partagés 6c figurés, & même dans certains
cas relevés en plates-bandes, où Fon éleve à une petite
diftance les uns des autres de très-jeunes fujets
qu’on a tirés des femis dès la fécondé 6c quelquefois
dès la première année. Plufieurs efpeces d’arbres délicats,
rares 6c précieux, doivent paffer par cette
première éducation avant qu’ils reçoivent la fécondé
dans les grandes pépinières ; il en eft même quelques-
uns, en particulier ceux qui ne fouffrent fans rilques
les rranfplantations que lorfqu’üs font encore très-
jeunes, qu’on ne doit tirer de ces premières écoles
que pour les fixer immédiatement dans leurs demeures.
Ün établit ces petites pépinières dans un morceau
de terre choifi & bien défendu ; mais pour accoutumer
par dégrés à la nature commune du fol les différences
efpeces le plus fouvent exotiques, au lieu de
relever lés planches uniquement avec le même mélange
(le terres qu’on avoir donné aux femis , on n’a-
joute que moitié de ce mélange à laterre commune ;
6c au lieu que les femis faits dans des calfl'es ou des
pots paiToient les hivers tous un vitrage , on fe contente
de placer ces berceaux à une expofition chaudes
tout-au plus les couvre-t-on de baguettes cintrées
, habillées de longues pailles, tant que dure le
froid le plus âpre; ainfi les jeunes arbres fe font peu-
à-peii au climat, dont ils ne pourroientfupporter la
rigueur, fi on les y expol'oit tout d’un coup. F . dans
ce Suppl. Ala t erne , Cy pr è s , Phyl l ir ea, &c.
Au bout d’un ou de deux ans, on tire des ber-
seaux ceux d’entre les petits arbres qu’on n’y doit
pas laifler jufqu’à leur plantation à demeure, 6c on
les plante dans les pépinières les efpaçant de deux
pieds 6c demi ou trois pieds : là ils fe fortifient par
les cultures, & parviennent en peu d’années à la
taille convenable pour être fixés aux lieux oîi on les
veut; cependant il eft des cas où il les faut encore
pins forts : veut-on fe procurer des arbres d’alignement
qui produlfent vite leur eft'er,ou quifoient afl'ez
gros & affez élevés pour en faire des remplacemens,
c’eft-à dire, pour ne pas déparer par une difpropor-
tion choquante des lignes où ce qui refte d’arbres a
déjà beaucoup gagné depuis la plantation. Enfin fe
propofe-t-on de planter des plaines ouvertes fréquentées
, où il convient de n’employer que des arbres
capables de réfifter aux heurts des beftiaux, 6c
d affronter les vents ; dans ces vues on tire des pépinières
des arbres de quatre à cinq pouces de tour, pour
les planter à cinq ou fix pieds les uns des autres dans
des lieux particuliers où on les cultive, jufqu’à ce
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qiFüs a ien t pris h u it o u d ix p o u c e s dè to u r p ar le
bas ; & CCS lie u x q u i ne fo n t pas o rd in a ir em e n t fo r t
é te n d u s , s ’ap p e lle n t batardiercs.
Les pépinières demandent en général de bien plus
grands emplacemens que les bâtardieres 6c les berceaux;
on doit fur-tout en établir de fort confidé-
rables, lorfqu’on a deffein de repeupler ou de créer
des bois, 6c de faire dansfa ferre autant de plantations
que la charrue & la faidx peuvent le permettre.
Mais fi votre terre eft d’une grande étendue, il s’en
faucira bien que le fol y foit par-tout le meme ; fes
diflérentesde principales efpeces s’étendrontparcan-
ton s,& c’eftla première connoiffance qu’il vous faut
acquérir : étudiez dans chacun la nature de la terre •
fondez fa profondeur, découvrez fes couches dlver-
fes, diflinguez fes parties intégrantes, fâchez ce
qu’elle retient d’eau, comment les rayons folaires ôc
la gelée agiffent fur elle, &c. interrogez-!a enfuite par
la voie de l’expérience ; difperfez dans chacun de ces
cantons un petit nombre d’arbres de chaque efpece,ce
ferontcomineautant d’explorateurs,qui bientôt vous
apprendront ou par leur végétation brillante,ou par
leur alpeô languiflant, fi ce canton convient ou ne
convient pas à i’établilTement d’une colonie de leur
efpece. Obfervez aulTi quels font les arbres qui y
croiffent naturellement, 6c ce qui refte de ceux qu’on
y a autrefois plantés ; ne négligez pas de confulter les -
bons livres qui vous diront les arbres qui fe plaifent
dans tels fols, & rappeliez-vous ceux qu’en vo ya geant
vous avez vu croître dans des terres fcmbiables.
Muni de ces connoifTances importantes 6c certaines
, ctabliffez dans chacun de ces cantons une pépinière
proportionnée à fon étendue, & uniquement
peuplée des (îfpeces d’arbres que vous êtes affuré qui
pourronfy réuflir. Sont-ils bientôt en état d’être plantés
à demeure, i! convient à ce moment défaire une
étude plus approfondie du canton; Fefpece du fol '
vous montrera des variétés, des nuances qu’il vous
faut connoitre; la terre, dans fes diverfes configurations,
y préfente divers afpeds : ici coulent, là fe
précipitent les eaux, ailleurs elles demeurent fta-
gnanfes. Il n’eft pas une de ces circonftances qui ne
doive fervir à déterminer les efpeces d’arbres d’entre
celles qui compofem la pépinière du canton que vous
devez planter de préférence dans chacun de les diffé-
rens endroits ; c’eft faute d’avoir pris des précautions
femblables que Fon voit périr ou languir tant de plantations
qui ont prodigieufement coûté ; mais vous,
cultivateur fage, qui n’abandonnez pas entièrement
ces opérations importantes à des mains ignorantes 6c
mercenaires, neméprifez aucun de ces foins; bientôt
vos terres offriront de toutes parts à vos yeux les
grouppes riants de vos jeunes arbres; des coteaux naguère
nuds 6c arides, revêtus de riches taillis, & jufqu’aux
marais portant des bois, dont vos enfans un
jour béniffant votre mémoire, tireront le plus grand
parti.
Si Fon demande à préfent quel fond en général
convient le mieux aux pépinières^ la queftion fera
bientôt réfolue ; que la ferre y foit très-fubftantielle,
les arbres qu’on y aura élevés ne s’accoutumeront
que très-difficilement aux fols d’une qualité moindre
où l’on voudra les établir, 6c ne pourront pas du
tout s'accommoder des plus maigres ; mais fi la terre
y eft trop aride, il y a bien plus d’inconvéniens : ce
n’eft qu'avec beaucoup de tems & de peine qu’on y
pourra élever des arbres ; ils demeureront fluets, on
les verra devenir rachitiques, noueux 6c moulTus.
Dans quelque bon terroir qu’on les plante enfuite,
ils ne pourront jamais fe rétablir parfaitement. Une
terre franche, onêfueufe, non-fumée, plutôt forte
que légère, paffablement profonde, fraîche fans être
humide, mêlée même de quelques gravois, en un
mot une terre moyenne, participant également, *’il