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contenoiem , & leur membrane extérieure tonte
parlémce de vaifleanx fanguins très-dilatés.
Il me paroît que ces deux obfervations, bien
pefées, prouvent qu’une forte intplration long-teins
continuée, & durant laquelle les poumons font di-
ftendiis, peut, en gênant les mouvemens du coeur ,
fufpendre la circulation , & produire une mort rres-
proinpte par la cefî'aiion de cette fonction vitale
(u; No yés , Sa/’p/.)- rapidité de la mortdel’imik
de l’autre fiijet dont il s’agit, me donne à penfer que
c’eft à une caufe diiférente de l’apoplexie & de
l’étranglement qu’il faut l’attribuer ; elle imite la
promptitude de la mort qui fuit la luxation des vertèbres
du cou ou leur fracture. Une expérience facile
à répéter me paroît rendre cette conjeCture
raifonnable : j’ai ouvert des vaiÜéaux conlidérables
aux extrémités, ou à la tête de pluheurs chiens, ÔC
î ’obfervois que 11 durant l’hemorrhagie , 1 animal
fuTpendoit fa refpiraiion apres une inlpiraîion profonde
un peu foutenue, l’hémorrhagie cellbit, juf-
qii’à ce qu’elle reparut avec force durant l’expira-
lion ; le battement du coeur feroit-il fufpendu dans
ce cas ?. . .
Quelques auteurs mentlapoffibilitédela luxation
des vertébrés du cou , à caule de la fermeté de leurs
ligamens. Columbus allégué les obfervations qu’il a
faites àPadoue , à Pife & à Rome,&: allure très-po-
fitivement qu’il eft plus facile à ces vertébrés de fe
fracturer que de le luxer. Des obfervations poltc-
rieures & Ibuvent répétées, établilfent la polTibilité
de l’un &i de l’autre cas ; mais il faut obferver que
la fracture de ces mêmes vertebreselt bien plus aifée
& plus commune que leur luxation. Les obierva-
fions de M. Mauchart ont prouvé que l’extenfion
des ligamens qui les unilTent en avoir impolé là-
delïus. Bohn, dans fon traité D e r in u nù a d ont vulne~
rum , rapporte qu’un homme ayant reçu un coup
violent fur la nuque , n’eut que le temsde prononcer
quelques paroles, d’exécuter quelques légers moii-
vemens , & tomba roide mort l’inftant d’après ; on
obferva que l’articulation de fa tête étoit fi relâchée,
qu’elle fe tournoit en tout fens, au point que la face
fe portolt aifément vers les parties poltérieures. La
diffeCtion des parties ne prélenta rien d’analogue à
la luxation , on vit feulement que les tégumens &
les mufcles du cou étoient engorgés de lang extravalé
dans leur tiffii.
Il arrive quelquefois que la premiere & la fécondé
vertebre, ou même les fuivanres, font tiraillées en
fens oppofés ; le cartilage intermédiaire fe déchire
fans que les ligamens de réunion foient déchirés, &
l’on trouve entre le corps de ces vertebras un intervalle
, capable alTez fouvent d’admettre le doigt ; la
tête penche alors indifféremment en tout fens, &
cette mobilité eft même prodigieule ; la connoiffance
des parties fiiffit pour annoncer qu’une ftmple luxation
ne permettroit pas cette mobilité en tout fens.
On fait que le mouvement devient plus obfcur &
plus difficile dans les différentes luxations des membres,
foit complettes , foit incomplettes ; du refte
l’examen anatomique le plus fcrupuleux , & les
expériences que j’ai faites à ce fujet fur les cadavres,
me démontrent qu’il eft plus facile de fraclurer l’apo-
phyfe odontoïde de la féconde vertebre , que d’en
rompre les ligamens qui l’attachent au crâne ; qu’on
fe rappelle combien le corps des vertebres eft fpon-
gieux', & le peu de réfiftance que peuvent oppofer
ces o s , fur-tout lorfqu’ils font abreuvés par le fuc
moelleux dans l’état de vie.
Les obfervations que je fis fur les vertebres d’une
femme qui fut pendue , prouvent affez cette vérité;
les deux premieres vertebres du cou , féparées du
tronc par la rupture du cartilage interpofé entre la
fécondé Sc la troilieme, fe trouvoieni fermement
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attachées à l’os occipital par leurs ligamens naturels ;
la fécondé vertebre étoii coupée en deux parties»
de maniéré que le corps éioit féparé de l’anneau
ofléux , & l’apophyfe odontoïde , de même que la
premiere vertebre ou l’atlas, n’avoient pas fubi la
moindre altération, foit dans leur fituaiion refpedi-
ve , foit dans leur articulation avec U tête; quoi
qu’il en foit de ces différentes luxations des vertebres
du cou , ileft toujours fur que dans Icsfradfures,
les diflocations & les tiraillemcns, la conipreflionou
les déchiremens de la moelle épiniere ont toujours
lieu ; de l ’on fait que la moindre atteinte au tiffu de
ces parties, entraîne une mort des pins promptes.
Les expériences les plus fimples atteftent cette
vérité : j’ai plongé fur differens chiens un petit ftilct
à la partie poftérieureducouâtraverslestégumens,
& je l’inlinuois dans Timervalle qu’on remarque
entre la premiere & la fécondé vertebre ; dès que
l’inftrument avoit atteint la moelle épiniere, l’animal
tomboit roide mort (ans exécuter le moindre mouvement;
de cette mort, prefque auffi rapide qu’un
éclair , n’etoit due ( comme le démontroit la difte-
éfion des parties ) , qu’au feul contadf de l’extrémité
du ftilet, qui avoit légèrement bleflé le principe de
la moelle épiniere. Les Mémoires de M. Lorry , médecin
, imprimés dans le R ecueil de l'académie des
Sciences , préfentent plufteurs expériences analogues.
On fait enfin que la moelle épiniere petit fubir des
commotions pareilles à celles qu’éprouve le cerveau,
dont les fuites font égalen'.ent funeftes. Paré fournit
plufieurs exemples de ce genre; Bohn a vu un
homme devenir épileptique à la fuite d’un coup de
poing reçu fur la nuque.
11 paroît par tout ce que j’ai dit, qu’après avoir
bien remarqué à l’extérieur tout ce qui peut fournir
des indices, il faudroit difféquer exaéfement les parties
pour s’afl'urer des changemens qui aurolent pu
s’y faire ; cette diffedlion devroit même être obligatoire
dans tous les cas. Je ne me lafferai point de répéter
qu’on ne fauroit trop accumuler les preuves ,
lorfqu’elles ne font pas décifives par elles-mêmes ;
la vie d’un homme aceufé, ou la mémoire d’un autre
qu’on peut flétrir, font des objets capables d’infpirer
l’effroi aux plus confians.
On a long-tems regardé comme démontré que les
pendus ne mourroient que par défaut de refpiraiion ;
l’interception de la trachée-artere par la corde, & la
ceffation du méchanifme de la refpiraiion qui la fui-
vo it, ne laiffoient aucun lieu de douter que ce ne fut
la vraie caufe de leur mort. Un examen plus éclairé
& mieux dirigé, a démontré qu’ils mourroient apo-
pleiftiques; Céfalpin & Wepfer l’avoient déjà annoncé
depuis très-long-tems. Enfin, fans entaffer les
autorités , Valfalva 6c Morgagni ont fait des expériences
décifives à ce fujet : on a fans doute obligation
à M. Louis d’avoir rendu cette vérité publique;
mais ce feroit donner dans un excès déplacé que de
regarder l’interception de la refpiration comme
abfolument étrangère à la mort des pendus. La variété
des cas fur lefquels les médecins ont à opiner,
6c les conféquences qui peuvent s’enfuivre d’une
explication mal fondée ou mal déduite, m’autori-
fent à entrer dans quelque détail fur ce fujet. Tous
les pendus , dit M. Petit, « ne périffent pas â la po-
» tence dans le même efpace de tems; il en eft qui
» expirent prefque dans l’inftant qu’ils font lancés
» en l’air; d’autres ne meurent qu’après avoir été
» long-tems fecoués par les bourreaux : on en a vu
» plufieurs qui font reftés fufpendus pendant plu-
» fleurs heures fans perdre la vie ; cette variété
» dépend principalement de ce que tous les pendus
» ne meurent pas par l’effet d’une feule 6c môme
» caufe, comme ceux qui ne fgnt pas phyfîciens fe
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V rimaglncnt mal-à-propos ». La caufe unique à
laquelle le peuple a coutume d’attribuer la mort des
pendus, eft le défaut de refpiration, occafionnépar
la prefiion que fait la corde : cette caufe a fans doute
fon effet ; mais quand elle eft feule, fon aftion eft
lente. La plupart des hommes peuvent vivre quelque
tems fans refpircr, il en eft une autre qui vient à fon
fecours ; la corde ne fauroit ferrer le gofîer au point
d’empêchcr l’air de pénétrer dans les poumons, fans
comprimer aufii les vaiffeaux fanguins qui ramènent
le fang de la tête vers la poitrine; ces vaiffeaux font
principalement les veines jugulaires externes 6c internes
: tandis que le fang arrête dans fa defeente ne
peut franchir l’obftacle que la corde lui oppofe ,
celui qui monte an cerveau par les arteres vertébrales
, n’enfait pas moinsfon chemin librement, parce
que ces arteres font fituées dans un lieu qui les met
à l’abri de la compreffion ; il arrive de-!à que le fang
abordant toujours au cerveau fans pouvoir s’en
échapper, ft ce n’eftpar quelques petites veines dont
la capacité n’eft nullement proportionnée à celle des
arteres vertébrales ; il s’accumule dans le cerveau
6c le cervelet, il en diftend excefllvement les vaiffeaux'
6c produit une efpece d’apoplexie qui ne permet
pas aux pendus de vivre long-tems ; ces deux
caufes ont coutume de concourir enfemble 6c de
s ’aider mutuellement, de façon cependant que l ’a-
élion de la derificre l’emporte fur la premiere. On
lent bien au refte que la différente maniéré de dif-
pofer la corde, de la nouer, de la ferrer ; que l'âge
6c le tempérament du patient, la texture plus ou
moins forte de fon cerveau , la plénitude plus ou
moins grande defes vaiffeaux, apporteront quelque
différence dans l’efpace de tems qu’il faudra employer
pour lui faire perdre la vie ; enforte que toutes choies
d'ailleurs égales, celui dont les vaiffeaux contien-
droient peu de fluide , qui auroit les organes d’une
texture ferme, les tuniques des vaiffeaux capables
d’une grande réfiftance , dont le cou feroit long , 6c
le corps maigre & grêle, ne mourroit pas fi-tôt par
l’effet des deux caules énoncées , que celui à qui la
nature auroit donné des difpofitions contraires.
Les obfervations fulvantes de deux pendus rappelles
à la vie, me paroiffent indiquer évidemment le
concours de ces deux caufes, 6c fur-tout la fupério-
rité de l’effet de l’apoplexie dans la mort qui dépend
de la fu fp enjion.
Un boucher de Londres, nommé G o rd o n , joi-
gnoit à cette qualité celle de voleur fur le grand
chemin, 6c les exerçoit toutes deux avec tant de
fuccès depuis plus de trente ans, qu’il avoit acquis
des richeffes confidérables ; enfin la juftice civile,
éclairée par celle du c iel, découvrit qu’il étoit l’auteur
d’une infinité de crimes, & le fit arrêter lorf-
qu’il s’en déficit le moins; fon procès fut inftruit
avec diligence , 6c il fut condamné à mort fuivant les
formes ordinaires du pays.
Gordon condamné à mourir, auroit volontiers
facrifié toutes fes richeffes pour fauver fa v ie ; il
tenta inutilement la fidélité de fes geôliers, & celle
même de plufieurs perfonnes puiffantes qui auroient
pu le fecourir. Un jeune chirurgien , ébloui par
l’efpoir de la récompenfe, entreprit de le dérober à
la mort; il obtint facilement la liberté de le voir
dans fa prifon : là, après lui avoir communiqué fon
deffein , & s’être affuré d’un prix confidérable, il lui
fit à la gorge une petite incifion , qui répondoit au
conduit de la refpiration , & il y fit entrer un petit
tuyau : il eft aifé de concevoir qu’elle étoit l’efpé-
rance du ch;rurgien, lorfque Gordon auroit le cou
ferré par la corde du fupplice : on affure qu’il avoit
fait 1 expérience de cette invention fur plufieurs
chiens 6c qu’elle avoit toujours réufii (Rodrig. à
Fonleca, dans fes ConfuUacions m éd id n a k s , dit » que
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fi l’on pend des chiens avec une corde au cou, après
leur avoir ouvert la trachée-artere, connue pour la
bronchomomie, on les étrangle fans les faire mour
i r ) ; un peu de fang qui avoit coulé dans l’opéra-
non, fie croire aux geôliers que le criminel avoit
voulu attenter a fa vie ; le bruit s’en répandit même
a Londres , mais il ne fervit qu’à faire hâter l’exé-
cuiion.
L exécuteur ayant fait fon office, & Gordon ayant
refte quelque tems fufpendu pour fervir de fpeciacle
aux yeux du peuple, on livra, fuivant la coutume ,
fon cadavre à les parens; le chirurgien qui n’alten-
düit que ce moment , fe le fit apporter dans une mai-
fon voifine , il le hâta de lui ouvrir la veine du bras,
Sc de lui donner d’autres fecours qu’il avoit prépares
: Gordon n’etoit pas mort, il ouvrit les yeux , il
poufla un profond foupir; mais étant retombé pref-
qu’aulîl-tôt dans une eipece d’evanouiflément, il
expira quelques minutes après. Le chirurgien attribua
le mauvais fuccès de fon entreprife à la «»roffeur
du malheureux Gordon, qui l’avoit fait pefer excef-
fivemem fous la corde. {^Extrait d 'u n ouvrage p erio .
dique , in titu lé le Pour & le Contre., '7 33 > corne I^
art. invention nouvelle de lA r t . )
On pendit il y a plufieurs années à M......... un
homme employé dans les termes ; les pénitens blancs
de cette ville qui comptoient cet homme au nombre
de leurs confrères , furent prompts à le détacher de
la potence dès que l’exécuteur l’eut abandonné ; ils
le portèrent dans leur chapelle, oit on le faigna trois
fois dans l’intervalle d’environ deux heures ; le pouls
étoit imperceptible avant la première faignée , mais
il fe développa à la fécondé , à mefure que le fang
fortoit; il étoit fort rare alors, 6c battoir à peine
quarante fois dans une minute : cet homme rappelle
à la vie , fe mit fur fon féant 6c demanda de l ’eau ,
d’une voix très-foible 6c très-rauque ; il rendit plufieurs
crachats fanglans, & but avec avidité une affez
grande quantité d’eau qu’on lui préfenta ; fa voix
s’éclaircit alors, fon pouls devint naturel, & fa
refpiration fut toujours très-tranquille , jamais précipitée
: avant de boire il frappoit fouvent avec fon
pied la biere dans laquelle il étoit étendu, 6c ces
mouvemens étoient involontaires ; mais lorfqu’il
eut bu , tous ces mouvemens s’appaiferent, & ii fut
affez tranquille : peu après le cou, fur lequel la
corde avoir fait une impreJfion profonde d'un pouce ,
s’enfla confîdérablemenr, & aucun des chirurgiens
qui etoient prefens, n’ofant, par urie craintefrivole,
le faigner à la veice jugulaire, au-deffus de J’impref-
fion de la corde, ce malheureux s’endormir pailible-
ment fans que fa refpiration devînt plus laborieufe
ou plus fréquente ; le pouls devint peu à peu plus
petit 6c moins fréquent, & il mourut enfin par l’ac-
cumulation du fang dans le cerveau. Peu de tems
avant fa mort, le pouls battoir à peine trente-fix fois
dans une minute , & il étoit très-difficile d’apperce-
voir les mouvemens de la refpiration, tant elle étoit
petite & rare.
On voie par cette obfervation que le pouls fe développe
à mefure qu’on diminue la quantité de fang
qui comprime le cerveau ; les convulfions qui étoient
une fuite de la léfion de cet organe, ceffentà mefure
que la caufe qui les produifoit diminue ou difparoîr.
L’eau que cet homme but rappella fes efprits, 6t
mit en jeu ou développa davantage l’aélion des organes
viraux ; en un mot la refpiration fut toujours
tranquille 6c peu fréquente ; preuve bien pofifive
que la plupart de ces accidens, & la mort fur-tout,
étoit moins due à l’interception de la refpiration,
qu’à l’engorgement des vaiffeaux du cerveau , d’où
réfultoit une apoplexie fanguine : il eft pourtant clair
que la voix rauque 6c foible , les crachats fanglans ,
& fur-iout la facilité qu’on éprouva à le rappeller à
■ :