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dos incendies & des tremblemens de terre, fat plus
inagni:i<[uc cjue dans les jours brillans de fa gloire ;
il fut défendu de donner plus deloixanfe pieds de
hauteur aux édifices pourdonner plus de clarté aux
rues & pour éviter la dépenfe de la confiriiction. Sa
vigilance s ctendoit lur toutes les provinces de lem-
pire , & dès qu'il en eut réglé I’interieur, il marcha
contre Deccbale , roi des Daces, qui depuis long-
îems ravageoitles frontières. Ce roi barbare vaincu 5cdégratlé, le donna la mort de déldpoir. Trajun
acheta ia vidüire par l'etFiifion de beaucoup de fang;
le carnage fut fi grand, qu’on manqua de linge pour
panfer les bielles. La Dacie fubjuguée devint province
Romaine. Tm/an^ apres avoir fait confiruire
un pont de pierre fur le Danube, tourna les armes
contre les l^arthes qui n’oppoferent qu'une foible
refifionce. Sèleucie & Cteliphon , capitale du royaume
, furent obligées de lui ouvrir leurs portes. Cof-
roés qui ocaipoit alors le trône , fut chercher un
afyle chez les peuples voifms. Trajan donna aux
Parthes un nouveau ro i, pluiieurs provinces fitiices
au-delà du Tigre pallerent fous la domination des
Romains qui poulierent leurs conquêtes julqu’aux
Indes. L’Arménie & la Mefopotamie trop foibles
pourréfifier à une armée triomphante, ie fournirent
i'ans tenter ie fort de la guerre. Trajan envoya une
Hotte fur la mer Rouge, pour protéger les opérations
de Ion armée de terre qui pénétroit dansl’Ara-
bie , dont les peuples étoient plus faciles à vaincre
qu’à lubjngucr : ils furent fouvent battus & jamais
on n’en put faire des lujets. Les Juifs établis dans la
Cyrcanique exercèrent les plus horribles cruautés
contre les Romains. Tous ceux qui tomboient en
leur pouvoir étoient mafTacrcs. Ces hommes barbares
dévoroient la chair & les entrailles de leurs captifs;
ils les faifüicnt écorcher pour fe parer de leurs peaux.
Tant d’atrocités ne relièrent point impunies ; on publia
pluiieurs édits pour les exterminer.Tous les Juifs
que la tempête jettoit fur les côtes y étoient égorgés
comme des bêtes féroces. Trajan n’ ayant plus d’ennemis
à combattre,s'occnpadesmoyenscle tairerenaî-
tre l’abondance ; il parcourut les provinces, & n’eut
plus de fejour que dans les pays qui avoiem befoin
de fa ptélence. Les exaéHons furent réprimées &
punies;ilfe gloiifioit d'être pauvre , pourvu que les
peuples fulTeni riches; il diloir que le trélor royal
relTembloit à la rate qui à mefure qu’elle enfle fait
fécher les autres parties du corps. Ce prince cpiiifé
par les fatisues de l'es voyages, mourut à Selinunte,
d ’où fes cendres furent portées à Rome : on les plaça
fous la colonne Trajane. Il n’ambitionna d’autreîitre
que celui de perc de la patrie. Il mourut en i i 7 , à
l ’âge de foixante-deuxans, après un régné de vingt.
Les peuples le rcvérolent comme une intelligence
fupérieure defeendue fur la terre pour en régler les
deftinces. Il ne fut point exempt de foiblelTes, mais
il prit foin de les cacher. (T—jv.)
§ TRANSITION, {^MuJîcj.') On nomme plus particuliérement
tranjition i’aélion d’inférer une note
qui n’efl pas dans l’harmonie entre deux notes à la
tierce, & qui font dans l’harmonie. La tranjition,
prife dans ce fens, peut fe pratiquer dans ie delTus
ou dans la baffe , quelquefois même , mais avec précaution
, dans ces deux parties à la fois ; elle eft. de
deux fortes.
La tranfition régulière, lorfque la note qui n'entre
pas dans l’harmonie efi fur le tems foible ou le v c ,&
que la note qui eff fur le tems fort porte harmonie.
Voye^ figure J. n°. 1. planche X V T de Mufciue,
Supplément.
La tranfiùon irrégulière , lorfque c’efi la note qui
fe trouve clans le tems fort ou frappé de la mefure
qui n’entre point dans l'iiarmonie , mais que c’eft
celle qui eff clans le tems foible. Voye^Jig. â. n'*. z.
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pl. XTI. de Mufiq. Suppl. Lorfque la tranftion irrégulière
cil dans la balle , quelques compoliteurs ont
la coutume de mettre un petit trait oblique depuis le
chiffre de la bafl'e, qui etl lùr la note portant harmonie
, jufqu’à la note qui ne porte point harmonie,
pour marquer à l’accompagnateur qu’il doit frapper
l’accord par anticipation lur cette dermere note;
cette maniéré de chiffrer la tranjition irrégulière efl
très-bonne; on l’a pratiquée à la note troifieme de
la figure citée.
On étend aufiî, par licence, \a tranjition ]\\(ayCk
la quarte , la quinte, 6'c. jufqu’à l’oftavc ; alors elle
devient une vraie fufée qui pallé toute fous le même
accord.
La tranjition régulière , tant dans la baffe que dans
le cleffiis peut toujours s’employer &L aulîi louvent
que l’on veut, parce que toutes les notes qui tombent
fur ie tems fort portant harmonie, préoccupent
rorellle ; mais il en ell autrement de la tranjition irrégulière
; elle rend la mufique moins hanuonieul'e,
c’ell pourquoi il faut l’employer rarement, avec précaution
& à propos; alors elle releve l’exprefiiun.
{ F .D . C.)
TRANSPLANTATION , ( Hijl. nat. Bot. Jard. )
Avant que l’occident &c le nord de la terre eufient
des communications avec l’oricnr, ces vallcs contrées,
lous un ciel dur & nébuleux , ne pi cfentolent
qu’un efpace immenfe couvert de landes, de forêts,
de débris, & pour feules refi'ourccs des glands 6c
quelques baies fauvages & acerbes ; tous nos fruits,
tous nos grains, tous nos légumes nous lont venus
d'orient, oi. c'cll l’Afie qu’on voit encore en Europe.
A peine y trouvons-nous quelque végétal qui y loit
naturel, rien qui n’y ait été apporté, tranfplanté ,
acclimaté. D ’abord toutes ces plantes exotiques n’y
réuffirent pas également, plufieurs durent réfiller
aux premières épreuves, 6c ce ne fut fans doute
qu’après des tentatives réitérées & à mefure que le
climat devint plus doux par l’efiiirt des bois, le def-
féchement des eaux, l’habitation & la culture , ce ne
fu t, dis-je, qu’alors que ces prodiifUons adoptèrent
un fol Sc un ciel étrangers ; grand exemple , fuccès
indubitable & confirmé par le tems, dont nousgoù-
tons les fruits, dont nous refpirons les douceurs, &C
qui cft plus propre que tous les raifonnemens du
monde à nous encourager à en tenter de nouveau
Y.
On ne tire un végétal d’un endroit , on ne le
tranfplanté que pour l’établir le fixer ailleurs.
Quelque près du lieu de fa naifl'ance que fe puiffe
trouver fa nouvelle demeure, il s’y rencontre le plus
fouvent dans les propriétés du fol, & dans les af-
pecis, des différences affez grandes pour lui faire
éprouver dans ce changement quelque efpece de
répugnance , qu’il ne peut furmonter que par l’habitude
; alnfi l’objet de toute tranjplantaiion eff de le
nauiraiiler, & quand les lieux font très-diffans,
quand les fols 6c les températures ont des différences
plus marquées, ce n’eff que le même objet, agrandi
par la plus grande difficulté , qui s’y trouve.
On peut ranger les arbres, les arbuffes, les plantes
fous plufieurs grandes divifions, fuivanr leurs rapports
avec les différentes cfpeces de fol. Un certain
nombre, pourvues de racines robuffes, aiment à
vaincre la réfiffance d’une terre forte, & à (ui’ler les
fucs qui y abondent. Une infinité s’accommoJenc
mieux d’une terre moyenne ; d’autres preterent une
terre feche 6c fablonncufe. Il en, eff qui croiffent plus
volontiers dans les fablons,mêlés d’une argille douce ;
plufieurs femblenr choifir les lois où des lits de pierres
ou de rochers laiffeni échapjicr les eau x 6c retiennent
la chaleur ; il s’y en trouve qui veiiiem , au-deffoiis
de leurs racines, une terre glaife qui conferve i’eau
comme un vafe, 6c au-deffus une terre pénctrable
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& poreufe ; enfin, on en voit qui demandent abfo-
lument ce terreau végétal noir 6c léger uii croiflént
les hautes bruyères.
Il n’y a guère que ces derniers, <Sc ce ne font que
des arbuftesou des plantes aifez chettves, qui ne
puiffent réiiffir par aucuns moyens dans une autre
el'pece de terre , 6c quoiqu’il n’y en au point qui ne
l'oulfrent à cert.iins égards fi on les fixe clans un fol
oppofé au leur, il s'y en trouve beaucoup d'afi'ez in-
différens .ffir la nature du rerrein, 6c un plus grand
nombre qui ne tout pas tellement propres à tels lois
particiiliv-rs qu’on ne parvienne à les accoutumer à
une terre diff’erente , pourvu qu'il y ait quelque analogie
6c qu’on leur prépare des pafiages doux 6c
gradués.
On ne leur en peut ménager de pins convenable ,
de pUisinff nfible qu’en les prenant des le germe pour
les ctàbür clans l’habitation qu’on leur deiline , bien
entendu qu’on mêlera dans la terre locale quelque
terre légère qui en puifie favorifer le dévclojipemcnt.
En imbibant, en gonllunt la lcraence, les tues de
cette terre t'e mêient d’abord au lait végétal, dont
clic nourrit le foible embryon ; bientôt il les puilcra
par l'a tendre radicule , quoique non encore eniiére-
nent privé de ceux qu’il reçoit des lobes attendris
6c réduits en une efpece crémiiUion. Peu-à-peu les
lobes s’epuifent , le cleffecheni, infcnfiblemcnt ia
radicule acquiert la première extenfion ; l'evrée par
degré, la plante a dêia pris quelque goiit 6c quelque
habitude au fol qui la nourrit ; mais depuis cette première
époque julqu’au moment oii les racines, parvenues
à toute leur confillance, le font fortement
entrelacées clans le rerrein dont elles s’emparent,
par combien de nuances encore on voit paffer l’arbre
pour arriverai! terme oùlàcouffitiition s’eft mile en
balance avec ia nourriture, c’eff-à-dire, où il s’y
trouve endércment habitué ?
Ainfi, par des effets gradués 6c répétés fans ceffç
fur des organes fouples 6c Hans, vous voyez peu-à-
peu céder 6c dilparoître la répugnance d’une plante
qui auroit oppolé une réfiffance invincible, fi vous
l’aviez heurtée ians ménagement ; toutes les fois
donc qu'on ne pourra , par des femis à demeure ,
établir les différentes espèces de végétaux dans les
différons fols qu’ on veut qu’ils habitent, au moins
faudra-t-il leur donner, dès les premiers inomens de
leur exiffence , une nourriture analogue à celle q u ’il s
y doivent puil'er un jour; la terre de ces fols doit
être mêlée à des cloles toujours plus fortes dans les
l'emis 6c pépinières où ils pafferont fucceffivement
dans le cours de leur cclucarion, à moins qu’on ne
préféré d’établir ces pépinières dans quelques cantons
de CCS fols mêmes.
Que les végétaux peuvent jufqu’à un certain point
s’accoutumer à un fol dlirérent de celui qui leur eff
propre, c’ell un tait dont on a bien des preuves.
Nous avons vu des peupliers plantes dans un terrein
bas 6c louvcm inondé , Imguir 6c perdre leurs
feuilles dans les grandes Iccherelles, dans le même
tems que ceux plantés en des lieux fecs confervoient
leur verdure 6i leur fraîclieur ; 6c des arbres de marais,
des aulnes que nous avons élevés de femence
dans une terre commune élevée , plus lèche
qu’humide , ne laiffent pas d’ y croître trc-)-bien.
Ce icroit en vain qu’on auroir réduit un végétal
à fe contenter de la qualité du fond de terre qu’on
lui a donnés, fi l’on ne pouvoir cg-ileinent elpérer
de lui taire furmonter les influences contraires d’une
température nouvelle Mais tout conduit à croire
qu’on y peut parvenir jufqii’à un certain point, l'ur-
tout lorlque l’on examine combien, fous la même
athmolphere, U prend rhabitude des differentes po-
fitions ou il fe trouve. Une plante a été élevée à
l’ombre 6c toujours environuce de fraîcheur, vous
T R A 967 la verrez fe fletnr , languir , & quelquefois fuc-
cu.i;bcr fi vousre.xjiolèztout-à coupon un lieu chaud
6c découvert; au contraire fi vous la faites pafi'er
dans un lieu plus frais 6c plus ombragé, où toute
autre aiuoic péri , ede leule y jjourra croître
6c lubfillcr; 6c un arbre qui a pafTé fes premieres
années a 1 expolition du levant, qui rebuteroit le
midi fi on l’y pLiçoir fans gradation, fera le plus
propre à b.'-aver des expofirions plus froides,
Pour s accoutumer h ces differcns alpecls naturels
ou artificiels, qui forment dans le même climat
comme ücs climats paniculiers, il a fallu qiu; hi
plante ait fubi dans fa conffiaition quelque altération
progrelfive , quelque nouvelle compolùion qui
l’ait mile en état de les aifronrer.
De iiivolr jufcjii’à quel point fes fibres , fes vaif-
feaux, les liqueurs fe pourroient prêter dam les différentes
efpeces à un changement gradué de températures,
c’eff ce dont on ne peut .s’aU'urcr que par
une longue luire d'expériences ; mais quand ii feroit
indubitable qu’on dût enfin renconrrer un terme où
la nature , fe retranchant dans les limites, réfifferoit
opimâtrément à ces épreuves, ce terme n’eff point
connu , & c’eff une borne qu'il faudroit pofer avec
quelque juffellepour melurer l’étendue de la docilité
du végétal Ô6 de notre pouvoir fur lui. Si l’on n’a pu ,
par exemple, dans nos pays feptentrionaux faire
fupporter [dus de lept degrés de froid aux orangers,
quoiqu’ils y aient été apportés i! y a fort long tems,
6c qu’on les ait nombre de fois miiitipliés S: remanies
dans nos lerres, on trouvera néanmoins que ceux
qu’on nous apporte annuellement d'Italie en (buffrent
à peine cinq, 6c cette différence cft précifement la
mefure de ce que l’oranger peut gagner de dureté ;v
la gelée. On parviendra donc à acclimater entièrement
tout végétal qui n'oppofera que cinq degrés
de réfiffance , ou ce qui revient au même, qui cédera
de deux degrés aux influences de l’athmolphere dans
les climats dont le froid ne paffe pas fept degrés,
ainfi du reffe ; mais nous pouvons porter plus loin
nos efpérances, eu portant plus loin nos foins.
Jettons un coup-ci’oeil fur cette nouvelle carrière.
Si vous bornez vos dvff'cins à habituer au climat
le feul individu , prenez les arbres à cinq ou lix ans
pour les y expofer peu à peu ; préférez même aux
plantes provenues de graine ceux qui ont été multipliés
de marcotte 6c de bouture , 6c dont le bois 6c
1 ccorce ont plus de coiififfance; con muez de les
muitipüer par cette voie, & vous k-s verrez s’endurcir
à un certain poinr. Mjîs fi vous étendez vos
vues, fi vous formez le projet d’acclim.ircr l’efpece,
ou , ce qiii revicnr au même , d’en obtcnii une veneration
ou quelque race acclimatée, rejettez'avec
foin les fujets venus d’une longue fuite de m iffi|)li-
cations par les marcottes 6i les boutures, 6e qui lunt
convaincus de devenir enfin ffériles , car c’eff encore
aux femences qu'il faut avoir recours. Un arbre provenu
de graine, greff'é fur un liijei venu de graine
auffi fur un lujer d’"fpece analogue indigene 6c dure
au froid , eff, quand on ie peut, l’indivulu qu’il ffuic
choifir pour premier générateur ; ce font fes femences
dont ii faut d’abord faire ul'age , elles ont
déjà reçu du climat, par l’arbre dont elles proviennent
, par ellcs-mêines 6c par le fujet nourricier
<!e la greffe , quelque unpreffion favorable, quelque
dirpofition à produire des individus acclimatcb ; ces
iinpreffions, ces modifications venant à le répéter
lur la lemence 6c fur les arbres provenus de ceux-ci,
en continuant de les propager par la voie des femis
ou parviendra ffins doute à les acclimater toujours
davantage.
Ce n'eff pas tout, nous n’avons vu que des effets
généraux 6c uniformes de la température fur la maffe
des feaiences provenues de cette tige 6c de cette