■ 1..
\ 'n
M r
P f ' i p l
3 7 8 P I Q P I Q
V -(
; 1 I P
Pii
-fauî quatorze à fcize heures pour cette augmentation
liicccJhve. Alors on laiiïe ctcmdre le feu,
puis on ouvre la porte ; mais on ne vuicle les
.boiffeaux- que quand ils l'ont prelque froids, & lors
fur-tour qu’il n’y a plus de fumée dans le four.
Les fours de Hollande ne font pas tout-i\-fait fem-
blables à ceux de Flandres qu’on vient de décrire.
Les Hollandois mettent atilîi leurs pipes non dans des
boifl'eaux, mais dans des pots tels qu’on les voit
fi? - 3 9 ^ ’ formés de deux pieces, lavoir le pot
B C D Z 6 i l'on couvercle A B C\ qu’on lute bien au
pot lorfque les pipes y font arrangées. Les fours de
Gouda font ronds ; le diamètre extérieur a feize
pieds. On voit l'élévation d’un de ces fours la
4/. La ƒ«. 4 1 en reprefente la coupe verticale;on y
voit les pots dans le four, qu’on y entre par la feule
ouverture y i de la/f^- 4 ' » laquelle porte on referme
quand le four clf plein. Ces fours s’anument avec des
tourbes, & l’on y entretient le teu pendant cinquante
à foixante heures. Voyez V J r i d é fa ir e les
pipes , publié par M. Duhamel du Monceau, &: les
f ig . 4 1 , 4'X , 4^ 4 4 1 dans ce S u p p l, avec leur explication.
Les belles pipes doivent être droites, d’une terre
bien blanche , lines, lulfrées ; la tête doit avoir une
forme régulière : il faut, avant que de les acheter,
éprouver fi l’air pafle bien du fourneau dans toute la
longueur du tuyau ; elles doivent cire bien cuites
fonores.
Les pipes de Hollande ont un bel émail ou vernis,
qu’on leur donne, fuivant le rapport de M. Alla-
mann , en les trempant à froid dans une eau préparée,
& en les frottant enfuite avec un morceau de
flanelle. Cette eau eff compofée d’une difl'olution
de f.ivon d’tfpagne de cire blanche dans de l’eau
bouillante : on lailfe cuire ce mélange pendant une
demi-heure, 6 i quand il elt refroidi, on le verle
dans une cuve pour s’en fervir à froid. On a tâché
d’imiter en Flandres ce vernis avec du favon , de la
cire & de la gomme, ou de la colle de parchemin
fondus & cuits dans de l’eau.
PIQUE, ( J n milit. ) La pique ctoit en ufage pref-
qiie parmi tous les peuples de rantiquité. Mais on n’a
pasdefTein de parler ici de l’invention de cette arme ;
des proportions differentes qu’on lui a données dans
les tems les plus reculés ; de l'ulage momentané ou
conftant qu’on en a fait, ni des avantages plus ou
moins confidérables & de toute eipece qu’elle a pu
procurer aux diverfes nations qui en connoi/Toient
l ’excellence, & qui en ont lu tirer le meilleur parti;
plulieurs auteurs anciens & modernes ayant déjà
fait ou répété toutes ces recherches : du moins ce
qu’on fe propofe de dire fur toutes ces queftions ,
fera très-court.
On Ht dans quelques auteurs, que David, le rc-
foimateur de la taefique Juive , faii'oit le plus grand
cas de la pique ; 6c on peut croire que ce fut à l’aide
de cette arme , en effet fi redoutable , que ce héros
vainquit les Phililfins, fubjugua les Moabites , mit
la Syrie fous fa puilTance, battit les Ammonites. Des
Juifs la pique palfa chez les Egyptiens , qui s’en fer-
virent avec beaucoup de fuccès. D’ajirès ceux-ci,
les Grecs l'adoptcrent; 6c dès-lors l’ufage en fut
établi chez la plus grande partie des nations, 6c s’y
foutint , jufqu’à ce que les Romains f'e fuffent fait
connoîire ])ar le mélange heureux des armes de leur
légion, qui, joint il leur bravoure & à leur difei-
pline , les fit triompher par-tout oii ils portèrent
la guerre. Leur ordonnance 6c leur difciplinc.s’étant
corrompues, & ayant quitre leurs armes défenlives,
ils ne purent plus rcliPei aux barbares fortis de Germanie
, C|ui firent crouler ce vaife emp're , !i long-
tenis 6l h univerl'ellcmcat redoutable. Depuis cette
fameufe époque jufqu’au tems des croifades , on ne
trouve rien de remarquable dans la maniéré de faire
la guerre : alors on voit la gendarmerie combattre
avec la lance , ce qui a duré iniques bien avant clans
le XVI® fiecle , 6c quelques peuples, comme les
Flamands, qui n’avolent point de cavalerie, fc fervir
avec fuccès de la pique. Mais aucun peuple ne Ht un
mcilieiir ni plus coudant ufage de la pique que les
SuiiTes; 6l il paroît que c’eft leur exemple qui a déterminé
les autres nations de l’Europe à prendre auHi
cette arme ( a ). Du Bellai-Langey , dans fon livre
de la Difeipline militaire , nous confirme cette opinion.
« Les exemples de la vertu , dit-i! , que les
>* Suiffes ont montré avoir au fait des armes à pied,
» fontcaufe que depuis le voyage de Charles V llï
» ( au royaume de Naples) , les autres nations les
» ont imites , mêmement les Allemands 6c Efpa-
» gnols , lelquels font montés en la réputation que
» l’on les tient aujourd'hui, pour amant qu’ils ont
»> voulu imiter l’ordre que lefdits Suifics gardent,
»» 6c la mode des armes qu’ils portent. Les Italiens
» s’y font adonnes après eux,& nous finableme
Tout militaire qui aura fait une étude particid
de fon métier, 6c qui aura de l’expérience , ne
conviendra pas de l’utilité des piques. Il n’y a point
d’arme plus propre à ral'Ientir rimpetuofité d’im
ennemi, ni à lui donner de la terreur. En effet, elle
a l’avantage par la longueur de pouvoir Tarrcter à
une dillance all'ez grande , pour qu'il ait le rems
d’envifager le péril auquel il s’expofe, en abordant
une troupe qui l’attend de pied-ferme ; 6c comme en
pareil cas rien n’ell plus à craindre que cctinlhnt
de réflexion qui fulpend l’ardeur du Ibldat, 6c qui
l’éclaire trop fur le rifque qu’il court , il doit en
réfulter un très-grand avantage pour celui qui cll
attaqué.
La pique eff non-feulement très-utile pour la dé-
fenfe , mais elle l’cff aufîî pour l’attaque ; car fi une
troupe de piquiers en attaque une de flifiliers , né-
cefi'airement la premiere atteindra de loin la deuxieme
; 6c fi après le choc la pique l’embarraffe, elle
fe fervira fort avantageufement de Topee. Malsc’eft
contre la cavalerie fur-tout que la pique doit faire
un grand effet.
Ce qu’on vient de dire de Texcellencc de cette
arme , fe trouve parfaitement confirme par Tanro-
rité des plus grands généraux. « Les Suiflcs, dit le
» duc de Rohan ( Traité de la guerre , chap. 2. ) ,
» ont beaucoup plus de piques que de moufquets ,
» 6c pour cet effet fe font fait redouter en cam-
» pagne. Car un jour de bataille oit on vient aux
» mains, le nombre des piques a beaucoup d’avan-
» tage fur celui des moufquets. La pique., ajoute le
» même auteur , efl très-propre pour rèfiller à !a
» cavalerie, pour ce que pliifieurs jointes cnfcmble,
» font un corps fort folide, & très-difficile à rompre
» par la tête, à caufe de leur longueur, defquelles
» il s’en trouve quatre ou cinq rangs , dont les
»» fers oiitrepaffent le front des i'oldats, 6l tiennent
» toujours les efeadrons éloignés d’eux de douze à
» quinze pieds >*.
Selon Moniécuculll (p>oy.fesMémoires, /. / , r. .j.),
« un gros de piques l'erré ell impénétrable â la cava-
» leric , dont elles fouticnnent d’elles - mêmes le
» choc à vingt-deux pieds de difiance, 6c elles la
» pouffent même par les décharges continuelles
(rt) L e s qu’on volt cinns les monumens des empereurs Romains , fout d environ fix picdsf .iSicts ddeum tic ndies lMonacgéudeounri,e enns yct ocoitm lopnregnuaen td ele 1f6e rc. oSuedloéne sl,’ oci’lcbfle ,à -ldai r(ea rdi o(T ej idluess dpeo uqru altar er etonldfrees ;p mluasi sc eolmlem fuotd een. fCuic mte paacrcaoiujornc ied edse tdimeuexs cdoeus dRéeos
pmoarint sd ca vpelcu ûceülulerss daeust eMuarcsé, dcotnoiietn dse. L1a8 ppiiqeudes .des SuiffcS, au rapP
I Q
» dc la mourqueterie-qu’elles couvrent. La mouf-
« quetcrie feule fans piquiers , ne peut pas faire un
» corps capable de foucenir de pied-ferme Timpe-
« tuofité de la cavalerie , ni le choc 6c la rencontre
» des piquiers ». H eti dit ailleurs (//v, JJ , chap. 2 .) ,
en parlant des Turcs : « Mais la pique leur manque ,
» qui ell la reine des armes à pied, 6c fans laquelle
» un corps d'infanterie attaqué par un elcadron,
» ou par un bataillon avec des p iq u e s , ne peut
» demeurer entier, ni faire une longue réfifiance ».
Le maréchal de Luxembourg, à qui on avoit pro-
polé de luppnmer la p iq u e , répondit qu’il y confén-
liroit volontiers , lorfque les ennemis n’auroient
plus de cavalerie. C ’étoit aufîi le lèntiment de M.
de Turenne 6c de M. d’Artagnan , major des gardes-
françoifes , depuis maréchal de Moniel'quiou, qui
connoilToit parfaitement Tinfiinterie.
Quelques exemples de ce qu’on peut faire avec les
piques , achèveront de pcrl'uader combien elles
donnent d’avantage dans un combat. A la bataille
tl’Avein , le maréchal de Chârilion , qui étoit à l’aile
gauche de Tannée , ayant ordonné au régiment de
Champagne d’attaquer les bataillons ennemis qui lui
faifüient face , ce régiment, conduit par le marquis
de Varennes , marcha fur le champ , fes .piquiers
piques baiflécs, avec tant deréfolution 6c de v igueur,
qii’il enfonça un régiment Efpagnol 6c celui du
prince Thomas. Cette attaque , qui fut Ibutenue par
quelques autres regimens, 6c lliivie d’une charité
de cavalerie qui culbuta Taile droite des ennemis
décida du gain de la bataille. Re la tion de La bataille
d ’A v e in .
Trois mille Suiffes à la bataille de Dreux , refifie-
rcm avec l e u r s p e n d a n t quatre heures , ù routes
les forces des Huguenots, qui efpéroient que la
défaite de ce corps leur affureroit infailliblement la
vicloire. « Ces Suiffes affaillis de toutes parts , 6c
» environnés d’un fi grand nombre d’ennemis, reçu-
» rem le choc de la cavalerie , p iques baiflces, avec
» tant de valeur, que la plus grande partie de leurs
» furent brifées. Mais leur bataillon demeura
« ferme & ferré, repouffant avec un grand carnage
« la fougue des ennemis. En même tems Tarriere-
» garde des calviniltes chargea avec intrépidité la
» cavalerie légère qui rétifia foiblement. Elle fondit
» enfuite furies regimens de Picardie èc de Bretaone ,
y> qui de ce cùté-hl couvroient le flanc des Suiffes *
>> rompit fes arquebuliers 6c attaqua les Suiffes par
» derrière ; mais ede y fut tort maiiraitée par la vi-
» goureufe rcfifiance qu’elle y trouva. Les Suiffes
») ayant ferré leurs rangs , failoient ffice de tous cô-
« tés ; enlorte que les deux tiers de Tannée hugue-
» note occupes autour d’eux fans pouvoir les enta-
» mer & acharnés à les rompre, auioieni etc obligés
» de fe rendre à eux , ou du moins de le retirer avec
» une grande perte fi ie refie de leurs troupes ne les
» eût bien fécondés. H ifl. des guerres de Fr. L iv . U l .
Les batailles de Novarre, de Marignan, de Mont-
contour, fourniffent d’autres exemples très-remarquables
de Tinticpidilé des Suiffes 6c de la manière
avamageufe dont ils favoient fe fervir de la pique.
A la bataille de Newbury en Angleterre, oui fe
donna entre l’armée du roi 6c celle du parlement, Tin-
fanterie de cette derniere abandonnée à fes propres
forces lé maintint dans fes rangs; ôc fans ceffer un
moment de faire feu, elle prefenta un rempart impenetrable
Ate.piques au furieux choc du prince Robert,
& de fes troupes de nobldîé, dont la plus grande
partie de la cavalerie royale ctoit compolcc. M. Hii-
me, en parlant de cette aélion , dit, qu’on en fait parttiiCciliil
iue'rrfe'fmTxe’nntt hV.o...n__ne ur à\ 1l a milice dI c L. ond1 res qui fai.-
loit partie de I armée du parlement, &qiii égala dans
cette occaüon ce qu’on pouvoit attendre des plus
Vieilles troupes. Cette milice fans e.xpcrience Ôc
P I Q 379
lortie recemment de (os occupations mdchanimies
quoiqu’exercée dans fes murs, & plus que tout ceb
animee, comme IW e rve rhifloricn, d’un zèle indomptable
pour caufe, n’eût apurement pas pu rc-
lilter à tant dc vigourcules attaques fan.s ic fccours
de^la ptjoe. H,flaire Je Li ma flan dc S man. Tome
Au combat de Steinkerque en i f io l, la jn'ane ne
fut pas moms utile que l’cpce daus cette vicou-
rcule charge que fit la brigade des gardes.
Bottée capitaine au regimeni de la Fere, qui a fait
un excellent dialogue (iir FuiiUté des rapporte
qu a la bataille de Senef les plquim-s lerl ire.it
très-Utilement â i attaque d’une barrière dans un
chcinm creux, & dans les haies du village de Fav
Crem major de Lille, qui avoii été capitaine au reei-
mem de Navarre, 6: de qui Taiiteur qu’on vient de
citer dit tenir le fait, lui en avoir appris un autre qui
n efi pas moins intereffant, & que voici ; » A laba-
•) taille de C allel, Desbordes, major du régiment de
» Navarre, voyant notre cavalerie en defordre, que
» celle des ennemis fiiivoit vivement, à mw, dit-il ,
» piquiers (tn parlant à tous ceux de la brigade, dont
» ctüitje régiment dc la reine); & les ùiTant avan-
» ce r, il leur fit préfenter la pique l’appuyant du talon
» contre le talon du pied droit, & repofée fur le ge-
» non gauche, le fabre croifé fur la pique, les inouf-
>»quetaires refiant en bataille derrière les piquiers,
» 6c faifimt paffer notre cavalerie h droite & il gau-
” chc, il arrêta par fon feu celle des ennemis, 6c
» donna par ce mouvement & cette fermeté, le (cms
» néceffaire il nos gens pour fe rallier, 6c par confé-
» quent le moyen de recharger enfuite celle des en-
»nemis, qui ne pur jamais ébranler la brigade de
» Navarre ( b ) . Creni , ajoute Bottée , nous difoir,
» un jour qu’on parloir avec regret de la fuppreffion
» des piques, que ce régiment s’en croit fi fouvent
» fervi avec difiinfUon, que pour honorer la valeur
» des piquiers, ils marchoient autrefois à la tête du
» corps lorfqu’il défiloit.
De quelque poids que foient les autorités 6c les
exemples dont on s’efi fervi pour prouver Turilitéde
l a c e t t e arme telle qu’elle étoit, & de la maniéré
qu’on Temployoit,avoit pourtant de grands défauts.
Elle étoit très-pelante, 61 très-difficile à manier
: une fois bdifi'ée, le foldat la rclevoit avec peine.
S’il la prefentoir moins en avant, pour pouvoir
s’en fervir plus commodément, tous les moiivemens
ctoient extrêmement gênes, par la partie du talon
qui fe trouvoit engagée dans le rang fuivant. Dans
la délenfe, comme dans l’attaque, il n’y avoir gtiere
que ks piques du premier du fécond rang qui puf-
fent fervir ; celles des autres rangs fe trouvant raniaf-
fées entre les files , reftoient ncceffairement inutiles
& fans effet: car, alors les piquiers des rangspofic-
rieurs voyoient bien difficilement ce qui fe paffoit en
avant, & ne pouvolent porter qu’au hazard leurs
coups à droite 6c à gauche. Avec cela, la pique par fa
longueur étoit fujette iWouetter & à fe caffer. Elle
étoit embarraffante, fiir-tout dans les pays coupés de
haies, de foffes, dans les bois & dans les nionia-
ni_ f{abH)e uQr ucioci mqué’omno nir’ea,i t opna sn t’rao upvasé cmco finaist cdlea npsl aauifciru nà lleii fpiloarcieenr iicdie. eI ld ee llla c viracloeuntrl,a ndceisé tdalee nmsa 8nieve à nous donner la plus liaute & accefté par un militaire refpeié dtaeb Tlee xteplé iq lueen cCe rdeen iD, eils bnoer dpeesu t; fcooimitfpriter aducc ucne .sd ofourttee.s I ld y’a éal dioenss g énéraux qui négligent de rendre gnent d'aftbiblir leur gloire. MSai isd cil lefsa ufta iarve ovuaelor irq u: ’iillss ccroani
ntaonitf fqeuuet acuef fqiu m'ilasl vloeuiird irnotiéermêt l aqiuiTee rc eiglunio drce rl neue rp feouutv jearmaianis rdo’laleur
dnaen fse rl’ao ujabmli a; isi l deen teeflls proepurrotacnhte sa,u xfpqfuuesls ctreènse- cdeurtealsin heom: ernetf eorrne
videtur, ut qui fortis eril, fit felicljjimus idem, u: liai phalcris
omîtes, 6» sorquibus omnes, Juvenal.
Bb b ij