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Tandis que Tes voifins s’afibibllfTolent par îeiirs
débites meme par leurs vicloircs, il alTermüroit
ia puiflancedans l.iThrace; il ttablillbit les droits
fur tout ce qui paroillbic luiconvenir. Ce tut au liege
de Mefiione qu’un nomme extrêmement adroit
i) tirer de l’arc, vint s’offrir à lui : Philippe , plein de
mépris pour un fi foible talent, lui dit qu’il le pren-
droit à Ion fervice lorlqu’il teroit la guerre aux hirondelles.
Aftcr irrité de ce dédain, le jeita dans la
ville alfiégée, d’oii il tira contre le monarque une
fléché üii étoit écrit, à tccil droit de Philippe, dont
l'ccil en effet fut crevé. Philippe renvoya la fléché
dans la ville avec cette iiifcri[)tion : Jjler fera pendu
ûufî-tât ijue la ville fera prije. Cette menace tut bientôt
luivie de l’exécution. Ce prince , fi aii-delfus du
relte des hommes, fe rapprochoit d’eux par quelques
f'oiblelfes ; depuis qu’il a voit perdu un oe il, il ne pou-
voie entendre prononcer le nom de cyclope fans le
fentir humilié.
Philippe appelle par fes voifins pour être l’arbitre
de leurs querelles, en profltoit pour les afl'ervir. Les
habitans de Pherès implorèrent fon lécours contre
Lycophron , beau-frere du cruel Alexandre , dont il
imitoit la tyrannie. Le monarque Macédonien flatté
dutitrede proieéfeurd’un peuple opprimé,remporta
deux viéloires fur letVcre du tyran. Comme ces peuples
s’étoient déclarés contre les violateurs du temple
d'Apollon, Philippe qui les protégeoit fut regardé
comme le vengeur de la religion. Les Grecs acharnés
à fe détruire, fe préparèrent eux-mêmes des fers.
Philippe inrtruit de leur foiblelfe, conçut le delfein
de les fubjuguer : un l'eul homme réprimoit les voeux
de fon ambition, c’étoit l’orateur Dcmoflhene,dont
l’cloqucnce lui paroiflbit plus redoutable que toutes
les flottes & les armées de la Grece. Ce fut lui qui
détermina les Athéniens à difputer le paffage des
Thermopiles à cei ambitieux, (jui vouloir s’en emparer
j)our s’ouvrir l’entrée de la Grèce; mais ne
quittant que pour un moment les jeux & les fpeéfa-
cles, ilsfe plongèrent bientôt dans leur premier fom-
meil. Tandis qu’ils perdoient le lems en délibérations
ilcrües, Philippe inondoit la Thrace , & fe ren-
doit maître d'Olinte, colonie Athénienne , qui fut
contrainte d’abandonner fes foyers pour errer fans
patrie. Les traîtres qui lui livrèrent la ville ne reçurent
pour falaire que les railleries des Macédoniens ;
ils s’en plaignirent à Philippe : ce'princc , railleur lui-
même, leur répondit: « Les Macédoniens font li
» grolfiers, qvi’ils appellent tout par leur nom ».
Cette conquête fut célébrée par des jeux & des
fj^ectacles.
Les Thebains, après avoir effuyé différentes défaites,
crurent fe relever par l’appui de Philippe:
rechercher un allié fi puiffant,c’étoit folliclter des fers.
Leur haine contre les Phocéens égara leurpolitique;
Philippe, fous le titre de libérateur, fe vit l’arbitre
de toute la Grece , dont les Thebains venoient de
lui ouvrir les portes. Ce fut fous le fpécieux prétexte
de protéger fes nouveaux allies qu’il rentra dans la
Phocide , & que maître des Thermopiles , il répandit
la terreur dans toute la Grece. Les Phocéens,
trop foibles pour oppofer une digue à ce débordement,
s'abandonnèrent à fa diferetion ; leurs villes
furent démolies; on leur impofu un tribut fi rigoureux,
qu’ils aimèrent mieux s’exiler eux-memes que
d’être réduits à vivre malheureux pour enrichir leurs
opprefi'eurs. Philippe, fans foi dans les traités, fans
frein dans fon ambition, fans modération dans le
traitement des vaincus, eut encore le fecret d’être
regardé par le vulgaire comm,e le vengeur des autels
de la religion. Les Amphiéhons, dont il avoit
acheté les lutfrages, applaudirent à tous fes décrets,
me ne ils lui donnèrent fiiance dans leur afl'em-
biée. Su iombre politique craignoit de réveiller l’a-
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moiir de la liberté dans le coeur des Grecs ; & au Heu
de les fubjuguer, il les façonna à i’obéiflance par de
fages délais; il parut refpeéler la liberté publique en
tournant fes armes contre les Barbares. Après s’être
affurc'de laTheffalie, i! tranfporta le théâtre de la
guerre dans la Thrace, d’oîi Athènes tiroit les fub-
liflanccs , & qui, privée de cette rcffource , tomboit
dans le dépcrilfement, fans qu’il lui fournît de jufles
motifs de l'e plaindre.
Son ambition allumée par des fiiccès, lui fit tenter
une expédition dans la Querfonnefe , prefqu’ilc
fertile en toutes les produélions nécelfaires à la vie.
Cette région alors prefqu’inconnue, avoir pnfl'c de
la domination des Spartiates fous celle des Macédoniens
: c’étüit le théâtre des révolutions; Aihenes y
avoir encore quelques colonies ; mais les habitans
impatiens d’un joug étranger, avoient remis liir le
trône les defeendans de leurs anciens rois. Les Athéniens
qui regardolent cette région comme une partie
de leur domaine, murmurèrent do firrupiion des
Macédoniens : leurs orateurs tonnèrent dans la tribune
; Philippe les laifla dire , & ils lui laiflerent tout
exécuter.
Les Mefféniens , les Argiens & les Thebains, fatigués
d’elTuyer l’orgueil farouche des Spartiates , lui
portèrent leurs plaintes, qui lui fournirent un prétexte
de tourner fes armes contre la Laconie. Cette
entreprife fut aiiîorifée par un décret des Ampht-
élions, dont les intentions pures étoient de tirer Ar-
gos & .Mefl'ene de ropprefiion de Lacédémone.
Au bruit de cette irruption, l’allarmc fe répandit
dans la Grece, dont les forces réunies le déterminèrent
à fufpendre l’exécution de fon entreprife;
mais toujours ennemi du repos, il alla fondre fur
l’Eubéc ; & à la faveur des intelligences qu’il avoir fu
fe ménager , il prit quelques places où il établit des
gouverneurs pour commander fous fon nom. Les
Athéniens lui oopof'erent Phocion, phllofophe guerrier
dont on admiroit autant l ’intégrité que l’éloquence.
Sa fagefle ôe fon courage ramenèrent U
viéloire fous les drapeaux des Athéniens , qui con-
ferverent l’Eubée, dont les lieutenans de Philippe
furent chalTés. Ce prince, pour fe venger de cette
difgrace, porta fes tempêtes dans la Thrace , dont
le falut intérefl'oit les Athéniens ; il fe préfenta devant
les murs de Perinthe, ville de la Proponticle , à la
tête d’une armée de trente mille hommes accoutumés
à vaincre fous lui ; la place eût été forcée de fe ren-*
dre, fi elle n’eîit été fecouriie par les Difantins.
Philippe , fenfible à cet affront, tourna fes armes
contre Bizance ; ôt ce fut à ce fiege que fon fils
Alexandre fit fon appreniifl'age, La Grece alors fortit
de fon fommeil, êî la Perfe vit avec inquiétude les
entreprifes d’un prince fi ambitieux. Phocion fut envoyé
avec une armée au fecours de Bizance ; la
fageffe de ce général déconcerta tous les projets de
l’ennemi commun , qui fut contraint de lever le
fiege , & d'abandonner l’Hélefpont. PhilippeUconà
en refiburces fe relevoit promptement de fes pertes;
fon or qu’il prodiguoit, fervoit il corrompre ceux
dont il ne pouvoit triompher par fes armes ou fon
éloquence. Tandis que fes miniftres amufoient les
Athéniens par des négociations artificieufes, il fit
une irruption dans la Scythie, d’où U revint chargé
d’un riche butin au retour de cette expédition; il
fut attaqué dans fa marche par les Triballes, peuples
de Moefie , qui vivant de leurs brigandages , tentèrent
de lui enlever fes richeffes, il (ut forcé de leur
livrer un combat, oîi couvert de blefi'ures il fe vit
fur le point d’être fait prifonmer. Son fils Alexandre
voyant le péril, perce les bataillons les plus épais ,
& parvient à le délivrer des mains des barbares;
celte viéfoire , en le rendant plus puilTant, ne fît que
lui fùfcitçr de nouveaux ennemis, Les divifions des
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Grecs l’en rendirent l’arbitre, il fut engager les Am-
phiéHons à le déclarer général dans la guerre que les
Grecs déclarèrent aux Locriens , aceufés d’avoir
envahi quelques terres appartenantes au temple de
Delphes. Tous les peuples féduits par la fuperfli-
lion, s’engagèrent parpiétedans cette guerre lacrée :
Philippe à la tête de ceux qu’il ambitionnoit d’avoir
pour iujets, entra dans la Phocide , oii il s’empara
d’Elatce ; les Athéniens s’apperçurent trop tard que
cette conquête le rendoit maître des pafTages de
l’Attique. L’orateur Démoflhene fut envoyé à The-
bes oîi les Grecs étoient aHemblés , il déploya route
fon éloquence pour leur repréfenrer que la liberté
étoit prête d’expirer ; en vain on lui oppofa les ré-
ponfes des oracles que l’or de Philippe avoir corrompus,
il répondit que la Pythie philippifoit. Les
Grecs entraînés par l’impétiiofitc de ion éloquence,
fe déterminèrent à la guerre; leurs forces réunies
étoient à-peu-j>rès égales à celles de leur ennemi,
mais elles leur étoient bien inferieures en expérience
& en difcipline. Les deux armées rivales en vinrent
aux mains près de Chcronée dans la Déoîie ; l’habileté
de Philippe & le courage du jeune Alexandre,
qui commandoit l'aile gauche , décidèrent de la
viéfoirc. Ce fuccès tranfporta de joie le monarque
vainqueur qui . après des facrifices offerts aux
dieux , récompenCa avec magnificence les foldats &
les officiers qui s’etoiem diflingués ; plufieurs jours
U pafferent en feflins , où il fe livra à l’intempérance.
Ce fut dans im de ces excès qu’il fe tranfporta
fur le champ de bataille , où chantant & dan-
fant comme un boiiflbn , il outragea les morts.
L’Athénien Deinade qui ccoir fon prifonnier , eut le
courage de lui repréfenter qu’étant Agamemnon , il
fe deshonoroit en jouant le rôle de Therfite. Philippe
, revenu de fon ivreffe , en répara l’erreur par
la liberté qu’il rendit aux Athéniens,& par le pardon
qu’il accorda aux Thebains dont il avoit juré la perte.
La bataille de Chéronée décida du fort de la
Grece ; les Spartiates avilis n’étoient plus que l'ombre
de ce qu’ils avoient été autrefois. Les Athéniens
fans émulation prcféroienc les jeux aux affaires : ces
deux peuples qui tour à tour avoient etc les dominateurs
de la Grece , furent obligés de reconnoître
un étranger pour chef de l'expédition qu’on méditoit
contre les Perfes. Philippe fatisfait de ce titre qui lui
donnoit la réalité du pouvoir, n’ambitionna pas celui
de roi qui eût réveillé dans les elpriis le femiment
de la liberté dont il ne refloit que le fantôme. Tandis
qu il triomphoit au-dehors, fa vie étoit empoi-
fonnée de chagrins domefliques ; l'humeur impe-
rieufe & chagrine de fa femme Olimpias le contraignit
de la répudier, pour époufer Cléopâtre, fille
d’un de fes principaux oflîciers ; la folemnité de la
noce fut troublée par findiferérion d’Attalc, pere
de la nouvelle reine, qui dans l’ivreffe du fefiin invita
les convives ù prier les dieux d’accorder à
Philippe un légitime fuccefleiir ; Alexandre, indigné
de cette audace , s'élança fur lui, en difant, malheureux,
me prens-îu pour un bâtard? & clans le moment
il lui jette fa coupe à la tête. Philippe zowxxowei.
s’élance fur fou fils l’cpée à la main; & comme il
étoit boiteux, il fit une chute qui le preferva de
l’horreur d’un parricide. Alexandre qui fans doute
avoir participé à l’ivreffe, infulta à la chute de fon
pere : Quoi, lui dit-il, vous prétendez aller en Perfe,
& vous n’avez pas la force de vous tranfporter d'une
'‘ne autre? Il fe retira enEpire avec fa mere,
d ou il fut bientôt rappelle.
Philippe , roi de la Grece , fans en avoir le nom
la lieux , célébra les noces de fa fille avec une ma-
gni cence Afiatique ; tous les Grecs diflingués par
eur nailfance ou leurs dignités furent invités à cette
, cce. Ces républicains, autrefois fi fiers, 5: devenus
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les complices de leur dégradation , lui firent préfenî
de couronnes d ’or au nom de leurs villes; Athènes
donna l’exemple de cet hommage fervilc. Dans le
tems qu’il jouifibic de toute fa grandeur, Paufanias,
jeune Macédonien, perce la foule, & lui plonge fon
poignard dans le fein : cet aflaflin avoit inutilemenf;
demandé ù Philippe juflice d’un outrage fangUnt, 6c
cc refus en fit un régicide. La nouvelle de celte more
lailfa refpircr la G rece, qui fe flatta de rentrer dans
fa premiere indépendance. Les peuples couronnés
de guirlandes chantoient des cantiques d’allcgreflb
au lieu d hymnes funcralres;cettc indécence qui étoit
le témoignage de la foibleffe de les ennemis, étoit le
plus grand honneur qu’on pût rendre è fa cendre.
Ce prince fut un affemblage de vices & de vertus :
ambitieux fans frein ôc fans délicatelfe dans les
moyens, il pouflbit la prudence jufqu’à l’artifice &
la perfidie, femant par-tout les troubles pour avoir
la gloire de les pacifier. Scs plaifirs étoient des débauches
; il proflituoit fa confiance &: fes graces
aux complices de fes excès : contempteur des dieux
& de leur culte, il afFeéloit de refpeéfer leurs nû-
niftres pour en faire les ageus de fes defl'eins, Son
éloquence éblouiflante fit croire aux peuples qu’il
youloit aflbrvir , qu’il ne combattoit que pour leurs
intérêts & leur liberté. U ne dut fes profpéritcs , ni
aux négociations de fes miniflres, ni à la capacité
de fes généraux: il voyoit tout par fes yeux; &
comme il étoit fon propre confeil, il exécutoit tout
par lui-même. Libéral jufqu’à la prodigalité , il fe
débarraffoit du poids des richeffes en les verfant fur
ceux qui pouvoient lui être utiles. Egalement chéri
& refpeélé du foldat, il fe rendoit populaire & fa-
voip prévenir l ’abus de la familiarité. Un de fes
officiers étoit chargé de lui répéter tous les matins
ces mots , Philippe , fuuvene:^-vous que vous êtes mortel.
Perfide envers fes ennemis, il fe piquoit d’équité
envers fes fujet-> : un jour qu’il Ibrtoit de table, où
il avoit bu avec excès , une femme qui vint lu! demander
juflice, n’ en put obtenir une 'déclfion favorable
: J’en appelle , dit-elle au roi , de Philippe
ivre à Philippe à jeun ; le monarque , au lieu de la
punir,reftifîa fon jugement. Une autre femme à qui
il dit qu’il n’avoit pas le (erns de lui rendre juflice,
lui répliqua, ii vous n’avez pas le tems de protéger
vos fujets , ceffez d’etre roi. Démocharès, Athénien,.
lui ayant etc député, le monarque lui dit,
faites- mol connoitre le fervice que je puis rendre aux
Athéniens? l’orateur impudent lui répliqua, c’elf
de t’aller pendre. Philippe armé du pouvoir, le renvoya
fans le punir, & le chargea de dire à fes maîtres
que ceux qui favent entendre & pardonner de
femblables outrages, font plus eflimables que ceux
qui les prononcent. Inrtruit des calomnies dont les
orateurs d’Athenes tâchoient de flétrir fes aciions,
ii leur fit dire qu’il feroit fi circoni'peci- dans fes
aéllons & dans fes paroles, qu’il les convaincroir de
menfonge 6i. d’impoflure aux yeux de toute la Grece.
Ce fut le mérite d’Alexandre qui mit le comble
à la gloire de Philippe ; le fils jetta un plus grand
éclat, mais le pere, en applaniffant les o'^flacles qui
s’oppofoient aux fuccès de fon fils, montra plus de
folidité; run, comme dit Cicéron, fut un plus grand
conquérant, mais l’autre fut un plus grand homme :
ce prince fut afTaffinc à l’âge de quarante-fept ans ,
après en avoir régné vinge-quarre.
Philippe K , roi de Macédoine, après la mort de
fon pere Antigone, monta fur le trône de Macédoine
z io ans avant Jefus-Chrifl. L’aurore de fon régné
fut brillante : la Macédoine déchue de fon ancien
éclat reprit la premiere fplencleur. La guerre des
Achéens lut fournit l’occafion de développer fes ta-
lens pour la guerre ; ces peuples implorèrent fon
fecoufs contrç les Etoliens, Philippe flatte du titre
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