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qu’elle eft aux extrémités de la chambre ; mais on
prend ici une dei5(îté moyenne pour la commodité
du calcul. Si l’on fait attention aux exhahiilons & aux
vapeurs f'enfibles à la vue, dont la denfité furpafre
infiniment celle que nous liippoibns ici, on verra
que nous l’aurions pu prendre beaucoup plus grande
iU d’autant plus , que la petireffe des parties dont il
s’agit, échappe plus parfaitement à la vue , & que
par-là une même quantité de maticrepeut fe répandre
dans un plus grand efpace.
4°. Que nous pouvons fuppofer , fans erreur fen-
fible , que l’cinifiion des corpufcules odorans fe renouvelle
à chaque minute. Si c’eft trop , ce trop eft
fuffifamment compenfc par le court efpace d’un mois
que nous luppofons dans ce calcul, tandis que nous
aurions pu prendre des années.
Cela pôle, je trouve que la chambre , fuppofée
cubique de 20 pieds de côte, contient 8000 pieds
cubes.
Chaque pied cube contient 1728 pouces cubes;
chaque pouce cube 1718 lignes cubes ; donc le pied
cube contient 1728 X 1728=22, 9S5, 984 lignes
cubes.
Lelquelles étant multipliées par le nombre de
pieds cubes que contient la chambre ; favoir, Sooo ,
donnent
23 , 887, 872 , 000.
Il faut encore multiplier ce produit par 43200 ,
qui eft le nombie de minutes d’un mois ; ce qui fait
I , 031 , 956, 070 , 400,000.
Pour la commodité du calcul je fais grace de
3 * » ) 070 , 400,000.
Refte I , 000 , 000 , o o o , 000 , 000 , qui
donne , par chaque particule d'afTa foetida, la
fte ------— . c’eft-à-dire, une petitefte mille fois
plus grande que celle qu’il falloit prouver.
Sur quoi il faut encore ajouter, 1°. que l’odeur de
l’afta feetiJa étant très-forte , on pourroit peut-être
diminuer cette force, & par-là la grolTeur ik le choc
des particules qui en émanent, plus de 100 fois, fans
leur ôter la vertu d’ébranler ces lames ofiéufesdans
lefcjaelles on croit que confifte le f e n s à t l’odorat.
Que ce fe n s eft vraifemblablement beaucoup
plus groftier & plus difficile à ébranler que celui de
la vu e, lequel réfide dans les fibrilles de la rétine ou
de la choroïde , qui font des expanflons du nerf optique
d’une, délicatefîé inconcevable ; c’eft pourquoi,
fîl’on voiiloicfuivre cette queftion en rigueur,
en employant tout ce qui favorife l’hypoihefe ,
on trouveroit peut-être de quoi augmenter la peti-
tefle dont il s’agit par d’autres millionièmes de millionièmes.
La progreffion de petitefTe des genres des plantes
ôc des animaux peut aller infiniment plus loin. C'a
article e(i tiré des manuferits de f e u M. D E M a i r a n .
§ SENSIBILITÉ, i^P hy fio l.') h^fen fîbilité ïâ\x.\Q
caraftere eftentiel de l’animal. Ce qui fent eft un
animal, ce qui ne fent pas ne l’eft point.
Sentir, a l’égard de l’homme , c’eft appercevoir
dans 1 ame un changement à l’occafion de l’imprel-
fion que les corps qui nous environnent font furies
nerfs.
L’organe du fentiment, c’eft le nerf. Tout ce qui
blefTe le nerf, l’aéHon même de l’air fur le nerf d’une
dent dépouillée de fés enveloppes , caufe un fenii-
nient que nous appelions douleur. La convulfion en
eft îrcs-fouvent la fuite , & elle s’étend fur toute la
machine animale quand l’irritation eft violente.
On ne doute point de la fe n jîb iiité du nerf ; mais
eft-ce la feule partie du corps animal qui fente ? Et
s’il Left, les nerfs ne font-ils pas répandus fur toute
'f
S E N la machine animale, de maniéré que les objets exté~
rieurs ne peuvent agir fur aucune partie du corps
humain , fans frapper un nerf & fansexciterdu feli-
timem; tout comme on ne peut bleffer aucune partie
de l’homme fans ouvrir quelque vaiffeau 6c fans
faire couler le fang ?
Galien reconnoiflbitpour infenfiblela gralfle oui
chez les anciens , coinprenoit le rifTa cellulaire une
partie des glandes, la moelle, les parenchymes des
vilceres, puifqu’il n’y a point de nerfs, les os les
ligamens , les cartilages. *
En confultant l’anatomie , on trouvera que plu-
fieiirs parties du corps humain n’ont point de nerfs
& qu’un plus grand nombre n’en a pas d’alTez fenfu
blés pour être démontrées. Le placenta & le cordon
font fans nerfs.
Les os & les cartilages font infenfîbles. Dans la
dent, le nerf remplit la cavité ; c’eft lui qui fent:
quand il eft détruit, la dent ne fent plus rien. J’ai vu
& à loifir trépaner le crâne extrêmement épais d’une
femme qui attribuoit à du mercure épanché fur la
diire-mere ,un fentiment de froid perpétuel au haut
de la tête dont elle étoit tourmentée : dans l ’aftioa
du trépan , elle ne fentoit rien.
La moelle eft une efpece de graifte ; elle fera in-
fenfible comme elle : l’expérience en eft difficile à
faire ; ca r, pour la faire , il faut bleftcr tant de
parties, qu’il eft difficile d’affignerà la douleur fon
véritable fiege. Si effeéfivement l’artere nourricière
des os eft accompagnée d’un nerf, il y aura un fentiment
proportionné à ce nerf. Je n’ai pas fait de
recherches là-deflus; mais de très-habiles gens en
Italie & ailleurs, ont trouvé la moelle infenfible.
Il y a eu de vives difputes fur l’infenfibilité des
tendons. Galien diftinguoit dans le tendon la partie
ligamenteufe véritablement infenfible, ôc la partie
proprement tendineufe , qu’il croyolt cependant
moins fenfible que le nerf. PJufieurs chirurgiens du
fiecle précédent, Severini lui-même & M. Meekren,
Ci. d autres chirurgiens du fiecle préfent, mais qui
ont écrit avant les dernieres controverfes, ont reconnu
que les tendons n’avoient qu’un fentiment
très-obfcur.
Le tendon d’Achille rompu dans le danfeur Cochin
& dans l’anaiomifte Monro, fe déchira fans la
moindre douleur. Atkins a confirmé cette infenfibi-
lité au fond de la Guinée. On avoit fait la future des
tendons dans toutes les parties de l’Europe, fans
appercevoir des douleurs ni des accidens qu’une
piquùre devoir produire dans une partie nerveufe.
D ’innombrables obfervations ont conftaté que les
bleffures des tendons ne caufent aucun accident,
n’excitent point de convulfions, & guériffent fans
la moindre difficulté. J’ai découvert le tendon d’Achille
à deschiens, je l’ai piqué, brûlé, j’en ai retranché
la moitié, jamais les chiens n’ont fouffert le
moins du monde. Un tiffu cellulaire bleuâtre fc for-
moit d’une glu épaiffie, & réuniffoit les extrémités
divifées du tendon. Les chirurgiens incifent tous les
jours les grandes aponévrofes, quand un épanchement
de fang demande un libre écoulement ; ils n’ont
jamais vu leur opération fuivie d’aucun fyniptôme;
& cependant ils avoient fait ce que l’on regarde
comme la maniéré de bleftcr les tendons la plus per-
nicieufe, puifque l’aponévrofe n’étoit qu’à deinl-
divifée.
Lesanatomiftesavoient yules oifeaiix vivreavec
des tendons offeux, le même changement furvenir
affez fouvent aux tendons de l’homme. Véfale avoit
révoqué en doute l’exiftence des nerfs dans les tendons
; Leeiivenhoeck n’en avoit point trouvé , en fe
fervant du microfeope : on a pris le même foin en
Italie, & on n’en a jamais vu. Il eft vrai que des
nerfs
S E N
nerfs rampent dans le tilTii cellulaire qui couvre les
tendons, mais ils ne font pas deftincs aux tendons,
ils n’y fournifl'ent aucune branche, & ils palTent à
la peau.
Ce fut en 1752 que M. de Haller publia (es premieres
expériences luiT’infenfibilité des tendons. I!
avoit été appellé pour un jeune homme blelfé à la
main, & qui perdoit beaucoup de fang. Un autre
médecin a%«oit arrofé la bielTure d’huile de térébenthine
chaude pour fupprimer le fang: le blelTé avoit
fouffert des douleurs extrêmes; le tendon du long
fiipinateur paroiffoit à découvert dans le fond de la
])laie , & n’avoit rien fouffert. M. de Haller hafarda
de le preflér avec un flilet ; , voyant que le jeune
homme ne fe piaignoit pas, il irrita ce tendon en
differenres maniérés , fans caufer ni douleur ni accident.
La bletTure ne put être guérie que par une in-
cifton qui mit l’artere radiale à découvert ; on la lia ,
t k l’hémorrhagie celTa.
M. de Haller fit des réflexions fur cet événement ;
il fit des expériences nombreufesfur des chiens : p!ii-
fieurs autres anatomiftes l’imiierent: il y eut plus
de trois cens expériences de faites; & les tendons,
irrités, en quelque maniéré que ce fût, ne cauferent
jamais de douleur ni d’accident. Enhardi par ce
iuccès, M. de Haller & plufieurs autres anatomiftes,
firent les mêmes expériences fur des hommes , dont
clifférens accidens avoient découvert des tendons, &c
l’événement fut le même. M. Hunter, ce grand ana-
tomifte , fe convainquit de ces vérités par fes propres
expériences.
On a fait des expériences fort nombreufes fur
l’homme, prefque clans tous les pays. M. Ranby,
premier chirurgien du roi d’Angleterre , s’eft coupé
à lui-même un tendon d’entre les premiersfléchiftfcurs
des doigts, avec des cifeaux, fans reftentir de douleur.
M.Tekel fit la même chofe fur un tendon mis à découvert,
aufll-bien que M. Bromfield, un des premiers
chirurgiens de nos jours. En Italie, M. Cal-
clani, premier profeffeur de médecine à Padoiie , a
fait de nombreufes expériences dans le même feus,
auflî-bien que le chirurgien de Riviera , MM. Sichi,
Vei-na, Mofeati, & MM. Pagani & Bonnioli. On
a vérifié ces expériences en Pruft'e , en Danemarck
& en Allemagne ; & M. Falrion en a fait dans une
école contraire à cette découverre, comme elle l’a
été à la circulation du fang. MM. Porta!, Hoin ,
Anhaud , ont irrité des tendons avec le même fuccès
à Paris, à Dijon, à Nîmes.
Pouryreuftir, il faut découvrir le tendon pour
le reconnoitre, & ne pas le confondre avec les chairs
des mufcles. 11 faut donner du tems à l’animal pour
fe calmer, & pour perdre t’impreftion de la douleur
qu’il a relTcntie de la divifion des tégumens ; avec ces
précautions , on peut piquer, couper , taillader,
brûlerie tendon entier ou en partie, & s’affurer de
la tranquillité de l’animal. On peut rifquer la même
chofe fur l’homme, puifqu’il n’y a point d’exemple
qu’aucunaccidcntquelconqueaitfuivi la Icfiond’im
tendon. Il ne convient pas de fe fervir de liqueurs
corrofives, parce qu’elles coulent & qu’elles peuvent
aller irriter les tégumens ou quelque chair, &
inonder un nerf voifm du tendon. Jamais, au refte ,
vérité expérimentale , pas même la circulation du
lang , n’a été foumife à tant d’épreuves.
il ne me convient pas de diftimuler que d’autres
expériences, quoiqu’en beaucoup plus petit nombre,
faites en Allemagne, en Italie, en France &
en Hollande, ont eu des événemens contraires, &
que l’animal a paru fouffrir des léfions du tendon,
qu’il s’eft démené & qu’il a cric. La vérité ne peut
eue oppofee à elle-même: comment accorder des
événemens contradiéloires, & auquel des deux ré-
fuliats donnera-t-on la préférence?
Tome Ib'.
S E N 7 7 7
Prctnîcrement à ceux qui ont été faits fans aucun
deffein de voir un événement plutôt qu’un autre»
On ne peut dil'ccnvenir qu’à Prague, à Montpellier,
a Paris, à Leide, à Turin, à Bologne, ceux qui
ont vu d:-s réfultats contraires à l’infenfibilité des
tendons, n’aient entrepris des expériences, dans le
delîein exprès de contredire ccitc infenfibiliré ; leur
ftyle , leurs ouvrages trahillent ces auteurs.
Les anatomiftes qui ont trouvé les fendons infen-
fib!es,&: M. de Haller le premier, avoient été élevés
dans l’opinion commune, & ils croyoiemavec leurs
précepteurs, le fentiment des tendons aufti avéré que
celui des nerfs. II y en a même qui ont entrepris leurS
expériences avec l’intention de réfuter par les faits,
ce qu ils appellüient la nouvelle opinion, St donc ces
arnftesont trouvé dans leurs expériences les tendons
infcnfibles, ils ont fiirmonté leurs propres prcjiioés,
& n’ont pu cfre convaincus que par l’évidence.°
Les foins & les précautions ont été fort inégaux
clans les deux partis. Les patrons de l'inlenfibilité ont
conftamment travaillé fur les tendons, mais à nud ,
& dépouillé de toute leur cellulofué, ils n’ont piqué
& blefl'é cjue le tendon : ils ont donné à l’animal
quelquefois des heures emicres pour fe tranquillifer
après i’incifion de la peau.
^Les défenfeurs de la fen fbU ir é ont fait fervir le
meme animal a un grand nombre d’expériences ;
après avoir reçu dix bleftûres, le cri de l’animal, à
la flûte de la onzième, ne pouvoit être attribué avec
confiance a cette derniere injure. Ils ont répandu
trop libéralement les cauftiques ; ils ont brûlé les
chairs en approchant le feu, ÔC très-fûremeut attaqué
le mulcle même , quand ils ne dévoient bleffer
que le tendon. Ils n’ont pas découvert le tendon ,
& l'ont laiffé couvert d’une celiulofué dans laquelle
il y a des nerfs, mais étrangers au tendon. Quelques
anatomiftes ne fe font fervis que de manccuvres très-
mal-adroits. Mais ce qui doit faire pencher la balance,
c’eft que ces adverfaires de l’infenfiblté ont
prefque tous vu les mêmes phénomènes, qu’ils entreprennent
derefuter. Cela eftarrivcà MM. Laghi,
Maeiieven , de Haen, à M. V. Doeveren lui-même;
& il eft fingulier que ce favant, d’ailleurs très-efti-
mable , ait pu trouver le plus fouvent les tendons
fenfibles, & ne lésait trouvés qu’infenfililesdans les
expériences qu’ il a faites en préfence de M. Hahn ,
témoin de celles de M. de Haller. M. Ramfay, en
faifant, fous les yeux de M. W itt , les expériences
néceffaircs , a confirmé l’infenfibilité des tendons,
& ceux qui n’ont pas voulu la reconnoître entièrement,
fe font bornés à réferver aux’ tendons du fentiment
dans l’état d’inflammation. Cette partie de la
difpute fur les parties infenfîbles , paroît terminée.
Les ligamens avoient été déclarés infcnfibles par
Galien : & Areîée, à fon grand étonnement, avoir
reconnu qu’ils paroiflôient quelquefois manquer de
fentiment. On jiouvoit s’y attendre, vu la dureté
extrême de leur ftrufture , qui fait fouvent nuance
avec celle du cartilage.
On a confirme par de nombreufes expériences
cette infenfibilité, ik fur les animaux & fur l’homme
même. Il eft étonnant de voir la facilité avec laquelle
les bleffures des ligamens & des capfules articulaires
gueriftent dans les chiens; & Je fuis encore à découvrir
la raifon qui rend cette guérifon fi difficile
dans l’homme : feroit-ce l’envie dcconferver le mouvement,
& parconféquentde contenir la liqiieurar-
ticulaire, au lieu que les animaux la laiffenç écouler,
6c permettent à la peau de s’attacher aux os ?
Le périofte a la même nature compaûe, dure &
prefque cartilagineufe que les ligamens , & les cap-
fulcs articulaires ne font effeftivement que des pro-
diiflioris du périofte. Plufieurs chirurgiens d’entre
les modernes , ont reconnu dans les differentes opé-
F F f f f