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voeux folent iiicomius, & o ù n’hablte point le repentir.
Audi elî-ce le l'eul, dit M. de Voltaire, qui ait
produit un philol'ophe ( le P. Mallebranche).
M. le comte de la Riviere, gendre du lameux de
Bud'y, qui a demeuré 25 ans parmi les oratoriens
à l’inditution de Paris, où il elt mort en 173S , dit
dans les lettres en deux volumes : « ce iont des
»hommes doux, humbles, patiens, zélés, lans
»amertume, ians intrigue, fans parti de domina-
» tion, lans autre intérêt que la gloire de Dieu ;
» ils ne hatfl'ent que le mal: ils n'ont point d’enne-
» mis, ils n’ont que des freres».
On peut dire à la louange de cette congrégation,
qu’elle s’eft établie par-tout, au grand contentement
des villes, qu’elle y eli aulîi pauvre que des le
tems de fon éiabliflement, qu’elle n'a prclque fait
aucune acquilicion, 6c a toujours donné le rare exemple
d’un noble dcfmtcreiremeni.
Ajoutons que cette congrégation n'a produit aucun
cafuifte relâche , & que dés ion origme elle
a toujours enfeigne 6c défendu les prccieuies maximes
de l’églife gallicane de l’état ; c’elt le témoignage
que le roi a bien voulu lui rendre dans lés
lettres-patentes de 1763 , pour rétablillement du
college de Lyon, le léul qu’elle ait accepté de la
riche dépouille des jél'uites, quoiqu’on lui en ait offert
d'autres.
Elle a donné à régUfe & aux lettres des hommes
diffinpués : il fiilHt de rappciler Mairillon , dont le
nom eff devenu celui de l’éloquence ; Mal'caron,
R.enaud, Quiquera , Soanen, J. B. Gaule, Surian,
le Boux, Hubert la Roche, Pacaud, du Treuil, le
jeune Maure, qui ont brillé dans la chaire de vérité;
Thomaffm, Bence, Snenin, Cabalfuc, .Amelot, Te-
raffon , la Borde, & lur-toiit Jean Morin, l’un des
plus grands hommes de fon fiecle , dont M. Simon
a écrit la vie. Jérôme Vigmer, Charles le Coinie ,
Gérard Dubois, Bernard i’Ami, Jacques le Long...
Que d’hommes favans en font iortis, qui ont illultré
la république des lettres! MM. Renaïuot, du Mar-
fais, le préfidenî Hénaulr, le célébré Jean la Fontaine,
l’abbé Goujer, de la Blettcrie , de Foiicema-
gne, l’abbé Duguet, Durelnel, avoient été de Vora-
to ïn .
On eft étonné de lire dans le D IU . ra if.d e sS cien ce i^
&c. que les oratoriens « Icroient plus utiles au pu-
» büc fl ces religieux s’occupoient à gouverner des
» colleges, des feminaires & des hôpitaux ». Tandis
que l’on fait que les oratoriens ne font point un
ordre de religieux, mais de prêtres féculiers, 6c qu’ils
ont plus de 5 j colleges, 6c de 5 ou 6 iéntinaires : ils
en ont eu ci-devant 10 ou 12. (C.')
§ ORCHESTRE, M iifiq u i.'j Aujourd’hui ce
mot s’applique plus pariiculiérement à la mufiqiie
Sc s’entend , tantôt du lieu où fe tiennent ceux qui
jouent des inllriimens, comme Vorchefîn de l’opéra,
tantôt du lieu où fe tiennent tous les muficiens en
général, comme du concert fpirituel, au
château des Tuileries, & tantôt de la colleéîion
de tous les fymphonirtes ; c’eft dans ce dernier fens
que l’on dit de l’exécution de mufique, que Vorche-
fire étoit bon ou mauvais, pour dire que les inffru-
inens étoient bien ou mal joués.
Dans les mufiques nombreufes en fimphoniffes,
telles que celle d’un opéra , c’eff un foin qui n’eff
pas à négliger que la bonne diflribution de Vor-
c h ip e . On doit en grande partie à ce foin, l’effet
étonnant de la fimphonie dans les opéras d’Italie. On
porte la première attention fur la fabrique meme
de Vorckejire, c’eft-à-dire, de l’enceinte qui le contient.
On lui donne les proportions convenables pour
que les fymphoniftes y foient le plus raffemblés & le
mieux diffribués qu’il eff polfible. On a foin d’en
faire la caiffe d’un bois léger 6c réfonnant comme
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i« fapin, de l’établir fur un vuide avec des arcs-boii-
tans, d’en écarter les Ipeélaîeurs par un rateau placé
dans le parterre à un pied ou deux de diffance. De
forte que le corps même de Vorchejhe portant, pour
ainiidire, en l’air, 6c ne touchant prcf.|iie à rien,
vibre 6c réfonne fans obflacle, 6c forme comme un
grand inffrument qui répond à tous les autres, 6c
en augmente l’effet.
A l’égard de la diffribinion intérieure, on a foin ;
1°. que le nombre de chaque inffrument fe proportionne
à l’effet qu’ils doivent produire , tous en-
lembie; que, par exemple, les baffes n’étouffent
pas les deflus , & n’en foient pas étouffées ; c[ue les
hautbois ne dominent pas fur les violons, ni les féconds
fur les premiers : 2°. que les inffrumens de
chaque elpece, excepté les baffes, foient raffemblés
entr’eux, pour qu’ils s’accordent mieux 6c marchent
enfemble avec plus d’exaditude : 3'^. que les baffes
loiein dilperfées amour des deux clavecins & par-tout
Y o r ch e p e , parce que c’eff la baffe qui doit régler 6z
foLiienir toutes les autres parties & que tous les mu-
liciens doivent l'entendre également : 4". que tous
les iymphoniffes aient l'oeil fur le maître â fon clavecin,
6c le maître fur chacun d’eux; que de meme
chaque violon loit vu de fon nremier 6c le voie;
c’eff pourquoi cet inffrument étant 6c devant être le
plus nombr-eux, doit êtrediffrihué fur deux lignes qui
fé regardent ; favoir , les premiers affis en face du
théâtre, le dos tourné vers les fpedateurs, 6c les
féconds vis-à-vis d’eux, le dos tourné vers le théâtre,
&c.
Le premier orchejîreàe l’Europe, pour le nombre
6c rintelligence des fymphoniffes, eff celui de Naples
: mais celui qui eff le mieux diffnbué 6c forme
i’enfemble le plus parfait, e û Y o r c h e p e de l’opéra
du roi de Pologne à Drefcle, dirigé par l’illurtre Haflé
(ceci s’écrivoit en 1754) fio. , , p l , X I de
mnfique dans le U ïc l. raif. des S c ien c e s , 6c c . la re-
prelentation de cet orchejîre , où , fans s'attacher
aux mefures qu’on n’a pas prifes fur les lieux, on
pourra mieux juger à l’oeil de la diffribuîion totale
qu’on ne pourroit faire fur une longue deferijuion.
On a remarqué que de tous les ordujlres de l’Eti-
rope, celui de Topera de Paris, quoiqu’un des plus
nombreux, écQit celui qui faifoit le moins d’effet.
Les raifons en font faciles à comprendre. 1°. La mau-
vaife conffruélionde enfoncé dans la terre,
6c clos d’une enceinte de bois lourd, maffif, 6c chargé
de fer, étouffe toute réfonnance : 2“ . le mauvais
choix des fymphoniffes , dont le plus grand nombre
reçu par faveur fait à peine la mufique , ôc n’a nulle
intelligence de Tenfemble : 3°. leur aflbmmante habitude
de racler, s’accorder , préluder confinuelle-
ment à grand bruit, fans jamais pou voir être d’accord;
4®. le génie trançois, qui eff en général de négliger
6c dédaigner tout ce qui devient devoir journalier:
5°. les mauvais inffrumens des fymphoniffes, lefqiiels
reffantfur lelieu,font toujours desiuffnimens clere-
hut, deffinés à mugir durant les repréléntations &
à pourrir dans les intervalles: 6°. le mauvais emplacement
du maître, qui fur le devant du théâtre
6c tout occupé des adeurs, ne peut veiller fufiiram-
ment fur fon o r d ie p e , 6c l’a derrière lui, au lieu
de Tavoir fous fesyeux: 7°. le bruit inffipportable
de fon bâton qui couvre 6c amortit tout l’effet de la
fymphonle:8'’ .ta mauvaife harmonie de leurs com-
pofiiions, qui n’étant jamais pure 6c choifie, ne fait
entendre, au lieu de chofes d’effet, qu’un rempliffa-
ge fourd 6c confus : 9®. pas affez de conrre-baff'es 6c
trop de violoncelles, dont les fons, traînes à leur
maniéré, étouffent la mélodie 6c affomment le fpe-
élateur; 10°. enfin le défaut de mefurc , 6c le ca-
radere indéterminé de la'mufique françoifé, où c’eff
toujours Tafteur qui réglé Y o r d ie p e , au lieu que
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Yordu^n doit régler Taélcur, & où les defTiis mc-
neni la baffe, au lieu que la baffe doit mener les
defùis. (5')
ORCHIDÉES, ou Us ORCHIS, f. f. {Botan.)
oTckides. Ces plantes forment une famille des plus
nauirclles, qui, dans la méthode de M. Linné , forme
la scynandrui dlandrui. Leurs racines font charnues,
bulbeufes ; leurs tiges fimples, les feuilles entières
, garnies de nervures parallèles. Les ffeurs font
difpolées en grappe au haut de la tige avec une ffi-
pule fous chacune : elles l'ont formées de fix pieces
ou pctales-.pofcs’ fur le germe, 6c étroitement unies
à fon fommet : trois de ces pieces font affez égales ,
deux autres plus petites font lituées en-dedans de
celles - là : la fixieme eff d’une figure particulière;
M. Linné la nomme nedaire : elle fe prolonge le
plus fouven: par fa partie pofférieure en un éperon
creux plus où moins long. L’alTemblage de ces fix
pétales eff difpofé de maniéré à former une figure
finguliere. pi. d'HiJï. nat. fi". 6xi. Il n’y a
que deux étamines, dont la pofition eff encore une
finwularito : elles font attachées à une piece folide
oiùfongoeufe, courte, terminée fouvent en bec, 6c
ordinairement nichées dans deux foffettes creulces
fous la face inférieure de ce fupport, contenues par
deux membranes, & mobiles fur un filet. On ne
peut guere regarder comme un piftil ce receptacle
des étamines; mais on pourroit prendre pour ffig-
mate une fofl'ette , ordinairement onéfucule, placée
au-deffbus : Tovaire devient un fruit prilmatique à
trois panneaux qui s’ouvrent dans leur maturité en
demeurant adherens par la pointe, & donnent ifiiie
à un grand nombre de femences affez femblables à du
tabac en poudre. Toutes ces plantes ont une odeur
peu agréable ; leurs racines font nourriffantes. Foy.
SaLEP, Dicî. raifon. des Sciences , &C.
M. Linné a diftribué les orchidées en huit genres ,
felon i’abfence ou la préfcnce 6c la forme de l’éperon
de la fleur , favoir, 1°. orchis; fiaeyrium ;
3®. ophrys ; jfi.ficrapias; 5®. Ihnodorum ; 6®. cypn-
pediurn ; f i . epidendrum ; . arethufia.
M. de Haller, dans uncDifiercation fur les genres
des orchidées, orchidum genera conjîituta, apres avoir
fait voir qu’on ne peut pas tirer des carafteres bien
marqués de Téperon, puifque dans les diveries el-
peces de ces plantes on obferve des nuances graduées
depuis la privation totale de Téperon aux éperons
courts, 6c de ceux-ci aux longs, a propefé de
tirer les caraclercs des genres de la ffrufture des anthères,
6c de la maniéré dont elles font attachées à
leur réceptacle, 6c a formé fur ces principes des
genres qui fe trouvent la plupart d’accord avec ceux
de Touriiefort. Voye:^ la D:\fiertaiion citée, (i?-)
§ ORCHIS, f. f {^Boian. ) Ce genre de plante ,
donc le nom eff devenu celui d'une tamille entière ,
a été différemment defini. La ffruélure de la fleur a
les carafteres généraux des orchidées , auxquels
Tournefort ajoutoit la racine formée de bulbes arrondis,
ou applatis en forme de main ouverte.
M. Linné caraèérlfe ce genre parce que le neélaire,
dont la figure d’ailleurs varie beaucoup , & lemble
repréfcnier ou un homme, ou le corps d’une mouche,
&c. fe prolonge par fa baie en un éperon. Foy.
Linn. gé/;. pl. gynan. dian. M. de Haller en tire les
cavaêleres , non de Téperon, mais de la ffruélure des
étamines, dont les anthères font nichées dans une
piece en capuchon, où elles font contenues par une
membrane qui s’ouvre dans la maturité,ÔC tormees
d’un filet enroulé en pelotton, auquel font adhéréiis
les petits globules de pouffiereféminale. WdW. orchid,
gcn. conjîituta. Voyei ci-devant ORCHIDÉES.
La définition de M. de Haller a cela de particulier
que les orchis de Tournefort fe rangent tous :
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elle comprend au reffe la plupart des ophris & les
fatyrion de iM. Linné.
L’efpece 6'orchis la plus connue eff Yordiis ntorio
mas C. B. que M. Linné nomme ordùs buLhis in d iv i-
, ncclaru labio q u a d n lo b o , c retiulalo , cornu ob~
tuj'û, pc ialis dorfiuUbus rcflexis. Cette plante a pour
racine deux grands bulbes arrondis, une tige fim-
ple 6c aroite, haute d’un pied 6c plus, accompagnée
à fon origine de quelques feuilles ovales, fefliles ,
engainées par le bas, 6c quelquefois tachetées : le
haut de la tige le termine par un épi clair de fleurs
accompagnées chacune d’une ffipule étroite de la
longueur du germe : les cinq pétales fupéricurs de
ces fleurs ne Ibnt pas aufli étroitement rapprochés
qiic dans d’autres efpeces; tous font purpurins,
rayés de lignes de même couleur plus foncée; le
nedaire fe termine par un éperon obtus, 6c fa levre
eff divifee en quatre lobes, ou en trois, dont Tin-
termédiaire eff échaacrc, tous finement crénelés.
Cet orchis croît, comme prefque tous, dans les bois
6c. clans les prés.
Ses bulbes ont une odeur fpermatique qui fans
doute eff caul'e que de tout tems on les a regardées
comme propres à exciter & ù augmenter le l'perme.
Mais une qualité plus importante 6c mieux conffa-
tee, c’eft que ces bulbes font propres à faire du fa-
lep tout l'emblable à celui qui fe fait en Perfe. Elles
peuvent auffi être employées comme emoilienres
en forme de cataplafme. (é?.)
ORDOGNO I, roi cTüviédo & de Léon, ( Ä ’/?.
d'Ej'pagne.') C’etoit dans le ix^ fiecle un rang fort
épineux que celui de la royauté en Efpagne ; la
haine mutuelle, implacable, mortelle qui divil'olt
les Maures & les Chrétiens, obllgeoit les fouveiains
d’avoir toujours les armes à la main ; ils étoienr perpétuellement
en guerre; & à peine ils étoient élevés
fur le trône, qu’ils étoient condamnés à vivre habituellement
dans les camps, ou à hafarder leur vie
dans les combats. La couronne étoit pourtant alors
l’objet le plus fublime de Tamb'ition humaine ; 6c
comme tous les grands pouvoient y prétendre, le
feeptre étoit auffi une fource intariffable de faffions,
d’intrigues, de troubles 6c de crimes. Don Alphonfe,
6c entuitc don Ramire , pere YYOrdogno ƒ , avoient
en quelque forte rendu le trône héréditaire dans leur
famille , 6c Tavénement de ces deux fouverains s’é-
toit paflé fans obffacle, fans contradiélion; mais
comme, fuivant Tancîen ufage, la couronne étoit
éleclive, 6c que ce n'étoit que par une forte de tolérance
qu’ elle avoir été héréditaire , il s’etoit formé
dans Oviedo 6c Léon un parti puiffanr pour le réta-
blifl'emcnt de Téleélion , 6c qui n’attendoit qu’une
occafioii favorable pour placer quelqu’un de ce parti
fur le tronc, 6c rétablir par-là Tufage de tout tems
obfervé. Lamortdeclon Ramirefembloiîoffrir cette
occafion; mais O rd og n o , fon fils, étoit chéri du
peuple ; 6c fans afl'embler les grands, fans attendre
qu’ils le proclamaffent, il exerça les fonélions de
la royauté, comme s’il eût été folemnellcmcnt élu ;
6c il en impoiâ fi fort par fa fécurité , que les grands
ne pouvant mieux faire, parurent iatisfaits de fon
avènement à la couronne. Quelques-uns d’entr’eux
n'étoieiit pourtant rien moins que contens ; 6c n’o-
fant point s’oppofer ouvertement à cette maniéré de
prendre pofi'eflion du trône, ils engagèrent les Va(-
cons à fe foulevcr dans la province d’AIava : aufli
mauvais citoyens qu’ils étoient fiijets infidèles, ils
parvinrent en même tems aufli à engager les Maures
de fecourir 6c foutenir la rébellion des Vafeons. O r dogno
I n’attendit point que les Maures euffent joint
les Vafeons, & rafl'emblant fes troupes , il marcha
contre ceux-ci, les furprit, les mit en déroute, alla
enfiiite à la rencontre de Tarméc mahometane, la
força dans fon camp, en maflacra uhepanie, & mit