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il y employa les excrcinens des latrines. II me
marqua que cqspommes avoicnr acquis leur maturité
trois femaincs avant les autres plantées en même
lems, & Ibuhaita d’en favoir la caui'e. La premiere
idée devoir me porter l’attribuer au plus grand
degré c!c chaleur qui le trouve dans le gravier, fur-
tout celui fitué fur les bords de l’eau, & même à
l’cfpece d’engrais le plus chaud, bridant même : fi je
n avoispas remarqué que le meme été la trop grande
chaleur & féchereîîe avoient fait beaucoup de tort à
ce légume pour la multiplication & pourla grolTeur,
que par coniéquent une augmeniation de chaleur de-
voit faire plus de mal que de bien; je lui marquai donc
que i’actribuois cet effet à deux caufes à-peu-pres
oppolées : à raugmentation de la chaleur par le gravier
brillant, &: à la filtration de Peau du lac par le
même gravier qui en même tems avoit modéré la
chaleur de l’engrais, éc l’avoit rendu plus fertilifant.
Environ lix femaines après, lifant par hafard la def-
cription de la partie feptentrionale & orientale de la
Tartane, compnie inal-a-propos lous la dénomination
de , J’y trouvai qu’à Yakontsk, fa capitale,
fituée fous le 6o^ de latitude, on ne femoit
le bled qu’en juin, lequel mùrilfoit dans l’cfpace de
fix femaines , parce que ce climat, quoique froid ,
jouiflbit en été d’une plus forte chaleur que ceux qui
étoient plus tempérés ; à quoi je jolgnois rhumiditc
& la fraîcheur que les racines éprouvoient, ou que
la terre n'y dégeloii jamais plus que de 8 ou lo pouces
; je vis donc que jen ’avois pas mal deviné, &
qu’on pouvolt profiter de cette expérience pour la
culture des pommes de terres.
Rien n’efl comparable aux nouveaux défriche-
mens, pour faire prolpérer les pommes de terre; elles
y réninifent admirablement, même fans engrais; les
charrois même y (ont propres. Les Irlandois y tirent
un fofic de fix pieds de large , pour procurer le plus
fort écoulement des eaux; enfuite ils partagent le
ferrein en carreaux de jardins aulTi de fix pieds de
large , & les féparent par d’autres foflés de trois
pieds de largeur & de profondeur; ils jettent la
terre qui en a été tirée fur les carreaux ,& quoiqu’elle
foit déjà légère par fa nature, ils tachent de la
rendre telle encore plus, en ramaflant des branches
d’arbres & d’arbrilTeaux, les hachent & les y mêlent ;
tout_ ceci fe fait en automne ; ils préparent de cette
maniéré un grand didria : au printems, le terrein eft
fcc ; alors ils y plantent leurs pommes de terre qui pro-
duHent une quantité fiirprenante de fruits ; après
deux ans , ils converiiffcnt ces pieces en prés & en
champs qui doivent pour la plupart leur exigence u
cette culture àespommes de terre, & alors ils re^om-
mencenjt de préparer pour celle-ci un autre terrein ;
ceux même qui prennent quelques fonds en ferme’
paient un prix plus haut pour un terrein qui aura
été cent ans & plus en friche , que pour tout autre ,
quand même il feroit meilleur, parce que les pommes
de terre fai(ant à-peu-près leur unique nourriture y
font leur principal objet. ’ ^
A Zurich, on a fait des effais fort approchans à la
culture Irlandoife, & ce avec un grand fuccès , fur
une piece de charroi de 5000 pieds; on a formé des
foffes , tire la terre , & on a formé vingt-cinq grands
tas ; lorfqii lis furent fees, on y a planté, lans fe
donner des foins V^rùcuWers, de s pommes de terre •
I annee fuivante on a retourné la terre, celle du bas
qui ctoit neuve, mife aii-haiit du tas, laquelle a produit
encore fans engrais, des fruits, 107 quintaux,
ou 10700 livres de 18 onces. Quel rapport prodi-
gieux d un fl petit efpacede terrein ! Enfuitelorlqu’on
eut encore defféché les foffés, tout le terrein fut
réduit eu près.
Un Anÿois prétend qu’en général le terrein qu'on
veut employer pour cette culture , doit n’être ni
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trop fort, ni trop léger , ni trop gras, mais en approchant
; ni trop plat ni trop efearpé , pourtant un peu
penchant; ni trop lec ni trop humide.
_ On ne peur pas toujours choifir toutes ces qualités
& drconftances. 11 cft pourtant pofîible de fe
prantir du plus^ nuifible, de trop d’eau , principalement
de 1 eau croupie , & d’améliorer les autres
fonds par des fecours & des moyens convenables.
Entrais. H faudroit pouvoir le choifir felon ce que
1 efpece de lerrem l’exige ; mais il faut fe fervir de
celui qu on peut avoir. Celui des bêtes à cornes dans
de la terre legere ; celui des chevaux dans un terroir
froid,humide & fort : celui-ci feroit plutôt un mauvais
effet dans les terres légères, fablonneiifcs &:
graveleules, lur-tout dans des étés plus chauds qu’à
l’ordinaire. La fiente desbrebiscRlemeilleurengrais
de tous : malheureufement il eft trop rare pour s’en
fervir en général, & auffi trop chaud pour les terres
legeres , s’il ne peut être tempéré par quelqu’autre.
Je n ai pas fait l’effai de la marne , du glps de la
chaux ; je ne doute pourtant pas que tous ces engrais
ne piaffent fervir, dans des terroirs convenables. L.
rapporte de celle c i, que dans une année oîi il s’ctoic
lervi de chaux pour engrais , la terre avoit produit
peu d herbe , mais d autant plus de pommes de terre
& des plus greffes ; ôc l’année fuivante, chaque carreau
tiimé avec de la chaux, avoit produit le triple
de ceux qui l’ayoient été avec du fumier de brebis.
Le fumier doit-il etre fraisou pourri pour être employe
à l’engrais des pommes de terre > Je crois que
celui-ct convient mieux dans les terres légères, pour
donner plus de confifladce & de nourriture ; le frais
bien paillé dans les terres plus fortes. II fe trouve des
cultivateurs fi loigneux , qu’ils enveloppent chaque
pomme de rerre d’une poignée de pareil fumier paillé
avant de la planter, pour rendre la terre plus meuble.
L’égout de fumier S i l’urine, étant comme l ’e t
fence du fumier, font merveille pour tout engrais
Depuis quelques années on en a fait I’efl'ai dans un
certain pays de la Suiffe , & le fuccès a été admirable.
Au heu de nournr mtférablement leur bétail fur
les pâturages, ces habitans l’ont tenu toute l’année
dans 1 ecurte, & les y ont nourris de verd, outre que
le bétail y a profité infiniment plus , & qu’on eu
du_fumier en plus grande quantité S i meilleure qiia-
htc. Ils ont eufi loin decet égout, qu’ils ont obfervé
par calcul fait, qu’une feule vache foitrniffoil par
cet egOLit, de quoi fumer deux arpens. Il eft vrai que
fon eftet eft feulement trop fort ; il faut donc s\n
lervir, auffi peu que poffible, pendant l’été , à moins
qu on ne le mele d’une quantité d’eau proportiou-
nee,(Se 1 employer d’abord avant ou pendant la pluie-
mats pour toute produaion, en particulier pour les
pommes de terre, fur-tout fi on a labouré le fond en
automne , foit avec la bcclie, foit avec la charrue ;
& pendant 1 h iver, cela fera un effet des plus avan-
tageux , parce que cet égout penche, pendant ce
tems, par-tout, & rend la terre plus meuble , plus
friable ; S i 1 effet s’en fera reftémir, non-feulement
i«r les pom,„es de terre , mais auffi furies bleds qu’on
lemera après la récolte de celles-ci, de quoi nous
traiterons ailleurs ; & fi on arrofe decet égout m êlé,
des plantes de pommes de terre qui auront atteint la
hauteur de demi-pied , on fera liirpris de fon effet
merveilleux.
U boue des rues, mélange d’immondices & de
balayures, nommé en quelques endroits rabloti ou
ruhoii, vaut quafi mieux que le fumier tout pur,
parce qu’elle eft mêlé d’urines S i autres fcis fcrtili-
fans. S i que l’étant auffi des fécules d’autres parties
groffieres , elle contribue plus au but d’empêcher le
trop de denfité de la terre.
Chiffons de laine. Si on en poiivoit avoir en quantité
, lis feroient d’un cfièt merveilleux , foit pour le
même
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même b u t, foit pour engrais même , foh 1. caufe de '
la puanteur de ceux qu’on ramaffe , & q u i, auffi
ong-tems qu’ils durent , pourro.ent garantir les
pommes de tare de l’attaque 8c du ravage que les fou-
"'*Je c°rS's que pour l’un &c l’autre de ces buts, on
pourroit auin tremper les morceaux , pendant vingt-
ciiiatre heures clans de l’egoiit, hi. enUute les laiüer
deffécher. On le fait avec les bleds d’une manière
avanlageiife. Suivant la plus nouvelle relation d’un
voyage fait par Olof T urne aux Indes & a la Chine,
les Chinois ,.lcs meilleurs cultivateurs de 1 univers,
font tremper ainfi leurs bleds , prenant meme en-
fuite la peine de les planter un à un, à 3 oïl 4 doigts
de diftancc, en preffant la terre contre chacua.
On pourroit y objeâer que ces urines feroient
contrader un mauvais goût aux pommes de terre. Je
n’en crois rien ; les fouris font les plus à craindre au
printems, & elles s’attachent à ce qui leur fournit
le plus de nourriture , p^r conféquent aux pommes
de terre même plus qu’aux graines & racines des
autres légumes. pomme plantée, ou morceau,
fe confume , Si ne fe retrouve plus à la récolte ; les
racines délicates & petites ne pourront prendre ce
mauvais goût, & encore moins les fruits qu’elles pro-
diiifent, ni ce qui provient de ceux-ci.
Je dois ajouter ici qu’on peut aifément faire trop
en voulant fiire du bien pommes de terre par l’engrais.
Un ami, très-grand cultivateur, m’aaffuré,
qu’ayant voulu fiiivre en ceci l’avis deM. Duhamel,
ayant planté des pommes de terre dans la meilleure
terre polfible & avec beaucoup d’engrais, dans l’ef-
pérance de récolter 8 à 900 pour un , il s’étoit flatté
de cette efpérance, en voyant des tiges & feuilles fi
abondantes , vigoureufes & plus grandes qu’à l’ordinaire
; que la récolte feule l’ en avoit défabiifé,
n’ayant été que d’environ deux douzaines.
L’expérience m’a prouvé qu’il falloit connoître
les efpeces de pommes de terre, pouf juger de l’engrais
quelles exigent. Celles qui parolffoient les plus
vigoureufes par les feuilles , ont donc un produit
moindre en groffeur & quantité que les autres. En
général les blanches & jaunâtres veulent une terre
bonne & un peu humide : les rouges réuflîffent fort
bien en terre légère U dans les champs, avec moins
d’engrais. Dans une terre trop fumée, l’engrais ne
leur^fait produire prefque que de l’herbe.
Labour. Il n’y a peut-être point de plante qui exige
qu’on en laboure le fol avec tant de foin que les
pommes de terre , je n’en excepte pas même la vigne,
6c qui par contre rccompenfe mieux de cette peine.
II fe trouve certaines contrées où le payfaii s’acquitte
de pareil ouvrage trcs-légéremcnt & moins
que fuperficiellement. Certaine ville de ce pays a
voulu dilhibuer , pendant la difette , du terrein aux
plus néceffiteux des habltans, avec des pommes de
terre pour les y planter. Le peu qui a accepté cette
offre charitable '6c généreufe, a fait paffer la charrue
fur cette piece, à 3 ou 4 doigts de profondeur ; a
rempli le fillon de pommes de terre ;\e& a couvertes du
fillon fuivant, fans engrais , fans foin ultérieur ; &
lorfqu’en automne leur récolte n’a été que de 3 ou
4 pour un , ils ont décrié cette culture en général ,
difant qu’elle ne produifoit rien , &: qu’ils ne vou-
loient plus s’en occuper ; au lieu que d’autres, qui
ont fait labourer , herfer même en automne, un
champ , remis la charrue au printems, avec un engrais
convenable & autres foins néceffaires, ont,
dans la même année & dans la même contrée , fait
des récoltes très-riches.
En Suede , où , à ce que Ahl Stroem affure , la
récolte eft de 4c pour un , on laboure le terrein fort
profondément d’abord après U moiffon , pour le
planter au printems luivant en p om ma de lerrt,
jQOii i r .
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A la vérité quelques-uns, entr’autres parmi les
Anglois, confeillcnt la méthode Tullienne, de planter
pommes de terre par rangées dans les filions, &
laiffer afl'ez de diftarice entre ceux-ci pour labourer
celle-ci avec la charrue pendant l’été ; méthode que
je ne faurois approuver : en voici mes raifons.
Si on ne plante les pommes de terre que dans les
filions , elles ne le feront pas affez profondément.
Les racines par conféquent ne le feront pas non
plus; elles s’étendent, à proportion de ce peu de
profondeur , horizontalement. Lorfqu’clles font encore
tendres, la charrue qu’on fait marcher dans
ledit cfpace, les déchirera , ôc empêchera la pro-
duôHon qui en doit provenir.
L’avantage qu’on cherche de butter les pommes de
terre fans peine , au moyen de cette opération , eft
nul. En ne fuppofant la diftanced’une/»o/;/w« à l’autre
que d’un pied , il s’y trouvera toujours 10, au moins
8 pouces, où on aura élevé la terre pour butter , qui
feront en pure perte, vu que les pommes ne (e trouvant
pas dans cet efpace , feront privées de la terre
dont elles auroient befoin. Que fera-ce fi on les
plante, félon la meilleure méthode éprouvée, à 2
ou 3 pieds de diftance ? Je dis , ces pommes de terre
auroient befoin de toute cette terre enlevée par la
charrue, parce que plus on butte, S: plus les pommes
de terre profitent : auffi M. de T. attribue la plus
grande partie de fa réuffite , pour le nombre îk la
groffeur , à cette opération , qui a , outre cela , cet
avantage , que les efpeces qui penchant vers la fur-
face , (ont garanties , par ces ras , du trop d’ardeur
du foleil.
II s’en trouve qui, pour abréger, au lieu de creux,
tirent des foffés profonds , ordinairement avec un
outil qu’on nomme effardes, droits èc à égale diftance
, recommençant toujours par le meme bouc dit
champ, afin de conferver diiement cette diftance,
Lorfqu’on veut planter un grand efpac« , on y emploie
, pour mieux avancer , trois pcrionnes. Un
homme robufte, qui dirige tout, fait le foffé ; une
autre perfonne , femme , enfant même , jette fa
pomme de terre ou morceau , à la diftance indiquée,
dans le fofle ; la troifieme , une femme , les couvre
de deux ou trois doigts de fumier, &c celui-ci de la
terre tirée du foft'é ; par-là on difeerne les endroits
où on a planté pour les opérations ultérieures : une
feule même peut faire ces deux dernieres , puifqiie
l’ouvrage de l’homme eft plus pénible que celui de
ces deux perfonnes ; & de cette façon on peur planter
un arpent, d’environ 40000 pieds, en trois jours.
11 eft vrai que le commun du peuple, qui trouve
tout ti'avail trop pénible , Sc fait tout à la legere , ne
pourra guere fe réfoudre à fuivre cette méihode;
mais s’il calculoit d'un côté, les journées fur le pied
oue d’autres les lui paieroient, (k d’un autre le profit
au’il tirera de cette augmentation de travail, Ulerolt
convaincu que ces journées lui feroient payées largement.
D’autres cherchent à épargner fur le terrein , S c
plantent à la diftance de fix pouces feulement, fi la
terre eft bien ameublie & fumée. On doit donnet
aux pommes de terre la diftance de 1 , même de 5
pieds; aux Angloifes, Hollandoifes & à celles de
graines, jufqu’à 4 pieds : ceci fe comprend aifément.
Les racines s’étendent, forment des pommes ; celles-
ci d’autres racines Ô£ pommes : il leur faut une place
& nourriture convenable. La moitié de 6 pouces eft
3 pouces : ce ne feroit qu’autant que la pomme de
terre de chaque côté aiiroit pour étendre fes racines
& former les fruits. Ceci feroit-il fufitfant, & ceux-
ci ne s’ enleveroient-ils pas réciproquement la nour-
riiure néceffaire ? Enfin l’expérience , au-deffus dé
toute fpcculation, décide fouverainement en faveur
de ma méihode i elle fe prouve par tout ce qui eft
‘ P p p