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de pi’Otefteiir d’un peuple opprime , entra dans
î’Etolie , à lu tete de quinze nulle hommes, qui le
rendirem maître de pluiîeurs places importantes :
il réu/îir cans toutes fes entrepril'es tant qu’il écouta
les coii/cils d'Aratus, general des Acheens, habile
géraal, plus haiule encore dans l'art de gouverner.
Philip p e avoit laillé prendre un grandaicendant
lur Ion clprit à Apelle , qui après avoir été Ton tuteur,
cioit devenu Ion tavori ; cet Apelle, obicurci
2)ar le mérite d’Aratus qui partageoit la conhance de
l'on maître, traverfa tous leurs [)io;crs, pcrfiiadé
qu’en les tailaiit échouer , il iiipi)ianteroit le rival de
fa taveur. Le jeune monarque , avec une Hotte puii-
fante , defeendit dans file de Céphalonie , où il forma
le fiege de Palée, qu’il eut la honte de lever,
par la faute des Léomins, dévoués an traître Apelle ;
après cet échec il marcha contre Therme , ville oii
toutes les richedès de f Etoile étoient accumuiées.
Les Macédoniens, vainqueurs facrileees , brûlèrent
le temple , brlterent les llatiies , 6c fe retirèrent
chargés des dépouilles des dieux 6c des hommes; ils
faccagerent dans leur marche la Laconie; 6c de retour
à Corinthe, P hilip p e découvrit la irahifon
d’Apclle , qui fut coiidamné à la mort avec l'on
lîls.P
hilippe enivré de fes prorpévités, s’alianclonna à
la balfelie des penchans qui jufqu’alors étoic relfée
cachée dans Ion coeur : infolenc 6c cruel dans la
. viifoirc, fans pudeur dans la débauche, il devint
l’exécration des peuples dont il avoit etc l'idole:
fou humeur aigrie par les revers, le rendit févere
jvifqu’à la férocité. Après fa défaite û la journée
d’Apoltonic, il fe vengea lur fes alliés de la honte
d’avoir été battu par les Romains. Aratus lui repre-
fentant l'horreur de fes excès , lui parut un cenfeur
importun ; il eut la cruauté de le faire empoilonner,
oubliant qu'il étoit redevable de les piolpérités aux
talens de ce grand homme.
Quoique privé de fon fecours, il enleva aux Etc-
liens la ville d’HTus, devant laquelle les plus grands
capitaines avoient échoué : cette conquête fut fiiivie
de deux- grandes victoires remportées fur les Eco-
liens. Tant de luccès lui faifoient efpérer l’empire
de la Grece , lorfque Ptolomée, roi d’Egypte , les
Rhodiens 6c les Athéniens ligués le forcèrent de
foulcrire à la paix , qui fut rompue auiïi-tôt que
jurée. Les Romains commandés par Sulpitius, lui
livrèrent un combat, où la viétoirc fut vivement
dilputée ; le téméraire Philip p e le précipita au milieu
de l’infanterie Romaine ; 6c cctfe efpece de délef-
poir occalionna un grand caiMage pour le délivrer.
P h ilip p e , après avoir ravagé les terres des Rhodiens,
fondit fur les provinces d’Attale , allié des Romains.
Quelques échecs cRuyés le rendirent plus barbare ,
il lembloit ne faire la guerre que pour changer en
déleris les contrées les plus florill'antes ; s’étant rendu
maître de Cios, en Byihinie, il fit périr au milieu
des fiipplices les principaux habitans : ceux qui n’ex-
pirerent poinr parle fer 6c le feu, furent réfervés
pour l’efclavage. Après avoir afi'ouvi fa vengeance
brutale , il fit mettre le fiege devant Abydos , ville
fitiice fur l'Hélelpont, dans l’endroit que nous appelions
le détroit des Dardanelles. Les habitans voyant
qu’il cxigeoit_ d’eux de fe rendre à diferétion, refo-
lurent de périr les armes à la main; il fut arreté
qu’aufîî-tüt que les affiegeans feroient maîtres des
remparts, cinquante des principaux citoyens égor-
geroient les femmes , les enfans 6i les vieillards dans
Je temple de Diane , après qu’on aiiroit jette dans
la mer les effets 6c les métaux qui pouvoient flatter
la cupidité de l’ennemi. Cette délibération fcelice
par des l'ermens, eut une prompte exécution ; les
Macédoniens étant entrés dans la ville , virent avec
horreur des furieux égorger leurs femmes & leurs
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enfans pour les fouftraire ù l’efclavage : tous dans
chaque famille firent l’office de bourreaux.
L’humeur inquiété 6c guerricre de Philippe le ren-
doic incapable de repos ; il fond le fer & la flammé
à la main lur l’Attique : les Athéniens demandent du
fecours aux Romains , qui envoyèrent Valerius-
Levinus avec une flotte fur les côtes de la Macédoine.
Philip p e fansêtre étonne du nom de fes nouveaux
ennemis,^ fe préfente devant Athènes : fon arrivée
elUignalée par une viéloire. Les Athéniens forcés
de rentrer dans leur ville, y défièrent impunément
leur vainqueur. Les Etoliens&Ies Thebains raffurés
par la préfence des Romains, fe déclarèrent pour
eux : Quintius-Fiaminius , fécondé de leur alliance
engagea un combat près de Cynofcéphale dans la
1 hellalie ; l’inégalité du terrein rendit inutile la phalange
Macédonienne. P h ilip p e vaincu fe vit dans la
nccefTitc de foiikrire à toutes les conditions que le
vainqueur daigna luiimpofer; &: il ne fut plus qu’un
fantôme de roi, qui ne parut fenlible qu’au fouvenir
de fon ancienne grandeur.
Des chagrins domelfiquesfemerentune nouvelle
ameminie fur fes jours; le mérite de fon fils Démé-
trius exclm fa jaloufie : fon frere Perfée , pour rapprocher
rimervailc qui le fcparoit du trône, l’ac-
eufa de former des complots pour hâter le moment
de régner. Le foupçonneux lefit empoifonner;
mais ce parricide rendit fon coeur la proie des
remords : fa vie ne fut plus qu’un fupplice , 6c il eût
exhéredé Perfée pour le punir de fa délation , fi la
mort n’eût prévenu fa juüe vengeance : il mourut
178 ans avant notre cre. ( T —K . )
Phil ip p e ( Ma r c -Jule ), HiÇe. Rom aine. pafTa
des plus bas emplois à la première dignité du monde
;_né en Arabie de parens obfcurs, il fut l’artifati
de ta fortune, 6; il auroit paru digne de l’empire ro-
inain , s’il ne l’avoit point acheté par le meurtre de
l'on bienfaiteur. Gordien, qui l’avoit fait capitaine
de t'es gardes (Se le dépofitaire de fes fecrets, alluma
dans fon coeur une ambition dont il fut la viclime
& û force de hn.parlerdes douceurs de commander’
ilaiguifale poignard qui lui perça le fein. Philippe.^
par tes largcfTes , corrompit les légions dont les fuf-
trages l’cleverent à l’empire. L’impatience de fe
montrer aux Romains pour faire confirmer ion élection
par le fcnat,lui fit trahir les interets de i’etat
par la cefiîon de la Mcfopoiamie aux Perlés. Dès
qu il fut arrivé dans la capitale du monde, il captiva
le coeur du peuple par ta popularité & fes lar-
gefies. Le tréfor public fur ouvert pour faire des
ctabliiTemens utiles, 6c fur-tout pour la conftruaion
d un canal qui fournit de l’eau à un quartier de Rome
qui en manquoir. Il favoit qu’il ne falloir aux Ro-
mruns que du pain 6c des fpeélacles ; ce fut pour
leur complaire qu’il célébra les jeux féculaires avec
une magnificence qui édipfa tout ce qu’on avoit vu
jufqu’alors. Deu.v mille gladiateurs combattirent
jufqu â la mort. Chaque pays fournit des bêtes féroces
dans le cirque. Le théâtre de Pompée offrit des
fcencs variées pendant trois jours & trois nuits. Ce
fut en careffant le goût du peuple qu’il fe maintint
fur un trône fouillé du lang de fon bienfaiteur : mais
cette complaifance ne put le dérober à la fureur des
fol'Jats qui le maflacrcrcnt jirès de Vérone, après fa
défaite jiar Decc qui s’etoit fait proclamer empereur
par l’armee de Pannonie. Il ctoit alors âgé de quarante
cinq ans, 6c il en avoir régné cinq & demi
(r-Ar.)
Phil ip pe de Suabe, ( H iß . d'JIlcmagne. ) XV®roi
ou empereur de Germaniedepuis Conrad I,'XXl®em-
pereurd’Occidenr depuis Cliaricmagne , ne en 1180
de Frédéric Barberouffede de Béarrix de Bourgogne,
duc de Tofeane en 1195,de Suabe en 1196 , élu
empereur en 1 • - mort en 1228, le ii juin.
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Si l’on en excepte l’éreciion de la Bohême en
royaume, le régné de marqué par aucun
événement mémorable. Né avec tous les talens du
conquérant 6c de l’homme d’état, ce prince parut
inl'enfiblc â fa gloire , 6c ne fongea qu’à rendre le
calme à l’empire. Nommé tuteur de Frédéric II 6c
régent du royaume pendant fa minorité, il fut oblige
de prendre la couronne pour lui meme , parce que
les états 6c le pape ne voulant pas reconnoître le
jeune Frédéric , il étoit à craindre que le feeptre ne
paffât dans une famille ennemie de la Tienne. II eut
d’abord à effuyer toutes les contradidions de la cour
de Rome, gui haïfibit les Suabes, moins par rapport
aux cruautés exercées par Henri VI, qu’à leur puif-
fancede à leur fierté, qui ne leur avoir jamais permis
de reconnoître un maître dans un pontife. Innocent
III, fi fameux par l'crcftion du fanglant tribunal de
rinquifiiion, occupoit alors le Siégé apolloliqiie ;
il expliqua lui-meme fes motifs : fi Frédéric , difoit-
il, déjà roi de Sicile , étoit encore empereur , il
feroit à craindre que fon royaume , étant uni à
l’empire , il ne refufât un jour d’en faire hommage
à rÉglii'e. Ce pape s’étoit propofé d’affoîblir la
maifon de Suabe : fes fucceffeurs firent plus, ils
l’anéanrirent. Pour réiiffir dans fon projet, Innocent
III fit une ligue avec plufieurs princes d’Allemagne
en faveur d’Oton de Brunfsv'ik , refie d’une famille
illufire 6c puiffante , mais ruinée par les derniers
empereurs. Le pape defiroit, avec une ardeur fi
vive , d’opérer une révolution , qu’il écrivit au roi
de France ( Phllippe-Augufie ) qu’il falloit que P h ilippe
perdît l’empire ou qu’il perdît le pontificat.
Quelques princes d’Allemagne avoient vendu la
couronne à un troifieme concurrent qui , ne la
pouvant conferver, fut obligé de la revendre à
P h ilip p e qui , après avoir défait Oton IV dans
plufieurs combats , convoqua une affemblée générale
: il fit un difeours aux états pour leur infpirer
des fentimons pacifiques ; il depoia les marques de
fa dignité , s’offrant genéreufement à defeendre du
trône , s’ils connoifi'oienc quelqu’un qui fût plus
digne d’y monter. Cette magnanimité lui concilia
tous les coeurs , 6c tous les l'uffrages fe réunirent
pour l’engager à conlerver une couronne donc il
étoit vraiment digne. On prétend qu’il confentit
qu’Oton régnât apres lui : mais eft-il croyable que
ce prince eût voulu écarter Frédéric II, fon neveu,
d’un trône où ce jeune prince avoit déjà été appelle
par les voeux de la nation ? P hilip p e mit tous fes
foins à fe réconcilier avec Innocent III. Ce pape
étoit bien capable d’exciter fes inquiétudes : c’etoit
l’amc de Grégoire VII , qu’il fiirpaffoit encore par
la force de fon génie. C’efi ce pape que l’on vit
dans les croHades abandonner avec adreffe le foin
fiérile de délivrer la Terre-Sainte pour fe faifir de
Conftantinople , conquête bien plus importante pour
fon fiege. L’accommodement fe fit, à condition que
rempereur donneroit fa fille en mariage à Richard
neveu du pontife, avec tous fes droits fur la Tofeane*
la Marche-d’Ancone 6c le duché de Spolette. Les uns
prétendent qu’Oton fut compris dans le traité;
d’autres qu’il fut oublié. P hilip p e ne put recueillir
le fruit de cette paix qui étoit fon ouvrage; il fut
affaffiné par Oton de '\Vitelsbak, qui le lurprit au
lit comme on venolt de le faigner,& lui coupa la
gorge d’un coup de fabre. La haine de cet affalTm
etoit excitée par le refus qu’avoit fait l’empereur de
lut donner une des princeifes fes filles, parce qu’il
setoitdéja fouillé d’un parricide. P h ilip p e avoit
le vifage beay , les cheveux blonds , le corps foible
& un peu maigre ; fa taille ctoit médiocre. Les avantages
de fon elprit ctoient bien au-defi'us de ceux de
Ion corps. Il étoit doux , humain, libéral ; il favoit
pardonner à-propos ; \\ avoit une éloquence natu-
P H I 3 2,*:
relie 6c peu ordinaire dans un prince. Infiruit par
la nature & j)ar l’art à diflîmuler, il ne fe fit jamais
une funefie étude de tromper ou de trahir. L’hifioire
ne lui reproche aucun crime politique. Sa valeur qui
lui affura le trône , avoit facilité les fiiccès de Henri
VI, fian frere 6c fon prcdécefTcur. Son corps fut
enterre dans i’cglife de Bamberg , d’où fon neveu
Frederic le fittranfporter clans celle cIc Spire. Il eut,
de (on mariage avec Irene , foeiir d’Alexis, empereur
de Confiantinople , quatre filles, Cunegonde,
femme de VVincefias , roi de Bohême; Marie,
femme de Hcnn , duc de Brabant ; Ethife ouElife,
femme de Ferdinand III, roi de Caüille ; 6c Béatrice
femme d’Oton IV. On prétend que fa mort caiifa
celle de l’impératrice, qui ne put vaincre fa douleur
( iW - r . )
Philip pe I, ( H ijl. de France. ) étoit né en 1052.
Il parvint à la couronne de France en ic6o. Pendant
la minorité du roi, la régence fut confiée à Baudouin
fon oncle, comte de Flandre. Après la mort de
Baudouin^, P h ilip p e , âgé de quinze ans, gouverna
par lui-même. La fougue , naturelle à fon âge , lui
mit les armes a la main ; mais il fut vaincu par
Robert, fils piiînc de Baudouin, qui avoit ufiirpc
le patrimoine de fes neveux. En 1091 , Philip p e
répudia la reine Berthe , fit enlever Bertrade de
Monfort, femme du comte d’Anjou , 6c l’époufa publiquement.
Rome lança fes foudres ; Philippe paroît
lesbravcir : Rome l’excommunie de nouveau. Incapable
de contenir par lui-même le peuple que les
prélats excitoient à la révolte, il affocie à fon irons
Louis le Gros fon fils, l’amour de la nation. La préfence
du jeune prince fait rentrer les faélieux dans
le devoir. Philip p e reçoit enfin fon abfolution , promet
de renvoyer Bertrade, & continue de vivre
avec elle. Il ne paroît pas que la cour de Rome ait
jamaisapprouvéfonmariage. Maîslecomte d’Anjou,
plus intérelTé que le pape à cette attire , fembla y
confentir. P h ilip p e mourut à Melun , le 29 juillet
1 108. C’étoit un prince livre à fes plaifirs , efclave
de fes paffions , incapable de céder à fes remords ,
6c de les étouffer.
Philippe II, jum om m e Auguste, roi de France,
n’avoir que quinze ans lorfqu’il parvint à la couronne
en 1180. Né avec des paffions vives , des talens précoces,
un defir infatiable de gloire, fon caraélere
indocile lui fit rejetter les confeiis de fa mere, qui
vouloit rompre le mariage projetté avec la fille de
Baudouin , comte de Flandre. La reine, plus injufie
que fon fils, arma contre lui le roi d’Angleterre-
Philip p c battit les Anglois, époufa famairrelTe, 6c
força fa mere au filence : plufieurs vaffafix fe révoltèrent,
il les vainquit 6c leur pardonna ; mais bientôt
les villes du Vexin, qui dévoient retourner à la
couronne après la mort de Marguerite, foeur de
P h ilip p e , cpoui'e de Henri II, roi d’Angleterre, ral-
iuinerent la difeorde entre les deux rois en 1186.
Richard, fils de Henri, fe jetta dans le parti dePAi-
lippe. La guerre fe réveilla encore entre Philip p e 6c
Richard, fucceffeur de Henri. La cour de Rome,
qui avoit befoin des deux rois pour combattre les
Infidèles, réulfit enfin à rapprocher leurs intérêts.La
paixfiit à peine fignée, qu’ils allèrent porter In guerre
en Afie : Acre fut pris; mais les querelles fans ceffe
renaiffantes de Richard 6c de Philip p e fiifpendirent
plus d’une fois les opérations des Chrétiens. Le roi
revint en France en 1192, & s’empara de la plus
belle portion de la Normandie. Richard, échappé
des fers oîi l’empereur le retenoit, tourna fes armes
contre la France. Un traité ne produifit qu’un calme
momentané : on fe remet en campagne; Philippe enveloppe
par les Anglois, fe fait jour l’épée à la main,
court à Gifors, le pont fe rompt fous lui, il tombe
dans la riviere , 6l fon cheval lui fauve la vie