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tandis que la force d’un ieul homme fiiiîit pour le
faire après pUificurs fecoufles luccefîivcnient muiti-
pliccs ,& tandis que quand le roc eft en mouvement,
il fait quelques vibrations, après quoi il revient dans
fon premier état.
Dans la paroilTe d’Üchon, bailliage de Monteenis
en Autunois , on voit auili un rocher mouvant de
7 pieds de haut & de 17 de tour; le fommet eft
plat, & dans la circonférence il prefente fix faces
inégales. La bafe de forme ovale ell'poféc lut une
pierre unie, par un pivot d’une tonne fi particulière,
que la moindre impulhon lufüt pour le mettre en
mouvement : un enfant même peut l’agiter de fes
mains. ( ^^. )
RODIUM,{Géo§r.aTJcicn.') lieu marqué dans
la table Théodolienne , iur la route Je Samarobriva
ou d’Amiens , à rîuoujU Suffionum ou Soiffons.
C’ell Roie-égiife ou Roiglite , plutôt que Roie,
fuivant les clitlances. L’ancienne voie ctl cxiftante
& tics-direéle fous le nom de Chanßic de Bru-
mhauc, &c elle conduit d’Amiens à Roie. Noc. des
Gaul. d’Anv. pa^. S68. ( C. )
RODOLPHE di Habsbourg J premier du nom ,
dit U Clément, ( Hißoire d'AlUmagm. ) XIX^ roi ou
empereur d’Allemagne , naît en 11 1 1 , d'Albert le
Sage,comte de Habsbourg,6c d’Hedwige de Kibourg,
eft élu en la 18 , meurt en i zq i.
L’Allemagne fatiguée de l’anarchie , dans laquelle
elle languiflbit depuis la mort de Frédéric H ,
conlentit enfin à fe donner un véritable empereur ;
elle avoit couronné plufieurs fantômes qui étoient
difparu fans avoir pu rien faire pour fon bonheur.
Les élefleurs , forcés par le fouverain pontife (Grégoire
X. ) qui les menaçolt de nommer de Ion chef
à l’empire , s’alTemblerent à Francfort. 11 l'emble que
ces électeurs fe croyoient au-delTus d’un empereur ;
en effet, aucun ne concourut pour l’être. Les fuffra-
ges furent partagés entre trois fu'jets, qui ne fem-
bloient pas faits pour les mériter ; c ’étoit un comte
deGoritz, feigneur d’un canton du Frioul, &: qui
étoit peu connu : un Bernard plus obfcur encore,
Sc qui n’étoit confidéré que par quelques prétentions
fur le duché de Carinthie. Rodolphe le troi-
fieme n’avoit aucuns fiefs confidcrables, c’étoit à la
vérité un grand capitaine ; fa valeur 6r fa capacité
avoient été utiles à Ottocare, roi de Bohême, dont il
étoit le grand-maître d’hc)tel 6l le grand maréchal.
Comme il y eut partage dans les voix, on choifit
pour arbitre Louis le Sévere, duc de Bavière &
comte Palatin. Rodolphe étoit occupé à de petites
guerres quefe faifoient coniinuelleraem les feigneurs
de fiefs, lorfqu’on lui apporta la nouvelle de fon
éleéfinn. Il fe rendit auiîi tôt à Aix-la-Chapelle, 011
fe faifoient les cérémonies du couronnement des
empereurs. Le feeptre de Charlemagne, fur lequel
on avoir coutume de prêter ferment, s’étoit perdu
pendant les guerres civiles. Plufieurs feigneurs com-
mençoient à fe prévaloir de cet accident pour ne
point le reconnoître. Rodolphe porte aufTi- tôt la
main fur un crucihx , & fe tournant vers les fé-
ditieux ; voilà, dit-il aufTi-tôt, quel fera déformais
mon feeptre. Ce trait de fermeté écarta tous
les obftacles , & fut regardé comme un préfage infaillible
d’un regne glorieux. Rodolphe ne fe hâta
pas d’aller en Italie. Il comparoit Rome à Vanire
du lion; fa i bien vu des empereurs aller au-delà des
Alpes ; mais f apptrçois a peine les traces de leur retour.
11 fe contenta d’envoyer fon chancelier recevoir le
ferment de fidélité des villes fiijettes ; mais confi-
dérant que la domination des empereurs dans cette
contrée n’avoit fervi qu’à faire le malheur de l’Allemagne
, & qu’il faudroit verl'er beaucoup de fang
pour l’y maintenir, il confentii à vendre fes droits.
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Florence fut déclarée ville libre, moyennant quarante
mille ducats d’or; Luques en donna douze
mille , Gênes & Boulogne fix mille. Il céda à Nico-
las 111. les terres que la comtefie Matilde avoit cédées
au l'aint fiege, & renon^-a à exercer aucun
droit de fuzeraineté fur la ville de Rome. Mais il ne
faifoit ces conceffioivs que pour aifermir ion autorité
en Allemagne, & pour y faire fuccéder l’ordre
à la confufion. Il avoit un grand empire à réformer
& il fentüit combien cet ouvrage étoit dilHciie!
L ’Alface étoit partagée entre plufieurs feigneurs
qui s’obfiinoieni à ne point reconnoître de maître.
On ne pouvoit fe difpenfer de faire la guerre , Ro,
dolphi obtint des troupes par fa prudence & fournit
tout par fa valeur. Ceux' qui pollédoient des terres
dans la Suabc relcvoient de la mailbn impériale de
Suabe , après l’extincUon de cette üluilre famille ,
par le fuppüce de l’infortuné Conradin : ils prétendirent
ne relever que de l’Empire. RodolphcXies
força de reconnoître l’autorité d’un gouverneur, il
en mit un egalement en Allace. Cependant, Otta-
care III, roi de Bohême , différoic à rendre hommage
ou plutôt le refufoit avec arrogance : fes am-
balfadeurs protefiereni même en pleine alTemblée
contre l’élection de l’empereur. « Le roi Ottocare.,
dilbit-il infolcmment, ne doit rien à Rodolphe,
autrefois fon domeftique; il ne lui a rien retenu
de fes gages », Rodolphe, pour réponfe , le fait déclarer
ennemi de l’empire ainfi que le duc de Bavière,
qu’il avoit attiré dans Ion parti. Le roi de
Bohême voulut en vain foutenir fa révolte ; attaqué
dans le centre de fes états, il eft forcé de tomber
à genou devant celui qu’il a dédaigné comme fon
domeftique. Le fier Ottocare confentit donc à
faire hommage pour fon royaume de Bohême &
pour le duché de Moravie ; il demanda pour grâce
de rendre cet hommage fous des tentes pour lui épargner
une mortification publique. L’empereur pafta
dans l’iile de Camberg, au milieu du Danube. Oito-
carc vient l’y trouver couvert d’or & de pierres
précieufes. Rodolphe, qui n’eftime que les qualités
del’ame, le reçoit avec un habit gris, qu’il por-
loit ordinairement ; mais au milieu de la cérémonie,
la tente fe leva & lailTe voir aux deux armées qui
bordent le fleuve, le fuperbe Ottocare à genou, les
mains dans celles de fon vainqueur. Le roi de Bohême
cédoit par le traité tous fes droits fur l’Autriche,
la Stirie & la Carniole. Cette paix fut aufti-
tôt rompue que fignée. La reine de Bohême , prin-
ceffe ambitieufe , fit rougir fon mari de vivre fujet
de l’empereur,qu’elle appelloittoujours fon maître-
d’hôtel. Elle avoit cependant éprouvé plufieurs fois
que ce maître-d’hôtel étoit un grand général : Otro-
care paya de fa tête la vanité de fon époufe ; il fut
vaincu & tué dans une bataille. modéré dans
la viéloire , plaignit les vaincus, & donna la couronne
de Bohême à Wenceflas, fils du feu roi,
auquel il fit époufer quelque fems après une de ics
filles. L’empereur fit aulTi-tôt fon entrée dans Vienne,
& y fixa fa cour. Louis de Bavière , qui avoit des
droits fur l’Autriche , fit plufieurs tentatives pour
l’en éloigner. Rodolphe fond fur lui avec fes troupes
viélorieufes & le met en fuite ; alors, dit un moderne
, on vit ce prince que les électeurs avoient
appellé à l’empire, pour y régner fans pouvoir,devenir
en effet le conquérant de l’Allemagne, leur
impofer la loi; mais tandis qu’il affermiffoit le trône
& lui rendoit quelques rayons de fon ancien éclat,
il ne négligeoit rien pour tirer fa famille de l’obfcti-
rité ; il donna l’inveftiture de l ’Autriche , de la
Stirie & de la Carniole à fes fils<^ Albert & Rodolphe,
Une vieille chronique que des auteurs aceufent
d’infidélité, dit que le jeune Rodolphe eut le duché
de Suabe ; mais de ce que fes defeendans ne le poffe-
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dent plus, ce n’cft pas une raifon de rejetter ce
t.iit : il eft probable que l’empereur n’aura rien né-
allgé pour faire pafi'er dans fa famille un fief de
cette importance. Il eût bien voulu placer Ion fils
Albert lur le trône d’Hongrie , vacant par la mort
de Ladifltis III, tué par les Tartares Cumins. Mais
Nicolas, qui, conformément aux prétentions de
fon liege , loutenoit que tous les royaumes étoient
fiefs de Rome, lui oppofa plufieurs obftacles, &
nomma Charles Martel, arriéré-fils de Charles d’Anjou.
Les Hongrois ne vouloient pas d’un fils d’empereur
pour roi. Rodolphe ne crut pas devoir entreprendre
une guerre, d’ailleurs Charles Martel
étoit fon gendre. Il ne paroit cependant pas qu’il
eiit été fi facile s’il n’avoit pas eu l’efpoir d'engager
les états à nommer fon fils Albert pour lui fuccéder ;
il les convoqua même à ce deffein. Il fut refufé ,
Ibus prétexte que l’empire ne pouvoit entretenir
deux chefs; mais en effet, parce qu’on craignoit
toujours de le rendre héréditaire. Cet Albert régna
après Adolphe de Nafi'au. Rodolphe mourut peu de
lems après qu’il eut reçu ce refus deguifé, laifl'ant
l’empire aulfi paifible qu’il étoit agité lorl'qu’il en
prit les rênes. Sa famille obfcure auparavant figura
depuis avec les plus puifiàntcs de l’Europe. Ses funérailles
furent célébrées à Spire. II eut de l’impératrice
Anne fa première femme, outre Albert &C
Rodolphe, dont nous avons parlé , Hartmaii qui dévoie
époufer une princefle d’Angleterre, & le noya
dans le Rhin en i 2,82 ; & Charles qui mourut enfant.
Il en eut encore quatre filles, Catherine, Agnès 6c
Hedvige. La première epoufa Louis le Sévere, duc
de Bavicre & comte Palatin ; la fécondé, üton ,
duc de la bafie Bavière; la troifieme , Albert IL
d’Anhalt, duc de Saxe ; la quatrième, Oton Margrave
de Brandebourg. Elifiibeth, fa fécondé femme,
donna le jour à Judith, qu’il maria à Win-
ceflas,roi de Bohême,& à Clémence, femme de
Charles-Martel, roi de Hongrie. On lui attribue la
lo i , qui ordonne l’ufage de la langue allemande
dans les afles publics , dans les jugemens 6c dans
les dictes. Quelques écrivains la lui conteftent. Mais
on convient généralement qu’il ne fe fervit jamais
d'aucune langue étrangère. (M—r .)
R o d o l p h e d’A u t r i c h e , IR empereur du nom,
fuccelFeur de Maximilien II, (Hi/l. d'Allemagne.^
XXXIR empereur d’Allemagne depuis Conrad I ,
X XVR roi de Hongrie, XXXIl*^ roi de Bohême,
naquit l’an i ^ 5 2 de i’empereur Maximilien II 6c de
Marie dEfpagne. Il monta fur le trône à l’âge de
vingt-quatre ans. Son pere , pour lui afturer la couronne
impériale , l’avoit fait élire roi des Romains
dans une dicte à Raiisbonne ( i ^75 ) , 6c cette éle-
éiion étoit fon meilleur titre. Six empereurs en ligne
direéle; lavoir, Albert I I , Frédéric III, Maximilien
I , Charles V , Ferdinand I 6c Maximilien I I ,
pris dans la maifon d’Autriche , & tous de pere en
fils , n’avoient pu rendre le trône héréditaire. Les
cleéleuis ne prenoient des chefs dans cette maifon ,
que parce qu’elle étoit la plus intéreffée à s’oppofer
aux invafions des Turcs, auxquels elle confinoit par
les états de Hongrie. Loil'que , falfant allufion au
couronnement de l’arriere-fils d’Albert II, M. de
Voltaire a dit qu'une couronne cleéfive devient aife-
ment héréditaire , quand le pere & l’aïeul l’ont pof-
lédée , il eft clair qu’il a fait une mauvaife application
d’vine penfée d’ailleurs affez vraie. Rodolphe prit
pour maxime celle des empereurs de l'a maifon : il
imita leur modération 6c leur amour pour la paix. II
ne le laiflà point éblouir par les noms pompeux de
grand 6c ^'invincible. La lenteur politique qu’il mit
dans la plupart des affaires , donne lieu de dire qu’il
tint d’une main foible les rênes de l’ciat. C’ert encore
un mot de M. de Voltairc, que d’autres écrivains ont
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reçu fans examen. Tel eft l’afcendant d’un grand
nom ; il fait pnffcr les penfées les plus faufles pour
des vérités : mais fi , au lieu de cette modération
qui convient au chef d’une nation indépendante,
Rodolphe eût u(é de cette fermeté qui fied à un monarque
ablolu , tout l’emjiire eût été boulevcrfé,
dans un tems 011 le veüige du fanatil'me 6c de l’intolérance
inondoit de iang tous les états volfins. Pour
apprécier le mente de ce prince , il faut porter les
yeux lur les incendies qui embrâlerent la chrétienté
apres fa mort ; d ailleurs, les exemples des princes
qui avoient voulu gouverner l’Allemagne avec au-
loiicé ,même dans des tems plus favorables n’étoient
pas féduifans. Avec les mêmes taiens des Charlemagne
6c des Oton 1, il n’efit pas été fùr de fiiivre
leurs traces. Ce qui prouve que la modération de
Rodolphe étoit autant dans fa politique que dans fon
caractère , c’eft que dans le tems qu’il ménageoit les
Allemands , il augmentoit la feverité des ordonnances
dans fes états héréditaires. Il reftreignit les privileges
des Autrichiens, & éloigna des charges les
Proteftans : il défendit même de profeffer la nouvelle
religion dans les villes, 6c n’en permit l’exercice
qu’aux leigneurs, & feulement dans leurs châteaux.
Les Allemands ne jouirent cependant point d’une
enriere indépendance : Rodolphe fit fcrupuleufement
oblerver le traité de j)acification de Pafl'au qui dc-
fendoit à tout eccléfiaftique d’embraffer la nouvelle
religion , lous peine de la privation de ion bénéfice.
Cette loi fut rigoureufement obfervée. Gebhart de
Truchfer , archevêque 6c cleétcur de Cologne, fut
dépouillé de fon cleftorat pour avoir ofé l’enfreindre.
Un femblable trait ne pouvoit partir d’une main
foible , ou il falloir qu’elle lût fe plier à propos. Le
premier événement militaire de Ion régné fut une
guerre contre Amurat III, empereur des Turcs, 6c
qui fe continua fous Mahomet 111. Amurat, au préjudice
d’une treve, avoir fait une Irruption dans la
Hongrie & dans la Croatie, d’où il avoit emmené une
infinité de captifs. Les T Lires, defeendus des Scythes,
n’avoienf point entièrement dépouille les moeurs de
leurs farouches ancêtres. Ils fembloient moins faire
la guerre qu’aller à la chafl'e des hommes. Cette
guerre fut meurtrière ,& dura environ dix-neuf ans ,
pendant lefquels la fortune paffa plus d’une fois de
l’un à l’autre parti. Les armées Turques fe fignale-
rent par la prife de Repitl'ch , de Wiliilsk, de Wef-
prin , de Fillek , de Thata , de Saint-.Martin , de
Javariii 6c de plufieurs autres places confidcrables ,
fous le régné d’Aimirat III. Les lieutenans de cet
heureux fiiltan avoient encore forcé les Autrichiens
de lever le fiege qu’iis avoient mis devant Belgrade :
fous Mahomet III elles forcèrent Agria , 6c remportèrent
une grande viRoire près de Kerefte ; mais les
fuccès des Turcs furent balancés par la perte de plu-
fieursbatailles, dont celles de Sifi'eq, de Belgrade 6c
d’Hatuan , font les plus fameuiés. Les impériaux
reprirent plufieurs places , & en enlevèrent d’autres
dans la Turquie Oitomane. Ces deux puiffances,
fatiguées de verfer du fang fans pouvoir gagner la
fuperiorité l’une fur l’autre, confentirent à un traité
( 1605 ) qui faifoit une loi à l’empereur de donner le
titre de fils au fultan qui devoir l’appeller fon pere
dans toutes les occafions oîi ils s’écriroient & fe par-
lerolent par ambafl'adeurs. Les deux monarques
s’obligèrent encore de s’envoyer réciproquement
des préfens qui clevoient être renouvelles tous les
trois ans. Rodolphe commença , & envoya deux cens
mille florins. Une autre condition qui ne leur fait
pas moins d’honneur, fut de n’établir aucun impôt
ni aucune charge nouvelle dans les villes 6c les villages
qu’ils avoient pris l’un lur l’autre pendant la
derniere guerre , 6c dont chacun devoir refter en
poffeflion. On voit quel pouvoit être leur amour
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