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CEDER AN (EDERN,(6 'V . ) ville de l’Ertzgcbiirge,
dans l’cledorat de Saxe, en Allemagne.
Elle ed du bailliage d’Auguflbourg, & elle a droit de
fiéger aux états du pays. Elle eft pleine de fabriques
& de manufaaures de laine , de toutes les elpeces ;
mais elle a eu le malheur d’etre fréquemment incendiée.
(Z>. G .)
OEDIPE, (A(y2/i.)fils de Laïus,roi de Thebes ,
& de Jücaltc. Ses crimes, fes malheurs & ceux de
fes lils, étolent une fuite de la fureur de Junon , contre
les delcendans de Caclmus. Laïus etoit fils de
Labbacus , Labbacus étoir fils de Polydore, & Poly-
dore étoit fils de Cadmus. Laïus, en fe mariant, eut
la curiofité de faire demander à l’oracle de Delphes,
fifon mariage feroit heureux. L’oracle lui répondit
que l'enfant qui en devoir naître , lui donneroit la
mort; ce qui l’obligea de vivre avec la reine dans
une grande réferve ; mais, un jour de débauche , il
en approcha, èc elle devint grofle. Quand elle fut
accouchée , Laïus, rcfprit troublé de la préditfion,
ordonna à un domedique afiidc d’aller expofer l’enfant
dans un lieu dclert, & de l’y faire périr. Celui-
ci le porta fur le mont Cithéron , lui perça les pieds,
& le fufpendit à un arbre ; ce qui fit donner ù l’enfant
le nom d’(Sc%. Par hafard Phorbas, berger de
Polybc, roi de Corinthe, conduifit en ce lieu fon
troupeau , & aux cris de l’enfant accourut, le détacha
l’emporta. La reine de Corinthe le voulut
voir; & , comme elle n’avoit point d’enfans, elle
adopta celui-ci, & prit foin de fon éducation.
Quand OEdipe fut devenu grand, il voulut favoir
de l’oracle quelle feroit fa deflinée, & il en eut cette
réponfe : « Les deflins portent (yd’OEdipc fera l’époux
» de fa mere, qu’il mettra au jour une race exccra-
» ble , & qu’il fera le meurtrier de fon pere ».
Frappé de cette horrible prediflion, & pour éviter
de l’accomplir, il s’exila de Corinthe: réglant
fon voyage fur les adres , il prit la route de la Pho-
cide. S’étant trouve dans un chemin étroit qui me-
noit à Delphes , il rencontra Laius , monté fur fon
char & efeorté de cinq perionnes feulement, qui
ordonna avec hauteur à (Sdipe de lui laifler le paf-
fage libre : ils en vinrent aux mains fans fe connoî-
îre , & Laïus fut tué.
OEdipe arrivé h Thebes , trouva cette ville dans la
défolatlon des maux que lui faiioit le fphinx. Le
vieux Créon, pere de Jocade , qui avoit repris le
gouvernement après la mort de Laïus, fit publier
danstoutela Grece, qu’il donneroit fa fille & fa
couronne à celui qui alFranchiroit Thebes du honteux
tribut qu’elle payoit au monftre. OEdipe s’offrit
pour dllputer contre le fphinx , le vainquit &c le fît
périr. Jocade , qui étoit le prix de la viftoire, devint
fa femme & lui donna quatre enfans, deux fils,
Ethéocle èc Polynice; & deux filles, Antigone 6c
Ifmene.
Plufieurs années après, le royaume de Thebes
fut defolé par une pede très-cruelle : l’oracle , refuge
ordinaire des malheureux,ed de nouveau confultc,
& déclare que les Thébains font punis pour n’avoir
pas vengé la mort de leur roi Laïus, 6c pour n’en
avoir pas même recherché les auteurs. Ce fut par
toutes les perquifitions qn'OEdipe fit faire pour découvrir
cet adadin , qu’il dévoila enfin le mydere
de fa naiffance , fe reconnut l’auteur du parricide 6c
coupable de l’incede. « Hé bien , dedins affreux ,
» vous voici dévoilés, s’écrie-t-il, je fuis donc né
» de ceux dont jamais je n’aurois dû naître ; je fuis
» l’époux de celle que la nature me défendoit d’é-
» poufer: j’ai donné la mort à celui à qui je devois
» le jour. .. . Mon fort ed accompli, ü Ibleil, je
» t’ai vu pour la derniere fois ». £u effet, après
OE I L avoir vu Jocafte , qui venoit de s’ôter la vie , Us’*ar-
racha les yeux de dél'efpoir , & fe fit conduire, pat-
fa fille Antigone , dans l’Attique, oîi il ne céda de
déplorer fes malheurs. Quoique la volonté , qui fait
le crime , n’eût aucune part dans les horreurs de fa
vie , les poètes ne laiffent pas de le placer dans le
tartare avec Ixion, Tantale, Silyphe, les Danaï-
des , 6c tous ces fameux criminels de la fable.
Telle ed l’hidoire d’ OEdipe, fuivant Sophocle, qui,
pour mieux infpirer la terreur, la pitié, & les autres
grands mouvemensdu théâtre, a ajouté plufieurs
circondances à i’hidoire véritable de ce malheureux
prince. Ca r, félon Homere 6c Paufanias , qui citent
d’anciens auteurs, OEdipe époufa véritablement la
mere , mais il n'en eut point d'enfans , parce que
Jocade fe tua auffi-tôt quelle fe fut reconnue mere
de fon époux ; l’incede n’eut point de fuite , 6c les
dieux, dit Homere, abolirent bientôt le fouvenir
de ce malheur. OEdipe ^ après la mort de jocade,
époufa Euriganée, mere des quatre enfans , régna
à Thebes avec elle, ôc y finit lés jours. Il ed vrai
qu’on montroit fon tombeau à Athènes , dit Paufanias
, mais il falloir que fes os y eudént, clans la fuite
, été portés de Thebes ; car , ajoute-t-il, ce que
Sophocle a imaginé de la moxl OEdipe ^ me paroîc
peu croyable. Mais ne nous plaignons pas des imaginations
du poete tragique , puilqu’ellcs ont fait naître
la plus belle & la plus touchante tragédie qui
ait paru furie théâtre des anciens. (+ )
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OEHNINGEN, {Géo^r.') feigneurie del’cvêchéde
Condance, dans le cercle de Souabc , en Allemagne
: elle eft aux portes de la ville de Stein ; 6c c’eft
proprement une prévôté ou fondation de chanoines
réc^uliers de l'aint Auguftin , fondée par un comte
d’ Ohniru^en ^ l’an 965 ; Scaffignée, quant aux revenus
du p^révôt, des l’an 1534, à l’évêque de Confiance,
pour la depenfe de fa table. { p .G. )
OEHRINGEN, ( Géogr. ) ville capitale des états
de la maifon de Hohenlohe, dans le cercle de Fran-
conie en Allemagne ; une branche des princes de
cette maifon en porte le nom ; 6c toutes trois y ont
leurs palais ou châteaux de réfidence , de même que
leurs archives communes, &: leurs tribunaux ecclé-
fiaftiques. U y a un college ou gymnafé illuftre,
avec plufieurs égliles, & il y a tour autour de la
ville des côteaux admirables par le bon vin 6c les
bons fruits qu’ils produifent. ( Z?. G. )
(E I
§ OEIL , f. m. ( Anat. Fhyfwl. Midic. & Chinir.J
organe de la vue. Les yeux fe trouvent dans prel-
que toutes lesclaffes des animaux. La plus grande
partie des animaux à coquilles , ont deux yeux placés
fur deux petites cornes. Les infe£les^& généralement
tous les animaux qui ont des tetes , ont
des yeux. La feche, du genre des animaux muqueux,
le polype de mer ont des yeux. Plufieurs vers 6c
quelques teftacés en font dépourvus , mais les^ polypes
d’eau douce même , qui ne font que des inteftins
animallfés, fentent d’une maniéré qui nous cft
inconnue , les imprefiions de la lumière & la fuivent.
Les animaux microfcoplques , qui vivent dans des
infufions, favent s’éviter.
Les yeux font fouvent en nombre pair, ceux du
puceron d’eau paroiflent compofes de deux yeux
fort rapproches. Il n’y a qu’une paire dans les animaux
parfaits, deux dans quelques araignées , trois
dans d’autres 6c dans quelques Icorpions , quatre
aftez fréquemment dans les araignées 6c dans d autres
efpeces de fçorpions, fix dans quelques vers
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qui rongent les pierres, fept dans plufieurs chenilles
& dans le fourmilion , huit dans quelques infeéles ,
comme dans le podura.
Il y a cependant plufieurs infeftes qui, avec deux
yeux compol'és, ont trois autres yeux plus fimples,
qui n’en font pas moins de véritables yeux , fans ief-
quels ces animaux ne volent plus qu’à l’aventare.
Les mouches , les papillons , les cigales, le taupe-
grillon, le grillon, la fourmi-ailée ont ces trois petits
yeux placés fur le corcelet. ils ne fe trouvent que
dans les infédes ailés.
Pour traiter avec ordre des yeux, je commencerai
par les parties extérieures qui fervent de défenfesà
ces organes.
Les loiircils ne fe trouvent que dans l’homme. Ce
font de petites éminences cutanées placées au-defTus
des orbites, couvertes de poils inclinés contre les
tempes, 6c qui font couchés les uns fur les autres.
Les fourcils font extrêmement mobiles;on peut les
relever avec le front, lesabaiffer fur les yeux, &Ies
rapprocher du nez.
L’aponévrofe , que les François appellent calotte ^
eft différente du période & des tegumens. C’efl une
membrane mince 6c lâche, cellulcufe, mais avec
un luifant un peu tendineux, liée au péricrane par
une celiuloftté affez lâche, 6c de l’autre côté aux lé-
gitmens par un peu de graiffe.
Elle fe continue avec une aponévrofe qui couvre
les mufclcs de la nuque , 6c elle couvre elle-même
le derrière de la tête , les os pariétaux 6c les mufcles
temporaux ; elle s’attache à l’apophyle zygomatique
: elle fe continue fur le front, couverte du muf-
de frontal, 6c devient une fimple cellulofité vers les
paupières, fans qu’on puiffe borner exadement fes
limites.
Deux paires de mufcles font attachés à cette membrane.
Les occipitaux font courts 6c larges ; ils forment
deux parallélogrammes , leur extrémité eft
lendineufe & le refte eft charnu.Ils partent de l’apo-
phyfe maftoïde & de la ligne tranfverfale fupé-
rieure de l’os occipital, voifins l’un de l’autre, mais
cependant féparcs. Leurs fibres extérieures s’inclinent
en-dehors, les intérieures font plus droites:
elles vont s’attacher à l’aponévrofe. Elles la retiennent
cette aponévrofe 6c lui donnent le degré de
fermeté ncceffâire pour devenir le point d’appui des
mufcles frontaux qui clevent vers elle les fourcils
6c les paupières. On peut les regarder comme les
ventres poftérieurs d’un mufcle continué , dont l’a-
ponevrofe feroit le tendon mitoyen, 6c les frontaux
les ventres antérieurs.
Les mufcles frontaux naiffent de l’extrémité antérieure
de l’aponévrofe. Leurs fibres font convergentes,
féparées fupérieurement ; elles fe joignent
lûr le front 6c le couvrent tout entier. Quelques
fibres panent de l’anthelix 6c du releveur de l’oreille
pour le joindre au frontal. Ses fibres les plus intérieures
s’étendent jufqu’au nez , 6c s’arrangent en
pointe. C’eft le procerus de Santorini qui fe termine
au cartilage fupérieur du nez, & à la partie la
plus voifine de l’os de ce nom. Il fe confond aufîi
avec l’aponévrofe du compreffeur du nez, & avec
le releveur du nez 6c des levres. Mais le plus grand
nombre des fibres du frontal fe mêle à celles de l’or-
biculaire des paupières, 6c d’autres encore à celles
du corrugateur.
Quand l’aponévrofe du crâne eft tendue par les
occipitaux, le mufcle frontal releve les paupières ,
les fourcils 6c le front ; il peut même produire dans
rides tranverlales. Quand au contraire
l’occipital n’agit pas, 6c que l’orbiculalre des paupières
fe contrafte fortement, il peut abalffer le
front 6c les fourcils, 6c donner au vifage le caractère
d’une colere étouffée.
Tome
(E I L 107
Le corrugateur s’attache au bord de l’orbite un
peu plus extérieurement que le grand angle , 6c plus
intérieurement que le trou furorbital ; U s’attache
encore au-deffus de ce trou à l'intervalle des Ibii.--
cils , 6c plus extérieurement encore par trois ou
quatre paquets de fibres.
Ces fibres fc portent en-haut 8c en-dehors, en
formant des paquets un peu féparés, 6c fe terminent
dans le frontal qui eft plus cutané , 6c dans la
partie de l’orbiculairc qui environne l’orbite: elles
s’attachent auffi à la partie cutanée des fourcils,
dans la moitié extérieure de l’orbite. Il abaiffe 6c
remet à fa place le front 6c les fourcils quand ils ont
été relevés par le frontal; en agilTant avec plus de
force, il abaiffe les fourcils, 6c en couvre en quelque
maniéré les yeux ; il force les tegumens du front
à defeendre 6c redreffe les poils des fourcils. 11 tend
l’aponévrofe du crâne. Il défend les yeux de toute
lumière trop vive; il agit dans la colere 6c dans l'indignation.
Il paroît caraftérifer la colere, en fe défendant
de voir l’objet odieux.
Les paupières fe trouvent dans tous les animaux à
fang chaud, elles manquent à ceux qui l’ont froid.
Elles font néceffaires pour écarter la lumière importune
dans le fommeil : elles défendent l’cr/7 contre le
brillant de la neige 6c du folcil. Les Efquimaux ren-
chériffent fur leur office en n’admettant le jour que
par une fente qu’ils pratiquent entre deux paupières
artificielles de bois. Les paupières font faites par la
peau , qui d’un côté defeend depuis les fourcils, 6c
remonte de l’autre depuis les joues , 6c qui fe prolonge
devant le globe de l’aï/; elle paroît comme
coupée au-deffous de l’cquateur de l’aï/ 6c partagée
en deux portions de cercle inégales. Elle n’eft cependant
pas retranchée, quoiqu’elle le paroiffe être,
mais elle forme un bord tranchant, & revient con-
tr’elle-même pour changer encore une fois de direction
au bord de l’orbite. Le plan intérieur de la peau ,
qui forme la paupiera du côté du globe de l’aï/, eft
plus délicat, plus mol, 6c tout rouge à caufe du
nombre de fes vaiffeaux ; il eft cependant couvert
de Ibn épiderme. Je ne crois pas qu’il y ait des mamelons
apparens. Du bord de l’orbite , la peau re-
defeend depuis la paupière fupérieure, & remonte
depuis la paupière inférieure pour faire une efpece
de voile qui recouvre la fclérotique 6c qu’on appelle
la corijonàive. Elle s’unit à la fclérotique par un tiffu
ceüidaire affez lâche , 6c par un autre plus ferré avec
la cornée ; elle eft blanche , mince 6c parfemée de
vaiffeaux rouges. Entre elle 6c la fclérotique il y a
des vaiffeaux, des nerfs, 6c un peu de graiffe. Les
deux paupières fe répondent par leurs tranchans 6c
couvrent l’aï/ exaêlement. Elles laiffent cependant
entre leur bord , qui eft un peu renfle , 6c entre l’aï/
une efpece de canal triangulaire 6c curviligne. La
paupière fupérieure couvre plus que la moitié de
l’aï/, 6c l’inférieure moins que la moitié. Dans chaque
feftion de l’aï/ avec la paupière, la peau revient
trois fois ; fa lame extérieure , qui forme le feuillet
anterieur de la paupière ; fa lame intérieure, qui fait
le feuillet intérieur de la paupière ; 6c la conjondfi-
ve, qui eft la peau elle-même, mais plus changée
encore. L’épiderme recouvre non - feulement la
coiijonéHve , mais même la cornée. C’eft elle qui fait
le mafque de l’aï/, qui tombe 6c qui fe renouvelle
dans les ferpens. Les paupières & la conjondive font
extrêmement fenfibles. Le tarfe eft un cartilage qui
eft enfermé dans la duplicature de chaque paupière
près de fon tranchant. C’eft une lame plate, courbée
en demi-lune , convexe en-deffus, mais plus courte
& moins courbe dans la paupière inférieure. Les
tarfes font plus courts que la paupière , 6c plus épais
du côté du nez. Le tranchant de chaque paupière
produit dans l’homme plufieurs rangs de poüs durs,