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pouvant plus fe maintenir en Poméranie , il pafla en
Succie pour rairurcr la riciciité du peuple , ébranlée
par les malheurs 6i par i’ablence de Ion ma'iire, ré-
lolvic eniiiire de rendre la paix à la Pologne , en del-
cendant du trône : il courut à Bender pour faire con-
l'entir Charles XÜ à cette abdication, mais il fut arrête
en Moldavie , conduit de priions en prifons, 6c
jieput voir Charks XII: dès qu’ il tut remis en liberté,
il traverfa l’Allemagne , arriva à Deux-Ponts, Ôs: y
fie venir la famille. Ce tnt là que la mort lui enleva
la fille aînée en 1714; cette perte lui fut plus ienfible
que celle de la couronne. La fortune n’avoit point
changé; mais le czaravoit changé dedefl'eins & d’in-
icrèts. L'ennemi de Charles étoïc devenu fon allié,
& tous deux vouioient replacer S ian ijîas lur le
trône , où Augulle étoit monté une fécondé fois. Les
ennemis de SianiJlas effayerent de l'enlever; mais
la confpiration tut découverte , le roi fit venir les
coupables , fe vengea par un pardon généreux , &
leur donna de l’argent pour retourner dans leur patrie
, tandis qu’il en manquoii lui-même pour loute-
jiir fa maiibn. La mort de Charles XII rénverlà toutes
les efpérancesque les amis de S ia n i( l.is z \ 'o \ tn t conçues
pour lui-mcme ; il le retira à VeifTenbourg l’an
17 18 , & y demeura Jufqu'an mariage de Louis XV
avec Marie fa fille, célébré à Fontainebleau le 7
fepteinbre l y i p lui donna les conf'eils les
plus fages ; il ne pouvoit lui en donner un plus beau
que l’exemple de f'a vie. Ce prince fixa fa cour à
Chambord, oii Louis XV lui donna de quoifoutenir
fon rang, & latisfaire la douce habitude qu’il avoit
coniraefee de faire des heureux. Sur ces entrefaites
Frédéric-Augufle mourut le i février ij'^'^^ScaniJÎJs
quitta fa pailible retraite pour remplir ce qu’il devoir
à la patrie , à Louis XV , à lui-même : il arrive dé-
guité à Varlovic , fe montre au peuple & eft encore
proclamé roi par plus de cent mille bouches ; quelques
palatins raflemblerent des troupes pour traver-
ier cette éleffion ; on prelTa Stanip.as de prendre les
armes pour dilliper cer orage. <• Non, non , dit-il,
» je ne fuis pas venu pour faire égorger mes compa-
» tnoîcs, mais pour les gouverner : s’il faut que mon
»♦ trône loit cimenté de leur fang, j’aime mieux y
» renoncer pour jamais >’ .
Cependant Fréciéric-Augufte III, éleéleur de Saxe
fils de Frédéric-Augufte I I , fut élu par un parti
puilTant : il avoit époufé la niece de Charles V I , &
cet empereur joignit l'es armes à celles de Rulfie pour
captiver les l'uffrages des Polonois. Le roi de France
lui déclara I<i guerre; Dantzik fut afilégé jiar les
Mofcov'ites. Les habitans de cette ville idolàtroient
Stiini/lds ; il fe jeüa parmi eux ; ils montrèrent ainfi
que lui un courage au-deflus des plus grands périls ;
mais enfin voyant le fecours qu’il attendoit de France
intercepté, la ville démantelée , la garnifon menacée
d’une mort certaine, les biens des habitans prêts
à être livrés au pillage, enfin la tête mile à prix,
ce dernier malheur croit celui qui le touchoit le
moins, ) il rcfolut de s’enfuir pour lailTer aux Dant-
zikois la liberté de capituler ; il partit déguifé en
payfan ; un centumvir , en apprenant fa fuite ,
tomba mort fur les genoux du comte de Ponia-
tovski. Il efl peu de rois fans doute à qui on ait
donné de pareilles preuves d’attachement : mais il
en elt moins encore qui les aient autant mérités que
S ian ijîas . «levons embralfe tous bien tendrement,
» ccrivoit-il à fes partifans , & je vous conjure par
»» vous-même & par confequent par ce que j’ai de
» plus cher, de vous unir plus que jamais pour fou-
» tenir les intérêts de la chere patrie qui n’a d’autre
« appui qu’en vous feul r les larmes qui effacent
»♦ mon écriture m’obligent de finir ». Il donna aux
Dantzikois les même témoignages de reconnoiffance
& d’amitié : fes lettres ainfique fes difeours portent
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l’empreinte de la vérité &du fenîiment;detoiisles ta*
lens il ne lui manquoit que celui de tromper , & s’il
avoit eu celui-là, il n’auroit peut-être jamais perdu
la couronne. Les bornes de cet article ne me permettent
pas de le luivre dans fa fuite; errant au
milieu de fes ennemis , à la merci de quelques
guides mercénaires & peu fideles, expofé à toutes
les injures de l’air , rencontrant la mort à chaque
pas , trahi quelquefois par cet air de nobleffe, qui
le faifoit reconnoitre fous les haillons qui le cou-
vroient, tournant fans ceffe fes regards attendris
vers Dantzik; enfin reçu dans les états du roi de
Pruffe avec tous les égards qu’on devoir à fon rang,
à les malheurs, & lur-tout à fa vertu , il quitta bientôt
fon nouvel afyle pour revenir en France. Enfin
la paix fut fignée ; on laiffa à Sian ijîas le titre & les
honneurs de roi de Pologne & de grand duc de Lithuanie;
il abdiqua la couronne , & entra en poffef-
lion des duchés de Lorraine 6l de Bar, qui dévoient
après la mort être réunis à la couronne de France. Il
le forma depuis un parti en Pologne pour le replacer
fur le trône , mais il fe hâta de diffiper cette faéfion
par une lettre oii il tait éclater & le patriotifme le
plus pur & le défintéreffement le j)lus héroïque;
il ne s’occupa plus que du bonheur de fes nouveaux
lujets, éc ne fe permit d’autre délaffement que l’étude;
des hôpitaux fondés, des égÜfes bâties, des
maniifaétures établies , la ville de Nancy ornée ,
celle de Saint-Diez ruinée par un incendie & re-
conllruite par fes foins ; les étabUlTemens les plus
fages pour l’éducation de la jeuneffe, font autant de
monuniens de la bienfaifance Si de Ion goût pour les
arts : enfin , il félicita le comte Poniatowski lur Ion
avènement au trône l’an 1763 ; cette démarche fut
libre , & fait plus d’honneur à la mémoire de S ta-
nijîas qu’une pareille lettre dictée par Charles XII ne
fait de tort à celle de Frédéric-Aiigufie. il fit plus, il
engagea les cours de France & de Vienne à reconnoitre
le nouveau roi. Il favoit que fa nation avoit
fait un choix éclairé, & que le mérite de ce prince
avoit feul brigué les fiiffrages. La mort de fon époufe
& celle de monfeigneurle dauphinjetterent une amertume
profonde fur fes dernieres années. Perlécuîé
îong-tems , frappé dans ce qu’il avoit de plus cher,
il fit des heureux ne Je fut pas lui-même. Enfin il
tomba dans le feu , & mourut le 13 février 1766,
au milieu des douleurs les plus cuifantes. Il les louf-
frit avec cette force qui vient du courage & qui
tient plus au moral qu’au phyfique ; la reine lui
ayant recommandé de fe munir contre le froid ,
» vous auriez dû plutôt, lui dit-il, me recommander
>» de me munir contre le chaud ». Scanifîas avoir l’ef-
prit jufte , le jugement fain , les reparties viv es , le
coeur droit & fenfible ; il aimoit les arts & les culti-
voit : fa piété n’avoit rien d’âpre & de farouche.
Clément fans oftentation il pardonnoit fans effort,
& ne s’en faifoit pas un mérite ; fon ame naturellement
belle n’avoit pas beloin de l’école du malheur
pour s’épurer , mais fes difgraces le rendoient plus
intéreffant ; il parloit notre langue avec pureté &
même avec élégance : fes écrits en font une preuve ;
ceux fur-tout où il raconte fes malheurs portent un
caraâere de vérité qui les fera furvivre long-tems
à leur auteur. ( M . d e S a c y . )
STAPHILÉEjNEZ-COUPÈo« FAUX-PISTACHIER,
(^Jard. B o t.') en latin fla p h lla a , Jîaphilodendron y
en anglois hladdern ut, en allemand pinipèrnus-
Uinbanm,
Caracîere générique.
Un calice coloré long & cylindrique, découpé en
cinq par les bords,porte ou plutôt renferme cinq pétales
oblongs & droits qui paroiffent entre les échancrures
du calice dont les pointes les dépaffent. L’on
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trouve au fond un neélarium concave formé comme
une cruche qui fupporre cinq étamines ou ffyles
droits terminés par desfommets fimples, & un gros
embryon divifé en trois qui fupporte autant de ffyles
couronnés de ffigmates obtus. L’embryon fe change
en une veffie à <Ieux ou trois angles ronds ,
remplie d’air, partagée, fuivant les cfpcces, en deux
ou trois loges, léparée par un placenta auquel
doivent être attaches quatre noyaux comme coupés
par leur bafe , dont un avorte ordinairement.
La veffie fe termine par autant de petites
cornes divergentes qu’il s’y trouve de loges.
Efpcces.
Scaphilée à feuilles ailées.
StaphUtza f o ld s p innaiïs\ Hort. C lif '.
BLaddernut with winged leaves.
r.S cap h ilé e à feuilles ternées pendantes, à pétioles
plus courts.
S ia p h ila a fo l i i s ternaiis pendentihus,petiolis brevio-
Tibus , jîüribus minimis. Hort. Colomb.
Virginian hladdernut,
3. à feuilles ternées plus droites, à plus
longs pétioles S: à petites fleurs. Nez coupé de Fen-
filvanie.
Siaphiloea fo ld s ternatis ereUioribus p e iio lis longio-
r ih u s, Jlorihus minimis. H o n . Colomb.
P en fy lvan ia n bladdernut.
Cette troifieme efpece ne fe trouve ni dans
M. Duhamel ni dans Miller ; ce dernier auteur
avoir iranferit dans fa premiere édition trois autres
cfpeces àtijîap hilée ; mais il s’eff trouvé que l’une
appartenoit au genre royena, & l’autre étoit le pte-
lea. A l’égard de la troifieme , je ne fais à quel genre
elle appartient. C ’eft un arbre de ferre chaude ,
puifqu’il eft naturel de Campêche.
L’efpece,n°. /. croît d’elle-même dans quelques
forêts de l’Europe occidentale : elle forme un arbre
du quatrième ordre qui s’élève à environ vingt
pieds dans les bonnes terres fur un tronc droit & uni.
i'Iulieurs jardiniers le cultivent fous le nom de cocotier.
Il eft affez connu pour n’avoir pas befoin de
defeription. Il porte au mois de mai des grappes
pendantes de fleurs blanchâtres qui ne font pas d’un
grand effet, ÔC ne peuvent être admifes dans les
bofquets printaniers qu’en faveur de la variété. Ses
vefties n’ont que deux loges féparées par une paroi
qui ne fe rompt pas par le milieu.
La fécondé efpece parvient à-peu-près à la même
hauteur que la premiere, le verd des feuilles en eft
plus gracieux, les fleurs font plus grandes & d’un
blanc plus pur, ainfi elle doit être préférée pour
l'ornement. Sa velTie eft féparée en trois loges, dont
les côtés intérieurs, en fe joignant au milieu ,
forment les parois de fcparation où font attachées
les amandes.
Le;z°. 3. paroît ne devoir former qu’un biiiffon
de moyenne taille; en vain veut-on le contraindre à
ne conferver qu’une feule tige nue ; fon inclination
le porte à pouffer de fon pied nombre de branches
qui le font buiffonner. D’ailleurs fa tige eft plus foi-
Me , fes tranches plus grêles que celles des autres
cfpeces. Aux caraâcres diftinûifs exprimés dans fa
phrafe, nous ajouterons que la foliole terminale
eft plus éloignée des lobes latéraux que celles des
autres, que fon écorce eft plus ftriée, & que fa
fleur eft légèrement teinte de rouge ; il fleurit dans
la même faifon.
On multiplie ordinairement les (lapJdlées par les
rejets qu’ils pouffent affez abondamment de leurs
pieds ; les plus forts fe plantent tout de fuite à demeure
dans les mafiîfs. Ceux qu’on veut élever en
arbres fe mettent en pépinière en oûobre à unedif-
lance convenable les uns des autres, C ’eft auÜi dans
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cette faifon qu’on le reproduit par les boutures. U
faut choifir un bourgeon de l’année, pourvu d’un
peu de bois de l’année precedente. Les arbres qui
en proviendront, feront préférables à ceux formés
de lurgeons, ils leront moins inclinés à buiffonner
du pied ; mais les faphilées élevés de graines, font,
fuivant la loi générale,encore plus droits, plus vîtes
& mieux venans ; il faut femer la graine dès qu’elle
eft mûre ; fi on la foigne convenablement, & que
le teins foit favorable , elle lèvera pour la plus
grande partie le printems fuivant; lorfqu’on attend
cette faifon pour la confier à la terre, elle ne paroît
jamais qu’un an après. Les deux Jîaphilées à 'k -
mérique fe grefl'ent très-bien en écufl'on fur le n*. i.
C ’eft par ce moyen que nous les avons d’abord multipliés.
Les religieufes font des chapelets avec les
noyaux duf.raphilée. Lesenfans les mangent,on retire
par expreftion de leurs amandes une huile qui
paffe pour réfoliitive. Je ne fais pourquoi M. Duhamel
dit qu’elles mûriffent mal dans nos provinces
froides. Elles acquièrent dans nos jardins une
parfaite maturité , & aucun de ces arbres n’eft originaire
des pays chauds. Le n'^. i . fe trouve dans
les bois en Angleterre , & je crois en avoir rencontré
dans les forêts de la Vôge. ( M. le Baron d e
Ts c h o u d i . )
STASIMON, (^Mufq. des anc.) nom que don-
noient les Grecs à l’air ou cantique que chantoit un
choeur après les facrifices ; les perfonnes qui com-
jiofoient ce choeur fe tenoient tranquilles devant
l’aiite!. { F . D . C . )
§ STATURE, f .f. (^Phyfol.') eft la grandeur ou
hauteur d’un homme. La faiure humaine a,de même
que celle des animaux , une mefure &: des termes,
entre lefquels elle l'e permet de varier, mais qu’elle
ne pafie jamais. Les quadrupèdes varient de même,
Ci peut-être plus encore.
^La flature la plus commune d’un homme européen,
eft de cinq pieds & demi de Paris. Les nations
cbaffereffes qui font beaucoup d’exercice, &
qui fe nourriffent de leur travail, font généralement
de la plus haute flature^ tels étoient les Ger-*
mains, tels font encore les habitans de quelques
vallées de la Suiffe. L’aifance & la liberté me paroiffent
contribuer à la Jîature. Les arts fédentaires ,
le mauvais air, la mlfere la dégradent ; les femmes
ont généralement quelques pouces de moins que
les hommes, & les montagnards font moins grands
que les habitans de la plaine.
Il arrive quelquefois qu’un homme s’élève au-
cîefliis de la (latine ordinaire de fes concitoyens
(^Voye\_ G é a n t , Suppl.') ; mais ces individus font
rares, & n’ont jamais formé de nation.
Les premiers hommes ne paroiffent pas avoir été
plus grands que nous : le farcophage de la grande
pyramide fiiffiroit à peine à recevoir le cadavre d’un
européen bien fait ; les armes, les cuiraffes, les
portes, les proportions des hommes aux animaux
aux arbres exprimes par les fculpteurs, ne permettent
pas de croire que la Jîature ait diminué en
général ; elle peut avoir diminué pour quelques peuples
devenus vicieux, mécaniques ou malheureux.
Les cuiraffes confervées dans nos arfenaux depuis
trois cens ans, ont été plutôt trop petites, quand
dans une fête militaire la jeuneffe les a voulu en-
doffer.
Il y a des nations d’une taille im peu plus avan-
tageufe , ce font les habitans des climats plus froids
que chauds, fans que le froid foit extrême. II y e n
a d’autres qui font généralement d’une petite jîature.
Les Grecs ont placé à la partie méridionale , &:
à la côte occidentale de la mer Rouge, une nation
de petits hommes qu’ils ont appelles pygmées , eu
fuppofant que leur pâture ne paffoitpas une coudée«