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font attacbccs fur Pextrcmltc du pcdjcule du bouton
d’üù elles font ionics, & non pas le long de celle de
ce néillculo , comme celles du poirier : les ccbancru-
rcs du c.ilicc font ordinairement velues; le fruit a
une cavité plus ou moins profonde oii s’implanie la
queue qui ell courte ; enfin les branches rendent la
ficuationhorixontale ; ces différences ne parodient
pas conlidérables; mais le pommur ^ conlidcrc lous
d’autres afpeéts, peut-être plus dignes de remarque ,
paroît différer plus du poirier que le poirier ne diffère
des coignalfiers , des aliliers, des neffiers , &
même de l’épine blanche, puilque la greffe du poirier
s’allie fort bien à ces ci[)cccs, & qu elle ne reprend
de ne flibfiffc que très-dilHciiement fur le
pommier. Dans lamilyfe de leurs principes on trou-
veroii peut-être des clilparités aufli frappantes, elles
paroiffent annoncées par le goùr aigrelet de prcique
toutes les pommes, elles n’ont jamais la laveur lucrée
des poires : la différence dans les degrés de leur
fermentation , n’elf pas moins fenlible , puilque les
poires molles font encore douces & mangeables ,
tandis que les pommes paQcnt tout-à-coup a l état
de [lourriture oit leur acide efl linguiiéicment développé.
Efpcas.
1. Pommier fauvage à fruit fort Acre.
Mu/us fylvefïns fruétu vaUÙ acerbo. Infl. _
iMulnsfüliis OV.IÜS JcrrAiis ^ caule arborco. Mill.
Er.tb.
2. Pommier moyen à fleurs p.âles , dit douem ou
jïchet.
M.ilus cxl^iui palUdis jlorihus. C. B. P.
3. Pommier paradis. ^
iMdlus pumdei quee po'.iùs friucx qiuim arbor. Malus
foiiis ovtuis JerratiS, caule JiuticoJo. Mill.
Paradife apple. ^
4. Pommier de Virginie à fleurs odorantes , a
feuilles découpées , dont le fruit eff pendu à une
longue queue. _
Malus JylveJlris Firgi/iiuua fioribus odoracis. M. C.
Malus foiiis fcrrato-angulojis. Mill.
Malus foiiis oblongo-dijjed.is , pediculis frucîuum
lonfifjîmis. Plort. Colomb.
6 n trouve plufieurs autres efpeces dans le traité
des arbres & arbuffes de M. Duhamel Dumonceau ;
mais ce ne font que des variétés. Le pommier lauvage
à feuilles panachées de blanc, s’obtient ordinairement
de lenience , lorfqu on feme beaucoup de pépins
; cet arbre languit dans les terres médiocres, &
perd fes nuances dés qu’on le fait paffer dans de
meilleures : à l’éaard du pommier cultivé élégamment
panaché, n” . (5','^de M. Duhamel, je ne l'ai point
vu ; mais il paroit par la phrafe que fon feuillage
doit Cire plus agréable, & qu’il doit être plus vigoureux
, par la raifon que le pommier cultivé forme un
plus grand arbre que le fauvage,
- Le pommier à fleurs doubles de Gafpar Bauhin ,
71®. 3 , de M. Duhamel, autant que je puis le favoir ,
n'orne que les catalogues , il feroit la plus magnifique
décoration des bofquets du printems ; je l’ai en
vain demandé en France , en Hollande & en Angleterre.
Le pommier à fleurs fugitives, pommier-figue , ne
différant des autres que parce que la fleur eff très-
petite, & que les pétales tombent dès leur nailfan-
ce , ne peut paffer non plus pour une efpece ; j’en
dis autant de la reinette blanche , de l’ap i, du calville
rouge , &£ de la pomme tranfparcnte , dont les
différences ne fe trouvent que dans la forme & la
contexture des fruits, tout au plus dans le port des
branches.
• L’elpecc 1 croît naturellement dans les bois &
les haies , Sc forme un arbre de moyenne taille tresrameux
; on en dilllngue deux variétés principales,
im à fruit blanc de un à fruit rouge : celui-ci paroît
être le pere de nos calvilles & de plufieurs pommes
colorées qui leur relfemblenî : cette petite pomme
un peu alongce eff rayée d’un très-beau pourpre ;
fes pépins procurent des fujets de moyenne taille
propres il recevoir la greffé des calvilles, des apis
fénouülcltes, &c. pépins d’or ; en un mot de tous les
pommiers de médiocre llature : rien n’égalc le doux
éclat des fleurs dont ce pommier très-touffu eff tout
couvert au mois de mai; les fleurs font en entier du
role le plus v if, au lieu que celles des autres efpeces
ne font que légèrement teintes de cotte couleur, j ’ai
greffé ce pommier fur paradis pour en avoir des buif-
ibns dans les bofquets de mai, dont ils font le plus
bel ornement : ou fait de très-bonnes haies avec les
pommiers fauvages , foit qu’on les leme ou qu’on les
plante, & CCS haies croiifcnt très-vite. C ’ell lur le
pommier‘ÎAWVdi'ÿi que l’on greffe tous les pommiers de
plein vent : autrefois on l’employoit auffi pour les
builfons; nuis M. de la Qiiintinie affure qu’on ne
peut jamais les contenir dan^des bornes convenable.
En Angleterre & dans quelques-unes de nos
provinces on feme indifféremment les pépins de
tontes fortes de j)ommes ; les fujets provenus des
pommes à couteau, ëi des pommes à cuire & à
cidre , augmentent le volume des fruits des pommiers
que l’on greffe deffus;mals felon M. Auffen,un ancien
auteur Anglois de jarrlinage, ces arbres font plus
fujets au chancre , pouffent avec plus de luxe, & ne
durent pas autant que le pommier lauvage qu’il leur
préféré; Miller penfe de même, il ajoute que les
pommiers àcs arbres greffés fur ces fujets, ne confer-
vent pas leur goût originel, ne font plus fi fermes ,
& perdent une faveur vive & aigrelette dont les
Anglois font fur-tout beaucoup de cas, & dont le
défaut dans la plupart de nos efpeces de pommes ,
clf fans doute caule qu’ils les méprilent.
Le 72°. 2 ne lé trouve pas au nombre des efpeces
clans le Dicîionnaire de Miller, mais par la defeription
qu’il donne dans le cours de cet article d’un pommier
^ qu’il appelle dutch par.'idfe apple., paradis de
Hollande ; on peut s’affurer qu’il parle de notre dou-
cin : c’eff un pommier qui tient le milieu pour la taille,
entre le pommier inwvàgQ à fruit rouge , & le /70772- 7/77ér de paradis, & ce n’ell par conféquent qu’un
très-grand arbriffeau; mais lorfqu’on greffe fur ce
fujet nos efpeces de pommiers \qs plus vigoureufes,
elles s’y elevent dans le terrein où il fe plaît, à la
hauteur d’un pommier fur franc de moyenne ftature :
en général les arbres greffés fur douein lout très-
propres à former des demi-plein-vent, de gros buif-
Ibns , de hautes pyramides , des efpalicrs pour une
muraille élevée, ik: même pour les treillis d’une certaine
hauteur, des carreaux des potagers, pourvu
dans ce dernier cas qu’on j)iante ces arbres à vingt
pieds au moins les uns des autres. Le douein a la
feuille un peu plus petite, plusalongée&plus blanchâtre
par-deffous que le paradis; fon écorce eff
plus unie & plus jaunâtre, il prend plus de corps du
pied , & il s’en faut bien qu’il pouffe autant de rejets
; qualité très-ellimable qui, concourant avec
toutes celles qu’il a cl’ailleursj, le rend très-précieux
dans le jardinage oîi il n’eft pas affez employé.
La troifieme efpece eff le paradis ; on fait que ce
pommier n'ed qu’un arbriffeau qui porti de greffes
pommes fort douces & hâtives , quoique Miller
borne fon ufage à porter la greffe des pommiers qu’on
veut tenir en pots : nous l’employons en France avec
fucccs pour des buiffons & descontr’efpaliers ; & lcs
pommiers dont il nourrit les greffes, ne laiffent pas
de prendre une étendue dc^dix ou douze pieds : ces
pommiers ont le fingulier avantage de porter dès la
troilienie, & quelquefois dès la iecondc année; leurs
fruits
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fruits font plus gros, Sc , proportion gardée , plus
abondans que fur les autres lujets : il eff vrai qu ils
font plus tendres & d’une moms.lougue duree ; mais
ceux qui n’aiment peint une chair trop caffanie
un aigrelet trop vit, les préfèrent pour les manger
crus. Lorfqii’on élève le paradis de bouture, il ne
pouffe pas, à beaucoup près, amant de furgeous de
fon pied; li l’on femoit les pépins du pommier de
reinette nain , on auroit des fujets encore plus petits
, fur lefquels l’api ne preudroic guère que la hauteur
d’un bouquet ; on pourroit tenir ces jolis arbuffes
dans de tort petits pots, Sc les lervir lur les tables,
011 les fêlions de leurs truits, moles cl ambic & de
pourpre , feroient une décoration preferable à celle
des fleurs d’Italie & des bamboches de porcelaine ;
le paradis, lorCqu’il eff bien ménage , peut lé réduire
à-peu-pres à cette taille. Les Anglois emploient pour
greffer les pommiers en efpalier S>C en buiffon , un
cju’ils nomment coc///V2; ce pommier, naturellement
d’une petite llature, donne, fans avoir
befoin d’être greflé, des pommes que les Anglois
trou vent apparemment fort bonnes, puilque le codlin
c f tà la tête des pommes angloilés, que rapporte
Miller, comme les meilleures : on multiplie cqpommier
par les marcottes, les lurgeons biles boutures.
Miller ne fait pas grand cas de ce fujet : il dit que les
fruits des pommiers dont il nourrit les greffes, ne
font ni fermes , ni de garde; il conléille même de
greffer les codllns fur le/70//2/;2/ér lauvage, au lieu de
le planter franc du pied. On trouvera dans Ih o -
ntasHitc, chapitre r i , des avis pour préférer ces
fujets les uns aux autres, liiivant l’efpece & l’iifage
des pommiers qu’on veut greffer.
Le 72°. 4 lé trouve fpontané en Virginie & dans
quelques autres contrées de l’Amérique léptentrio-
r a le ,o ii il croît dans les forêts qu’il parfume au
printems ; il paroit qu’il n’atteint pas à une hauteur
confidérable, Sc ne forme jamais qu’un grand arbriffeau;
Sc ce qui nous le fait penlér, c’eff que
l’ayaut greffe fur jpo/zi/zifev fauvage , il a fleuri dès la
troifieme année : il pouffe des bourgeons menus
rougeâtres , coudés à chaque joint Sc'divergens ; fes
'fouilles font oblongues Sc découpées affez profondément
, de maniéré qu’on ne le prendroit pas au premier
coup-d'oeil pour un pommier-, fes fleurs naiffent
par petits bouquets à la tin de mai, aux côtés des
branches, Sc s’épanouiffeiit encore plus tard que
celles des pommiers à cidre ; elles pendent à de longues
queues fort déliées; leurs pétales font très-larges
Sc lavés d’un couleur de rofe tendre des plus
agréables ; elles exhalent un parfum délicieux & incomparable
: en Angleterre , clics n’ont pas d’odeur
fenlible ; les fruits ne font pas plus gros qu’ une aze-
role ; ils demeurent verts Sc ne donnent d’autre ligne
de maturité que l’odeur forte Sc particulière qu’ils
répandent. Nous en avons recueilli dans nos jardins
dont les pépins gros Sc lalns paroifloienc bien mûrs.
Ce pommier qu’on peut greffer lur paradis, pour le
réduire à la taille de petits buiffons, eff un des plus
beaux ornemens des bofquets de la fin du printems.
Miller dit qu’il craint la gelée , tant qu’il eff jeune ;
c’eft ce dont nous ne nous fommes point apperçus
dans nos jardins. Eu Amérique, on arrache eel's pom miers
dans la forêt pour greffer delî'us nos pommes
d’Europe. Ne pourrions-nous pas nous en fervir pour
le même ufage ? peut-être ce fujet prélenterolt il
quelques avantages particuliers ; fa taillç paroiffant
un peu moindre que celle du douein, il tiendrolt le
milieu entre ce dernier & le paradis : on l’appelle à
Paris , a\eroUepomme OU aierollier odorant.
Variétés des pommes à manger crues ou cuites.
Depuis M. de la Quintynie, on a fans doute
Ifouvé plufieurs pommes iiouvelks. Du lems de
Tome IVt
P O M 497 Pline, on en comptoir déjà vingt-neuf: on eff fur-
pris de trouver dans le livre du jardinier de Louis-
le-Grancl leur catalogue fi reffreinf, tandis que celui
des poires eff li long. Il necultivoit de préférence
que ces iépt cl'peces; favoir, la reinette grllé, la
reinette franche, la calville d’automne,le fenouillet,
l’api te la violette ; U eff bien furprenant de ne trouver
dans ce nombre ni la calville blanche , ni la
pomme d’or, qui font lUi nombre des leize que le
lieur Saufiais , inCpedlcur des jardins de Mgr. le duc
de Bourbon , rapporte comme lesmeilleures ; on eff
encore plus étonné de ne pas y voir le nom de lâ
nomparcilLe pomme, dont la réputation eff bien établie
par-tout Sc qui pâlie même pour excellente en
Angleterre, où l’on ne fait nul cas de la plupart des
efpeces de pommes cultivées en France. Dans le
nombre de celles que M. de la Quintynie ilonnc
comme médiocres, qui lont au nombje de dix-huit,
il y en a plufieurs dont julqu’aiix noms font oubliés ;
lavoir, l'orgeran, le druc-permain par corni()ilüii,
pour pearmain, pomme angloife, la royauté, le
rouvezeau , le châtaigner qui ne le cultive plus guère
qu’à Metz , Sc le petit bon ; ces j)omincs oni-ellcs
changé de nom? En ce cas, nos nomenclatcurs ont
grand tort de ne pas rapporter à côté du nom nouveau
celui que leur dounoit l’iliullre créateur dos
jardins fruitiers; li on ne les cultive plus, cft-ce
parce qu’elles ont été remplacées par de meilleures ?
Dans le nombre de celles qui leur ont fuccédé , ne
s’en trouve-t-il pas de moins bonnes ? C ’eil ce que
perfonne ne nous apprend. L’hilloiredes fruits étant
encore à faire, leur clioix incertain, leur nomenclature
fautive, leurs lynonymes ignorés nous jettent
dans la plus grande contulion ; un même fruit porte
différens noms dans différentes provinces & lur dif-
férens catalogues; tel qu’on acheté fouvem comme
une nouvelle efpece , fo trouve être très-commune,
& rarement a-t-on les fruits qu’on veut avoir. Cela
n’arriveroit pas, li l’on tranf’crivoit dans le catalogue
tous les noms que porte un même fruit, comme
M. de la Quintynie l’a fait une leule luis jjour le
mufeat robert, dont il rapporte jufqu’à l'epr noms
différens. Il paroît d’ailleurs que les auteurs de jardinage
n’ont guere fuivi que leur goût pariicuUer
daits le choix des efpeces dont ils font mention , 6c
il eff bien affuré que tel fruit médiocre Sc même
mauvais dans une de nos provinces, eff louvcnt exquis
dans une autre, à raifon du terroir Sc du climat
qui lui conviennent plus jzarticuliéremenr. Nous
avons été très-liirpris d’apprendre que la bergamotte
de Pâques qui pafle pour affez bonne à Paris, qui n’ell
mangeable à Metz ni crue ni cuite, eût en Aurriebe
la réputation d’être une excellente poire, ôi l'on
conlulte les auteurs Anglois, nouvelle inceriiuide.
Miller ne fait nul cas de la plupart de nos pommes,
la calville blanche & l’api ne peuvent même trouver
grâce devant lui, & il rapporte une affez longue liffè
des pommes angloilés que M.dc la Quintynie mêprilé
à fon tour; mais s’il eff' plus que vrailembiable que le
direéleur des jardins de Louis-le-Grand a jugé les
pommes angloifes fans en connoîire d’autres que le
drue-pearmain Sc le golden pipin, qu’il appelle malà
propos gualden pépins, il n’y a pas moins d’apparence
que le jardinier dcChelfea de fon côté n’cil:
pas exempt d’ignorance Sc de prévention dans le
jugement qu’il porte de nos pommes; ce foujiçoii
prend beaucoup de force, quand on conffdcre qu’il
a omis dans la notice qu’il en donne, au nombre
feulement de huit, la calville blanche Sc plufieurs
autres efpeces généralement effimces ; ainli nous
perdons à ne pas nous communiquer nos fruits, Sc
quoique nous ne goûtions pas plufieurs produéHons
des Anglois , nous trouverions peut-être leurs pommes
fort bonnes. Pour mettre les curieux à portée
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