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produire de grinds poiircs ; de ne demander qu\me
el'qiilde de l'aciion qu'elle iinitoit ; de lauver Ion
l’pe£lacle de tous les écueils qui environnent la poc-
fie ; de tout réduire à rdoquenco du gelle , de de
n'a^•oi!• pour juges que les yeuv , bien plus taciles à
feduire que l’oreille , que l’clprit do que ta railon ;
on ne lera pas étonné qvi’im art dont les moyens
étolcnt li limplcs, li [niill'ans, do les l'ucccs li intailh-
blés, evit prévalu fur l’attrait d’un ipedbicle oii l’ei-
prlt do le goût étolent rarement l'atist'aiîs.
On pourroit même prél'umer, d'après i’cxcmpîe
des Romains, que dans tous les tems do chez tous
les peuples du monde, l a a u meme
dés;ré de perteftion, écliyleroit la comédie do la tragédie
elle-même ; do c’eli le danger de ce Ipcêlacle,
de dégoûter de tous les autres, femblable à une
liqueur forte qui blal'e, & qui détruit le goût.
Qu’i/nporce , dit-on communément, à qiuL fpeSa-
-cl; l'on s'arnufe ? U meilleur ejî celui que l'on airne le
plus. On pourroit dire également , qu'importe de
quelle liqueur on s'abreuve & de quels mecs on je nourrit
? Mais comme ralimenr le plus agréable n’ell pas
toujours le plus lain , le fpeélacle le plus attrayant
n’ell pas tou.|ours le plus utile. De la pantomiim
rien ne relie que des imprefilons quelquetois dange-
reiifes. On lait qu’elle acheva de corrompre les
moeurs de Rome : au lieu que de la bonne tragédie
do de la laine comédie il relie d’utiles leçons. Au
Ipeclacle de la pantomime on n’ell qu’ému ; aux deu.v
autres on elf irliruit. Dans l’un , la palFion agit
feule, do ne parle qu’aux lens : rien ne la corrige
do rien ne la modéré ; dans les deux autres, la rai*
fon, la fagefie , la vertu parlent à leur tour , do ce
que la paffion a de vicieux ou de crumnel eft
expoféà leur cenuire ; le remede eû toujours à côté
du poil'on. Un gouvernement lag' aura donc foin
de prelerver les peuples de ce goût dominant des
Romains pour la pantomime , do de tavoriler les
fpeélades, oii la railbn s’éclaire, do où le fentiment
s’épure do s'ennoblit.
Par induction, à msfure quePacHon théâtrale donne
moins à l’éloquence do plus à la pantomime, & qu’elle
néglige de parler à l’ame pour ne plus frapper que
les yeux, le fpeClacle devient pour la multitude
plus attrayant do moins utile. On ne forme point
les efprits avec des tableaux do des coups de théâtre.
Artlfoîe n’admet les moeurs qu’à caufe de l’a-
£Uon ; la regie contraire eft la nôtre ; do fur le théâtre
moderne l’aéHon n’eR employée qu’à peindre do
corriger les moeurs.
Je ne dis pas qu’on doive s’interdire le plaifir de
la pantomirne;]^ dis feulement qu’on n’en doit jamais
faire l’objet unique ni l'objet dominant d’on i'pecta-
cle; je dis que fur le théâtre oii elle eft admife, il
eft à craindre qu’elle n’efîi-ce ou n’affoiblifte l’afHon
dont elle fera l’épifode. Tout paroît froid après une
danfe paftionnée. Je penfe donc que la pantomime
d’un genre gracieux ÔO doux peut s’entremêler avec
l’action du poème lyrique, mnis que la pamominn
iraj,ique doit faire à elle feule un fpeclacle ifo lé ,& ne
doit paroitre fur un théâtre qu’après un drame d’un
genre abfüliiment con.'ralre, par la raifon que les
conrraftes ne peuvent jamais s’affoiblir ni fe nuire
mutuellement.
Dans Vartule P O K .M E L Y R IQ U E du Diclionnairi
raijonnédes Sciences., doc. on n’a confidéré que l’effet
jfolé de cette action muette, & on n’a pas vu qu’elle
détruiroit tout.
Quant au projet qu’on y propofe d’afTocier la
parole avec la danfe pantomime , l’exécution n’en
fût-elle pas impoftible , ce projet de faire chanter le
danfeur, ou de le faire accompagner par une voix
que l’on croiroit la Tienne , feroit encore bien étrange
, 6c l’exemple ci’Andronicus fur lequel on veut
P A N le fonder , ne l’autorife pas aft'ez. On raconte , il eft
v ra i, que clans on tems oii les Romains dévoient
être peu délicats fur l'imitation théâtrale , la voix
ayant manqué à ce comédien , il fit réciter ton rôle
par un cfclave qu’on ne voyoit pas, tandis qu’il en
fdiioit les geftes. Je ne crois }>as que fur aucun
theatre du monde un pareil exemple foit jamais
fiiiyi ; mais s'il pouvoit être imité, ce feroit dans U
déclainaûon toute fimple, 6c non pas dans une aèlion
aulll violente , auiîi exagérée que doit i’clre la pan~
tomimi : Andronicus ne danfoit pas.
Dès que i’aéfion eft parlée , elle a deux fignes,
celui de la parole & celui du gefte ; le geften’a donc
plus alors aucune raifon d’être exagéré. C ’eft l’hy-
pothel'e d’un aéleur muet, ou trop éloigné pour fe
faire enieiuire, qui donne de la vrailemblance à
l’exagération des mouvemens p.intomimes. Un aélcur
qui eu parlant ou qui enchantant gefticulerüit comme
un danleur pantomime, nous fenibieroit outré juf-
qu’à l’extravagance. D ’ailleurs qu’arriveroit-il, fi
tandis que le pantomime danfe , une voix étrangère
exprimolt ce qu’il peint? De fon côté le mérite de
faire entendre aux yeux le fentiment ÔC la penfee ,
6c du nôtre le plaifir de le deviner , de l’admirer ,
ferolent détruits ; la pantomime y perdroit tous les
charmes, 6c ne feroit plus qu’une expreftion exagérée
fans raifon, ÔC hors de toute vraifemblancc.
Il n’y a que deux circonftances où il foit poftîble
de réunir ainfi fîélivernent la parole avec l’adion de
la danfe; c’eft dans les mouvemens tumultueux d’une
multitude agitée de quelque paffion violente, comme
dans un choeur de combatians; ou lorfque la danlè
n’eft que rexpielîicn vague d’un fentiment qui met
Pâme en activité , & que la parole 6c le chant n’ont
avec elle aiicime identité , mais feulement de l’analogie
, comme lorsqu’on voit des bergers, animés
par la jo ie, chanter 6c danfer à la fois. Dans l’im 6c
l’autre cas ce feroit une illufion agréable que de
croire entendre chanter les mêmes peiTonnes qui
danlènt ; 6c pour faire cette illufion , il eft un moyen
bien ailé, c’eft de cacher les choeurs dans les cou-
lifTes , 6c de ne faire paroitre que les ballets. Mais
dans la feene , dans le dialogue , le monologue , le
duo. Imaginer de finire danfer les adeurs, tandis que
des chanteurs invifibles parleroient, chanteroient
pour eux , c’eft une invention qui je crois ne fera
jamais adoptée.
La f eule voix qu’on peut donner à l’adeur panto~
mime, eft celle de la fymphonle , parce qu’elle eft
vague ÔC confufe , qu’elle ne gêne point l’adion ,
qu’en nous aidant à deviner le fentiment 6c la pen-
fée , elle nous laifTe encore jouir de notre pénétration,
ou plutôt du talent qui fait tout exprimer
fans le fecours de la parole.
Le projet de fubftitiier fur la feene lyrique la danfe
pantomime aux ballets figurés, me iènible encore
peu réfléchi. Le ballet pantomime eft placé quelquefois
, 6c nous en avons des exemples ; mais i il n’y
a aucune raifon de vouloir que la danfe foie toujours
pantomime : chez tous les peuples, même les plus
fauvages, le goût de la danfe eft inné auffi bien que
celui du chant. L’un 6c l’autre a été donné par !a
nature comme l’expreftion vague de la joie ôc du
plaifir , ou plutôt comme un mouvement analogue
à cette fituation de l’ame. On ne danfe pas pour
exprimer fon fentiment ou fa penfée, on danfe pour
danfer, pour obéir à l’adivité naturelle où nous
met la jeunefle , la fanté , le repos , la joie, 6c que
le fon d’un infiniment invite à fe développer ; la
danfe alors eft mefurée ; 6c pour la rendre plus
agréable, on imagine d’en varier les formes, les
figures & les tableaux ; mais elle n’eft 'Ç)o\ntpantomime.
L’expreftion d’un fentiment vague qui n’eft
le plus fouvent que le dcfir de plaire ou l’attrait de
l’amour.
P A P
Painonr , en fait le caraeftere ; 6c le choix des attitudes
, des pas, des mouvemens qui lui font le plus
analogues eft tout ce qu’elle fe preferit. Voilà l’intcn-
tion du ballet figuré: fon modèle eft dans la nature.
Il eft auftl dans les coutumes , les rites, les cérémonies
des clifférens peuples du monde, alors le cara-
élere du ballet dans un triomphe, dans une fête, à
des nôces, à des funérailles, dans des expiations,
d ^ facrifices ou des enchantemens, cil relatif à
ces ufages. Les convenances en font les regies ; mais
l’expreffion en efl vague , 6c ne peint point, comme
la pantomime, tel ou te! mouvement de l’ame que la
parole expriineroit.
Quant au plaifir que cette expreftion vague &
confufe peut nous caufer, il refîemble alTez a ceuu
d’une belle fymphonic. Celle-ci en même tems
qu’elle charme rorellle , caufe à l’elprit de douces
rêveries, 6c porte à l’ame des cmoiions confules ,
dont fame fe plaît à jouir : il en efl de même de la
danfe. D’un côté l’anie eft émue d’un fentiment vague
6c confus comme l’exprcfTion qui le caufe ; de l’aut
re , les yeux iouilfent de tous les déveioppemens
de la beauté, préf'entce fous mille attitudes, 6c fous
les formes variées d’une infinité de tableaux ingé-
nieufement grouppés. La grace , la noblefle , la
légèreté, l’élégance , la précifion 6c le brillant des
pas, la fouplell'e des mouvemens, tout ce qui peut
charmer les yeux s’y réunit 6c s'y varie ; 6c c’en eft
bien aft'ez, je crois, pour en juftifier le goût.
La danfe en général eft une peinture vivante.
Or un tableau , pour nous iutérefl'er , n’a pas be-
foin de rendre exprefl'ement tel fentiment , telle
penfée ; 6c pourvu que dans les attitudes, dans le
caraflere des têtes, dans l’enfemble de l’aélion , il y
ait aft'ez d’analogie avec telle efpece de fentimens
& de penfées, pour induire l’ame & l’imagination d-u
fpeêlateur à chercher dans le vague de cette expref-
fion muette une intention décidée , ou plutôt à l’y
ùippofer, la peinture a fon intérêt ; 6c fi d’ailleurs
elle réunit à tout le preftige de l’art tous les charmes
de la nature, les yeux , l’efprit Ôc l’ame en joui-
rontavec delices, fans y defircr rien de plus. Il en
eft de même de la danfe.
Le critique de l’opéra françols trouve prefque
tous nos ballets inutiles ÔC déplacés. Il ne connaît
que celui des bergers de Roland qui fe lie avec
i’aclion. Mais les plaifirs dans le j>alais d’ Armide , 6c
dansla prifon de Dardanus; mais le ballet des armes
d’Enée dans l’opéra de Lavinie, Ô C , dans le même,
le ballet des Bacchantes; ÔC celui de la Rofe dans les
Indes galantes, 6c celui des Lutteurs aux funérailles
de Caftor ; 6c une infinité d’autres qui fout également
ÔC dans le fyftême , 6c dans la fituation , 6c
dans le caraftere du poème; faut-il les bannir du
théâtre? Un ballet peut être moins heureufement lié
û l’aflion que la pallorale de Roland, chef-d’oeuvre
unique dans ce genre , fans pour cela être déplacé.
On a fans douu: abulé de la danfe ; mais les excès
ne prouvent rien, finon qu’il faut les éviter.
( ilJ. M A RM O N T h L .')
PAON , f. m. {_icrmt dcBlafon.') olfeau qui fe
diftingue dans l’écu par trois [)lumes en aigrette fur
la tête ÔC par fa longue queue ; il eft ordinairement
de front étalant la queue en maniéré de roue,
ôc femblant s’y mirer ; on le nomme alors paon
rouant.
Quelquefois il paroît de profil, fa queue traînante.
Le paon eft l’attribut de Junon , femme de Jupiter.
De Belly d’Arbufenier en Brefte; d'aqtir au paon
rouant d'or.
De Guiftelin de Fremclfent en Picardie; d'azur A
trois paons d'or de profil. ( G. D. L T. )
PAPELONNÉ, ÉEj adi. (tenm de Blafon.') fe
Tome i r , > i ^ ■‘ J
P A P J
dit de l’écu rempli de parties circulaires qui imitent
les écailles des poiflbns.
Papelonné, ée, ledit aufti des pieces honorables
ÔC autres chargées de pareils ornemens.
D ’Arquinvillicrs en Picardie; d'hermine papelonné
de gueules.
H.ivct deNeulIIy à Paris; d'ar^itr à la croix d'ar-
'^ent papelonné de gueules. (^G. D. L. T.')
PAPIbR P^ÉGLÈ, (^Mujtq.) On appelle ainfi le
papier ptcparc avec les portées toutes tracées jiour
y noter la mufique. Po r t é e , (Mujtq.) Did.
raif des Sciences, Htc.
Il y a du papier réglé de deux efpeces, favoir, celui
dont le format eft'plus long que large, tel qu’on
l’emploie communément en France, & celui dont
le format efl plus large que long; ce dernier efl le
feul dont on fe ferve en Italie. Cependant, par une
bizarrerie dont j’ignore la caufe, les pa[>eriers de
Paris appellent papier réglé à la françoijé, celui dont
on fe (ert en Italie , ôc papier réglé à l'iialienne celui
qu’on préféré en France.
Le format plus large que long paroît plus commode
, foit parce qu’un livre de cette forme fe tient
mieux ouvert fur un pupitre, foit parce que les portées
étant plus longues, on en change moins fréquemment
; or c’eft dans fes changemens que les
muliciens font lujets à prendre u".e ]>ortée pour
l’autre, fur-tout dans les partitions, b'oy. Partition*,
( Mujiq. ) Did. raif. des S eiences, ôcc.
Le papier réglé cn ufage en Italie eft toujours de
dix portées, ni plus ni moins, ôc cela fait jutte deux
lignes ouaccolades dans les partitions ordinaires, oîi
l’on a toujours cinq parties, favoir, deux deftlis de
violons, la viola, la partie chantante ôc la baffe.
Cette divifion étant toujours la même, ôc chacun
trouvant dans toutes les partitions fa partie fembla-
blement placée ,paftè toujours d’une accolade à l’autre
fans embarras êc fans riique de fe méprendre.
Mais dans les partitions françoifes, où le nombre
dos portées n’eft fixe ôc détermine ni dans les pages
ni dans les accolades, il faut toujours héfiter à la
fin de chaque portée pour trouver, dans l’accolade
qui fuit, la portée correfpondanre à celle oîi l'on
eft , ce qui rend le mulicien moins fur, ôc l’exécution
plus fujette à manquer, (b)
PAPILLON, i. m, (terme de Blafon. ) uifcéle qiû
paroît dans l’écu, de front, le vol étendu.
Papillon miraillè, eft celui dont les marques de
fes ailes font d’un autre émail que fon corps.
Le eft le fymbole de l’étourderie, de la
Icgcretc , de l’inconftance ;ccux- qui cn portent dans
leurs armes ont fans doute vaincu des ennemis taches
(le ces défauts.
De RancroUes en Picardie ; de gueules à un papillon
d'argent,
PAPILIONACÉES , f. f. pl. ( Botan. ) icgumlnofia
papilionaceoe , c'ell une famille de plantes ainfi nommée
, parce que les fleurs ont quelque reffemblance
avec un papillon. Ces fleurs ont un calice d'une feule
piece en godet, ordinairement à cinq pointes ; la corolle
cil irrégulière, de quatre ou cinq pécules de ditto
rente tormeÔC grandeur : le lupérieur, qu’on nomme
l'éiendart, vexillum, eft Ordinairement le plus grand ,
ôc a Ion limbe ordinairement marqué au milieu d'un
fillon longitudinal Ôc échuncré ; deux autres, qu’on
a[)pctle les ailes, font placés aux deux côtés de l’é-
tendart, ils font ordinairement plus petits ÔC accompagnés
d'une oreillette : le quatrième pétale , placé
à la partie inferieure de la fleur , s ' a p p e l l e ,
en latin carina , de la figure que repréfente fa partie
apparente; il fe termine poilcrieuremcnt en deux
onglets, de forte qifon peut le regarder comme formé
de deux pétales réunis par le bord inférieur de
te
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