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pendant lequel il éngea la Pologne entoyauine ,inou‘
vant de Ta couronne. La rivalicc des Romains & des
habirans deTivolile rappella bientôt en Italie. Ceux-
ci ofRniés de ce qu’il embrallbit de j)rctcrence le
parti des Romains, levèrent l’ctcndard de la révolte.
Oia/2 les eût fevérement punis, fans rinterceffion du
pa;3c ôc de pluficiirs prélats. Les rébelles , avant
d’obtenir leur pardon , le prclcnterent devant la
tente du monarque, n’ayant pour tout vciemeiU que
des h.nut-dc-chaufi'cs , &C portant des épées nues dans
la main droite , & des fouets dans la gauche. Iis lui
firent le difeours le plus fournis , s’offrant à périr ,
ou à fe laiffer frapper de verges , & a démolir leur
ville, s’il l’exigeoit. C’étoit alors Pufage parmi les nobles
que, lorfqu’ils fefoumettoient, ilsfepréfentoient
devant le fouverain , l'épée nue pendue au c o l, fe
déclarant dignes de perdre la tete. Les roturiers fe
préfentoienr la corde au c o l, pour marque qu’ils
niériroient d’étre pendus : mais cet ulage , quoique
général, étoit fufceptible de quelque ditîérence. Si
l’empereur eût voulu répondre à la haine des Romains
contre les habitans de Tivoli, il les auroit
tous fait palfer au fil de l’épée , mais il n’écouta que
fon penchant à pardonner. La grâce qu’il accorda
aux rébelles , excita meme une lédition dans Rome.
0 /on III mourut peu de tems après cette expédition
au château de Paterne, l’an 1002. On ignore le genre
de fa mort. Quelques écrivains accident la veuve
de Crefcence de l'avoir fait empoifonner, pour fe
venger de ce qu’il lui refufoit le titre de reine, lorfqu’il
la tenoit pour concubine. Otou mourut jeune , mais
il vécut affez , & peut-ctre un peu trop pour fa
gloire. La piété de ce prince dégénéroif en une dévotion
outrée , de contraire aux intérêts de Ion trône.
On r.apporre plulieurs traits de la part plus dignes
d’un anacorete l'uperllitieux que d’un grand empereur.
Dans plufieurs diplômes expédiés au château
de Paterne en j o o i , il ne prend que le titre defer-
yitiur des apôtres , facrifiant ainfi à une humilité
cxceffivc les bienléances indilpenlables du rang de
fouverain. Dans la fuite , la cour de Rome fut fe
prévaloir de i'indil’crétion du jeune prince. Elle prétendit
que ce titre de ferviteur des apôtres étoit un
aveu formel que la dignité impériale ne donnoit aux
rois de Germanie d’autre qualité CQ.\\<idti défenfeiir,
ou d'avoué de la cour de Rome : prétention coupable
, qui changea fouvent la capitale du monde chrétien
en une feene de carnage, & fouilla le faint Siégé
du i'ang des empereurs & de pontifes.
Oion I II n’eut point d’enfant de fon commerce
avec la femme de Crefcence qu’il avoir prife pour
concubine , après le fupplice de ce faélieux. Des
auteurs lui donnent .une. femme que, fuivant eux , il
fit briller vive pour avoir fait périr dans les fiipplices
un jeune homme , après avoir inutilement tenté de
le faire fiiccomber à fa paffion : mais cette hifloire
«ff apocriphe , & rejettée comme une fable par les
meilleurs critiques. L’hiftoire de ces tems efî char-
.géed’un faux merveilleux, qui fert à faire connoître
la groffiéreté des peuples d’alors. On voit un évêque
aiïiégé dans une île par une armée de fouris. Un
autre prélat plus heureux , communique aux eaux
de l’Aîne la foliditc de la terre pour faciliter la retraite
d’Oron I I , pourfuivi par Loîhaire. Tels font
les contes ridicules qui défigurent Thiftoire de cet
âge. On eft étonné de voir que des auteurs graves
les ont adoptés. Le corps d'Oton fut d’abord enterré
à Rome , & enfuite transféré à Aix-la-Chapelle.
O t ON IV , du le Superbe 6c le pere de la Jiijîice ,
(^Hifloire d'Allemagne.^ cliic de Brunswick & de
Luneboiirg , fils de Matllde d’Angleterre & de
Henri-le-Lion , XV!*^ roi ou empereur de Germanie
, depuis Conrad I , XXII« empereur d’Occi-
dent , depuis Charlemagne , liicccda à Philippe
par droit d’éleéHon, eft dépofé en 1214, meurt
en 1218.
Oton , après la mort de Frédéric - Barberouffe ,
avoir fait fes efforts pour monter fur le trône,
aidé de la faveur d’ innocent III , qui lui prêta le
fecours de l'es anatêmes : il mit à- deux doigts de fa
perte Philippe fon concurrent ; les immenl'es ri-
' cheffes de celui-ci & le grand nombre de fes vaf-
l'aux n’aiiroient pu le loutenir fans l’aUiance de
Philippe-Augulle, roi de France, qui ha'iffoit autant
la famille ddOton que Philippe le craignoit.
Oton après avoir foutenu pendant plufieurs années
une guerre opiniâtre , dans laquelle il déploya
toutes les refi'ources d’un grand général, fe retira
à la cour de Richard , roi d’Angleterre , fon oncle
materned, d’o ii, fuivant les meUieurs critiques , il
ne reparut qu’après la mort de Philippe, fon vainqueur.
Les états écoient partagés en plufieurs factions
; ce fut pour les réunir tous à fon parti qu’il
époul'a Béatrice , fille de fon prédéceffeiir, & qu’il
mit au ban impérial Oton de Wetelsbak , meurtrier
de ce prince. Il fit auffi-tôt fes difpofitions pour entrer
en Italie. Arrivé à Boulogne, il tint une affem-
blce compofee des feigneurs du pays, & envoya
des députés au pape, pour traiter des conditions
de fon couronnement:c’étoit une pure cérémonie,
mais qui étoit devenue un droit très-prccieiix dans
la perfonne des papes. Ils étoient parvenus â mettre
en qiiefiion, fi en conférant la couronne il ne con-
féroit pas aufil l’empire, & ils le fervoient de ce
doute pour arracher des privilèges au nouvel empereur.
Oton promit d’accorder à Innocent III tout
ce que ce pontife pouvoit defirer. Il le fit afl’iirer
qu’il lui rendroit la même obéiffance que les pré-
déceffeurs avoient rendue aux fiens ; au fonds ,
c’ étoit ne rien promettre , puifque fes prédéceffeurs
n’avoient jamais obéi aux papes;mais ce qui n’éroit
pas équivoque , il lui confirmoit la pofieffion de
Viterbe, d’Ôrviette & dePeroufe ; il lui abandon-
noit en outre les biens de la comteffe Matilde , qui
fembloient avoir été lègues au Saint Siège pour être
une pomme de difeorde entre le facerdoce & l’empire.
Il lui donnoit encore la fuperiorité territoriale
, c’eff-à-dire, le domaine fiiprême fur Naples
& Sicile ; ces promeffes furent fcellées en bulle d’or.
L’empereur & le pape fembloient devoir vivre
dans la plus parfaite intelligence; mais Oro/z n’eut
pas plutôt reçu la couronne impériale des mains du
pontife qu’il fongea à révoquer fes fermens ; fondé
fur ce qu’il n’étoit pas maître d’aliéner les droits
de l’Empire,dont il n’étoit que le defenfeur & l’ufu-
friiiticr ; c’étoit une indiferétion dans ce prince ; le
pape ne devoit pas à la vérité fe prévaloir de la cérémonie
du couronnement pour le dépouiller. Mais
pour faire valoir cet argument, il failoit être le
plus fort, & Oton ne l’ctoit pas. D’ailleurs, fes droits
à l’empire étoient équivoques ; Frédéric I I , alors
roi de Sicile, avoit été reconnu roi des Romains du
vivant de Henri V I, fon perc , prédcceffeiir de
Philippe.«La politique qui avoit écarté ce jeune
prince du trône impérial l’en rapprocha. Innocent III
lui applanit tous les obffacles qu’il lui avoit oppofés
lui-même. Frédéric profitant habilement des con-
jonéfures fe rend en Alface , où vinrent le joindre
les anciens amis de fon p e re ,& ceux qui avoient
quelque intérêt de defirer une révolution. L’Allemagne
& riralie fe partagent, mais celle-ci s’attache
jjrefque toute entière au parti de Frédéric IL Phi-
iippe-Augufie, toujours ennemi dôOton, que fou-
tenoit Jean , roi d’Angleterre, fe déclara pour le roi
de Sicile. C ’eff ainfi que l’ambition d’un pape mettoit
la plus belle moitié de l’Europe en feu. Les deux
partis fe fignaloient par de continuels ravages ;
les feigneurs, les abbés, les évêques pllloient Se
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étoient pilles louf-à-tour. Oton , pour faire ceffer
ces defordres, rcfoliit de mettre la couronne au
defiin d’une bataille. On prétend que malgré la di-
vifion des états , il avoit une armée de cent cinquante
mille hommes ; mais ce nombre efi certainement
exagéré, fans doute pour faire plus d’honneur
à Philippe-Augufie, auquel on ne donne que
le tiers de cette armée 6i qui remj)orta la vidoire.
Ce fut près de Bovines, petit village entre Lille &
Tournai, que fc donna cette bataille, l’une des plus
célébrés dont les annales du monde fafient mention.
La cavalerie françoile, fLiperieure par le nombre
& par l’excellence des armes, décida la yidoire.
L’armée Teutonc, dit un moderne , très-forte en
infanterie , avoit bien moins de chevaliers que celle
du roi ; c’eft , continue-t-il, à cette différence que
l’on doit principalement attribuer le gain de cette
bataille. Ces efeadrons de chevaux caparaçonnés
d’acier, fuivant l’ufage d’alors, portant des hommes
impénétrables aux coups , armes de longues lances,
dévoient mettre en defordre les milices Allemandes,
prefcjiie nues &c défarmées, en comparaifon de ces citadelles
mouvantes. L’empereur & le loi de France
firent des prodiges de valeur; tous deux manquèrent
de périr ; Philippe-Aiigiiffe ayant été démonté , fut
long-tems foulé aux pieds des chevaux, & il feroit
inconteffablement refte fur la place fans l’excellence
de fon armure , & fans Valois de Montigny, qui
portoii l’oriflame & qui la baiffa en figne du danger
que couroit ce prince. Le roi de France , à
peine échappé â ce péril, fait entourer l’empereur
d’un gros de François. Henri, comte de Bar, jeune
homme réputé dans notre hiffoire , par fa beauté ,
fa fageffe 6c fa valeur , le laifit par le hauffe-col,
ÔC le fomme de fe rendre ; mais la force extraordinaire
d'Oton, Ôc la vigueur de fon cheval, qui
fut encore excité par la douleur d'un coup de labre,
le fauverent du danger. Il prit la fuite & fe retira
vers Gand , d’oiül paffa dans fon duché deBrunswik.
La perte de cette bataille entraîna celle de fa couronne
; il ne fit aucun effort pour la conferver plus
long-tems. Philippe-Auguffe envoya à Frédéric
l’aigle impérial, comme un marque glovieufe de fa
viitoire. Oton ne fut cependant pas dépofé, mais
il fut oublié. Ce prince tomba dans une dévotion
outrée, & l’on prétend qu’il avoit choifi pour
genre d’humiliation , de fe faire fouler aux pieds de
fes valets ; on ignore quel crime pouvoit le déterminer
à cette finguliere pénitence ; au refte , ces
pieux excès étoient ordinaires dans ces fiecles. Ün
voit un comte d’Anjou, Foulques de Néra, entre-
prendre le voyage de Jérufalcm fans autre defl'ein
que de s’y faire fuftiger publiquement par fes do-
nieftiques. Le regne d'Oton I F cil la véritable
époque de la grandeur temporelle des papes. Rome
fut entièrement fouftraite à la puill'ance des empereurs.
Innocent III dépofa les Allemands qui oc-
ciipoient des polies importans, & les fit remplacer
par des nationaux. L’hiftoire vante la taille ma-
jeftueufe dÔOicm , fa force extraordinaire, fon
amour pour la juftice & fa valeur ; mais elle blâme
fon peu de jtolitique 6c fon orgueil ; il n’eut point
d’enfans de Béatrice , fille de rempereur Philippe,
ni de Marie, fille de Henri IV, fes deux femmes. Il
mourut en I 2t 8 , le 27 a v r il, & fut inhume dans
i’égllfe de Brunswik. {M ~ Y . )
OTSCHO'WA , ( Geo^r. ') petite ville de la baffe-
Hongrie, dans le clllliiél inférieur du comté de
Soly , 6c au milieu de campagnes fertiles. Elle eft,
comme la plupart de celles de fon diftriét, mal
bâtie. Se médiocrement peuplée. (/ ? . G.')
O T T ü SCHATZ ,(^Géogr. ) foricrcffe de la Dal-
matie Hongroife , fur ou plutôt dans la riviere
même de Gatzka ; toutes fes maifons étant bâties
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fur pilotis , & toutes fes^rues étant des canaux
larges , qui bordent fi exaélenient les maifons , que
l’on ne peut aller de l’un à l’autre de celles-ci, fans
barques ou gondoles. La cour de Vienne y tient
garnifon , & la ville de Modruseft dans le diélricl
qui porte le nom de cette forterelTe. ( D. G. )
OTTWEILER , ( Gèogr. ) petite ville d’Allemagne
, dans le cercle du haut-Rhin, 6c dans les
états de Naffau-Saarbruk. Elle eft munie d’un vieux
château, 6c renferme une cgüfe luthérienne ÔCune
catholique. C’eft le chef-l'ieu d’une feigneurie de
fon nom, & le fiege d’un grand bailliage: cette
feigneurie eft une de celles que l’Empire reconnoît
pour libre ; elle n’a de téodal en effet que le droit
de péage. (D . G. )
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OVALE, ( T r o u ) Anat, L’importance de cette
partie, 6c les difputes qui fe font élevées dans l’académie
des fciences de Paris à fon fujet, font mes
motifs pour traiter de cette partie dans un peu de
detail.
On appelleJinus d r o i t , partie liffe & poftcficiire
de l’oreillette de ce nom. Elle fait la partie de ce fac
qui s’étend de l’orifice de la veine-cave inférieure
à celui de la veine - cave fupérieure ; elle s’étend
même un peu à la gauche de la colonne gauche de
l’anneau ovale. Les cteuxfimis, le droit dont je parle,
6c le gauche, font adoffés à cette place , 6c la cloilon
mitoyenne eft compofée de la membrane intérieure
du coeur, qui, de chaque ventricule , fe continue
dans l’oreillette , 6c d’un lacis de fibres mufculalres
placées entre les deux membranes, dont je n'ai ni pu
mettre au clair la direclion , ni me faire une idée
claire de la defeription que de bons auteurs en ont
donnée. Cela eft d’autart plus difficile , que les
fibres du finus gauche s’entrelacent avec celles du
finus droit ; car chaque linus a fes fibres , Se que ces
fibres font rangées fur differens plans 6c avec différentes
direefions.
Le tubercule de Lover , placé dans ce finus entre
les deux veines-caves , ne lé trouve point dans
l’homme; il eft même fort tllfficile de conjefturer
ce que cet auteur a pu entendre fous ce terme.
Il y a bien à cette place la tofie ovale avec fon
anneau ; mais il ne pai oît pas que cet anneau réponde
à la defeription de Lover.
. J’appelle fojje ovale, une excavation de la doifon
des oreillettes à-peu-près ovale. La fiibftance de
cette foffe eft mince , 6c les fibres charnues y font
en petit nombre : elle eft oblique. Sa partie fiipé-
rieure eft plus enfoncée 6c plus poftérieure, fa partie
inférieure s’avance en avant. La membrane qui ta-
piffe cette fofié eft fouvent liffe , d’antres fois elle
eft couverte du plus au moins d’un réleaii de fibres
■ charnues : ce réfeau fe trouve plus louvenr à la partie
inferieure, & plus rarement à la fupérieure.
L’anneau ovale , que Vieuffens a appelle Xijlhme
eft un bourrelet qui fait plus que le demi-cercle au-'
lourde la foflé , & qui eft ouvert à la partie inférieure.
L’anneau eft compofé de fibres charnues; fes
cornes defeendent prefqu’en ligne droite, elles fe
recourbent cependant l’une contre l’autre, & fe réu-
niffent, ou du moins ne font que peu éloignées
l’une de l’autre. La corne ou la colonne gauche eft
la plus fenfible & la plus forte. C ’eft entre la foffe
ovale 6c l’arcade du bourrelet, qu’il y a des conduits
aveimles qui vont obliquement du finus droit au
finus° auche : U eft rare qu’il y ait de ces conduits
dans la partie inférieure.
Dans le linus gauche , il y a auffi une foflé ovaU