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970 T R A de toutes les efpeccs d’engrnis des trois régnés. Il
faut un emplacement conlidérable pour planter ,
rcun-r, afibeier, marier 6c gonfler de lues organi-
ejues , par une culture tres^nourrifîamc , les arbres
& les plantes meres, dont les alliances fortuites &
l’exubcranec generative doivent donner l’ctre ces
femences licureufement técondées, dont on attend
des variétés & des races nouvelles ; l’efpace defhne
à cette colonie cft peu de choie en comparaifon de
celui que demande fa nombreufe génération. Il faut
d’abord un endroit pour y Itnier toutes les
graines de tous les colons : il ne faut pas laillér perdre
un l'cul individu né de fes femences, car c’ert
peut-être celui-là qui auroit montre dans la fuite
quelque qualité diiliuélive j il faut donc les cultiver
tous, les connoître tous, les examiner fans celle
dans le développement fuccdlif de routes leurs parties,
les ranger, les étiqueter, les attendre dans une
batardiere qui doit être immenfe ; ils y doivent être
plantés à quatre ou cinq pieds, en tous fens, les
uns des autres, en un mot, à une dillance capable
de favorifer allez leur végétation pour leur faire
bientôt découvrir par des fleurs & des fruits, les
heureufes dillérences dont ils peuvent être doués ;
on pourroit à l’égard des fruitiers avancer ce moment
de plufieurs années, il faudroii avoir un ter-
rein planté en coignafflers à petites feuilles pour les
poiriers, pour les pommiers en paradis, en mahaleb
pour les cerifiers, en pêchers de noyaux des plus
petites efpeces pour les abricotiers, pruniers, amandiers
Ôc pêchers; trois pieds entre les arbres & les
lignes de cette nouvelle pépinière feroient à une di-
fiance fuflifante; dès la troifleme année, après la
germination , on grefl'eroit chaque individu fur un
de ces fujets, donc la croifTance médiocre , la foible
Rature , 6c partant le prompt rapport leur communiquant
cette qualité, les obligeroit dès la fécondé
ou troifleme année de greffe, à déclarer leur cara-
âe rc propre &C individuel ; alors au lieu d’établir les
petits arbres de femence dans une batardiere , on
fe contenteroit de les faire palier du femls, la fécondé
année dans une pépinière oii on ne les plan-
teroit qu’à cinq ou fix pouces les uns des autres ,
dillance luffifantc pour leur faire produire des greffes
& des feions ; mais cette pépinière ne pourroit point
difpenfer de la batardiere y ayant des fruits qui ne
font bien que fur franc , on fc comemeroir de greffer
les individus de la batardiere fur eux - mêmes
pour avancer leur florailbn, & commencer le per-
feèHonnement des fruits.
Le travail que nous propofons auroit plufieurs
branches ; nous ne bornerons pas nos vues, quand
notre fujet s’étend toujours plus à nos yeux ; d’abord
on remanicroit toutes les efpeces de grains connus :
par l’abandon & la llérilité onlesreconduiroit à leur
dernier période de dégénération ; peut-être par cette
marche on parviendroit à connoître les plantes naturelles
& agrcfles,doiit le rhabillement, l’embonpoint,
les perfeêfionncmens les a faits ce qu’ils font : après les
avoir ainfi décompoles, on les recompoleroit au
moyen d’une longue & fertile culture;&cette opération
fynthetique confirmant l’analyfc , acheveroit la
preuve d’un fait fi important à découvrir & à démon-
trer:ces plantes élémentaires connues,on en pourroit
trouver de femblables ou d’analogues que cachent
les bois & les déferts, ôc avec les mêmes foins rien
n’empêche de croire qu’on en formeroit de nouvelles
efpeces de grains, que l’on’verroit peut-être déceler
quelque milite particulier : on foumettroit aux
mêmes épreuves les herbages 6c les légumes ; on les
prendroit enfuite du point de perfeéfion oii ils fe
trouvent, ainfi qite les grains , les fruitiers & toutes
les plantes utiles, pour les retravailler , les repaîtrir,
& les perfecUonner encore.
T R A Le moindre changement en bien, arrivé dans
quelque individu , ferait obfervé avec attention , il
feroitlcparé , diftingué, foigné, chéri, comme pouvant
devenir la tige de quelque race précieufe ; par
tous les moyens déjà indiqués , on chercheroit à
fixer, à étendre ce foible principe de perfeêlion &
d’acclimattement, & à le porter au plus haut période
où il piit atteindre.
On tiendroit unregiflre cxaêl de toutes les expériences
& de toutes lescirconflances naiurelles ou artificielles
qui ont pu accompagner, modifier la fécondation
des germes tk. favorifer leur développement.
Cette derniere tache a bien des parties qu’il elt
bon de récapituler , la culture &. l’amendement des
plantes-meres ; le mariage des fleurs ; la préparation
des graines en différentes liqueurs Câlines ; la culture
& l’amendement des individus qui en font nés, leur
amélioration par la culture & par les greffes ; des
efl'ais pour corriger nos bons fruits connus de certains
défauts qui diminuent leur mérite & leur falu-
britc, méthode qui ferviroit pour perfeéllonner les
nouveaux traits qui naîtroient dans nos leinis ; enfin
des tentatives pour acclimattcr les végétaux utiles
& en tirer des variétés, k des races appropriées
aux difl'érentes températures, k lur-tout plus dures
au froid.
Et comme lepalfage infcnfible par une progreflîon
de degré de température ell un des premiers moyens
de rculfir en cette derniere partie, on établiroit, à
des dillances à-peu-près égales, des échelles de colonies
k de pépinières , depuis les llles-d’Hiercs juf-
qu’à Strasbourg ; on engageroit les direffeurs de ces
établiflemens à tenir un journal météorologique
exaêl, qui piit un jour découvrir l’humidité, le froid
k le chaud moyens de chacun de ces endroits, qui
dépend plus de la configuration de la nature k des
voilinages du terrein que de la latitude.
'■ A la tête de ce journal k du regiflre des expériences,
on placeroit une defeription topographique, k
une analyfe chymique des différentes terres du canton
; on auroit trois points connus , la latitude, le
climat de fittiaiion , k la nature du fo l , qui fervi-
roient à faire cheminer avec plus de nuances k plus
de lùreté, les plantes acclimatées dans chacun de
ces lieux, qu’on voiidroit pouffer vers le nord ou
vers le midi pour tâter leur docilité k en connoître
les bornes ; arrêtées dans leur marche direéfe on les
feroit pafl'er par les lignes tranfverfales ; k la France
fiippolée partagée en un certain nombre de zones,
chacune fe trouveroit enrichie par le fiircroît d’une
colleclion de plantes exotiques utiles. Les races nem-
velles & appropriées à la température qu’on obtien-
droii par la voie des femis fucceffifs des plantes en
expériences, ie trouvant acclimatées dans la fécondation
même , k d’une manière plus arrêtée k plus
inhérente à leur conflitulion , pourroient par là même
être conduites plus loin ; k au bout d’une longue
fuite d’années , lorfqu’on aura obtenu de ces races
naturalifccs danstoutes les colonies de notre échelle ,
il s’en faudra peu que toutes les efpeccs , ou du
moins leurs analogues , ne fe trouvent répandues
dans tout le royaume.
Ces opérations , ces expériences multipliées,
fiiivies, variées en diftérenslbls, en différentes fitua-
tions, fous diverfes températures, recueillies, rangées
, confrontées , railbnnces, fondues, dans un
corps d’ouvrage, ne pourroient manquer de jetter
un grand jour fur les voies de la nature , dans la
degeneration k la régénération des plantes, le jeu
des variétés , la formation des races , & de montrer
dans ces métamorphofes fans nonibre, dans ces améliorations
progreffives l’étendue de fa puiflânce pro-
duflrice, k de fa prodigue magnificence.
Ces lumières venant à refletter fur les nouvelles
T R A épreuves que l’on voudra tenter enfuite , k fe mêlant
à l’efprit conjeélural qui les guida d’abord ,
pourra un jour former une théorie, & peut-être nous
mettre en état de diriger ces forces mouvantes vers
des butsdéflgnés, êc d’opérer à volonté de nouveaux
développemens, k de nouvelles créations.
Ainfi l’homme fe rendroit maître des refforts fc-
crets de la végétation, une fécondé fois il changeroit
la face de la terre; peut-être aèlueliement, auUi éloignée
de ce qu’elle pourra devenir, qu’elle, ell difl'c-
rente de ce qu’elle étoit avant qu’on l’eût cultivée ;
k qui fait li nous uc paroîtrons pas à demi-fauvages
à l’homme futur qui aura tout amélioré, tout C[)urc,
tout régénéré , qui promènera fes regards fur les
ouvrages , fur cette terre jeune k belle, où il verra
l’abonclance briller fous mille formes nouvelles , k
qui du fein de cette demeure fi riante, fi faine, 11
riche, élevant les yeux vers les demeures fuprêmes,
fe glorifiera dans le jrremier moteur, qui ne peut
mieux manifelter la puifl'ance llir ce globe de pouf-
liere, qu’en montrant toute la perféefibilite de la
nature, étendue par celle dont i! a doué le chu'de
fa création mortelle. Telle elt la longue k maonifl-
que peripeélive qu’offre à nos yeux le piojct de
tranfpiaiiter, d’acclimater, de feiner, de reproduire
, lorfqu’une forte envie de le réalifer , k une
entreprife fcrieiifc k perpétuée en aura fait une
fcience k un art par les lumières de i’expéricncc k
de ia réflexion.
Pour tianfplantcr lesvégetaux H u’efl pas toujours
nécelfaire de prendre tout le corps du végétal ; la
racine, quelque légment de racine, des lurgeons,
des marcottes , des morceaux de branches pour
greftes ou pour boutures; les fruits, les femences
iuffifent ordinairement.
A l’egard du plant enraciné, 11 faut, 1°. l’arracher
avant de le tranfporter, k cette opération a des
réglés ; 2°. le tranfport, fur-tout 11 le trajet elt lono-,
demande des foins: ils font relatifs à la nature d/à
l’efpece du végétal, & à la partie du végétal dont on
fait choix ; 5®. la manière d’emballer elt très-importante
; 4‘^. la plantation du plant, fatigué par le
trajet, demande des attentions panicuUores; s enfin
îorlqu’on a tiré de loin quelque végétal d’utilité ou
d’agrément, c’efl dans la vue de le naturaliCer. p.n-.
courons ces différentes branches de notre fujet :
Arracher. On peut arracher de trois manières, avec
la motte, avec les racines habillées de terre & à racines
mies ; la première convient aux arbres délicats,
précieux, difficiles à la reprllè ou qu’on veut
déplacer clans le tems de la fève ; elle ell incüfpcn-
fable pour plufieurs efpeces lorfqu’on veut leur laire
fubiruii long trajet ; la leconde ell toujours utile , eu
particulier pour les longs tranfports , excepté le cas
où un arbre élevé dans une terre trop forte k trop
comprimée auroit les racines comme encroûtées k
prellces par cette terre , dont il faut alors le débar-
raller; la troifleme méthode cil celle qu’on met le
plus ordinairement en ul'age pour les grandes cranf-
pLintJtions, pour les arbres de bonne reprife , poulies
arbres communs k rulliqucs; dans le cas même
où l’on veut les tranfporter au loin , lorfqu’elle ell
bien faite, elle ell louvcnt lùffifante , du moins à
l ’égard de ces efpeces.
Arracher un végétal, c’cll le tourmenter, le mutiler,
le priver de fes alimens, couper les canaux
par où il puiielà vie ; k linon lui ôter fon exillence,
du moins ne lui en lailler que le principe k la faculté
de s’en reflailir, lorlqu’occupant fa nouvelle demeure
il y pompera pen-à-peu de nouveaux fucs
au moyen des lecours qu'on lui donnera : cruelle
opération qu il faut rendre la moins ciangerciife que
Ion pourra. Pour arracher uii arbre à racines nues
Tome IK ’
T R A 971 il faut prendre d abord les mêmes précautions que fi
l’on vouloit le lever en motte.
Plongez la beche à une certaine dillance du j)iecl,
à une dillance d’autant plus grande que l’arbrè fera
plus gros, k répéie-z circulairemcnt ces premiers
coups de beche pour cerner la terre ; creufez ce
cerne en_ rigole, approfondilTezlc jufqu’à ce que
vous Icntiez les premières racines latérale s ; nettoyez
alors le fond de ce petit fbffé , k coupez contrefes
parois extérieures ces racines étendues avec la beche,
& mieux encore avec la hache, & le plus nettement
qu il fera pofiible. A l’égard des racines qui
s^enfoiiccnt dans la terre, en ébranlant doucement
l’arbre , vous fcncirez de quel côté elles fe trouvent,
alors vous fouillerez avec la beche inclinée , dont
le manche repofera fur le bord du petit tblfé , k
vous les couperez aufii longues k aufii nettement
que vous pourrez. Lorfque vous ferez bien alfuié
que l'arbre ne tient plus à rien, vous l’enleverez, non
par la tige , vous rifqueriez de déchirer quelqu’une
(le les racines; mais en paliant vos mains par-défions
l’empâtement de racines dont la terre s’éboulera
doucement : ayant couché votre arbre à terre vous
les déshabillerezavec une Ipatuleou avec les doigts,
en prenant loin de ne pas les écorcher.
Si les arbres ainfi arraches doivent être tranfpor-
tés fort loin ; s’ils doivent être plus de cinq ou fix
jours en route, on les débarraflè de toute la terre
qui enveloppe les racines , on coupe même les principaux
paquets de racines fibreufes , ayant foin de
mettre de l’onguent fur I-s coupures ; ces fibres aii-
roient péri dans une longue route , clRs fe feroient
pourries k aurolent pu gâter les racines où elles f >nc
attachées ; c’efl pour éviter un plus g'and mai qifoa
ell contraint de s’en défaire , mais :l ne faut s’en priver
que lorlqii’on ne peut fiire autrement, car ces
racines chevelues font bien intcrefiânt.s ; ce font
elles qui pompent les ûics de la terre par des bouches
k des luçoirs dont elles font pourvues ; lorf-
qu’on a pu les conlérver fi'aîchcs en rrar.fplantanc
un arbre, elles font les premières qui poufiént; celles
qu’on a un peu coupées du bout prennent parles côtés
quantité de petites ramifications tendres k laiteufes;
celles qu’on a laÜfées de tonte leur longueur s’alon<’ ent
du bout peu après rétabliirement de l’arbre dans fit
nouvelle demeure. Si la plantation cfl faite de bonne-
h'eure en .nironine, les racines poufl'ent avant l’hi-
v e r , i! finit donc les conferver avec Je plus vrand
foin , tant ({u’ou le peut fans inconvénient ; &pour
les arbres mime qui doivent erre tranfportés fort
loin , quand ils font précieux , eu petit noinbre , ou
peu pourvus de grollés racines, il convient de con-
ferver ces paquets de fibres ; k pour cela il faut les
envelopper avec Je la terre fine, k leur faire à chacun
une enveloppe de moulle fraîche. Il y a des
arbrifléauxqui n’ont que des racines de cette cfpece,
k dont il faut cciiferver la fraîcheur êcla vie par des
foins convenables durant le tranfport.
On vient de voir ce qu'il faut pratiquer pour très-
bien arracher un arbre à racines nues ; lorfqu’on
veut le lever en motte,il faut d’abord s’y prendre de
la même maniéré , avec cette différence feulement
qu’ il faut cerner la terre plus loin du j)ied de l’arbre ,
faire le foflc plus large , en tailler le bord intérieur
avec plus de précaution, k en battant un peu le
tour de la motte pour lui donner de la confiflance
k de la fiabilité ; cela fait, on coupe fur les parois
de la motte les racines latérales lorfque la terre n’eft
pas fort compaéle, k qu’on peut craindre des ebou-
iemens, 011 entoure la motte de baguettes perpendiculaires
jdiflantes de cinq ou fix pouces, k on les
lie circulairement avec des liens d’ofier efpaccs de
meme; cela fait, on travaille à détacher la motte
de fon fond; pour y parvenir, on pouffe la beche
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