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I -fl’ii III
508 F O R
il’abord bouillir, Air-tout quand I’t-au da la calcination
commence d (c dilliper ; on continue le feu juf-
qu’à ce que le mouvement celle , & que la poudre
fe précipite fur elle-même au fond de la chaudière ,
ce qui eR le figne d’une calcination (iiffilante ; quand
le gyps eft refroidi, on le pile de nouveau , on le
pafle au tamis de foie comme le caillou.
Ces quatre matières ainfi préparées fe dofent
pour faire le mélange ) comme rintcnfité du teu
varie dans les fourneaux dont on felcrt en Saxe pour
cuire la/7orce/rt?/7^, dont nous donnerons la deferip-
îion dans la fuite : on fait trois compofitions, en
proportions différentes, leion la place que chacune
doit occuper dans le laboratoire du fourneau, qui
fe divife en trois parties, eu égard au diftérent degré
de chaleur i favoir, la partie antérieure où le feu eft
le plus ardent, le milieu 6c l’extrémité du laboratoire,
proche de la cheminée où la chaleur eft la
moindre ; ces compofitions diverfement dofees ,
font ;
I.
p2-Argille blanche . . . . 100 p a r iîis .
Quartz blanc . . . . . 9
Tefl'ons d e b l a n c h e . . 7
Gyps c a l c i n é ....................................... 4
I I.
■ pi. Argille blanche . . . . 100
Quartz b l a n c .......................................9
Teffons de/’orire//2;/7e blanche . . 8
Gyps c a l c i n é ........................................5
I I I.
p’ . Argille blanche . . . .10 0
Quartz b l a n c ....................................... 8
Teffons b l a n c s .......................................9
Gyps c a l c i n é ........................................6
Telles font les dofes des fubftances qui entrent
dans la compofition de la pâte de la pondaim : on
voit que la quantité d’argille eft toujours la même;
celle du quartz, des tellbns & du gyps varie. La
premiere compofition , qui eft la plus réfraéfaire ,
eft deftince à la partie du fourneau où la chaleur eft
la plus forte ; la fécondé pour le milieu ; & la troi-
fieme pour l’extrémité où il y a moins de chaleur.
Dans la compofition de la couverte ou vernis , il
n’entre point d’argille, & les trois autres matières
fe combinent auili diverfement pour les pieces
deftinées à être cuites à des degrés différens de chaleur
; favoir,
I.
pI- Quartz trcs-bîanc . . . 8 panhs.
Teffons blancs . . . . - 1 5
Cryftaux de gyps calcinés . . 9
I I.
p^. Quartz trcs-blanc . . - 1 7
Teffons b l a n c s ................................16
Cryftaux de gyps calcinés . . 7
I I I,
Piî. Quartz très-blanc . . . ir
Teffons blancs . . . . . 1 8
Cryftaux de gyps calcinés . . 1 2
Melange & macération des maiieres. Le grand fecret
de l’art confifte à faire macérer les matières dans
une menftrue convenable ; la macération , en occa-
fionnant un mouvement inteftin dans les molécules
des parties conftituantes de la niaffe ou pâte, les
combine, facilite leur pénétration réciproque, &
chaffe l’air interpofé entr’elles, lequel ne manque-
roit pas, en fe raréfiant dans le feu, de faire éclater
les vafes , ou du moins de les déformer, & de couvrir
Içur furface de petites bulles.
P O R
Pour bien mêler les matières pulvcrifces & do-
fées, on les paffe plufteurs fois toutes enfemble par
un tamis de crin moins fet^é que ceux de foie, dont
on s'eft fervi pour les premieres préparations; en-
luire on les arrofe avec de l’eau de pluie ])our en
former une pâte qui puifl'e cire travaillée fur le tour
à potier ou jettée en moule ; on met cette pâte dans
unfofle ,en forme de balîin, creulc en terre, ou
dans des tonneaux que l’on coiu r^ , pour garantir
la niaffc de la poufficre, avec des couvercles de bois
qui ne joignent pas exatftement, afin de laillér accès
à l’air ambiant nccelfaire à la fermentation ; on s’ap-
perçoit qu’elle ell à fon terme,à l’ocleur, à la couleur
au taèb; à l’odeur qui fe rapproche de celle des
oeufs pourris'; à la couleur qui de blanche eft devenue
d’un gris foncé; au ta61, la matière étant devenue
mocileuie ik douce au toucher; plus la maffe eft
vieille, mieux elle réulllt. Tant que la matière fermente
, il faut avoir loin d’en entretenir I humiditc
avec de l’eau de pluie. En Allemagne on prépare la
maffe deux fois par an, aux deux équinoxes, parce
que l’on croit avoir remarqué que dans ce tems l’eau
de pluie eft plus propre à la fermentation ; on con-
ferve toujours de l’ancienne maffe pour fervir de
ferment à la nouvelle ; & l’on n’emploie pour former
les vafes que de la pâte qui ait au moins fix mois ;
c’eft-là en quoi confifte la manipulation fecrctre que
l’on cache foigneufement. Il n’y a qu’un feul homme
dans la maniifàfture qui ait ce detail, & duquel on
s’eft alluré par le ferment; il travaille dans un lieu
particulier & fermé ; c’eft-là qu’il dofe fait fermenter
la matière.
Dans quelques manufaftures d’Allemagne on con-
ferve , comme on a dit ci-deffus , le fable qui s’eft
précipité pendant le lavage de l’argille, lorfqu’il eft:
pur , blanc ÔC homogène ; on le pile, & après l’avoir
tamifé on le fubftitue au quartz, auquel même on
le préféré , parce qu’on le fuppofe plus analogue à
l’argille.
Maniéré de former les vafes de porcelaine fur le tour
& dans les moules. On commence d’abord par hu-
meefer ta pâte qu’on veut tourner ou mouler avec
l’eau de pluie & on la pétrit avec les mains pour
l’amollir au point qu’on le defire ; enfuite le tourneur
en prend des morceaux proportionnés à l’ouvrage
qu’il veut faire : il pofe cette pâte furie centre de"la
roue d’un roui*, qui ne différé point de celui du potier
, & il en forme des vafes greffiers & fort épais
avec des outils de bois ; il laiffe ces vafes ainfi ébauchés
perdre la plus grande partie de leur humidité à
l’air ; Ôc quand ils font lliffifa.mment fees , il les remet
fur la roue pour les tourner plus délicatement avec
des outils d’acier bien tranchans , propres à cet ufa-
ge : chaque piece ainfi travaillée fe trempe dans
1 eau , puis fe met dans un moule de plâtre , & Ton
paffe une éponge légérenlent deffus pour lui faire
prendre exaefement la forme du moule.
S’il s’agit de faire des figure^, le modeleur doit
favoir delliner & fculpter ; il a de même que le tourneur
des moules de plâtre, dans lefqiiels il enfonce
la pâte; ÔC après l’y avoir laiffé repofer quelques
momens, pour lui donner le tems de fécher un peu,
lien retire les figures moulées. Si ces figures ne fe
moulent pas tout entières, il rapporte les morceaux
avec de la même pare délayée dans de l’eau, enfuite
il achevé de les réparer di d’en ôter les bavures avec
de petits outils de bois ou d’ivoire, un pinceau &
une éponge ; il faut pour ce travail autant de fcience
que d’adreffe pour conferver la pureté des formes.
Les fleurs, les feuillages 6c les fruits s’exécutent de
la même maniéré.
La couverte. On fait fermenter & macérer la compofition
de la couverte, comme celle de la porcelaine
, puis on la délaie dans un vafe plein d’eau; elle
P O R
forme une efpecc de crème, c’eft dans cette crème
que l’on trempera chaque piece de bifeuit qui doit
s’en charger d’une couche , derépaiffeur d’une feiiilîe
de papier à fucre ; ainfi on lui donne le juffe degré
de liquidité pour cela. II faut toujours remuer la
compofition ou crème à chaque piece que l’on
trempe, l'ans quoi la matière fe précipiteroit.au fond,
6>l les pieces ne s’en couvriroient pas fuftifammem ,
ni également.
Cuijfon de la porcelaine. On commence par cuire
une fois les pieces avant que d’y appliquer la couverte
ni aucune couleur. La porcelaine en cet état le
nomme bifeuit, elle eft toute blanche 6c fans luifant ;
dans cette premiere cuite on n’obferve point l’ordre
des compofitions difterentes, parce qu’il n’ell que-
ftion de leur donner qu’un dégré modéré de chaleur
qu’elles reçoivent dans un fourneau ordinaire de
faïancier,_A5'-J- On enferme les vafes de porcelaine
dans des étuis nommés o-rf/êr.'L’s , que l’on empile les
unes fur les autres juiqii’au haut du fourneau, & on
les lutte avec de la terre à potier. Ces gafettes font
des vafes de terre qui doivent foutenir le feu le plus
violent, comme nous le dirons bientôt; on les fait
avec trois parties d’argille la plus pure , 6c deux parties
de la même argille , cuite en grais, ])lus ou
moins, fuivant la duétilité de l’argille & du fable
qu’elle contient ; car on ne fe donne pas la peine de
laver l’argille deftinéc à faire ces vafes quand elle ne
contient que du labié pur. On fait des gafettes de
diverfes grandeurs pour recevoir des pieces plus ou
moins grandes ; on en fait avec des fonds ou fans
fonds ; celles-ci, qu’on peut nommer cercles, fe po-
lént fur un plateau de même matière auquel elles fe
luttent, & ont l’avantage de pouvoir faire une galette
forthaute à volonté, par l’addition plufieurs
cercles ; on les recouvre d’un plateau quand la piece
eft dedans, ^oyet^fig. 4 & 3.
Pour connoîire le dégré de cuiffon néceffaire pour
mettre le bifeuit en état de recevoir la couverte, on
en a des morceaux que l’on retire du fourneau de
lems en tems ; 6c après qu’ils font refroidis, on les
met lur la langue ; s’ils s’y attachent fortement, c’eft
une preuve que le bifeuit eft affez cuit : on éteint le
feu , on laiffe le tburneau fe refroidir , on en retire
les pieces, 6c on les trempe dans la couverte, comme
on vient de l’indiquer.
L’opération la plus difficile & la plus délicate eft
fans contredit la cuite de la porcelaine ; il y a trois
chofes à confidérer, la façon d’arranger les pieces
de porcelaine dans leurs étuis ou gafettes , l’arrangement
des gafettes dans le laboratoire du fourneau,
6c la conduite du feu. Nous venons de parler de l’arrangement
des pieces dans leurs étuis, nous ajouterons
ici que les pieces ne doivent point polér immédiatement
fur le fond ou plateau de la gazette , mais
fur un peu de fable bien fcc qu’on y répand ; laraifon
en eft que l’aêlion du feu feroit adhérer les pieces aux
galettes ; par la même raifon il faut bien prendre
garde que les pieces touchent ces étuis en aucun
point.
Le fourneau à porcelaine a trois compartimens
pour les trois compofitions dift'érentes. Voye^ le plan
de ce fourneau €. 11 y a une ouverture latérale
par oil unhomme s’introduit dans l’intérieur du fourneau
pour le remplir ; il commence par charger la
partie antérieure / , avec les pieces de la premiere
compofition qui eft la plus réfraêiaire ; il forme une
colonne de gafettes jufqu’au haut du fourneau qui
louche a la voûte; il fixe cette premiere colonne
avec des coins faits avec de la même pâte que la
porcelaine, afin que la violence du feu & du courant
d’air ne la puifle pas déranger : auprès de cette pre-
iniere colonne il en forme une fécondé de la même
façon; les colonnes doivent être près les unes des
P O R 509 autres, fans néanmoins fe toucher, car il faut laiffer
un petit efpace pour que la flamme puifle jouer en-
tf elles. Quand on a chargé le premier compartiment,
on charge le fécond 6c le tioifieme avec les
pieces qm leur conviennent refpcélivement ; quand
tout eft arrangé, l’ouvrier bouche rouverture latérale
du tourneau par où il eft entré 6c forti, avec
des biiques de la meme compofition que les calé tics,
qu il hc avec de l’argille , laifl'ant fculcmcnMin petit
liou de Id largeur d une brique , dcftinc à tirer hors
du tourneau les épreuves ou montres.
ün appelle montres des morceaux de blfcuir de
forme cylindrique ou pyramidale qui ont été mis en
couverte comme les pieces de porcelaine.^ tbc qui
font deftincs à faire cormoître le dégré de cuiftbn de
h porcelaine. Pour ceteflet, quand le fourneau eft
charge , on met en dernier lieu devant le trou que
l’on a laiflé ouvert une gafette d’épreuve, laquelle
a une ouverture latérale par laquelle on introduit
les inorceaux d’épreuve. L’ouverture de la gafette
doit répondre exaftementà celle du fourneau, afin
que l’on puifle, quand on le voudra , en retirer les
montres. Avant que d’allumer le feu , on bouche
avec une brique l’ouverture d’épreuve ; on la lutte
avec de l'argille 6c on allume le feu.
On fe fert de bois bien fee 6c qui s’enflamme ai-
fement, tel que le lapin 6c tous les buis légers,
nommes bois blancs il faut en avoir une quantité
fuflilante pour entretenir un feu continu. Le bois
doit être coupé exadlemeni de la longueur du foyer
qui eft de trois pieds, afin que la bûche pole fur les
deux repaires 11 du foyer , fig. y 6c 8^ qui font aux
deux côtés du foyer, 6c dellinés à la recevoir. Ce
foyer doit fe^ermeravec une plaque de fer battu,
fig-$-L<is bûches coupées de trois pieds de long,
feront elles-mêmes l’office de cette lame d e fe r ,
comme on le verra dans l’inftant.
Unircs-petic teu .allumé dans le fond du cendrier,
avec un peu de bois fee, doit commencer à allumer
le fourneau, 6c on continue ce feu modéré pendant
fix heures. Comme la partie liipérieure du foyer eft
fermée avec la lame ou plaque de fe r , /-r. c», 6<. que
la porte feule du cendrier eft ouverte, iHc fourneau
ne tiroit pas afléz fort pour allumer le feu, on jet-
teroit par la cheminée, de la paille, du papier ou
des copeaux enflammes; ce qui en raréfiant la colonne
d’air qui preffe lur la cheminée , détermine-
roii fur le champ un courant d’air à fe diriger du
bas en-haut, en paflànt par le laboratoire du fourneau.
Après fix heures de ce feu doux, on ferme exac-
tenunt la porte du cendrier, & l’on ouvre la partie
lupérieure du foyer,où l’on commence à faire un
nouveau feu le plutôt qu’il eft poffible, afin que le
feu inférieur du cendrier ne s’ éteigne pas avant que
celui du foyer foil allumé.
Pour cet effet, on met un morceau de bois coupé
de mefure, c’eft-à dire de trois pieds de long, fur
les deux repaires i i ,fig.y6c8 ., de l’ouverture fupé-
rieuredu foyer, où il doit entrer juffe ; ce morceau
de bois cchaufî'é par la chaleur inférieure, prend
bientôt feu, 6c lorlqii’il eft bien enflammé, l’ouvrier
deftiné au fervice du fourneau &qui tient une autre
bûche à la main, frappe un coup dans le milieu de
celle qui brûle fur l’ouverture du foyer; cette bûche
n’étant foutenue que par les deux extrémités, fe
cafl'e facilement, 6c tombe toute enflammée fur la
grille du fourneau, oii elle achevé de fe confumer;
dans l ’inftant qu’elle tombe, l’ouvrier la remplace
par une autre qui ferme exaftement encore la partie
fupérieure du foyer. Cette fécondé s’enflamme
comme la premiere, l’ouvrier la précipite de même,
& ainfi de fuite. Il faut que les morceaux de bois
foient fort-minces, pour qu’ils puiffent non feulement
1' !