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iftcliqne afTez généralement pour celui qui en a enrichi
l’Europe , les a apportées fans longer que des
impoiribilités phyriques morne s’y oppolénf.
Walther Raleigh a-t-il été à Quito? & fi jamais
il aiiroit été au Pérou, ctoit-ce pour y découvrir
ce fruit inconnu alors & pour en apporter en Europe ?
s’y ert-il arreté alTez long-tems pour en faire les recherches
? N’étoit ee pas pour faire celles de l’or &
de l’argent bien plus précieux à les y eux, pour piller
les villes des Efpagnols, & alors s’éloigner promptement?
Qu’il foit revenu en Europe par la mer du
Eid ou par celle du nord, que! lécret a-t-il eu pour
les conferver jufqu’en Europe, au point de pouvoir
produire après douze, quinze ou vingt mois
de trajet, fans fe gâter en route par la chaleur ou
rhumidité ?
5°. Pour peu donc qu’on réiléchilTe, on doit adopter
l’opinion de ceux qui difent qu’il les a apportées de
la Virginie , elles y Ibnt en effet aulli communes, &c
d’une qualité auffi fuperieure que celles du Chyli ;
ces deux pays font fous un climat hors des tropiques,
mais plus doux & plus méridionaux que les nôtres,
environ 35 à 36 degrés au lieu de 44 à 46 , c'ell
ce qui les y rend plus parfaites que chez nous ; mon
amim’affure qu’au Chyli on les préféré au pain de
froment, fur-tout l’efpece jaune, quoique le froment
y foit très-beau , en abondance , & à bas prix.
Raleigh a découvert la Virginie , en a pris poffef-
fion $C lui a donné ce nom à l’honneur de la reine
Elifabeih; apparemment que pour taire valoir la
fertilité &: la bonté du pays, il a apporté avec lui
des fruits & des plantes,entr’autres de ces pomims de
terre fous le nom de patates , comme ayant quelque
reffemblance avec les véritables, par leur figure, par
la maniéré de les cultiver & par leur ufage, nom
qui leur y a été confervé jufqu’à préfent. Rien n’é-
loit plus facile; 00 fait le voyage fouvent en trois ,
quelquefois en quatre ou fix femaines , par un climat
tempéré , ou en tirant vers la grande Bretagne,
l’air fe rafraîchit déplus en plus. On a apporté chaque
année des fruits , des plantes , des arbresquire-
prennent fort bien en Angleterre.
6°. Ce qui me confirme encore plus dans cette
idée , c’eft, qu’autant que j’en ai pu découvrir , le
premier pays où on en a cultive enfuite , ce fut le
Brabant, ou les Pays-Bas Efpagnols, îiétrès-fort par
le commerce avec l’Angleterre ; de-là elles fe font
répandues parles pays les plus voifins , fur-tout l’Allemagne,
la Suede, la Suiffe, & c . , en Suede, depuis
50 ans; dans le Bayreuth, depuis 1690; dans Je
Vorgtiand, depuis 165031658; dans la Saxe, depuis
30 ans ; tous ces pays en font le principal objet de
leur nourriture , & un feigneur qui dans laderniere
guerre, a fervi dansles troupes françoifes, m’a af-
furc qu’un corps confidérable de Tes troupes fe trouvant
en Saxe , & que l’ennemi lui ayant coupé les
vivres , il a vécu pendant une dixaine de jours uniquement
de pommes de terre, & s’en eft bien trouvé.
Il eft furprenant qu’en Suiffe, pays bien plus éloigné
des contrées où on en faifoit ufage , on les ait
connues de fi bonne heure, & ce dans les montagnes
les plus reculées.
En 1730, j’allai faire avec d’autres curieux, une
courfe botanique dans un vallon de ces montagnes
du canton de Berne : nous profitâmes de l’holpltalité
d’un miniffre qui nous dit que les pommes de terre fe ven-
doient alors dans ce vallon à fix fols le boiffeau comble
, & que la dixme qu’il en tiroit pouvoir fe monter
de 130 à 140 liv.par an : or alors on avoir commencé
d’y en cultiver depuis bon nombre d’années,
ce que je prouve par l’ulage qu’ils avoient dès-lors
de couper \c%pommes de rerrepartranches,delesfaire
fccher au four &c moudre au moulin ordinaire pour
en faire du pain, parce qu’on ne peut femej de ^ied
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entre ces montagnes ; déjà en 1734, l’avantage de
cette culture étoitllbien connu dans le même canton
, qu’ayant vu , fur la route depuis la capitale
vers ces montagnes, un champ de deux à trois ar-
penstout planté depommes déterré^ & en étant fur-
pris , parce qu’en général on n’en plantoit encore
vers la capitale , qu’un terrein de v ou z d’arpent,
en ayant demandé la raifon, on me dit que ce
payfan ayant acheté ce champ , un an è c demi au pa-
ravant, il comptoit de le payer cette année par le
leul produit d e s de terre.
Depuis tant d’années , cette culture s’efi; augmentée
confidcrablcment en Suiffe , depuis le commencement
de la dernlere difette encore plus; un
ami, patriote zélé & pere des peuples de fon gouvernement,
m’aaffuré depuis peu , qu’en 1770 ils
y ont recueilli au moins 150 mille boifleaux en l y j i ,
encore plus , 6c que cclle-ci 1771 cela pourra bien
aller à 100000.
Que l’onjiige de la quantité immenfe que produit
ce canton, & toute la Suiffe ; cette denrée étant cultivée
par-tout du plus au moins.
M. du Hamel donne une defeription affez juffà
des pommes de terre. Nous la copierons.
« Cette plante poufié plufieurs tiges de deux à trois
» pieds de hauteur, anguleufes, unpcu velues; elles
» penchent de côté & d’autre, & fe divifent en plii-
» fleurs rameaux qui partent desaiffellesdesfeuilles,
» réunies & corapofées de folioles d’inégale gran-
» deur; à l’extrémité de ces rameaux, qui eft d’un
» vert terne , il fort des ailî'elles des feuilles , des
» bouquets de fleurs en forme ë’étoüe , couleur
» gris de lin ; le pifiil fe change en une greffe baie
» charnue qui devient jaune en mùriffant, & dans
» laquelle fe trouve quantité de femences. Cette
» plante pouffe en terre , vers fon pied , un grand
» nombre de greffes racines tubereufes qui reffem-
» blent en quelque façon à un rognon de veau ; fur
» la fuperficiede ces racines, onapperçoit des trous
» d’où fortent les tiges & les racines chevelues qui
>* nourriffent la plante , & donnent naiflance à de
» nouvelles pommes , &c. »
Ludovic le confirme , difant que les fleurs paroif-
fent en juillet & en août, fortant du fommet par
bouquets de douze à quinze fleurs ; que la couleur
en eff différente fiiivant celle des fruits ; que la pe-
ûxe pomme owhaiQ qui en provient, augmente lentement
, parvient à la grofleur d’une noix ; qu’en la
coupant on y trouve une fubftance charnue, aqueufe,
gluante ; que les pluies fréquentes font tomber les
fleurs ; ce qui eft caufe que fouvent on en voir peu ,
& d’autres fois en grande abondance.
Examinons ces deferiptions pour y corriger dc
ajouter ce que nous avons appris par l’expérience.
La figure de la plante , des tiges, des rameaux ,
des feuilles , eft alî'ez bien ; il y a pourtant quelque
différence félon celle des efpeces , il y en a pour l’échancrure
des feuilles, pour leur grandeur, pour
leur couleur; les unes ont unvert plus pâle que les
autres, qui confervent un vert foncé jufqu’enuovem-
bremême.
La couleur des fleurs varie aufli beaucoup, comme
il l’indique ; je trouve feulement qu’il a tort de dire
qu’elle eft différente lùivant celle des fruits ; cciix-ci
font, quanta la chair, à-peu-près tous, plus ou moins
blancs ; il y en a d’un peu jaunâtres, j’en ai trouvé
une efpece un peu marbrée en rouge , une autre en
violet. Pour la peau ,o u i , il y en a qui l’on t, foit la
première , foit la fécondé, blanche , grifâtre, jaune,
rouge , un peu violette , noirâtre, fans que la couleur
des fleurs y réponde ; j’en ai trouvé parmi celles que
j’ai fait venir de l’étranger, à fleur blanche, cendrée,
gris de lin , fleur de pêche , d’un beau rofe , & la
plupart des hollandoifes , de même que celles
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d’iiaiiovre qtii font de même origine , à fleur d’un
très-beau bleu.
Par le refte de la defeription de M. du Hamel, on
peut conclure qu’il n’a connu qu’une feule efpece de
pomme deterre, puifqu’il dir, que la fleur eff couleur
gris-de-lin, ôz que la racine refi'emble à un rognon
de veau ; nous venons de voir combien les fleurs
font différentes en couleur de même que la peau du
fruit, & celui-ci ne l’effpas moins pour la figure.
On a diftingué jufqu’à préfent l'eulement entre
blanches ÔZ rouges , longues & rondes ; ce font-là
les efpeces les plus généralement connues; les longues
fe diflinguent le plus de toutes les autres , on
en trouve de f ix ,huit, dix pouces de long , ÔZ au
gros bout de deux à trois d’epaiffeur; on y voit comme
degrofl’es écailles, placées avec fymmétrie, entre
lefquelles ôz la racine ou le fruit, il y a un trou ou
petite cavité de laquelle fort le germe. Quelques autres
efneces font prefque de môme configuration à
l’égard de ces cavités; dans d’autres, on voit ces
yeux fur la furfaceimie, y ayant des pommes deterre
toutunies , les unes longues , d’autres ovales , d’autres
enfin tubereufes , informes avec desexcrefeen-
ees, fouvent fi fortes qu’on croiroit un pareil fruit
compofé de plufieurs autres joints par lehafard.
Il s’en trouve du poids d’une livre & plus , mais
cela eff rare ; d’autres de trois à quatre onces feulement
; je parle de leur groffeur ordinaire, car en le
multipliant, on en trouve lorfqu’on les fouille des
dernieres produites par les racines , de la groffeur
d’une noix, d’une noifette même ,lelqueües, parce
qu’on les trouve troppetites pourêtreramaflees,8z
reftanr en terre, augmentent Sz en produifent d’autres
l’année fui vante ; de forte qu’alors on en recueille où
on n’a pas femé; il eft vrai qu’on peut attribuer la plus
grande partie de ces fruits , qui paroiffent fans avoir
été plantés, aux baies de graine qui font tombées
ÔZ dont une partie en a produit.
J’ai parlé'de ces efpeces Hollandoifes; on m’en a
envoyé fous divers noms, defioelc-matters, de drlel^e
ôz autres , de même de celles nommées à Hanovre
fuyker-artoffel, o\\ pommes deterre fucrées , toutes de
même efpece , qui relient toujours fort petites.
On diftingué particuliérement entre les précoces ©U hâtives, & les tardives ; on s’applique en Allemagne
à la culture des plus hâtives , qu’on nomme
pommes de terre de S. Jacques, parce que , dit - on ,
elles muriffent vers la S. Jacques , ou du moins peu
après ; on a raifon , &C je m’appliquerai de plus en
plus à découvrir les moyens d’en avoir encore de
plus précoces; onm’enavoit remis qui dévoient être
miires à la S. Jean , je ne les trouvai pas différentes
de celles de S. Jacques , mais peut-être parviendra-
i-on à en créer de nouvelles efpeces ; après que le
peuple a confume fes vivres pendant l’hiver, l’in-
lervallc jufqu’après la moifibn lui paroit bien dur,
& c’eft pour le foulager que je fouhaiterois de ces
pommes de terre fort hâtives ; en général, les blanches,
fur-tout les longues , le font plus que les rouges &
rondes ; quelques perfonnes trouvant les blanches
plus délicates, ou pour mieux dire ^ plus tendres,
les préfèrent ; la généralité eft pour les rouges , comme
ayant plus de goût 6z la chair plus ferme. Ceci
doit s’entendre des pommes de terre les plus communes
; pour les autres que j’ai fait venir des pays étrangers
, n’etant pas connues encore , le goût n’en a pu
décider jufqu’à préfent entièrement.
On a été jufqu’ici dans une certaine erreur : par
la diftinélioii entre hâtives 6z tardives, on enlendoit
que les premieres ctoient à leur point de maturité à
la faint Jacques ôz pendant le mois d’aoùt ; que les
autres ne l’atreignoient qu’eu oélobre : on fe trompe.
Au lieu de dire que ces efpeces font mures à la lâint
Jacques, on doit dire qu’elles font alors mangeable«.
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Toutes les efpeces ne font-elles pas dans ce cas ?
Non. Depuis deux ans on en a examiné plufieurs; on
cn^a trouve qui en juillet, au commencement d’aoûi
meme , ne donnoient aucun figne de la formation
d un fruit, Ôz qui pourtant à Ja fouille rl’oftobre ou
de novembre, le trouvoient en avoir produit le plus
de les plus beaux ; d’autres par contre en montrent
au mots de juillet, même en juin. Un Anglois arrivant
dans notre pays au commencement de juillet
l ' j j i ^ bc (q rendant d’abord chez moi, tous deux,
comme membres de la focicté des arts, de l’agriculture,
&c. de Londres, nous nous demandâmes des
nouvelles fur leurs progrès ; & en parlant àas, pommes
de terre^ il m’alfura en avoir mangé déjà avant
fon départ de Londres, qui fut environ le 20 juin.
Comment ? dis-je , avez-vous donc une cfpcce fi.
précoce à Londres , qu’elle foit mûre en juin ? . . . .
Mais les Anglois aimant ce fruit, ou en apporte au
marché, lors même qu’il n’eft que de la grofleur d’une
noifette , tout comme les raiforts, les raves, les
carottes jaunes, & c .
C ’eft donc en oppofliion des autres qu’on peut
nommer ces efpeces hâtives , auxquelles on peut
joindre celles qui font reflees en terre pendant l’hiver
, ielquelles , fl elles ont rculfi, Ibnt alors les plus
grandes , les plus mures ôz les plus mangeables ,
pourvu qu’elles n’aient pas foiiiïert par de fortes gelées,
qui en détériorent le goût : les plus groffes des
autres hâtives font encore de très-bon goût alors ;
mais pour les nouvelles, il faut avouer que fouvent
elles ont le goût encore un peu verd , ôz pas fl agréable
que les mûres. Ces efpeces hâtives ne laiflcni pas
de conferver leur force végétative jufqu’au tems de
leur récolte. Les Hollandois en donnent un exemple
frappant. Au commencement d’août 1771, j’en trouvai
qui avoient aéluellement i 5 à 18 fruits pour un :
ceci paroiflbit afl'ez riche, vu que dans le général 011
eft content d’avoir une récolte de 10 pour un. Cependant
, leur laiffant faire des progrès ultérieurs,
on en a trouvé en feptembre juiqti’à 150 ; vers la
fin d’oélobre & le commencement de novembre,
près de 300 , fans compter grand nombre de très-
petits delà grofleur d’une noilétte , d’un pois même ,
formé tout nouvellement. Nous en parlerons ailleurs.
J’ai pourtant reconnu qu’il y avoit effectivement
des efpeces hâtives 6z mûres ; d’autres qui, cultivées
avec foin , fe trouvèrent, pour la groffeur 6z la
quantité , mangeables & avancées pendant tout le
mois d’août. Quant aux premieres , on m’en avoit
envoyé de diverfes efpeces , qu’on difoit mangeables
,même mûres, en juin, en tr'au très, trois pommes
que je reçus de la bafle Alface. Je n’ajoutai point
foi à ce degré de précocité, lur-rout n’ayant pas
encore fleuri (ce qui à la vérité ne devoit pas entrer
en confidération , puifqu’il arrive fouvent , fur-tout
felon la température de l’année , que nombre de
plantes produifent leurs fruits fans jamais fleurir). Je
n’en tirai donc du fruit que le 27 juillet 1772, & en
replantai le 29 de quatre efpeces. 11 n’y eut que
celle d’Alface qui reprit une tige le 18 août, fleurit
en feptembre , ÔZ produifit jufqu’en oftobre encore
c\v\(\pommis : ainfi ce fruit de l’année en produiflt
d’autres la même année. J’eus une autre preuve d’une
plus grande précocité dans cette efpece. J’envoyai
de ces diverfes fortes, le 28 juillet, à un de mes
amis, très-grand cultivateur, M. de T. dont j’aurai
encore fouvent occaflon de faire mention. Ne fon-
geaiit pas à en planter, il voulut en juger par rapport
au goût ; il trouva cette efpece d’Alface la
meilleure Ôz la feule dont le goût indiquât une parfaite
maturité ; mais dans tout le courant du mois
d’août 177Z, j’eus plus de 20 efpeces qui en avoient
déjà produit d’une bonne groffeur ôz en quantité affez
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