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troavolt des efpeces plus avantageufes foit
pour le produit, Ibitpour le gout, j’cu tis venir du
tous les coins de l’Allemagne, meme d’Hollande , de
l’Angleterre Si d’Irlande , j’en parlai à M. G . , qui
avoir demeuré plus de vingt ans en Caroline , Si à
un autre ami M. S., qui avoir paflé une grande partie
de la vie dans le Pérou , le Chili Si l ’Elpagne :
Je premier me parla de trois efpeces de patates
(comme le P. Labat ) , de leurs traînalles qui, d’ef-
pace en efpace , couvertes de terre, f'ormoient de
nouvelles racines Si fruits; le fécond me dit qu’au
Chili, de meme qu’en Efpagne, on cultivoit des
patates Si des /’ommés terre, y que chacun, ielon
Ion goût, préféroit l’une ou l’autre.
Sur quoi réflcchilTant que quand même notre climat
feroit moins chaud que celui d’Elpagnc, que du
moins elles y croilToient en plein champ , lans exiger
celte culture des ananas, Si que nous avions des
lieux où les lauriers , grenadiers , romarins lé con-
fervoient très-bien pendant l'hiver ; Si lans des loins
particuliers, en pleine terre, les patates devroient
aulfi s’y maintenir. Je priai M. S. de m’en taire venir
en 1771 ; la commiflion fut exécutée un peu
trop tarda Malaga, Si les vaifléaux turent anêtes
lî. long-tems par les vents contraires, que jugeant le
tems propre pour les plantes pall'é , on n’en envoya
point ; ik: je le priai de donner des nouveaux ordres
là-dciTus pour le primems 1772. Ces diverles relations
me fail’ant Ibupçonner que cette efpece étoit
dilferente de celle de mes jardiniers Hollandois , je
voLilois les coniioître toutesi^ux Si les comparer
enlemble; j’ordonnai donc à ceux-ci de m’en en-
voyer avec d'autres plantes, dans la faifon convenable,
que j’ai toujours choifie pour l’envoi environ le
i l mars, afin qu’après avoir été à-peu-près vingt-
quatre jours en route elles paillent un peu reprendre
, jufqu’à ce que la feve du mois de mai les fit
poulTer; par malheur , à peine furent-elles en route,
que ce troid rigoureux qu’on afenri par-tout furvint.
Si me fit tout périr en chemin; malgré ce défalire
j’eus la latisfaÂion d’oblérver la forme Si la grofleur
de ces patates. Quelle fut inafurprilé d’en voir trois
en troche comme des poires, de lagrolîéur du petit
mufeat ou fepi-en-gueiile ; ma reflexion fut d’abord
qu’on pouvoir donner le meme nom a ces patates,
puifqu’il enfaudroit bien fept pour remplir la gueule
d’un Caraïbe ou d’un Negre , ce qui mo rie conclure
qu’il ne vaudroit pas la peine de cultiver un fruit fi
petit, qu’il ieroit impolfible qu’il pût ler-. ir à nourrir
les Negres d’une feule habitation, cent , deux
cens à trois cens pendant toute l’anuce; Sc qu’enfîn
c en ’ctoii pas la même efpece donc le P. Labar Si
autres parloient ; la figure donnée par ce milfionnaire
n’y reflémblant point, j’en fus d’autant plus impatient
de voir l’el'pece cultivée en Elpagne : je recommandai
de les expédier de Malaga de Cadix des
la fin de janvier, de les envelopper féparcment de
cotton pour qu’elles ne foulFrilTent pas du froid Ktn
route ; de les vifiter à leur arrivéeùMarfeille; de ne
m’expédierque celles qui fe trouveroientencorefai-
nés,après les avoir féchées à l’air,pour les préferver
deiamoifiirure,ôiles avoir enveloppées de nouveau,
mepropofant de les planter en mars, afin que les
plantes eulTent le tems de fc former en perfeftion,
& les fruits celui de mûrir. Tous ceux qui étoient
chargés de cette commifiion s’en acquittèrent au
mieux, il n’y eut que les vents quine voulurent pas
me favorifer ; on fe fouviendra fans doute des lamentations
dont les papiers publics étoient remplis
à l’égard des orages dans ces mers ; & dans le meme
tems, entre Cadix & Marfeiile, & des malheurs
infinis qui en furent les fuites, c’ell: ce qui fut caufe
que je ne reçus mes patates qu’au milieu d’avril.
Une affaire indifpenlable me tenoit abfent ; j ’avois
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ordonné de m’en adreffer quelques-unes , pour en
faire part à des amis cultivateurs ; d’en difiribuer à
d’autres dans le voiiinage de mon féjour ; & au jardinier
, d’en planter luivant l’iitHruétion que je lui
remis.
Je trouvai donc celles-ci conformes à mes idées
fur les véritables patates, elles avoient deux & demi
à trois pouces d’épaiffeur , environ cinq à fix pouces
de long ; on les auroit pris de loin pour de ces gros
raiforts noirs de l’automne, de couleur gris-brun,
la chair auffi ferme ; mais les patates fe irouvoicnt
pointues par les deux bouts.
On étoit curieux d’en goûter , & on en trouva le
goût approchant de celui des châtaignes, des carottes
jaunes & des pommes de terre , tenant de tous
les trois.
J’en fis part, dans le lieu de mon domicile, à M.
de la F ., cultivateur zélé , qui depuis deux ans a
planté avec loin toutes les pommes de terre que je
lui avois remifes, & a fait fes obfervations fur tous
les points que je l’ai charge de remarquer exafte-
ment. Ii planta les patates par morceaux , comme
je lui avois indiqué ; mais n’ayant pas pris la précaution
de les garantir de pluies froides , qui furent affez
fréquentes après leur plantation, il les perdit toutes
par la pourriture ; j’avois diffribué les autres à des
cultivateurs entendus, à des botaniftes qui, en cette
qualité , culiivoient des plantes, 6c à des jardiniers
très-experts, lans que j’euffe cru néceffaire de leur
indiquer la culture en détail, vu qu’ils pouvoient
conluiter le diffionnaire de Miller, & y joindre
leurs réflexions aufli bien que moi; cependant tous
prirent le parti de planter les fruits entiers ; auffi
d’une douzaine ainfi diffribuées , j’appris feulement
de deux qu’ils avoient germé , 6c ce feulement
vers la fin de juin ; au commencement du
même mois, un de ces amis me dit que celui qu’il
avoit planté entier ne donnoit pas le moindre figne
de vie , 6c que pourtant il étoit auffi fain & ferme
c[ue lorfqu’il l’avoii planté ; je l’exhortai à le couper
ü’abord en pièces, 6c à les replanter, ce qu’il fit;
6c ces pièces germerent inceffamment.
J’avois planté une douzaine de morceaux , la
moitié dans une couche encore un peu chaude , l’autre
dans une qui ne l’étoit plus, toutes deux vitrées;
les premières poufTerent encore en mai, les autres
en juin; une partie de ceux-ci feulement au commencement
de juillet : des premiers j’eus d’abord du
jeune plant enraciné , que je fis tranfplanter en
pleine terre , 6c qui ont commencé les premiers
jours de juillet à former des tramaffes ; les meres
plantes en pouffèrent encore plus 6c de plus fortes,
de diffance en diffance , à un ou deux pieds ; ces
traînaiTes devant former de nouvelles racines & des
fruits, je les fis couvrir de terre ; les autres morceaux
ayant pouffe toujours davantage, j’ai eu de
ces jets en fi grand nombre, que j’en ai pu diffribuer
à plufieurs de ces amis, chez lefquels les fruits entiers
n’avoient pas réuffi ; deux d’entr’eux ayant de
bonnes ferres pour l’hiver, je leur confeillai d’y préparer
une bonne bande ou carreau pour y planter
de ces rejeitons , afin que fi le froid venoit à fe ma-
nifeffer avant la maturité du fruit , iis y puffent
mûrir tout à raife ; qu’enfuitc on pût replanter en
couche de ces fruits en février ou mars, comme on
le fait à Malaga , 6c en tranlj)lanter des rejettons en
mai, en pleine terre ; qu’alors ayant un tems fuffi*
l'am pour croître 6c mûrir, on parvînt à fon but,
favoir, de les perpétuer fans être expofé à la peine
peut-être iiifruélueufe de s’en procurer de nouveau
d’Efpagne.
II. Topinambour. Son nom botanique a été corona
folis parvo ^ori y tuberofa radice ; fuivant LinnæuSj
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kelUnihu! folils mato-corà.ith triplimnis, ou h:lun-
thus raJkc tuba.,fa ; dans quelques provinces de
France , attichaux dt terrt ; dans quelques-unes d Al-
lemaene, / » '« * ^’autres , pu,„mes de
terre ° 6c dans ces mêmes, on nomme poires , celles
que nous nommerons pommes , comme on le fait
affez généralement.
La plante jette des tiges de huit, de dix 6c onze
pieds & plus, avec des fleurs reffemblantesauxyô/tfi/s
ordinaires y mais plus petites; on les plante de la
meme maniéré que les patates & les pommes de
terre, c’eft-à-dire, en les coupant par morceaux , 6c
laiffant à chacun un oeil ou germe ; elles fe multiplient
fi fort que les curieux choififfent pour cela un
endroit écarté ; on peut leur deflmer trois pieces ,
planter plufieurs morceaux dans chacune , apres que
la terreeft préparée avec un peu d’engrais, en fouiller
une chaque année , 6c après la troifieme recommencer
par la premiere; on n’en manquera fûre-
ment jamais.
On convient prefque généralement que ces racines
font fades, aqueules , infipides, fort venteufes
6c mal faines, ce cjui les a fait négliger à-pcu-près
par-tout en 1771 ‘ je demandai de ces topmambours
à un cultivateur, il m’en envoya ; J en fis part a un
de mes voiiins : le lendemain unpaylan venant chez
lui, les vit & lui demanda ce qu’il en vouloic fa ire ...
je, les ai fait venir pour les planter... pourquoi en
iaire venir? nous en avons tant que nous ne pouvons
venir à bout de les extirper.. . pourquoi extirper
un fruit auffi bon.. . auffibon! nousn en voulons
point, 6c nos cochons même ne veulent pas en
manger, s’ils peuvent avoir une autre nourriture
quelconque.
Je fus donc infiniment frappé , lorfqu’ctanl en
correfpondance avec plufieurs cultivateurs & fa-
vans , pour faire ufage de leurs expériences fur les
pommes de terre, 6c tâchant d’en découvrir par leur
moyen les meilleures elpeces ; deux d’entr’eux, l’un
cultivateur fupérieur, l’antre médecin , favanr pro-
feffeur enpnyfique Scbotanique , qui même en cette
qualité avoit la direCfion d’un jardin botanique, donnèrent
la préférence à ces poires de terre fur toutes
les autres : je fuppofai que c’ etoit en vue de leur
multiplication extraordinaire 6c facile ; mais c’etoit
auffi pour le goût qu’ils les preféroient : jeleuroppo-
fai ce que tous les payfans même alléguoicnt contre
leur falubrité 6c leur goût peu agréable ; 6c même
je crus qu’ils entendoient par-là un autre genre ou
efpece : non, ce profefl'eur me dit qu’il s’aglfloit des
topinambours , des corona folis ou heUanchiis , radice
tiiberofa efculenta ; de ces artiduiux de terre , qui
apprêtés comme les afperges ou comme les fonds
d’artichaux , avoient le même goût, trcs-agreable ;
je lui répondis que nous n'étions pas en contradi-
èlion ; que je parlois du fruit 6c lui de la Juuce, qui
valoit mieux que le poi'Jon ; 6c puiltju’on ne les appré-
loit pas de même pour les paylaiis ni pour leurs cochons
, il n’étoit pas lurpreuant que ceux-ci n’y
trouvaffent pas le même goût que ceux qui les man-
geoiem avec ledit apprêt.
Ul. Pomme de terre. C ’eff le folanum tuherefum ef-
culenturn des botanilles; 6c chez M.de Linné, n^. 10,
folanum caule incrmi herhaceo y foUis pinnatis integerri-
rnis, pedunciilis Jiihdh'ifis.
le fruit q li 'ait la nourriture de plus de la
moiric de l’Allemagne, de la Suiffe, de la Grande-
Brer-ignc , de riiiande , de la Suede 6c de plufieurs
autres pays. Il n'dl pas douteux que les co'ons
François oui on remar(|ueiit l’avantage infini que les
auf'os-peuples en ûrent, ne s’appliquent davantage
à se'ie cul'ure dans la fuite, qu’ils n’ont fait par le
paff-.i, aiiffi-tôc qvi’üs eu feront mieux inffruits, 6c
Tome I F .
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que la confufion des noms aura difpâru,avec les
méprifes qu’elle peut cauler.
En certains endroits de France on les nomme
patates y 6c il m’en a coûté quelque chofe pour en
connoître un autre nom. Au commencement de janvier
1772 , les pommes de terre que j’avois fait venir
d’Irlande étant en route , fous le notn de patates y
de Bordeaux à Lyon, on les défignoir à Touloufe ,
dans la lettre de voiture pour Lyon, par celui de
truffes ( dans le Diciion. raif des Sciences, 6cc. on les
nomme aulu truffes blanches , truffes rouges') ; dans
les bureaux on luppofa que c’étoit des truffes fcches y
6c on m’en fit payer des droits à proportion. Ils ont
le meme nom dans une petite province qui étoit de
mon gouvernement ; ôc les places 0« on les a plantées
, celui de truffières. Ludovic examine fi cette
plante eff un cyclamen , fefirtm , tuber terrez , rapum ,
folanum, patates, topinambour ; ou chez les Allemands
, tartuffiis y arioffies , pommes OU poires de terre ;
6c à la fin il ne peut rien décider , tantôt il loutient
ced hp a ta te , tantôt le contraire ; & fouvent
que c’eff le papas des Péruviens : tenons-nous-en à
ce que nous enfavons de certain.
En Saxe, dans le pays d’Hanovre & quelques
autres endroits , on les nomme tartuffies , cartoffies
6c artoffies ; dans d’autres, comme nous l’avons dit,
poires de terre, nom qui ne convient qu’aux topinambours
: le nom le plus généralement reçu eff celui de
pommes de terre, que nous conferverons ; le mot
allemand eff cvd-apfelow erd-oepfel, ce qui a produit
le nom baroque de.arioffiel. Ludovic veut chercher
des étymologies plus que foibles; il me paroît tout
fimple que les efpeces rondes étant les plus goûtées,
6c le fruit lérvant à la nourriture , rien de plus naturel
que la dénomination de pomme, en y ajoutant
l’epiihete de terre, pour indiquer qu’elles vivent
dans la terre 6c non dehors. Pour y mettre plus de
confufion Ludovic veut jetter du ridicule fur ceux
qui donnent ce fruit pour un folanum. Tous les bo-
taniffes, tous ceux qui ont quelque connoifîance des
plantes , font fi perfuadés que c’eff en effet un fola-
rium, que le ridicule retombe furie criiique, 6c re-
tomberoit auffi fur celui qui prendrolt la peine de le
réfuter.
Les pommes de terre viennent de l’Amérique, c’eff
leur origine la plus univeiTellemem reconnue ; mais
de quelle contrée ?
Plufieurs, même le célébré Linnæus , qui ne veut
pas permettre qu’on s’éloigne de fes idées 6c de fes
dccilions, donnent le Pérou pour leur patrie; les
uns prétendent que de-là elles ont été apportées en
Efpagne, 6c enfuite en Italie , France , Angleterre ;
tout ceci eft fi contraire à la vérité, à la probabilité
meme, que je ne puis accéder à cette opinion.
1°. Les Efpagnols n’ ont jamais été connus pour
laborieux, ni cultivateurs, ni attentifs à faire ufage
de leurs découvertes dans les deux Indes, pour enrichir
leur patrie de quelques plantes utiles; 6c les
pommes de terre ne font pas cultivées en Efpagne 6c
en Italie , me fcmble, autant que dans la feule
Irlande.
Le Pérou en général eff fitué dans la zone
torride ; aulff les pommes de terre ne s’y trouvent que
dans les contrées les plus froides , éloignées des
ports de mer; 6c c’eff encore en ceci qu’on les
confond avec les véritables patates, qui en effet ont
été apportées par les Efpagnols de ces climats chauds
en Europe. • c • •
Par toutes les recherches que j ai laites , j ai
trouvé que les premieres , connues en Europe, ont
été cultivées en Angleterre , 6c fur-tout en Irlande.
4°. Plufieurs de ceux même qui veulent les faire
venir du Pérou , en particulier de Quito, dirent que
c’eff de-là que le fameux Walthcr P.aleigh, qu’on
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