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confoniiantes ; dans !a féconde, la confonnance doit
commencer à la pénnkienne : revtrs & pervers nraent
enfembic ; f»«ree & force ne rimeroient pas, quoique
la finale muette Ibit la même ; mais bicn/o«ree
& coiir/e , exerce & cüvcrfe.
On appelle ri/«*: pleine , celle où non-feulement
Je fon ,mais l'articiilntion eft la meme : comme venu
(k abattu , étude U foliuidi. On appelle jirne fui-ù-
iante, celle qui n’eft que dans le ion k non dans
l ’articulation , comme venu & vaincu , timide 6c rapide.
Quand la rime qu’on emploie cil très-abondante
, comme celle des mots en ant, on regarde comme
une négligence la rime qui n’cft que dans le fon 6c
qui n’cll pas dans la confonne : aufTi voit-on peu
d’exemples dans les bons poètes du temsde Boileau
6c de Racine , de rimes aulîi négligées que celle
A\imant 6c cVinconfiant. Si toutefois il y a deux
conlonnes qui precedent la voyelle comnie dans la
finale defurpnna 3 c’elf allez pour 1 oieilic que la
féconde de ces conlbnncs foie la même : ainü ce mot
furprend rimera très-bien avec grand. La rime clf
double, lorfquc non - feulement la finale Ibnore ,
mais la pénultième a le meme fon comme attirer,
refpirer. La rime ell limple »lorfqu’elle n ell que d^.ns
la finale, comme différer , refpirer. Elle ell en meme
tems pleine 6i double, lorlque l articulation & le
fon des deux fylhibes font les memes comme préférer,
dffèrer. Du malciilin au fémiiùn , la dlifércnce
ne conlûle que dans raJJiiion de la finaie^muette ;
& l’articulation de celle-ci doit être la même dans
les deux mots : efeon: 6l difeorde ne rimenj^ point,
parce que rarticulatlon de la muette cft différente.^
Deux fyllabes ont le meme Ibn 6i la môme articulation,
quoiqu’elles ne s’écrivent pas de môme:
c ’ell ainii que rivaux &L nouveaux, ejjais 6c jueces
riment très-bien enfemble. Mais on exige que les
dernieres fyllabes fe terminent par les mômes lettres
ou par leur équivalent, comme je l’ai dit, quoique
dans la prononciation on ne les fafîe pas entendre.
Si l’im des deux mots, par exemple, eff terminé
par un t ou par une s , le leconcl mot finira
de môme ou par l’équivalent : ainfi prétend rimera
très-bien avec 3 accord dcvcc rejon , loix avec
bois , glacés avec afc^.
A plus forte raùbii, iorfque la confonne finale fe
fait entendre , doit-elle être à la fin des deux mots,
linon la môme pour les yeux, du moins la même
pour les oreilles ne rimera point avec innocent
, mais avecjLmc , dont le c final a le môme fon
que le P.
On s’eft permis quelquefois des rimes que l’oeil
ou l’oreille défavoiie; par exemple , celle A'cncor
avec fort , celle de mer avec aimer, de remords avec
mort; celle de toucher avec cher, celle deyi«r,î avec
foyers, k c . Parmi ces licences les plusufitées fon: les
rimes de guerre avec pere , de couronne &: de trône , de
travaux k Acrepos. La dilTonancc des deux premieres
eff cependant trcs-fenfible ; 6c quant à la derniere ,
une oreille un peu délicate s’apperçoit aifémenî de
la différence du Ibn de l ’oclair 6c bref de repos , 6c du
fon de l’o plus grave, plus fourd ÔC plus long de
travaux. Il n’y a point de voyelle qui ne foit de
môme, tantôt plus claire 6c plus breve, tantôt
plus grave 6c plus longue ; mais dans les Ions de
Va, de l’i , de Vit, de Voit, 6cc. cette différence n’eft
pas auffi frappante que dans les fons de Ve 6c dans
les fons de l’o : aulîi ne fait-on pas de difficulté fur
la rime A'age 6c de fage , A'ifie 6c de fertile , de gîte
6cA’agite,Ae chiite 6c A'exècuie, Ac coûte 6c de redoute
, 6cc. 11 n’en eft pas de même Ac trompette 6c de
tempête , de terre 6c de inyfiere , A^homme 6c d atome,
de pôle 6c de boufole, dont la rime ne fera jamais
qu’iine licence.
Peut-on ne pas regarder le travail bigarre de nmer ,
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nous dit l’abbé Dubos, comme la plus baffe des fonc-
lionsde la méchaniqnt de lapoéfie ? Que n’a-l il dit la
môme choie de la mefure 6c du rhythrne des vers
d’Homere 6c de "Virgile, 6c de ces conftruéHons ft
foigneivfcment travaillées qui occupoient Démof-
thene, Platon, Thucidide 6c Xenophon, chez les
grecs ; Cicéron ,Tite-Live 6c Salufte chez les latins,
6c qui les occupoient aufli férleufement que la recherche
6c l’enchaînement des penfées ? Ce mécha-
nifine de la parole doit paroître bas 6c puérile à un
obfcrvateiir auftere qui ne compte pour rien le
charme de l’exprcffion. Mais pour l homme cloué
d’un organe fenfible Sc d’un goût délicat, cette md-
chanique a fon prix.
Entre le travail qu’exige la rime, 6c celui qu’exige
la conltruétion du vers mciurc ou de la période
harmonieufe , la différence ne peut être que dans le
plus ou le moins de plailir qui en rcfulte. Il falloic
donc examiner d’abord fi ia rime failbit plaifir , 6c
un plaifir aft'ez fenfible pour mériter la peine qu’elle
donne.
La rime peut caufer trois fortes de plaifirs, l’un
cil relatif à l’organe, c’eft le fentiment de la con-
fbnnance; 6c ce plaifir, je l’avoue, eft faélice : il
reft'emble à l’utage de certaines odeurs qui ne plai-
fént pas, qui dcplaifent môme à ceux qui n’y font
pas accoutumés, 6c qui deviennent une jouiiTance
6c un belbln par Th.ibicudc. Il y auroit peu de bon
léns à railbnncr cette cfpece de plaifir, 6c à le dif.
puter ù ceux qui cnjouillent. 11 s’agit leulementcle
lavoir s’il ell réel 6c s’il eft fenfible ; dès-lors naturel
ou faélice c’eft un plaifir de plus, 6c il ne fauroic
trop y en avoir dans la nature ôc dans les arts.
La rime n’intéreffc pas feulement l’oreille : elle
foulage , elle aide la mémoire ; 6c fi c’eft un plaifir
pour l’efprit de fe retracer fidèlement fans peine
les idées qui lui font cheres, tout ce qui rend léger
6c facile ce travail de la réminifcence, doit être un
agrément de plus. Or il eft certain que la rime donne
à la mémoire des fignaux plus marqués pour retrouver
la trace des idées. Par ce rapport de confon-
nances , un mot en rappelle un autre ; 5c tel vers
nous auroit échappé, qui, par cette extrémité que
l’on tient encore , fera retiré de l’oubli.
La rime eft enfin un plaifir pour l’efprit, par la
fiirprifc qu’elle caufe; & Iorfque la difficulté heu-
reufement vaincue n’a fait que donner plus de faillie
6c de vivacité, plus de grace ou plus d’énergie à
l’cxpreffion 6c à la penfée , foit par la fingularité in-
gcnieiife du mot que la rime a fait naître, foit par le
tour adroit , 6c pourtant naturel, qu’elle a fait
prendre à l’expreffion , foit par l’image nouvelle ÔC
jufte qu’elle a préfentée a i’efprit ; ia furprife qui
naît de ces hazards réfervés au talent, où la recherche
eft déguifée fous l’apparence de la rencontre ; cette
furprife mêlée de joie , eft un plaifir à chaque inftant
nouveau , pour qui connoît l’indocilité de la langue
6c les difficultés de l’art.
Ce plaifir eft d’autant plus v i f , que la parent
à la fois plus rare & plus heureufement trouvée.
Dans la langue italienne où les confonnances ne lont
que trop fréquentes , la rime doit caufer peu delnr-
prife : elle eft fi commune qu’en improvlfant on la
rencontre à chaque pas ; ôc dans la contexture
vers comme dans celle de la profe , les Italiens ont
plus de peine a fuir la rime qu’à la chercher.
Elle eft plus clair-femée dans la langue Françoife»
grace à la variété de nos définances ; auffi y a-t-ù ♦
s’il m’eft permis de comparer le poète au chaffeut >
plus de bonheur à la découvrir, 6c plus d’acirelîe à
l’attraper. Ce plaifir eft réellement pour le fpeéta-
teur femblable à celui de ia chaffe ; 6c en fuivant |a
comparaifon , on verra que dans Tune 6c l’autre a
fagacité dans la recherche, I’inquictude dans ^ -
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tente, la furprife dans la rencontre , l’aclreffc & la
célérité à tirer jufte , & comme à la courfe, font une
fuite continuelle 6c rapide d’agréables émotions.
Un autre avantage que la même comparaifon fera
fentir en faveur de la rime » c’eft de donner à l’efprit,
à l’imagination 6c au fentiment plus d’ardeur 6c d’activité
par l’aiguillon de la difficulté , qui à chaque
inftant les preffe 6c les anime. L’efprit humain eft
naturellement porté à l’indolence, 6c en écrivant en
profe, rien de plus difficile que de ne pas fe laifter
aller à une indulgence pareffeule, 6c aux négligences
qu’elle autorife ; au lieu du moins qu’en écrivant en
vers, & en vers rimes , la difficulté renailî'ante réveille
à tout moment l’attention prête à fe ralentir,
& la tient, fi j’ofe le dire, en haleine. Tout le monde
connoît les vers de la Paye où la gêne du vers eft
comparée à ces canaux qui rendent les eaux jaillif-
fantes ; feroit-il permis d’ajouter <\\\c\arime, à ia
fin du vers, eft comme l’extrémité pjus étroite encore
du tuyau d’où les eaux jaillilî'ent ? C ’eft une
attention curieufe à donner à la leélure des bons
poètes, que de voir combien d’images nouvelles,
de tours originaux, d’expreflîons de génie , de penfées
qu’ils n’auroient pas eues fans la contrainte de
la rime , leur ont été données par elle; 6c combien
dffieureufes rencontres ils ont faites en la cherchant.
Mais comme c’eft en même tems à la difficulté
de la rime, 6c à l’aifance avec laquelle on a vaincu
cette difficulté, que le plaifir de la furprife eft attaché;
il luit de-là que fi la rime eft trop commune,
fl les mots confonnans ont trop d’analogie 6c font
trop voifins l’un de l’autre dans la penfée , comme
le fimple 6c le compofé , ou comme deux épithetes
à-peu-près fynonymes, la rime n’a plus fon effet. De
même fi elle eft trop finguUere, tirée de trop loin -,
trop péniblement recherchée, l’effort s’y fait fentir,
& l’idée de bonheur 6t d’adrelfe s’évanouit. Boileau
appelloit rime de boucs rimes celle de Sphinx 6c
de Sirinx, 6c la reprochoit à la Motte. L’efclave qui
traînefa chaîne ne nous caufe aucune furprife ; mais
s’il joue avec les liens il nous étonne, 6c encoreplus
f l, par la grace 6c la dextérité avec laquelle il en
déguife 6c la gêne 6c le poids, il s’en fait comme
un ornement.
On regarde comme un tour de force d’employer
Aesrimes bizarres, 6c cela eft permis dans un poème
badin, comme le conte 6c l’épigramme; mais dans
le v rai, rien n’eft plus facile; 6c rien ne feroitde plus
mauvais goût dans un poème férieux. De cent per-
fonnes qui rempliffent paflàblement des bouts rimés
hétéroclites, il n’y en a quelquefois pas une en état
de faire quatre vers élégans. L’extrême difficulté
dans l’emploi de la rime, eft de la rendre à la fois
heureufe 6c naturelle, imprévue 6c facile au point
qu’elle paroiffe avoir obéi au poète, comme le
cheval d’Alexandre, que lui feul avoir pu dompter.
On fent que ce mérite exclut également la rime triviale
6c la rime forcée : Racine eft en cela le premier
modèle de l’art.
Obfervons cependant qu’à mefure qu’un poeme a
par fon caraâere plus de beautés liipérieures , plus
de grandeur 6c d’intérêt, le foible mérite de la rime
y devient plus frivole 6c moins digne d’attention. Il
eft encore de quelque conléquence dans la partie
deferiptive de l’épopée, où la tranquille majefté du
récitlailTe appercevoir à loifir tousles agrémens ac-
ceftoires du ftyle;maisdès que la paffion s’empare de
la feene, foit dramatique, foit épique , l’harmonie
elle-meme eft à peine fenfible; le v c rsfebn fe, les
nombres fe confondent, la rime frappe en vain l’oreille,
l’efprit n’en eft plus occupé. De-là vientque
dans piufieurs de nos plus belles tragédies, c’eft la
panie la plus négligée , 6c perfonne encore ne s’eft
avifé en fanglotant 6c en verfant des lariiips, de cri-
Tome ir»
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iLürt
tiquer deux vers fublimes, pour être rimés foible-
ment. ( M. Ma rm o n t e l .')
§ RIOM, ( Géogr. Hiß. litt, ) une d es plus jolies
ville de France : la plus agréable de l’Auvergne.
Le roi Jean ayant érigé en 1 361 , en faveur de
Jean fon fils , l’Auvergne en duché , les nouveaux
ducs établirent leur fiege 6c leur riomicile à Âiom ;
ce qui y attira les feigneurs du pays, 6c rit que d’une
petite ville , elle devint bientôt confidérable. On y
vit bientôt l’hôtel de Montboiffier, celui de Châ-
leauguai, celui de Montmorin, les Marillac, les
Arnauld , les Duprat, Robert, Forget, l’Hôpital,
Dubourg, Cambrai, d’Arbouze y prirent femmes,
maifons 6c charges. On voit un Henri Arnauld ,
écuyer de Pierre , comte de Bcaujeu , qui prenoic
le titre de commandeur d’Herment ; c’eft le trifaïeul
de M. de Pompone, le miniftre.
Ajoutez aux hommes illuftres Antoine Dubourg ,
chancelier de France, lotis François I , apres la mort
de Duprat. Son fils confciller-clerc au parlement de
Paris eut le fort le plus funefte. Jean Soanen , prêtre
de l’Oratoire, célébré prédicateur fous Louis X IV ,
6c depuis évêque de Senez , en Provence.
AuguftinTouffec, non Toü/eé,comme l’écnt le Dicî,
raif des Scie/rc.Ôcc.favant bénédiétin. Sa famille fubfi-
fte avec honneur dans le prélidial de Riom. Nous devons
à ce favant l’édition des (Euvres de S. Cyrille ,
publiée en 1720 parles foins deD. Maran.D.Touffée
mourut à faint Germain-des Prés en 1718. ( C. )
RIPPIENO , f. m. ( Mußque. ) mot italien qui fe
trouve alTezfréquemment dans les mufiques d’cglife^
6c qui équivaut au mot choeur ou tous, (i")
RITES (^Congrégation des') , Hiß. mod. eft celle
qui fixe les cérémonies eccléliaftiques, dans toute
l'étendue de la catholicité, qui forme les rituels,
miffels, bréviaires , offices particuliers 6c autres
livres employés dans l’églife ; qui regle les canoni-,
fations, les fêtes , les proceftions , les bénédiélions,
les enterremens, les prédications, les rubriques;
qui maintient Pobfervation des cérémonies, des
ufages 6c de la tradition de l’ancienne églife , qui
décide des préféances 6c des prétentions du clergé
fcculier ou régulier, du culte des images ; qui donne
certaines difpcnfes ou permiffions, par exemple,aux
prêtres, celle de garder leur calotte en difant la
meffe , quand il y a lieu de le permettre, & autres
chofes femblables.
Lorfqu’il s’agit dans cette congrégation de traiter
de la canonifation de quelques laints , on tient des
affemblées extraordinaires où alîîftent piufieurs cardinaux
, prélats & théologiens, trois auditeurs de
rote , 6c le promoteur de la fo i, qui eft un avocat
confiftorial, chargé de propofer des objeélions , 6i
de coniefter les preuves de fainteté que l’on produit,
pour donner occafion de mettre la chofe dans un
plus grand jour ( c ’eft ce qu'on appelle vulgairement
{'avocat du diable) , piufieurs médecins & chirurgiens
, chargés de vérifier ce qu’il peut y avoir de
naturel 6c de phyfique dans les faits que l'on produit
comme miracles, pour établir la fainteté du bienheureux
; piufieurs théologiens appelles confuUeurs.
Il fe tient diverfes congrégations préparaioiresavant
celle où préfide le pape, pour ordonner la cérémonie
de la béatification ou de la canonifation. f^oy. le
traité du pape Benoît XIV. de fervorum beatifica^
donc. ( -P )
RlTUMAG l/S, (^Géogr. «z;7c.') manfion intermédiaire
de Rotomagus , Rouen, 6t de Petromantalum,
Magni. Dans l’itinéraire d’Antonln 6c la table Théo-
dofienne , c’eft Radepont, à quatre lieues de Rouen,
où étoit une fortereffe qui foufmt un fiege devant
Philippe Augufte en t io i . Notic. des Gaul. d’Aa-^
ville , pag. (C . )
N N n n ij