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418 P L U pu rs pluvieux à 1 15 , & celui des jours fcmbres &
couverts de nuages à 1 1 i.
Onobfervc dans l’île Minorque que le nombre
des jours pluvieux égale 71. O n remarque à Rimini,
en Italie , que les vents du midi & d’eft font accompagnés
débrouillards, de p la ie & de tempêtes ; &
qiéau contraire les vents d’aquilon & d’oueft font
accompagnes d’un tems ferein, quoique quelquefois
orageux. On remarque qu’il tombe quelquefois une
p lu ie très-large pendant le printems & l’automne ,
& pendant trois mois d’hiver, dans les parties de
l’Egypte qui font fituées auprès de la Méditerranée,
telles que Rofetie , Damiette, Alexandrie, tandis
qu’il ne pleut que très-rarement dans la haute-Egypte
, puifqu’à peine y pleut-il deux ou trois fois dans
l’efpLe d’un an. Lorfque la p lu ie y elf tombée, elle
y dWient falubre ; mais elle y eft dangereufe lorf-
qu’ellc commence à tomber. Il ne pleut jamais pendant
l’été dans le royaume d’Alger. Il ne pleut jamais
dans la partie de l’Afrique, qti’on nomme Jéricho. U
pleut depuis le mois de juin jufqu’au mois de feptem-
bre dans rAbilTmie : on n’y remarque pendant ce
tems aucun jour ferein. Ce ft à c e t t e c o n t in u e l l e
qu’on doit le débordement du Nil ôi l’inondation de
l’Egypte.
Il pleut depuis la fin de juin jufqu’au mois de fep-
tembre dans la N igritie, dans l’endroit oii ell fitué le
Sénégal, & le ciel demeure confiamment ferein depuis
le commencement de décembre jufqu’au mois
de juillet. Les François donnent le nom de
à celle pendant laquelle il ne pleut point, & ils nony
ment haute fa i fo n celle pendant laquelle il pleut ; il
fait plus chaud pendant cette faifon que lorfque le
tems eft fec.
On remarque qu’il pleut abondamment pendant
les mois de mai, juin, juillet, août, au promontoire
de Bonne-Efpérance, lorfque le vent de nord-oueft
a foufflé auparavant, 8c qu’il a été accompagné de
grêle ; il pleut beaucoup moins pendant les autres
mois de l’année, & il n’y pleut point du tout pendant
le mois de février.
II pleut pendant tout le cours de l’année vers le
milieu de l’ile Maurice , ce qui rend cet endroit très-
marécageux , & ce qui fait qu’on y trouve continuellement
des ruiffeaux qui ne tariffent jamais. Dans la
partie boréale occidentale, il pleut pendant les mois
de janvier, février , mars, avril; il y tombe auffi
quelques pluies pendant les mois de m ai, juin 8c j uil-
iet : le tems devient enfuite calme & fec, & toutes
les herbes s’y defiechent & y grillent.
II ne pleut que pendant les équinoxes dans l’Arabie
; il ne pleut que très-rarement dans la villenom-
mée Garnron , appartenant à la Perfe, ÔC fituée vers
le golfe Perfique : à peine y pleut-il une fois dans
l’efpace de trois années.
Dans la ville d’A lep, en Afie, ville qui n’eft point
éloignée de l’Euphrate , il pleut pendant les mois de
janvier 8c de février; il arrive même allez fouvent
qu’il y pleut tous les cinq jours ; il y pleut beaucoup
pendant le mois de mars, la pluie y tombe alors très-
abondamment , parce qu’elle efi accompagné d’orages
8c de tonnerre : il y pleut plus rarement pendant
le mois d’avril, fi ce n’eft lorfqu’il furvient quelque
orage ; il y pleut ordinairement deux fois lorfqu’il
tonne : mais il n’y pleut point pendant les mois de
juin , juillet, août; les pluies ne commencent en cet
endroit qu’au mois de feptembre : il y pleut pendant
tout le mois d’oélobre, 6c les plus grandes p lu ie s y
tombent pendant les mois de novembre 8c de décembre.
Les pluies commencent à paroître au mois de mai
dans rîle Amboîne, lorfque le vent qui fouffle du
côté du levant équinoxial, 8c celui du fud-eft coin*
meucent à foufïlcr, La pluie continue jufqu’aii mois
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d’août ; dans ce tems il arrive que la p lu ie continue
pendant fix femaines de fuite : mais qqs pluies ne font
point univerfelles dans les îles voifincs. On obfervc
quelquefois que lorfqu’il pleut à Amboine , le tems
eft très-ferein dans les autres îles fituées l’occident,
telles que Boero , Manipa, & c . , 8c lorfque le tems
eft pluvieux vers la partie orientale, comme ûHoe-
wamohel, le tems eft fec à la partie occidentale,
quoique néanmoins rhumiditc fe fafl'e fentir jufqu’à
File des Celebes.
Le tems eft fec depuis le mois de mars jufqu’au
mois d’oélobre fur la côte de Coromandel ; le vent
du fud'Oueft régné pendant cette faifon. Depuis le
mois d’oéfobre jufqu’au mois de mars , le tenis eft
pluvieux , 8c le vent y eft fud-eft. Au contraire fur
la côte de Malabar, la fiùfon pluvieufe commence
au mois d’avril, 8c continue jufqu’au mois de feptembre
, & le tems fec recommence au mois de feptembre
jufqu’au mois d’avril.
Dans n ie de Ceylan, le tems pluvieux 8c le tems
ferein fc combinent diftéremment : lorfque le tems
eft pluvieux dans la partie occidentale de cette île ,
& que le vent d’occident fouftle clans cette î le , le
tems eft très-fec 8c très-ferein à la partie orientale
de cette même île ; mais quand le tems eft pluvieux
vers cette partie orientale , le vent d’eft fouffle à la
partie occidentale, 8c le tems y eft très-ferein. Ces
différences commencent vers le milieu de l’île ou environ
; cependant il pleut davantage fur les endroits
élevés, fur les montagnes, que par-tout ailleurs , 8c
on remarque que la partie boréale de cette île jouit
d’une plus grande férénité, 8c que la féchcreffe y eft
d’une plus longue durée.
On remarque dans les îles Carolines, qui font en
Amérique, qu’il tombe une grande abondance de
qui continue à tomber pendant l’efpace de deux
ou trois femaines, vers la fin du mois de juillet ou du
mois d’août ; ces pluies inondent tous les terreins bas
8c toutes les plaines. Il arrive ordinairement que ces
pluies font accompagnées tous les fept ans de tourbillons
de vents effroyables, qui caufent de grands
dommages dans les régions méridionales. Onremar-
que, pour ainfi dire, quatre faifons différentes dans
une colonie d’Amérique , connue fous le nom de
Sorrinama. La plus courte faifon, qui eft pluvieufe,
commence au mois de novembre, 8c finit avec le
mois de décembre : la fechereffe fuccede à cette faifon,
8c dure j ufqu’au mois de mars : les p lu ie s recommencent
depuis le milieu du mois de mars jufqu’au
mois de mai.
M. de la Condamlne, qui a parcouru toutes les
forêts qui fe trouvent depuis Loxajufqu’à Jaen, rapporte
qu’il y pleut tous les jours, ou au moins onze
mois de l’année ; ce qui fait que rien ne peut fe def-
fécher dans toute l’étendue de ce terrein, 8c que roui
y pourrit promptement. Nous lifons dans la deferip-
tion que M. Bouguer nous a donnée de Quito, que
ia pluie commence a tomber au mois de novembre,
8c qu’elle dure jufqu’au mois de mai : c’eft cette
p lu ie qui diftingue en cet endroit les faifons de
l’année.
On appelle hiver^ Carthagene en Amérique, l’ef-
pace de tems compris depuis le mois de mai jufqu’û
la fin du mois de novembre, parce qu’alors\ tsp lu ie s ,
les tonnerres, les orages y font fi frequens, que les
tempêtes s’y fuccedent d’un moment a l’autre. Les
nuées y verfent abondamment la p lu ie ; les chemins
font inondés, 8c les campagnes fubmergées : mais
depuis le milieu du mois de décembre jufqu’è la fin
d’avril, le tems eft phis beau , le vent du nord-eft
fouffle 8c rafraîchir la terre. On appelle temscCéié cet
efpace de tems. U y a encore dans cet endroit un autre
tems, qu’on appelle petit été : il commence vers
la fête de faim Jean, parce que les p lu ie s ceflènt
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alors, 8c que les vents du nord foufflenr pendant
l’efpace d’un mois. On remarque dans le royaume
du Pérou qu’il pleut depuis le mois de novembre juf-
qu’aii mois de mai, entre les montagnes qu’on appelle
les Cordeücres , ainfi que dans les forêts qui font au-
delà de ces montagnes. On remarque que l'hiver
commence au mois de juin à Buenos-Ayres, fitué
dans le Paraguay , auprès du fleuve de la Plata ; le
printems y hiccede à l’hiver, 8c commence au mois
de feptembre : l’été vient enfuite au mois de décembre
, 8c l’automne au mois de mars. Pondant l’hiver
il y tombe de larges p luies , accompagnées de tonnerres
8c de foudres épouvantables. Les chaleurs de
l’été y font tempérées par les vents qui viennent de
la mer.
Il faut obferver que les p lu ie s 8c les féchereffes ne
s’excluent point dans toute l’étendue de l'athmofphe-
re ; mais qu’au contraire elles ont entr’elles une ef-
pece de communication : en effet, lorfque le tems
eft pluvieux en France, il arrive fouvent que la
féchereffe domine alors en Allemagne, 8c on oblerve
de femblables phénomènes dans d’autres contrées.
En 1751 on remarquoit une très-grande humidité en
Angleterre, tandis qu’en Italie la féchereffe y étoit
fi grande , que les herbes périffoient par l’aridité du
lerrein. Ces phénomènes n’auroient rien de furpre-
nant, fi on fuit attention que la chaleur du foleil
éleve dans chaque pays une certaine quantité de vapeurs,
que ces vapeurs élevées y forment une certaine
quantité de nuées ; mais fi les vents viennent à
franrponer ces nuées d’un pays dans un autre, la
féchereffe fe fera fentir dans l’endroit d’où les vents
auront emporté les nuées, tandis que ces mêmes
nuées, combinées avec celles qui réfidoient déjà
dans l’endroit où les vents viennent de les tranfpor-
t e r , s’y accumuleront, s’y condenferont les unes
avec les autres , 6c s’y convertiront en pluie : c’eft
pour cette raifon qu’il ne pleut point dans le même
tems dans toute l’étendue de l’Europe, 8c encore
moins dans toute l’étendue du globe terreftre. D ’où
il fuit que fi les vents peuvent être regardés comme
line des caufes de la p lu ie , ils font auffi une descaufes
de la (écherefl'e : c’eft pour cette raifon que fi une
tempête vient à s’élever à différentes heures du jour
dans une contrée , tantôt il pleuvra, un inftant après
il y fera fec ; bientôt après le tems y fera ferein, 8c
la pluie recommencera à tomber enfuite.
Comme la p lu ie tombe d'en-haut à travers l’air
qui eft rempli 8c infcélc de toutes fortes d’exhalai-
fons, cette pluie raflémble ces exhalaifons, 8c les
précipite avec elle fur la terre. La p lu ie n’eft donc
pas une eau pure ; mais elle eft remplie d’ordures ,
8c mêlée avec des fels, des efprits , des huiles, de la
terre , des métaux, G c . parmi k-fquels il lé trouve
une grande différence , luivant la nature du terrein,
8c fuivant les différentes faifons de l’année. Greffe
ayant recueilli de la p lu ie qui tomba en 1714 dans un
tems d’orage , 8c ayant fait fondre du lel de tartre
dans cette p lu ie , eut du tartre vitriolé ; parce que
cette p lu ie avoir ramaffé dans l’air de l’acidc vitrio-
lique qu’elle avoir entraîné avec elle. C’eft pour cela
que la p lu ie du printems eft beaucoup plus propre
à exciter des fermentations que celle qui tombe en
tout autre teins. La qui tombe après une grande
8c longue iéchcreffe , ell beaucoup moins pure que
celle qui tombe peu de tems après une autre pluie.
M. Boerhaave a remarqué que la p lu ie qui tombe
lorfqu’il fait fort chaud, 8c que le vent eft impétueux
, eft plus remplie d’ordure , fur-tout dans les
villes 8c dans les lieux bas 8c piians, parce qu’elle
s y trouve mêlée 8c confondue avec toutes fortes
d ordures.
L air eft auffi chargé des fcmences des plus petites
plantes 8c des oeufsd’im nombre infini d’inleétes que
Tome i r .
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!a p lu ie entraîne avec elle , 8c qui tombent fur la fur-
face de la terre. De-là vient qu’on voit croître dans
cene eau , non-feulement des plantes vertes , mais
qu’on y découvre un nombre prodigieux de petits
ammauxSc de vers qui ia font comme fermenter,
& qui lui communiquent «ne mauvaife odeur par
leur corruption. La pluie qui s’amaffe dans l’air au-
deffus de la mer, & qui retombe enfuite dans l’Océan,
elt beaucoup plus pure, parce qu’elle traverfe alors
moins chargé d’exhalaifons.
Puilque h pluie fe trouve mêlée avec un fi grand
nombre de corps étrangers , il n’eft pas difficile de
comprendre pourquoi l’eau de pluie, confervée dans
une bouteille bien fermée, fe charge bientôt après
de petits nuages blanchâtres , qui augmentent infen-
fib[ement,quis’épailfiffent8c fe changent enfin en
une humeur muqueufe, qui tombe au fond , & qui
corrompt la maffe d’eau 8c lu change en une efpece
de liqueur vifqueufe. En confidérant toujours que
l’eau pluie emporte avec elle 8c précipite fur la
terre des fubftancesfi différentes enîr’elles, il ne doit
point paroître furprenant que l’eau de pluie fourniffe
à l’accroiffement 8c à la nourriture de tant de différentes
efpeces de plantes dont les fucs font ft différens
entr’eux.
Comme la pluie entraîne avec elle toutes les ordures
qu’elle rencontre dans l’air qu’elle traverfe, on
remarque que l ’air eft fort pur & fort clair apres la
p lu ie ; de forte qu’on peut alors voir fort diftinfte-
ment les objets à une diftance confidérable : les
couleurs des plantes paroiflent auffi beaucoup plus
v iv e s , & toute la nature paroît être comme rajeunie.
Les gouttes d ^ p lu ie font des bulles rondes, dont
la groffeur eft differente. II eft rare qu’on en trouve
dans ce pays , dont le diamètre ait plus d’un quart de
pouce rhénan, à moins qu’il ne tombe de ces grolTes
p lu ie s d orage , dont on dit que les gouttes font greffes
comme le pouce. La groffeur des gouttes d tp lu ie
dépend de la force attracHve des parties de l’eau , 8c
de la plus grande ou de la plus foible réftftance de la
maffe d’air qu’elles traverlént.
Pourquoi les gouttes d tp lu ie tombent-elles quelquefois
fi proches les unes des autres, 8c quelquefois
laiflént-elles de très-grandes dlftances cntr’elles.^ Ce
dentier effet ne viendroir-il pas 1°. de ce que la nuée
qui les forme fe refferreroit, fe condenferoit lentement
; 1®. de ce que cette nuée feroit elle-même un
peu denfe ; 3 de ce qu’elle auroit peu d’épaiffeur ?
car, dans cette hypothefe, les petites parties qui
tomberont les unes fur les autres, ne formeront que
quelques gouttes éloignées les unes des autres. Au
contraire, la denfité de la pluie ne viendroit-elle
pas I®. de ce que les nuées qui la forment feroient
promptement converties en eau par un vent rapide
qui les comprimeroit ; 1°. de ce que ces nuées fe-
roient elles-mêmes fort déniés ; 3®, de ce qu’elles
auroient beaucoup d’épaiffeur ?
Pourquoi les gouttes de pluie font-elles plus greffes
en été 8c plus éloignées les unes des autres, tandis
qu’elles font plus petites en hiver, ôc moins éloignées
les unes des autres ? Ces différens effets déper?
dent de la différente denfité 8c réfiftance que ces
gouttes éprouvent de la part de l’air qu’elles traver-
lent. En effet, l’air eft moins denfe 6c rélifte moins
pendant l’été que pendant l'hiver.
Quoique la/?/«« tombe des nuages les plus élevés,
elle ne tombe cependant pas avec toute la vîieffe que
la pefanteur devroir lui imprimer , 8c cela par rapport
à la réfiftance qu’elle éprouve de la pan de la
maffe d’air qu'elle traverfe : cette réfiftance fait
qu'elle arrive fur la furface de notre globe avec une
vîieffe beaucoup moindre que celle qu'elle devroit
avoir. Cette diminution de vîieffe n’eft pas un petit
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