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fables, & fiir-tout a.ix trois principales divinités de ]
rinde. Hm innM gaybam, matrice d o r , efl une et-
n e c e d e q ' » ^ des veines cl or ; elle ap«
partieni à Brama. aiiv.m^bani^i\K<\ veut dire nombril
de Chivoudou , d t du rdTort du dieu de ce nom ;
ces deux divinités n’en ont que quatre chacun qui
leur {‘oient attribués. Les zwit^s fatagrnmams, à la
rcl'erve de deux , ont tous des noms de Vichnou ÖC
de l'es métamorphofes.
Le faLigramam elt un caillou dur, poli, communément
noir, quelquefois marbré, & de ditlereutes
couleurs, de figure ronde, oblongue, ovale, ap-
plati quelquefois d’un côté ou meme des deux. Ces
cailloux le forment dans la rocaille des rives ou
cafeades du Ganclica, d’oii on eft obligé de les extraire
, en cafi'ant la pierre qui les enveloppe du moins
en partie. Ils confervent la marque de leur pofifion
par un médiocre appiatifiément d’un des côtés ; c’efi
dans l’eau ou à portée du fiot qu’ils naiflent. L’in-
Leé>e qu’on y trouve efi appelle v^r;dans la langue
des Indiens on lui donne trois noms: fouvarnakium^
le ver d’or ; va jira k itam , le ver de diamant ; & pra-
ß a r jk iia m , le ver de pierre. Une fable cju’on débite
vers le nord, porte que c’ eft une metamorphole du
dieu Vichnou arrivée de la maniéré fuivanîe : Vichnou
alla rendre vifiie à la femme d'un pénitent & la
luborna ; le pénitent déshonoré fe vengea par une
malédiÔion conçue en ces termes; puijfes-tii naître
v e r , <S* n avoir à ronger que la pierre, La inalediélion
eut fon effet ; ainfi naquit Vichnou.
On rapporte ailleurs d’une autre maniéré la mé>
tamorphoiede Vichnou: les trois divinités , Brama,
Vichnou, Chivoudou qui forment la faulfe îrinité
des Indiens, ayant ouï parler d’une danleufe nommée
Gandica , non moins fameufe par fa douceur
que par fa beauté, furent la voir, & mirent la patience
à l'épreuve par des maniérés inciviles , &
tout-à-fait propres à la fâcher. N’ayant pu altérer fa
belle humeur, ils furent fi contens de fa politeffe,
qu’aprés s’être fait connoltre, ils lui promirent de
naître d’elle tous les trois , & pour cet effet, ils la
métamorphoferent en riviere. C ’eft la riviere
Ganclica , où ces trois divinités renailfent fous la
forme du fala^ramam.
Ces deux fables conduifent par divers chemins au
même point, qui eft de faire l’apothéofe de i’infeêfe,
lequel fe loge ou naît dans cette rocaille : faut-il le
nommer ver ou poiffon? En s’écartant du fyficme
des Indiens , on croiroir plus volontiers que c’efi un
poilTon,ou plutôt un coquillage, un limaçon; on
le conjeêlure de fa figure & de fa pofition, telle
qu’on la voit fur les cailloux les plus diftinéfs. La
queue eft au centre, le ventre dans la partie la plus
évafée de fon lit , la tête au bord, oül’inleéfe reçoit
la nourriture que le flot lui apporte.
Dans l’efpace qu’occupe le corps de l’mfeêfe,
on voit à diftances égales des lignes profondes,
paralleles, & régulièrement tracées, comme fi elles
partoient du centre à la circonférence, coupées cependant
ou interrompues d’un orbe à l’autre. Les
lignes font la partie pariaquelle l’animal tient â la
pierre, & qui fuppofe que l’infeéte a divers plis,
ainfi que le ver & la chenille. L’opinion qui a cours
parmi les Indiens, eft que c’eft un ver qui ronge la
pierre pour s’y faire une loge ou pour s’en nourrir.
L’admiration eft la mere de l’idolâtrie; l’Indien
qui examine peu & qui n’eft rien moins que phyfi-
cien, ayant remarqué dans ces cailloux des loges
artiftement travaillées, a donné de l’efprit à l’in-
fe£fe. Il n’en faut pas davantage pour fonder l’apo-
îhéofe parmi des gens fuperftitieux à l’excès ; il leur
a plu de faire difparoître le ver & d’y fiibftituer leur
idole. Quelques-uns parmi eux, lur-tout vers le
nord, placent même à diftances réglées les dieux fuf
î t . ),U' i ' s'
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balternes du ciel de Vichnou ; les iouàra'pala coulou
ou les portiers font à l’entrée , 6c ainfi des ?uires.
Je ne voudrois pas nier abfolument que la figure
ou les cavités de certains cailloux qui paroiffent
rongées, ne fulTent l’ouvrage de quelque vcr;mais
ce ver doit être diftérent de l’inleêle qui fait les orbes
dont j’ai parlé , encore peut-on, ce me femble , expliquer
ainfi la plupart des cavités irrégulières. Le
jalagramam étant uni étroitement au roc dans lequel
il fe forme , il eft naturel que les pointes du roc entrant
fans ordre dans le caillou qui croît avec lui,
ces pointes concaft'ées laiffent le creux dont nous
cherchons la caule.
Il y a aufti une efpece de falagramam appelle cha~
c ra p a ni, plat des deux côtés, qui a huit ou dix loges
femblables fur une des faces, à diftance égale, &
parfaitement régulières. Je ne puis douter qu’il n’y
ait eu un petit poilTon, mais différent de ceux qui
font difpofés en limaçon ; ainfi le chacrapani fera un
coquillage pierreux ou pétrifié. Cependant il ne
différé pas du marbre par la couleur & la dureté.
Pourquoi les autres Jdlagramams ne feroient-ils pas
de même des coquillages ?
J’ai vu fur les rochers de l’Ifle de France des coquillages
qui,fans reffembler auxfa la g ram am s, peuvent
nous aider à les faire connoùre. C ’eft un affemblage
de petites loges dans le creux ou fur les pointes des
rochers battus par la vague. Chaque loge eft une coquille,
& toutes enfemble font un bloc qu’on appelle,
ce me femble, bouquet denier. Le poiffon s’y nourrit
de la graiffe de la mer, ou de l’eau filtrée au trave'S
d’une peau qui couvre la furface, à-peu-près comme
les coquillages qui s’attachent au gouvernail du vaif-
feau : ce bloc de coquillages qui n’en font qu un, a
quelque rapport au chacrapani décrit ci-defTus ; il
eft enchâffé dans la pierre, qu’il faudroit caffer pour
l’en extraire. Se pétrifie-t-il avec le tems ? c’eft ce
que je ne puis décider; mais s’il fe pétrifioit, on
pourroit en faire une nouvelle efpece de falagramam.
Parmi falagramams que l’on voit fur \z planche
111 d 'H if l. nac. dans ce Supplément ^ celui qui eft
marqué fig . / , de la première grandeur, & appellé
a n a n tem o u n i, eft rare & précieux ; on le confervoit
dans une boîte d’argent. La figure du limaçon y eft
fi diflinéle, tant au-deffus qu’au-dedans, qu’il prouve
feul l’explication que j ’en ai donnée. Le gopala-
mourti , j ig , 2 , eft le fécond ou de la fécondé grandeur;
il n’a qu’une loge & n’avoit qu’un limaçon.
Le chivanabam ,f ig - 3 ■, eft le plus rond ; il eft diftin-
gué par une figure circulaire que les Indiens appellent
nombril. Je n’en ai vu qu’un de cette efpece, &
je ne puis l’expliquer, à moins de dire que c’eft im
caillou enchâffé par la partie , qu’ils appellent nom-
b r i f dans un creux circulaire du roc où il s’eft formé.
C e qui paroît inégal & rongé tout autour, peut
être l’eft'et des inégalités de la pierre qui l’environ-
noit. Je ne vois pas par quel art un ver formeroit
un rond fi régulier, comment en rongeant la pierre
inégalement, il feroit attentif à ne pas endommager
le cercle qui fait la rareté du caillou. Le quatrième,
figure 4 , meme p la n ch e , ou le fdagramam de la
quatrième grandeur, a fur le coté plat la figure
de limaçon tort bien gravée ; on. pourroit meme
croire, après avoir vu le caillou, que le limaçon
marche en ponant fa maifon fur le dos. Le cinquième
falagramam, fig . 5 , qui eft le plus petit , eft nommé
cacha mourti ; il a deux loges U un lien par lequel
elles communiquent.
Le facrifice que les brames font au falagramam ,
confifte à y appliquer la raclure de bois de fancia ,
dont ils ont coutume de s’orner eux-mêmes, à le
remplir ou frotter d’huile, à le laver, à fa‘r«
deftùs des libations, à lui donner une efpece de re*
pas d’une compofttion de beurre, de caillé, de lait,
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de fucre & de figues bananes, appellee pancham-
routam, ou l'ambrofie des cinq mets. Ils accompagnent
la cérémonie des paroles du vedam à l’hon-
ncur de Vichnou, parmi lel'quelles ils lui adreftent
celles-ci ; divinité à mille têtes , à mille y e u x , à mille
pieds y peut-être par allufion à la quantité de loges,
de trous & de lignes qu’on voit dans quelques faU i-
gramams. R e cu e il des lettres ciiriei/fcs & édifiâmes.
SALAMANDRE, f. f. filamandrayCCy (^ternie de
B la fo n . ') cfpcce de lézard qui a le dos arrondi, le
col long , la langue terminée en pointe de dard,
quatre pattes alfez femblables à celles du griffon.
La falamandre paroît de profil dans l’écu , & polée
au milieu d’un feu ardent, & environnée de hautes
flammes. Elle a la tête contournée ; fa qu#ue eft
levée furie dos. V o y e^ p l. F i l , f ig . ^ 88 de B là fo n y
D ie t . raif. des S c ien c e s, 6cc.
On ne nomme les flammes que Jorfqu’elles font
d’un autre email que \zjdlamandrt.
Ce qui a fait croire aux anciens que la fal.vnandre
vivoit dans les flammes , c’eft qu’elle jette une
écume fi froide, qu’elle éteint le feu quand il n’eft
pas trop violent.
Defpieres de Brécourt, à Paris ; d'or à la fu U -
mandre de g u eu le s, accompagnée de trois croifettes de
finople.
De Jobelot en Franche-Comté ; de fa b le à la f a lamandre
couronnée d ’or dans des flamm es de oiieules
( ^ G . D . L . T . ) => •
SALATHIEL, d e D ie u y {^Hifi, fa c r é e .') d h
de Jéchonias & pere de Zorobabel , prince des
Juifs, q ui, après la captivité de Babylone , préfida
au rétabliflément de la ville & du temple de Jérufa-
Jem. SaLathicl mourut à Babylone. Son nom & celui
de Zorobabel fon fils , fe trouvent dans S. Matthieu
& dans S. Luc , à la fuite des ancêtres de J. C. & ce
dernier le fait fils de Néri ; ce qui a fait douter à quelques
uns que le S a la ih ie l de S. Luc fut le même que
celui des Paralipomenes; mais on accorde cette con-
tradition , en difant qu’il étoit fils de Jéchonias félon
la chair, comme il eft dit dans les Paralipomenes, &
fils de Néri fclon la lo i, par adoption, ou comme
ayant époufé l’hcritiere de N é r i, ou comme étant
forri de la veuve de Néri mort fans enfans. Il y avoit
encore de ce nom un des ancêtres de Judith, ( - f )
SALAVAT , ( H ifi. mod. ) Ce mot s’entend de la
confeflion defoipreicrite par l’Alcoran , & qu’aucun
des Mahometans ne doit omettre ou négliger. C ’eft
un des préceptes d’une néceflîté abfolue. Auffi toutes
les fois que les Muéfiins ont convoqué le peuple à la
priera , chaque Mufulman fe rend à la mofquée, &
commence fes aêles d’adoration par le fa la v a t. Celui,
dilent les doêleurs , qui manqueroit à un devoir aufti
faint, fouffiiroit dans l’aral ou purgatoire les peines
dues à cette tfanfgreftîon. ( -{- )
SALBER.G , ^Géogr.'^ ville de la Suede proprement
dite ; dans ia Weftmanie, fur la riviere de Saç»,
& au voifinage des mines d’argent Jadis très-riches.
Guftave-Adolphe la fit bâtir eu 1624, & lui conféra
nombre de privileges. Elle eft la quarante-fixieme de
celles qui fiegent à la diete du royaume. (Z). C. )
SALEBIM , qui regarde le coeur , ( Géogr.Jacrée. )
ville de la Paleftine dans la tribu de Dan , auprès
d’Ailon & de Haris : Habitavitque in A ilo n & S cie-
bim. Jug. L 45. (-h)
SALECHA , qui te fo u le a u x p ie d s , ( Géogr.facr, )
Ville fituce à l’extrémité feptentrionale du partage
de Manaffé, au-delà du Jourdain : Univerfum Baj'an
ufque ad S d echa. J o f .x i i j . n . { + )
SALENCY , (^Géogr. H ifî.^ Salentiacnmy village
de la haute Picardie près de Noyon , remarquable
pour avoir été la patrie de S. Godard ôc de S.
Mcdard, freres , tous deux fils de Neêlar, gentil-
omme François , feigneur du lieu , del'cendu d’une
Tome IFi,
S A L 707
ancienne famille des Romains établie dans les Gaules.
Godard fut élu archevêque de Rouen vers la fin
du fiecle , aftifta au premier concile d’Orléans en
^ niourut en 530. Une des paroilTes de Rouen
e talons le vocable de ce faim. Médard fon frere ,
cvcque de Noyon, mourut en 560.
. évêque, feigneur de Salency y avoît imagine
de donner tous les ans, à celle des filles de
la terre qui jouiroit de la plus grande vertu, une
ionime de 25 Iiv. & une couronne ou chapeau de
rôles On du qu’il donna lui-même le prix glorieux
â la loeuf que la voix publique avoit nommée pour
etre rofiere. On voit encore , au-deffus de l’autel de
la_ chapelle de S. Médard , fitiiée à une des extrémités
du village , un tableau où le faint prélat eft
reprefenté en habits pontificaux , mettant une couronne
de roies fur la tête de fa foeur qui eft coeffée
en cheveux & à genoux.
Cette récompenfe devint, pour les filles de
lency y im puift'ant motif de lagefle. Indépendamment
de l’honneur qu’en retiroit la rofiere, elle
trouvoit infailliblement à fe marier dans l’année. S,
My^ard , frappé de ces avantages, perpétua cet éta-
bliftement. Il détacha des domaines de fa terre douze
arpens , dont il affeêla les revenus au paiement des
15 iiv. 6c des frais acceffoires de la cérémonie de
la rofe.
Parle titre de fondation, il faut non-feulement
que la rofiere ait une conduite irréprochable , mais
que tous fes parens, en remontant jiifqu’à la quatrième
génération, foient eux-mêmes irrépréhenfi-
bles. Le feigneur de Salency a toujours été en poflef-
fion de choiftr la rofiere entre trois filles natives du
lieu, qu’on lui préfente un mois d’avance. Lorfqu’il
1 a nommée , il eft obligé de la faire annoncer au
prône de la paroiffe , afin que les autres filles , fes
rivales, aient le tems d’examiner ce choix, & de le
contredire, s’il n’étoit pas conforme à la juftice la
plus rigoureufe. Ce n’eft qu’après cette épreuve que
le choix du feigneur eft confirmé.
Le 8 juin , jour de la fête de S. Médard, vers les
deux heures après-midi, la rofiere , vêtue de blanc
les cheveux flottans en groifes boucles furies épaules ’
accompagnée de fa famille & de douze filles, aufti
vêtues de blanc , avec un large ruban bleu en baudrier
, auxquelles douze garçons du village donnent
la main , fe rend au château de S a len cy , au fon des
tambours, des violons, des miifcttes, & c . Le feigneur
va la recevoir lui-même. Elle lui fait un petir
compliment pour le remercier de fon choix-; enftiite
le feigneur &; fon bailli lui donnent chacun la main ;
& précédés des Inftrumcns, fulvis d’un nombreux
cortege , ils la mènent à la paroiffe , d’où, aorès
vêpres, on va procefTionnellcment à la chapc!i*e de
S. Médard. C’eft-là que le curé bénit la couronne fur
l’autel : elle eft entourée d’un ruban bleu , & ciami
furie devant d'un anneau d’argent depuis le re^ne
de Louis XIII. Ce prince fe trouvant, il y a fso
ans, au château de Varennes près de Salency y U . de
Be lloy, alors feigneur de ce dernier village , fupplia
le roi de donner en fon nom cette récompenfe de la
vertu. Louis y confentit, & envoya le marquis de
Cordes , premier capitaine de fes gardes, qui fit la
cérémonie de la rofe au nom de {'a majelté, & qui,
par fes ordres, ajouta aux fleurs une bague d’argenc
& un cordon bleu.
Le curé , après la bénédiétion, pofe la couronne
fur la tête de la rofiere, & lui remet les 25 Iiv.
Elle eft enfuite reconduite , par le feigneur & fon
fifcal, à la paroifle , où l’on chante le Te D a tn i y au
bruit de la moufqueterie des jeunes gens.
On donne encore à la rofiere, après la collation
fournie par les cenfitaires, par forme d’hommage j
une fléché, deux balles de paume & un fiflet de
"V V v v ij
' i 4 d 'liÄi I ,
U . Mil.