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fr.-t'j, i/e la terre cuite en grès. Les poteries faites avec
CCS terres, lorfqu’clles font fufEfaniment cuites,
font bien fonnantes, allez dures pourfairc beaucoup
de feu avec l'acier , capables de contenir toutes
fortes de liqueurs ; ce que ne peuvent point faire
les premieres, à caufe de leur porofité, & même
elles rcfiHent parfaitement bien au nitre, au verre
(le plomb & autres fondans en fufion, lorlque la
terre avec laquelle elles font faites eft de bonne qualité
; mais leur dureté & leur denfité mêjne qui les
empêche de fe dilater & de fe relTerrer promptement
& facilement, lorfqu’elles font chauJîées ou refroidies
fubltement, les rend par cela même fujettes à fe
cafl'er dans toutes les operations oii elles font expo-
fées à une chaleur ou à un froid tropprompt, comme,
par exemple, dans un fourneau bien tirant oii il y
a un courant d’air rapide. Si ces fortes de poteries
n’avoient point cet inconvénient, nous n’aurions
rien de plus à defirer en ce genre : elles feroient les
meilleures & les plus parfaites dont on pût f'e fervir
dans l’iifage ordinaire de la vie & dans toutes les
opérations chymiques ; 6c meme, malgré cet inconvénient,
elles font les feules qu’on puilfe employer
dans nombre d’occafions. On doit prendre alors
lotîtes les précautions nécellaires pour les empêcher
de fe caller , c’eft-à-dire , qu’il faut les chauffer , les
refroidir lentement, & les garantir de l’air tirant.
Enfin, avec les argllles fulibles on fait aulîî une
très - grande quantité de diverfes poteries d'autant
moins coûteufes & plus commodes à fabriquer ,
qu’elles fe cuifent avec peu de feu , qu’on leur
donne facilement une cuite plus ou moins forte, fui-
vant l’ufage auquel on les deiline.
Prelque toutes les poteries qu’on fabrique avec ces
fortes de terres, ne font que irès-légérement cuites;
de-là vient que leur intérieur eft groflîer & qu’ elles
font fort poreufes : on en fait quelques uffenfiles
auxquels on ne met point de couvertes , comme des
chaufferettes, des camions ou pots à mettre du feu ,
(S-c. Mais prefque tous les autres vafes qu’on en fabrique
font revêtus d’une couverte vitrifiée, fans
quoi ils ne pourroient feulement point contenir de
l’eau , & la laifferoient tranfpirer à travers leurs
pores. Sur les uns , qu’on travaille & qu’on finit
avec foin , on met une belle couverte d’émail blanc ;
ce qui rend cette efpece de poterie très-propre, & la
fait relTembler à la porcelaine : c’eft celle qu’on
nomme faiance. Sur les autres, qui font beaucoup
plus négligées & d’un travail plus grofiler, on ne
met pour couverte qu’un verre de plomb , auquel
on donne quelques couleurs verdâtres , brunes ou
fauves, en y mêlant quelques chaux métalliques, ou
des terres colorées fufibles : c’eft ce qui forme les
poteries communes.’
Enfin on fait auffi, avec des argilles blanches , ou
de celles qui fe blanchiffent au feu, une poterie affez
fine dont on vitrifie la furface, en jettant dans le
fou r , fur la fin de la cuite, une certaine quantité de
fel & de falpêtre. Cette poterh fe nomme terre d'Angleterre
, parce que c’eft dans ce pays qu’on a fait la
premiere Sc la plus belle poterie de cette efpece. La
vraie terre blanche d’Angleterre n’eft pas , à beaucoup
près, fans mérite ; elle eft blanche, fine, fortement
cuite , & au point d’avoir une légère iranfpa-
rence obfcure dans les endroits minces : elle tient le
milieu entre la porcelaine & le grès commun ; &;
l’on peut la nommer à jufte titre une demi-porcelaine.
Parmi ces différentes efpeces de poteries , il y en
a qui peuvent fupporter, fans fe calTer, l’aliernative
fubite du chaud & du froid affez bien pour qu’on
puiffe les employer à la cuifine : on les appelle par
cette raifon terre à feu ; mais ce font toujours les
plus groflieres,les moins cuites, Ôc dont la couverte
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eft la plus tendre : elles font toutes d’ailleurs d’un
très-mauvais fervice,&: périffent promptcmentquand
on les fait fervir fou vent; car c’eft une chimere que de
croire , comme bien des gens, qu’on puiffe faire des
poteries folides &: capables de rcfifterau feu comme
un vafede métal. Il eft très-certain que les meilleures
de celles qu’on emploie à cet u!age , font caffées
dcsbpremiere fois qu’on les met au feu. A la vérité
elles ne le font point affez pour fe mettre en pieces,
ou même pour contracter des fentes aftéz grandes
pour lailTer tranfpirer les liquides qu’elles contiennent
; niais il s’en forme une très-grande quantité de
fort petites : on en a la preuve par îe cliquetis qu’elles
font lorfqu’on les chauffe , par le ireftaillcnient ou
fendillement de leur couverte , & par la perte de
leur fon ou timbre , auffi-tot apres qu’elles ont été
chauffées. Chaque fols qu’on met ces fortes de poteries
au feu , il s’y forme de la forte un grand nombre
de petites fentes imperceptibles ; & enfin quand on
s’en eft fervi un certain nombre de fois, ces fentes le
trouvent rcilement multipliées , que le vafe ne tient
plus â rien , & tombe en morceaux par le moindre
choc ou par le moindre effort. Ainfi toute la différence
qu’il y a entre a s poteries qui vont au feu &
les bonnes poteries de grès qui n’y vont point, pour
fe fervir de la maniéré vulgaire d’exprimer ces qualités,
c’eft que ces dernières fe caffent d’un feul coup,
lorfqu’on les chauffe ou qu’on les refroidit fans ménagement,
au lieu que les premiers ne fe caffent que
peu-à-peu & en détail. Au relie ces terres à feu ,
toutes imi>artaites qu’elles font, ne lailTcnt point que
d’être très-commodes , puifqu’elles peuvent fervir
nu moins pendant quelque tems.
Nous ne dirons rien ici des manipulations qu'on
emploie pour faire les poteries , parce que nous en
avons parlé aux^rr.Faïance (S-Po rcel ain e, D ie t ,
raif des Sciences . ,^ z . ^ Suppl. 8c que celles desƒO^^-
ries communes font les mêmes elî'entieîlement, 6c
n’en different que parce qu’elles font plus limples.
Nous ajouterons quelques obfervations remarques
fur les poteries qui intéreffent le plus la chymie ,
c’eft-à-dire , fur les cornues, moiiffles & creufets.
Toutes les opérations de chymie qui exigent un
grand dégré de chaleur, ne peuvent fe faire que dans
des vaiffeaiix de terre cuire , parce que ce font les
feuîs qui puiffent réfifter en même tems à la chaleur
la plus forte & à l’aélion des diffolvans chymiques.
Les vaiffeaux de bonne argille cuite en grès , poft'e-
dent éminemment ces deux qualités , & font les
meilleurs qu’on puiffe employer en chymie ; ma^s,
comme ils ont l’inconvénient de fe cafter par le con-
trafte du chaud & du froid, & qu’il y a beaucoup
d’opérations qui n’exigent point une li grande den-
fité dans les vaiffeaux , on ell parvenu , par des mélanges
, à faire des creufets qu’on peut fiiire rougir
très-promptement & laiffer refroidir de même, fur-
tout lorfqu’ils ne font pas des plus grands, fans qu’ils
fe caffent, & qui ont cependant affez de folidité pour
contenir les métaux <U d’autres matières en fonte
pendant un tems affez long. Les meilleurs de ces
creufets nous viennent de hieffe en Allemagne. Ces
creufeis font faits avec une bonne argille refraélaire
qu’on mêle , fiiivant M. Pott, avec deux parties de
fab'e d’une moyenne grofl'eur , & dont ou a feparé
le plus fin par ie crible. Le mélange du fable avec
l’argille , dans la compofition des creufets, y produit
deux bons effets ; le premier , c’eft de dcgralffer ta
terre, &: de l’empêcher de contraéler des fentes par
une trop grande retraite en léchant ; & le fécond ,
c’eft de l’empêcher de devenir trop ferrée Sr trop
compaéle en fe cuifant, en un mot, de fe cuire en
grès. Par ce moyen on a des creufets d’une denfité
moyenne , capables de bien contenir les métaux ôC
beaucoup d’autres matières en fufion , 6c infiniment
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moins fujets à ie caffer par la chaleur ou par le froîd
^ llfaut obferver, au fujet du mélange du fable avec
Targille dans la compofition des creufets, qu'il eft
beaucoup plus avantageux que ce fable foit d’une
moyenne groffeur, que parce que les creufets en
font infiniment moins fujets à fe caffer, comme le
remarque M. Pott. En fécond lieu,ce même chymifte
avertit auffi, avec grande raifon , qu’on doit abfo-
lument éviter de faire entrer du fable , du caillou,
ou toute autre matière du même genre, dans la com-
pofition des creufets deftincs à contenir, pendant
long tems , des verres ou des fubftances vitrifiantes
en fufion : la raifon en eft que les verres ou fubftances
vitrifiantes agiffent avec beaucoup d’efficacité fur
les fables, fur les cailloux, en un mot fur toutes les
matières de ce genre qui font difpofées par leur
nature à la vitrificaiion , & que les chymiftes ont
nommées û caufe de cela terres vitrifiabLes , d’où il
arrive que ces creufets font bientôt pénétres & même
fondus.
Mais on évite cet inconvénient, & on procure en
meme tems aux creufets tous les avantages qu’ils
retirent du mélange du fable , en lui fubftituant une
bonne argille cuite, pilée un peu groffiérement. C’eft
de cette maniéré qu’on fait les pots ou grands creufets
dans lefquels on fond la matière du verre dans
les verreries. Il y a de ces creufets qui réliftent au
feu continuel de verrerie , & toujours pleins de
verre fondu, pendant trois femaines & même un
mois entier. La quantité d’argille brûlée qu’on fait
entrer dans la compofition de ces creufets, varie
fuivant la nature de l’argille crue : elle peut aller
depuis parties égales jufqu’à deux , deux & demie ,
& même trois parties d’argllle cuite contre une d’ar-
gille crue. En général, plus l’argille crue eft forte ,
liante & difpolée à fe cuire ferrée, plus elle peut fup-
porter d’argille cuite.
Les creulets que nos fournaliftes fabriquent ic i ,
font faits fur ces principes ; ils font compofés avec
l’argille qu’on tire des glaifieres d’Iffy, de Vaugirard
& d’Arcueil, qu’on mêle avec du ciment de pots à
beurre , qui font des terres de Normandie & de Picardie
cuites en grès. Ces creufets réfillent à merveille
à la chaleur fubite & û l’air tirant, l'ans le caffer ;
ils feroient excellens, fi l’argille crue qui entre dans
leur compofition, étoit capable de réfifter à la grande
violence du feu ; mais , lorfqu’elle y eft expolée,
elle fe bourfouffle 6c commence à fe fondre, à caufe
des matières martiales 6c pyriteufes qu’elle contient :
d’ailleurs ces creufets doivent principalement leur
bonne qualité de ne point fe caffer, en ce qu’ils n’ont
qu’affez peu de denfité ; ce qui eft caufe qu’ils font
aitément pénétrés par tomes les matières qui entrent
dans une fufion très-liquide.
On voit par ces détails combien U eft difficile
d’avoir des creufets parfaits; il y a lieu de croire
même que cela eft impoffible. M. Pott a fait un fi
grand nombre d’expériences fur cette matière, qu’il
femble l’avoir épuifee. Il a fait un nombre infini de
compofitions , dont la bafe étoit toujours l’argille ;
mais il l’a mêlée en différentes proportions a''ec les
chaux métalliques , les os calcinés, les pierres calcaires
, les talcs, amianthes , asbeftes , pierres-
ponces , tripoli , 6c beaucoup d’autres, fans cependant
qu’il ait réfulté de toutes ces expériences une
compofition irréprochable à tous égards, comme on
peut le voir dans fa Dijfertacion. Il faut conclure
de-là que nous en fommes réduits à avoir dans nos
laboratoires des creulets de différente nature, appropriés
aux opérations qu’on y veut faire ; des creufets
de Paris pour le cas où il ne s’agit point de contenir
des matières d’une fufion très-liquide , ni d’opérer
au très-grand feu; des creufets de Hefle pour les
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mêmes matières, quand elles doivent éprouver un
degré de feu trcs-vioîent ; des creufets ou pots de
terre cuite en grès pour les matières vitrefeentes 6c
d’un flux pénétrant.
Il paroît cependant poffîble de faire des creufets
encore meilleurs que tous ceux que nous connoif-
fons , 8c d’un ufage plus étendu. Le point effentiel
pour y rcuffir , c’eft d’avoir une bonne argille très-
rcfraélaire , exempte lur-toutdc matières pyriteufes,
6c meme de terre ftmigineule; il faudroit enfuite fe
donner la peine de la laver pour eu féparer le fable,
la mêler exadlement avec deux ou trois parties de la
même argille cuite 6c pilée un peu groffiérement, 6c
en faire une jnlte dont on formeroit des creufets
dans des moules , & qu’on feroit cuire enfuite à un
très-grand feu. A l’égard des cornues £c cucurbites,
comme ces vaiffeaux font deftinés à la diftiÜatlon
des liqueurs ordinairement très-corrofives 6c très-
pénétrantes , on ne peut guere en avoir d’autres que
de bon 6c pur grès, (ft-)
POUCE d'eau., (^Hydraulique.') mefiire desfon-
tainiers;c'eft la quantiic d’eau qui ibrt en une minute
de tems, horizontalement d’une sîrcffe éga e , 6c par
un trou circulaire d'un pouce de tii..meit e , fait dans
une place verticale d’une 1 gne d’.paili'cur, .a partie
fupérieure de la circonférence étant couverir d'une
ligne feulement de hauteur d’eau, en forte que l’ouverture
ait fon centre de fept lignes ;ni-deffous de la
fuperficie de l’eau ; cette quantité eft de t ; pintes
6c ~ mtfiire de Paris , chacune du poids de 2
livres d’eau de Seine moins 7 gros, ce qui eft à très-
peu près la pinte de 4S pouces cubiques,c’eft-à dire,
celle dont le pied cubique en contient 36, 6c
dont le muid de Paris, qui eft de 8 pieds cubiques ,
en contient par conféquent 288.
M. Mariotte, dans un endroit de fon traité du
mouvement des eaux, dit que \q pouce d'eau fommt
13 ^ pintes par minute ; mais dans la troifieme expérience
du premier difeours de fa troifieme partie ,
il appelle un pouce d'eau d’écoulement, non plus
13 pintes -| comme dans le premier paffage , mais
14 pintes combles, chacune du poids de deuxJivres
d’eau, c’ eft à-dlre, de ces pintes dont les 3 3 font le
pied cubique, 6c dont par conféquent les 280 feroient
le muid.
M. Couplet, dans les mémoires de t732,remarque
à ce fujet que l’expreffion de pinte comble ne préfente
rien de déterminé , puifqu’une pinte peut être
plus ou m.oins comble, 6c le plus grand comble peut
être plus ou moins confidérable fuivant la largeur
de la pinte; il y a telle pinte dont le comble eft d’un
pouce cubique , comme M. Coupler l’a expérimenté
fur une pinte de 3 pouces de diamètre, qui après
avoir été emplie à raze , reçoit encore environ
un pouce cubique avant que de répandre ; cela vient
de la ténacité de l’eau , de fon adhérence contre fes
parois, & de la courbure de fa furface.
Ainfi cette pinte feroit de 4g pouces cubiques 66
au lieu de 48 pouces cubiques. Cette valeur de
la pinte employée dans la première expérience ,
devroit, au contraire , fe trouver plus grande que
celle de la derniere , puifque la même ouverture a
donne un plus petit nombre de pintes dans un meme
tems.
Cette contrariété de réfultats engagea M. Couplet
à abandonner les expériences de M. Mariotre à ce
fujet, pour s’attacher à celles qui avoient été faites
par MM. Roemer 6c Picard , conjointement avec le
pere de M. Couplet 6c M. Villiard , que M. Couplet
lui-même avoit répétées plufieurs fois, 6c qui toutes
s’accordent à donner pour la valeur d u d ’eau
13 pintes Ÿ de celles de 48 pouces cubiques : cette
quantité s’accorde même fenfiblement avec la première
expérience de M. Mariotte, elle n’en differ©
m
b - 'i l