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fe peut, dePargllIe &clu table, qui font les deux extrêmes
des fortes de fols dont le globe eft revêtu, eft
celle qu’il faut [jréférer pour y établir des pépinières.
Les arbres qu’on y aura cultivés ne pourront manquer
de rcudir dans des terres de qualités fembtables, qui
font fort communes; ils feront d’étonnarts progrès
dans les meilleurs terroirs, & ne laiflèront pas que
de croître patfablement dans les plus mauvais.
A régarcl des expolltions , les plus chaudes doivent
être refervées aux petites pépinières d’arbres
exotiques qu’on veut habituer au climat. Pour les
g'-aiidcs,compofécs de fruitiers, d’arbres foreHiers &
d’ai bres étrangers peu délicats, durs , £’c. les afpeûs
froids qui endurcilfeni les écorces , font peut-être
préférables , à l’exception cependant des pépinières
des pêchers & abricotiers, où les jeunes greffes pé-
riffent fouvent au nord & au midi, & qui paroiffent
demander ie couchant; mais il n’eft point de pépi-^
nieti qui ne doive être exa£fement défendue contre
les beliiaux , & dont ie fol n’exige une préparation
convenable.
Après avoir environné votre terrein de foffés au
moins larges de fept pieds, plantez fur le bord extérieur
de la berge deux lignes divergentes d’aubepins
croilés en fautoir : deux perches horizontales liées
avec des haris contre des pieux fichés en devant d’ef-
pace en elpace, protégeront cette haie, jufqu’à ce
qu’elle loit forte & armée de toutes fes épines,contre
les bêtes qui pourroienc monter par les talus. Dans
les terres qui rebutent l’épine blanche , on lui lùb-
fiitiiera dilTcrensarbrilfeaux hcriffésou tres-rameux.
Il efi des lieux où l’on pourra le paffer de foffés : dans
ceux où le bois ell à bas prix , une paliffade ou un
clayonnage , un mur lec là où les pierres abondent,
fonneroni même une meilleure clôture ; mais les
foffés ont un avantage qui n’efi point à négliger. Que
l ’on plante à demeure des fruitiers en plein v e n t ,
vers les bords intérieurs de la berge, l’amas de terre
qui le trouvera autour de leurs racines , procurera à
ces arbres la plus belle croiffance.
A moins que le fol ne fe trouve profond, poreux
frais, il fera fouvent ncceffaire Ôc toujours très-
utile de le taire effondrer ; par cette opération on
extirpe les pierres trop greffes qui meitroient obffa-
cle à la végétation : on enterre & l’on difperfe les
petites qui la favorifent, en procurant l’écoulement
aux eaux , & en empêchant la terre de trop s’affaif-
fer ; les racines parafites font arrachées , les infeéles
mis en fuite , leurs logemens renverfés , leurs chry-
falides , leurs larves, leurs oeufs précipités ; mais,
ce qui eft encore plus important, on prépare aux
jeunes arbres une couche cpaifiè de terre ameublie
que leurs racines pourront aifément pénétrer. Au
fond de cette couche elles puiferont les fucs de la
bonne terre qu’elle renferme, & qui étoit à la
furface. • Ce lit profond de terre meuble conferve
toujours , même par les plus grandes fcchereffes,
une certaine fraîcheur , au point que nous avons vu
des terres, auparavant feches & arides, demeurer
pénétrées depuis l’effondrement d’une humidité modérée
& falutaire.
Il faut choifir, autant qu’on peut, le mois de mars
pour faire cette opération ; alors les eaux de l’hiver
fe font écoulées; il régné un air delTéchant qui fait
que la terre fe divife mieux tandis qu’on la remue ;
d’ailleurs elle le trouvera bien reprife , & aura tout
l’affaiffement convenable pour le mois d’ofiobre fui-
vant ,tems bon pour planter, où l’on commencera
la plantation de la pépinUre ; & pour ne pas laiffer la
terre oifive, on y mettra des haricots ou des grains
femés par rayons, dont les cultures réitérées la tiendront
dans le meilleur état, & empêcheront les
mauvailes herbes d’y croître. S’il n’a pas été polfible
dç, faire effondrer en mars , on faifi/a jufqu’au mois
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de juin une fuite de jours propres à ce travail, alors
il convient de différer la plantation de la pépinière
julquà la fin de novembre ; mais fi l’on a été contraint
d’attendre jufqu’au mois de feptembre, qui
donne encore d’affez beaux jours , on ne pourra
planter que le printems fiùvant, & il fera même
plus fage d’attendre à la fécondé automne. Qu’on
fe garde bien de faire effondrer l’hiver ; les pluies ,
fuMout les neiges , pêtriffent la terre fous la beche
& fous les pieds, au point qu’elle demeure toujours
compare & indocile, & les mauvaifes herbes fe
multiplient tellement à fa 1 urface , qu’on ne peut les
détruire même à force de bras.
^ Bien plus ; fi le terrein deffiné à l’établiffement
d’une pépinière , fe trouve couvert de chiendent,
l’effondrement feul, quoique bien fait & dans une
faifon convenable, ne fufliroit pas pour opérer fon
enticre deffruaion ; dans ce cas, il eff néceffaire de
cultiver des patates dans ce terrein Pété d’avant le
printems où l’on fè propofe de le fouir. Ce moyen
eft le leul pour fe debarraffer de cette plante fi nui-
fible aux arbres , dont l’opiniâtreté cicfole le cultivateur,
& qui fe multiplie d’autant plus, qu’en
beenant on la découpe en plus petits morceaux.
Lorfque la terre , effondrée & fiiffilàmmenr ra-
baifl’ée, fera exademeniapplanie , fuivam les pentes
naturelles du lieu & lorfque le terrein fera bien clos,
il fera tems de fonger à fa difiribution.
Une large porte pour l’entrée des voitures, deux
routes pour leurs pafi'ages qui fe croiferont, & quatre
carreaux , divifés chacun en autant de chemins moins
larges de moitié que les premiers; ces pièces moyennes
, découpées à leur tour en quatre par <les l'en-
tiers , donneront des commodités , établiront de
l’ordre , U lalfferont par-tout circuler l’air au profit
des jeunes éleves. Qu’on plante fur les chemins principaux
des poiriers & des pommiers en plein vent,
des pruniers & des cerifiers au bord des chemins de
la leconde largeur ; différens fruitiers en quenouilles
ou en buifibns le long des fentiers, y rendroient
la promenade charmante. Tapiffez les allées d’une
belle herbe; bordez-les de rofiers ; terminez-Ies
par des berceaux , vous aurez joint l’agréable à
l’utile , comme la nature les joint toujours ; & qu’eft-
ce qui vous empêcheroit même de tracer vos^e>/-
niertsiut un deffm plus élégant; par exemple, de
les percer en étoile avec une ceinture qui en coupe-
roit tous les triangles circulaircment ?
Lorfque vous aurez tire des pépinières établies en
différens endroits de votre terre , ce qu’il falloir d’arbres
pour la planter, il vous fera facile de les convertir
en autant de bois ; vous n’aurez qu’à choifir dans
chaque carreau un certain nombre des plus beaux fu-
jets pour les laiffer s’élever; recoupez les autres fur
pied pour former le taillis ; arrachez les plus rameux ,
& les replantez derrière les arbres des allées en lifie-
res foiimifes au croiffant ; & fi ces pépinières, comme
nous l’avons confeillé d’abord , fe trouvent établies
dans des terres en friche , couvertes de landes ou de
peu de valeur pour les grains , vous aurez créé , par
les bois qui leur luccéderont, fans avoir à regretter
un meilleur emploi des revenus qui deviendront im-
portans , confidércs dans leur enfemble , en môme
tems que vous aurez embelli & varié la perfpeéHve
champêtre que ces differentes maffes de verdure »élevées
d’efpace en elpace, couperont agréablemenr.
Le tems de tranfplanrer les jeunes fujets des femis
dans la pépinière , l’age qu’ils doivent avoir , les di-
ffances qu’il faut leur donner, fe trouvent dans les
articles des efpeces au wor Plantat ion. On verra
combien ces.circonffances dépendent du naturel de
chaque arbre, & que l’on feroit des fautes fans nombre
, fi l’on vouloir fiiivre à cet égard une réglé
commune. Nous dirons feulement ici qu’il eft effen-
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tiel de planter les différens genres de fanvageons
fruitiers par petites maffes , interrompues par des
maffes d’arbres différens : on greffera tous les individus
de chacune d’une même el'pece ; (Sc c’eff im
des principaux moyens de prévenir la confufion.
L’année qui luit la plantation de la pépinière, contentez
vous de faire houer toutes les fois que l’exigera
le progrès des mauvaifes herbes : la beche , à
moins qu’elle ne fiit maniée avec une extrême dextérité
, feroit nulfible au plant nouveau qui n’ eff point
affermi ; elle couperoiî fes racines encore tendres &
rares y & le remettroit dans l’état qu’il croit lorf-
qii’on l’a confie à la terre, fi même elle n’en faifolt
périr une partie. Dès la fécondé année , fans préjudice
aux façons à la houe, deux labours , favoir,
un en mars & l’autre en novembre , deviendront
miles; mais il conviendra que le fer des beches foit
coiiit, & qu’il n’approche pas de trop près le pied
des jeunes arbres. Plus ils prendront de force , plus
avant auffîil faudra bêcher; & alors, loin de craindre
d’approcher de leurs pieds , il fera bon de foulever
& de retourner la terre à l’entour; mais il eff des
arbufies à racines délicates, il eff des arbres, comme
la plupart des arbres réfineux , qui ne veulent être
que houés , & dont la beche retarderoit infiniment
les progrès , ainfi que l’expérience nous l’a appris.
f^oyei les mots PiN , SapiN, Meleze , &c. Suppl.
L’effondrement & les differentes façons à donner
aux pépinières ; fe marchandent à la perche ou à l’arpent,
avec des manouvriers. Dans la plupart de nos
provinces, ces fortes d’ouvrages ne font qu’à trop
bon compte , par le nombre prodigieux & la mifere
extrême de ces hommes, auxquels c’eft un faintdevoir
de procurer du travail, d’en régler le prix fur
leurs befoins , & , pour le dire en paffant, fur le
prix aéluel du bled.
De quelque efpece que foit le jeune plant, que la
lerpctte le refpeéie la première année: vous pourriez
coupertel bourgeon qui devoit décider du développement
d’une racine. A l’égard des arbres réfineux ,
le fer ne doit pas les approcher , tant qu’ils font en
pépinière; mais dès la fécondé année, les fruitiers
fauvageons en attendent quelques fecours : élaguez-
les du bas dans le mois cle.juin ; par ce moyen , vous
donnez plus d’effor à la fécondé feve qui va fe mettre
en mouvement, & dont vous attendez le fuccès des
greffes; vous préparez un jeu libre à la main , une
place nette aux ceuffons ; & pour la mi-juillet, où
vous commencerez de les pofer, fes bourrelets boi-
feux auront déjà fermé les bords desbleffuresaumois
d'avril fuivant. Vous grefferez en ente les fujets oîi
1 écuffbn aura manqué, à l’exception de ceux d’entre
les premiers , defiinés à porter des pêches qui fe
trouveront dans le même cas : vous vous contenterez
de les recouper à deux ou trois pouces de terre ,
afin de leur fiiire pouffer un jet droit, dont la vigueur
garantira la reprife des ceuffons que vous y
devez inférer au mois de juillet de cette troifieme
année. Voyc:^ le mot G reffe , Suppl.
C ’eft ici le lieu d’infifier fur toutes les précautions
à prendre pour ne pas confondre les efpeces , &
voici les principales après celles dont nous avons
déjà parlé : ne coupez vos greffes que fur des arbres
dont vous avez vu les fruits, & n e portez à-la-fois
que deux paquets bien étiquetés d’efpeces différentes
: neconfiez le foin de greffer qu’à des mains fCires;
marquez exaftement llir un reglffre en recèle , les
nonis des efpeces avec lefquelles vous aurez greffé
lelles rangées ou telles maffes : ayez foin fur-tout d’y
dcligncr clairement la place qu’elles occupent dans
lordre de ^
.Les jets provenus des greffes, doivent être traités :
uii^nt cm deftination. Qu’on veuille enformerdes
mffoiis & des eventaUs ? on les pince au quatrième ;
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ou au fixieme bouton ;des demi-tiges? on les coupe
la fécondé année à quatre pieds & demi de terre ;
veut-on les élever en plein vent ? il faut les foutenir
dès leur naiflimee contre des échalas bien droits. Les
premières années on fe contentera de retailler en
chicots les branches irrégulières ou vagabondes , de
recouper par la moitié les branches latérales trop
fortes, & de retrancher celles qui aftameroient la
tleche ; attendant pour déshabiller la tige qu’elle ait
pris une grofleur convenable & de juffes proportions,
Potir ce qui concerne les arbres foreffiers & d’alignement
, il faut, les premières années, laiffer jaillir
librement leurs branches de tous côtés ; fe réfoudre
à ne les voir que fous la forme de buiffons, en un
mot, les abandonner prefque entièrement t'i la nature.
Ayez feulement foin de redreffer ceux qui fe tourmentent
ou qui s’inclinent , & qu’ils foient tous fur-
montés d’une fléché droite & diftinae, que vous
guiderez , s’il elî néceffaire , le long d’imc baguette
liée contre le haut de la tige. L’année qui précédera
leur tranfplantation , vous commencerez feulement
iUes élaguer du pied ; ce n’eft qu’au mois de juin
d avant l’automne , où vous devez les arracher , que
vous dépouillerez le refie de la partie de leur tige
qui doit être nue. C’efl par ce moyen feul que vous
formerez des arbres fermes fur leur bafe , qui porteront
fièrement leurs cimes, & braveront les coups
des vents. , ^
^ Rarement les arbres de vos carreaux feront-ils
d’une croifiànceaflèz égale, pour que vous les puif-
fiez faire arracherions à-la-fois : lors donc que vous
aurez enlevé les plus forts, il faudra les remplacer;
mais que ce remplacement ne fe faffe qu’avec des
brins affez gros & grands , pour qu’ils ne fiiivent
pas de trop loin les progrès des arbres qui demeurent.
Pour cet effet, vous les tirerez d’un femis ancien
que vous avez éclairci & laiffé fe fortifier dans
cette vue. Afin d’aflùrer leur reprife d’autant plus
importante que s’ils periffoient, de nouveaux brins
remplacés pour une fécondé Ibis fe trouveroienc
t_rop_ arriérés ; plantez-Ies avec des précautions particulières
, & rapportez même à leur pied une bonne
quantité de terre fiibfiantielle & graflè.
Soit que vos carreaux aient été dégarnis fuccefiî-
vement, foit qu’ils aient été vuidés à la fois, fi vous
les voulez replanter, il eff néceffaire d’y rétablir la
terre cpiiifée : faitcs-les labourer de la profondeur
de deux fers de beche, & les applaniffez exaélement ;
alors vous y ferez répandre des engrais : mais le fumier
eff celui dont vous devez le moins vous fervir •
il rend les arbres trop difficiles fur les alimens &
attire les vers qui rongent leurs racines. Les marnes,
les terres des chemins, des mares , des pâtis,
des bords des haies, les pailles, les feuilles, les
cendres , &c. fans avoir les memes inconveniens
feront fur la végétation des effets à-peu-près fem-
blables.
Nous venons de voir par une heureufe fermentation
tous les efprits fe porter avec chaleur vers tous
les arts nourriciers de premier befoin : les plantations
n’ont pas été oubliées , on en a fur-tout beaucoup
parlé, & il n’eft guere de perfonnes qui, fuivant
le torrent de la mode, n’ait planté au moins
quelques peupliers d’Italie , dont la prompte
végétation flattoit l’efprit de jouiffance perfonnelle
qui caraélérife le fiecle. On eff déjà dégoûté de c e t
arbre , il n’a pu foutenir la réputation prodigieufe
qui l’a devancé, & il faut cfpérer qu’on s’attachera
déformais à établir des pépinières d’arbres plus utiles
& affez divers dans leurs efpeces & dans leurs appétits,
pour s’accommoder de différens terreins. Les
pépinières royales dévoient encourager & multiplier
les plantations ; mais il s’en faut bien qu’on ait retiré
de cet établiffement tous les avantages qu’on étoit