î 5^ O P E de Syrie , fe rcfngia cii Egypte auprès du roi Prolo-
mée Philometor,'’ de qui il obtint la permiirion de
bcliir un temple au vrai Dieu dans la prctèèlure
d'Héiiopolis. Il appella ce temple Onion , ik. le con-
Pruilit lui- le modèle de celui de Jérulalcm : il y établit
des prêtres Ik des lévites qui y tailoicnt le meme
l'ervice, ik pratiquoient les memes cérémonies que
dans le vrai temple. Le roi lui afiigna de grandes
terres & de grands revenus pour rentretien des
prêtres di pour les befoins du temple. Après la rpine
de jériiralem, Vefpafien craignant que les Juifs ne
fc rctiraflent en Egypte, & ne continuaiîent à faire
les exercices de leur religion dans le temple d’Heiio-
polis, le rit dépouiller de tous les ornemens, 6c en
rit fermer les portes, (-i-)
ONOCLEA , (^Boian.) genre de plante de la
famille des fougères , qui le diftinguO parce que fes
fruéîificaiiuns loin dilpofées en épis fur deux lignes
de part 6c d’autre de l’axe, & s’ouvrent chacune en
cinq lambeaux. Linn. Gcn. pl. fil. On n’en connoît
qu’une cfpece qtii croît en Virginie, c’ell l’angiopte-
ris de Micheli. (^D.')
ON O D, ( Geogr. ) ville &: château de la haute
Hongrie, dans le comté de Borfod, fur la riviere
de Sajo. Les troubles & les guerres du pays ont fait
connoître cette place ; & ce fut, entr’autres en 1707,
\in lieu d’affemblée pour Rakotzy & fes adherens.
{ D .G . )
ONYX , ( Gramm. ) Ce mot employé feul, & en
qualité de iubftantif, efl mafeulin dans la nouvelle
édition de T révoux , comme dans le Dictionnaire
de l’académie; & l’on n’y tombe pas dans l’incongruité
de le faire féminin dans l’ex’emple.
Tout ce que je viens de voir fur ce fujet m’indui*
roit au/Ti à le faire mafeulin. Il eft tel dans fon origine
en grec, foit au propre, pour fignifier un
ongle, foit au figuré, pour défigner l’efpece d’agate :
il efl mafeulin chez les Italiens, un onichino, ÔC en
latin.
En qualité d’adjectif & d’accefToîre, ce n’eft pas
merveille qu’il fuive le genre de la pierre dont il
deligne l’efpece , une belli agate-onyx ; je ne le
trouve employé qu’en ce fens dans le livre des
pierres gravées de M. Mariette. Mais Rapprends
dans le Traité des pierres de Théophrafte , traduit
depuis peu en François avec des notes , qu’il y a
encore une efpcce d’albatre fufceptible d’un beau
p o li, & dont la contexture approche de celle du
marbre, que les Grecs appelloient quelqttefois onyx,
6e les Latins marmor onychites, & que le traducteur
nomme auffi marbre-onyx. Ne faudra-i-H pas dire
alors un beau marbre-onyx
Le Furctiere augmenté par Bafnage, & imprimé
en Hollande au commencement de ce fiecle, le tait
auffi fubftantif mafeulin.
Comme , à proprem«nt parler & en général,
Yonyx eft une efpece d’agate, & qu’il n’elt guere
emi>loyé qu’à la fuite du mot agace avec un tiret,
comme ne falfant qu’un feul mot , on ne le trouve
le plus fouvent que fous cette forme, & féminin ;
mais je fuis bien fur de l’avoir entendu aulTi employer
feul, ôc dans ce cas il me femble qu’il fera
mieux de dire : Vous ave^ là un bel onyx, qu’«/2e
belli onyx. ( Cet article ejl Tiré des papiers de M. DE
Ma IRAN. )
O P
§ OPÉRA, f. m. (^Belles-Lettres, Mujïque!) poème
dramatique chanté.
Sur un théâtre oii tout eft prodige, i! paroît tout
lîmple que la façon de s’exprimer ait Ion charme
comme tout le relte : le chant elt le merveilleux de
la parole. Mais àunfpeélacle où tout fe paûe comme
O P E dans la nature felon la vérité de rhiftoire, par
quoi fommes-nous préparés à entendre Fabius , Ré-
gulus, Thémiftocle, Titus, Adrien , parler en chantant
? Que diroit-on fi , fur la feene françoife , on
entendoit Augulte, Cornclie, Agrippine ou Brutus,
s’exj)rlmer ainfi t Les Italiens y lont habitués , nie
direz-vous ; ils ne peuvent l’ctre au point de s’y
plaire. Us ont perdu leur tragédie , 6c n’en ont point
fait un bon opéra. Dans les fujets qu’ils ont pris, le
merveilleux du chant ne rient à rien , n’eft fondé
fur rien. Mais il y a plus : ces fujets même ne font
pas faits pour la mufique. Le moyen de conduire ,
de nouer & de dénouer en chantant, des intrigues
auffi compliquées que celles d’Apoftolo Zeno q u i,
quelquefois , comme dans Anclromaque , enlace
dans un feul noeud les incidens & les intérêts de.
deux de nos fables tragiques ? Le moyen de chanter
avec agrément des conférences politiques, des
harangues, &c. Métaftale eft plus concis , plus rapide
que Zeno; mais tous les lacririccs qu’il lui en
a conté pour s’accommoder à la mufique , n’ont pu
changer la nature des chofes. Auffi , quelque pré-
cifion que Métaftale ait mife dans la feene , on
l’abrcge encore , 6c c’ eft la mutiler.
Un poème eft plus ou moins analogue à la mufique
, félon qu’elle a plus ou moins la facilité d’e-x-
priiner ce qu’il lui préfente.
La mufique a d'abord les fignes naturels de tout
ce qui atfeàe le fens de l’ouïe. Pour les objets des
autres fens, elle n’a rien qui leur refl'emble ; mais ,
au lieu de l’objet même, elle peint le caraélere de
la fenfation qu’il nous caufe ; par exemple , dans ces
vers de Renaud,
Plus j'obfervè ces lieux , & plus je les admire.
Ce fictive coule lentement ;
Jl s éloigne à regret d'un féjour f i charmant.
Les plus aimables fleurs G h plus doux fpliirc
Parfument l'air qu'on y refpire.
la mufique ne peut exprimer ni le parfum , ni l’éclat
des fleurs ; mais ellepeint l’état de volupté oîi l’ame ,
qui reçoit ces douces impreffions , languit amollie
éc comme enchantée.
Dans ces vers de Caftor & Pollux ,
Trifles apprêts , pâles flambeaux ,
Jour plus affreux que les ténèbres !
la mufique ne poiivoit jamais rendre Feiiet des lampes
fépulcrales ; mais elle a exprimé la douleur jiro-
fonde qu’exprime au coeur de Thelaïre I.a vue du
tombeau de Caftor. Telle eft , d’un fens à l’autre,
l’analogie que la mufique obferve & falfit, lorf-
qu’elle veut réveiller, par l’organe de l’oreille , la
réminifcence des impreffions faites fur tel ou tel
autre fens ; c’eft donc auffi cette analogie que la
poéfie doit rechercher dans les tableaux qu’elle lui
donne à peindre.
Quant aux affeérions & aux mouvemcnsdel’ame ,
la mufique ne les exprime qu’en imitant l’accent naturel.
L’art du muficien eft de donner à la mélodie
des inflexions qui répondent à celles du langage ; &
l’art du poctc eft de donner au muficien des tours
& des mouvemens fufceptibles de ces inflexions
variées , d’où réfiilte la beauté du chant.
Un poème peut donc être ou n’êrre pas lyrique
foit par le fonds du fujet, foit par les détails & le
ftyle.
Tout ce qui n’eft qu’efprit & raifon eft inacceffi-
ble pour la mufique : elle veut de la poéfie toute
pure , des images & des fentimens. Tout ce qui
exige des difeuffions, des développemens , des gradations
, n’eft pas fait pour elle. Faut-il donc mutiler
le dialogue, brufquer les palTages , précipiter les
fituations , accumuler les incidens fans les lier l’un
O P E avec l’autre ; ôter aux détails 6c à l’enfcmble d’un
d’aifance 6c de vérité, d’où dépend
rillufion théâtrale , & ne ijrcfenter lur la feene que
le (quelette de l’aBion ? C’eft l’excès oit l’on donne,
iSc qu’on peut éviter, en prenant un fujet analogue
au genre lyrique , où tout foit fimple , clair &
précis en aéHon & en lentiment.
Vopéra italien a des morceaux du caraélerc le plus
tendre; il y en a auffi du plus paffionné : c’eft-là fa
partie vraiment lyrique. Du milieu de ces Icenes ,
dont le récit noté n’a jamais , ni la dclicateffe , ni la
chaleur , ni la grace de la fimple déclamation, parce
que les inflexions de la parole font inappréciables ;
que dans aucune langue on ne peut les cenre , &
que le chanteur le plus habile ne peut jamais les
faire palier dans fa modulation; du milieu de ces
feenes , dis-je, fortent quelquefois des morceaux
paffionnés, auxquels la mufique donne uneexprelfion
plus animée & plus fenfiblc que i’expreffion même
de la nature. Le premier mérite en eft au poète qui
a fu rendre ces morceaux fufceptibles d’une mélodie
expreffivc. Voye^ dans VIphigénie d’Apoftolo Zeno,
imitée de Racine, combien ces paroles de Clytem-
neftre (ont dociles à recevoir l'accent delà douleur
du reproche :
F repari a fveruir e figlia e madré ,
Conforte e padre ,
Ma fenfa amofc
Senjà pieta.
Si , f i ,
L'arnor f i perverti,
E nel tuo cuore
Enirh col fafio
La crudeltà.
TitinsV Andromaqu: du meme poète , lorfqu’entre
'deux enfans qu’on préfente à UlylTe , réduit au
même choix que Phocas, il ne fait lequel eft fon
fijs Télémaque , ni lequel eft le fils d’Heéfor ; les
paroles de Léontine dans la bouche d’Andromaque,
font d’une mere bien plus fenfible , & ont quelque
chofe de bien plus animé dans l’italien que dans le
François :
Giiarda pur. O qtiello , o qitefio
E tua proie , e fangue rnio.
Tu noL fai ; ma il fo ben io ;
Ne a ce , perfido , il di/d.
Chi di voi le vol per padre ?
Vi arretrate ! ah, voi tacendo
Sento dir : tu mi (ci madré ;
Ne cohii mi gtnerb.
Dans VOlympiadc de Métaftafe , lorfque Méga-
dès cede fa maîtrelTe à fon ami, 6c la laifi'e évanouie
de douleur , quoi de plus favorable au pathétique
du chant que ces paroles :
Se cerca , fe dice 1
L'amico dov' é ?
Vaniico infelicc,
Kifpondi, rnoti.
Ah no : f i gran dtiolo
Non dar le per rue ;
Kifpondi ma folo :
Piangendo parti.
Chc abiffo di pent !
Lafciare il fuQ bene !
Lafciare per j'empre !
LaJ'ciar lo cofi !
Dans le Démophon du même poète , imité d’Inès
de Caftro, combien les adieux des deux époux font
plus touchans dans ce dialogue de Timante & de
D irc é, que dans la feene de Pedre 6c d’Inès !
Tome IVt
- »
'fi ,
O P E M3 T I M A N T È.
La defira ti chiedo ,
Mio dolce fofiegno ,
Per ultimo pegno
'D^amore e d if i .
D i r c é .
âl queflo fu il fegno
Del noflro contento ;
Ma fento che adeffo
L'ifiefjo non h.
T i m a n t e ,
Mia vita , ben mio.
D i r c é .
Addio fpofo amato.
E N S E M B LE .
Che barbaro addio l
Che fato crudel !
Che ateendono i rei
Dagli a(lri funejU ,
Se i prerni fon quejU
D'un aima fedel à
C’eft-là que triomphe la mufique italienne ; &
dans I’expreffion qu’elle y met, on ne lait ce qu’on
doit admirer le plus, ou des accens , ou des accords.
Mais, on auroit beau multiplier ces morceaux
pathétiques, ils ont toujours la couleur (ombre d’un
lujei uniquement tragique; 6c , pour y répandre
de In variété , l’on elî obligé d’avoir recours à un
moyen , q u i, feu l, doit démontrer combien l’on
a forcé nature. Je parle de ces fentcnces , de ces
comparailons, que les poètes ont eu la complai-
fance de mettre dans la bouche des perfonnages les
plus graves, dans les fituations même les plus dou-
loureules ; de ces airs (ur lefquels une voix efféminée
, qui , quelquefois , eft celle d’un héros,
vient badiner à contre-fens. En vain les poètes ont
mis tout leur foin à faire , de ces vers détachés, des
peintures vives 6c nobles ; U y a de quoi éteindre le
feu de l’aérion la plus animée. Celui qui chante peut
flatter l’oreille, mais il eft fCir de glacer les coeurs.
Que devient, par exemple, l’intérêt de la feene j
lorfqu’Arbace , dans la plus cruelle fituation , oii la
vertu , l’amour , l’amitié , la nature, pui(Tent jamais
être réduits, s’amufe à chanter ces beaux vers?
Vo folcando un rnar crudcle ,
Senfa veU
E fenfa farte.
Freme l ’cnda, il ciel s’irnbrurna j
Crefee il vente e manca Parte ,
E U voler della fortuna
Son cajîreto a feguitar.
Infelici in quejîo Jlaco
Son da tutti abandonato ;
Meco joLa é l ’innocenta ,
Che mi porta a naufragar.
Les poètes ne cedent qu’à regret, & le moins
qu’il leur eft poffible , à celte tyrannie de l'uiage ;
mais, pour s’en afïranchir , il falloit travailler fur
des (ujets plus variés & plus dociles, où le mélange
des fituations douloureulés & des fituations confo-
lantes, des momens de trouble & de crainte , &
des momens de calme & d’efpérance, eût donné
lieu tour-à-tour au caraéfere du chant pathétique
à celui du chant gracieux & léger.
Une intrigue nette & facile à nouer & à dénouer ;
des caraêleres fimples ; des incidens qui müfl’ent
d’eux-mêmes ; des tableaux variés ; des paffions
douces, quelquefois violentes, mais dont l’accès
eft pallacer ; un intérêt v if &£ touchant , mais qui j
Y